La porte à peine refermée derrière lui je m'écroule pour tenir ma cheville qui est bien trop douloureuse.

- Faut que j'arrête de marcher dessus, grognai-je.

- Te faut des béquilles, se plante devant moi Alexander.

- D'où tu sors toi?

- De là, montre-t-il la porte derrière lui. Je suis revenu tu étais endormie.

- T'as besoin d'aide?

- De toi? Non.

- Tu vas rester sur le sol comme ça?

- Oui. Je veux pas d'aide et sûrement pas de la tienne.

- Ça te tuerai vraiment de me demander de t'aider à te relever?

- Oui.

- Et puis fais bien comme tu veux, moi je dois repartir, ta mère m'attend, évite de te pisser dessus.

- Crétin.

- Je sais.

- Dégage.

- J'y vais de toute façon. Quand t'aura fini tes gamineries tu me préviendras.

- Va rôtir en enfer.

- J'irai mais pas tout de suite, hausse-t-il les épaules en s'éloignant.

- Si jamais te faut des béquilles, dis-le à ta mère, je sais exactement où en trouver, conclut-il en sortant de la maison.

Je suis agacée qu'il m'ait vu ainsi écroulée sur le sol mais j'y peux rien, c'est douloureux .

Assise sur le sol je soupire, j'aime pas trop ses réflexions mais bon la réalité est là, j'arrive pas à poser mon pied plus de deux minutes sur le sol.

- Quelle idée de vivre dans une maison à étage, je fais comment moi pour regagner ma chambre, t'en pense quoi toi au lieu de me regarder?

Mon chat qui m'observe me donnera pas de réponse évidemment mais une voix dans l'entrée par contre, oui.

- Je vais t'aider, entendis-je.

- Papa, t'es déjà à la maison? Lancai-je surprise.

- Un papier à récupérer. Tu as mal au pied?

- Oui mais ça va passer.

- Je vais t'emmener voir le médecin.

- C'est pas la peine.

- Je ne te demande pas ton avis Dani, je t'emmène dès que j'ai fini ma journée de boulot, en attendant tu ne poses plus ton pied au sol.

- Exigeant monsieur.

- Tu fais et dis ce que tu veux mais je vais faire ce qui est bien pour toi.

- Alors il fallait l'empêcher de le faire venir.

- J'ai essayé, soupire-t-il, mais elle veut rien entendre, elle espère que le Damian qu'elle a connu se cache encore quelque part.

- Donc tu préfères laisser faire, je comprends pas.

- Cherche plus et monte, me montre-t-il son dos sur lequel je monte en soupirant.

- Je suis pas un bébé.

- Je sais mais je t'aide que tu le veuilles ou non.

- Papa !

- Oui je suis ton père alors tais-toi un peu et écoute-moi pour une fois.

Je me tais, j'ai rien trouvé à répondre cette fois-ci.

- Si tu as besoin d'aller aux toilettes c'est maintenant, sinon je te monte dans ta chambre.

- C'est bon.

- Ok, c'est parti.

- Bon voilà faut que je retourne au boulot mais dès que je rentre je t'emmène alors tu ne t'évapore pas dans la nature, merci.

- Ou tu veux que j'aille au juste?

- Nulle part, tu as raison. Bon à tout l'heure.

- Attends.

- Oui tu veux me parler?

- J'ai juste une question.

- Dis-moi.

- Ça te fait rien, vraiment? Qu'il débarque comme ça?

- Que veux-tu que je te dises?

- La vérité.

- J'ai sans doute autant envie de lui en coller une que toi mais je me retiens, pour ta mère, parce qu'elle tient beaucoup à lui.

- Mais il l'a fait souffrir pourtant. Je comprends pas comment elle peut lui pardonner, rien que par rapport à moi, si elle veut vraiment faire l'autruche pour le reste.

- Elle a espoir qu'il reprenne ses esprits te concernant.

- Moi j'en ai plus aucun à son sujet, un tocard en restera un.

- Je sais.

- Tu m'aideras à ce que je ne tombe plus sur lui ici?

