Fin d'après-midi, début de soirée. Je sors parce que j'ai oublié de faire des courses et j'ai la flemme de les faire maintenant, je vais donc aller manger dehors. La pluie s'est invitée c'est donc avec mon parapluie que je m'y rends à pieds.

Ça fait déjà quelques heures et ma mère ne m'a toujours pas tenue informée de ce que va faire Alexander, je sais qu'il devrait bientôt revenir, j'y suis préparée au moins, je serais moins surprise si j'arrive et que je le trouve ou si j'entends des bruits ailleurs que provoqué par moi.

Pas très dur de trouver par ici, un endroit où je peux manger, mais je me sens un peu mal à l'aise car je suis assise seule sur une grande table, c'était la seule place libre quand je suis arrivée il est trop tard maintenant pour changer.

Un inconvénient je suppose quand on vire son entourage. On mange devant une chaise vide. Je soupire, je sais que je prends les décisions pour mon bien, mais me retrouver seule, je suis pas sûre. Je devrais peut-être faire quelques aménagements.

- Un peu de compagnie peut-être?

J'avale ma bouchée de travers. Parce que la voix que je viens d'entendre ressemble énormément à une autre que j'ai pas entendu depuis trop longtemps.

- Même pas tu vas te retourner pour me répondre? J'ignorai ce gars et continue à manger mais ça s'approche de ma chaise. Dani?

- Je me retourne, plutôt surprise de ce que mes oreilles me font entendre. Qu'est-ce que tu fais là toi?

- Je te cherche, sourit Alvaro planté derrière moi.

- Attends tu m'as pas appelé depuis un moment et tu débarques en me disant ça? T'es sûr ?

- J'ai perdu ton numéro quand j'ai changé, grimace-t-il.

- Ah. Je me doutais d'un truc comme ça. Mais comment tu te retrouves ici alors? Me levai-je pour me planter devant lui.

- J'ai réussi à te trouver grâce à ta localisation en fait. Vive les réseaux sociaux, sinon je sais pas comment j'aurai fait à part traîner dans les rues.

- Mais tu me cherchais? Moi? Vraiment? Pourquoi?

- Ça te dit pas de discuter ailleurs?

- Si mais où?

- Tu me fais toujours confiance?

- Ça aurait dû changer?

- Si tu as payé, suis moi.

- J'avais pas fini de manger.

- T'inquiète pas si t'as faim je m'en occupe.

- Mais on va où?

- A ce que je veux te montrer, si tu veux bien.

- Je te suis j'ai rien d'autre à faire.

- Je suis garée, là. Me montre-t-il sa voiture.

C'est dans une maison dans un quartier pas très loin qu'il m'emmène. Une maison, dans laquelle on ne tarde pas à rentrer car il pleut de plus en plus fort.

Je ne comprends pas trop pourquoi on entre dans une maison, dans ce quartier. Je suis un peu abasourdie en regardant autour de moi.

- Je sais que tu te pose des questions, je vais t'expliquer.

- J'aimerai ça oui, la dernière fois qu'on s'est vu tu disais qu'on se reverrai sans doute plus et là tu débarques et tu m'emmènes dans une maison à quelques rues de chez moi. Je comprends pas.

- Je savais que tu allais me poser plein de questions à l'instant où je suis venu ici.

- Tu sais que tu aurais pu venir directement chez moi en fait. Tu dois savoir où je vis, on est un peu connu par ici.

- Je voulais pas déranger tes parents.

- Ils sont absents pour plusieurs jours, ils sont allés voir ma tante qui a accouché, haussai-je les épaules.

- Bon on va s'installer, déjà. Viens t'asseoir.

- J'enlève mes chaussures trempées et vais m'installer sur le canapé pendant qu'il allume un feu.

- Ça me rappelle quand on s'est rencontré, fis-je la réflexion.

- C'était une condition dans ma maison, une cheminée

- Ta maison? Tu veux dire qu'on est chez toi?

- Et oui. Bon je vais me changer vite fait, j'arrive. Disparait-il derrière une porte dans mon dos.

Je regarde les flammes devant moi et essaie de comprendre. Pardon? Chez lui? A quelques rues de chez moi?  J'ai vraiment hâte d'avoir des explications là.

Je me réchauffe enfin après quelques minutes mais des idées germent un peu trop à force de réfléchir. Je commence à me demander si en fait il n'est pas un peu dérangé à débarquer comme ça et je l'entends déjà revenir vers moi.

- Désolé j'étais pas trop long? J'ai mis ton téléphone à charger.

- Ça va, mais va falloir que tu t'expliques je commence à me poser un peu trop de questions.

- J'en doute pas. Déjà commence pas à stresser je suis pas un fou qui te suis, rit-il.

- Permets moi de me poser des questions quand même.

- Je sais, s'assied-il à côté de moi.

- Et donc? C'est ici comme par hasard que tu as emménagé?

- Je suis pas venu ici tout de suite, je me plaisais pas là où j'étais du coup à peine quelques semaines après je voulais partir.

- Admettons mais pourquoi ici? Là où je me trouve.

- Vérité?

- J'aimerai ça.

- J'ai réfléchi et cherché en même temps une opportunité de boulot, je suis tombé sur cette ville qui me disait quelque chose.  Je me suis rappelé que c'était par toi que j'en avais entendu parlé du coup j'ai saisi l'occasion et je suis venu.

- Genre. Mais dans quel but?

- Tu m'as manqué, c'est tout, hausse-t-il les épaules.

- Au point de déménager ici? J'ai un peu de mal à y croire à ça.

- Je me suis dit que j'aimerai ça, que tu sois dans ma vie.

- Pourquoi?

- Tu me fais penser à moi, on vit un peu les mêmes choses, je me sens relié à toi d'une certaine façon. Et puis j'