- Je ferais mon possible, oui, mais tu connais ta mère et ses idées.

- Oui je sais, bon tu peux y aller, je vais me reposer, dis-je en m'allongeant.

- J'y vais, je referme à clé en bas, tu pourras te reposer sans t'en préoccuper.

- Oui merci. Et ne dis pas à maman pour ma cheville.

- Elle le saura en rentrant.

- De toute façon le p'tit chien lui aura déjà dit, baillai-je.

- J'y vais, à tout à l'heure.

- D'accord.

Mes yeux se ferment déjà, il m'a vaincu cette fois je n'ai rien à lui redire, il a réponse à tout.

Bon au final je me suis foulée la cheville et j'ai eu ordre de rester à la maison en posant le pied au sol qu'en cas de nécessité. J'ai grogné mais obtempéré, j'avoue que cela fait quelques jours et ça va déjà mieux il me reste encore quelques jours à rester à la maison mais je préfère ça que de me faire plâtrer.

On toque à ma porte que j'ai été dans l'obligation de laisser déverrouillée.

- Quoi?

- Je sors t'as besoin de quelque chose? Me lance Alexander derrière la porte.

- Non.

Ma mère lui a demandé de s'occuper de mes besoins, comme si j'avais besoin de lui. Je suis donc obligée de lui parler mais je me contente du strict minimum.

Je l'entends s'éloigner et me penche sur ma vidéo lorsque la porte de ma chambre s'ouvre cette fois, je me redresse en soupirant.

- Mais t'as pas fini d'agir comme ça? Tu veux quoi?

- Ta mère m'a dit de te rappeler qu'ils rentrent tard ce soir et que si tu as besoin de quoique ce soit faut me le demander, soupire-t-il.

- C'est sûr que tu donnes envie qu'on te demande quelque chose.

- Me fatigue pas, si tu crois que ça m'amuse.

- C'est ton rôle de petit toutou, tu fais ce que ma mère veut.

- Je t'ai déjà dit, qu'à force le chien va te mordre.

- Que de la gueule, riai-je, bref je suis pas clouée ici, je me débrouille alors casse-toi.

- Ça me va, ne viens pas te plaindre après que t'as pas pu descendre manger quelque chose.

- Quitte à descendre sur les fesses je te le demanderai pas alors dégage.

- Salut, tourne-t-il les talons.

Je lève les yeux au ciel, ceci est la conversation qu'on à pratiquement tous les jours. Il ne veut pas m'aider et se force à demander, alors que moi je ne veux pas du tout de son aide, c'est le serpent qui se mord la queue.

En me laissant tomber, je l'admets, je commence à avoir faim, je vais donc devoir me débrouiller pour descendre mais je vais attendre qu'il quitte les lieux.

J'ai descendu les marches sur les fesses et sauté à cloche pied pour me prendre une assiette que ma mère m'avait préparé, heureusement que je suis seule, j'aurai eu l'air bête de galérer autant.

Je soupire pourtant en entendant la sonnette de la porte, qui va me faire à nouveau galérer juste pour ouvrir cette fichue porte? A moins que je fasse la morte...

Avec les aboiements insistants de Gaîa je vais à la porte à cloche pied avant de voir qui est là et je marche sur mon pied en espérant ne pas le regretter. Hors de question qu'elle rapporte que je suis blessée à tout le quartier, déjà trop de gens savent que je suis coincée ici.

C'est donc à Giulia que je vais ouvrir la porte en me demandant ce qu'elle me veut. A sa tête je peux deviner qu'elle a quelque chose à me dire.

- Et donc? Lancai-je une fois la porte ouverte.

- Salut.

- Tu me veux quoi?

- Un rumeur circule à ton sujet.

- Ça m'aurait étonné.

- Je peux entrer?

- Apparemment, soupirai-je en haussant les épaules.

J'en ai vraiment marre qu'il y ait des rumeurs sur moi à tout bout de champs, mais bon j'admets apprécier qu'elle me tienne au courant malgré que je l'ai envoyé promener à notre dernière discussion.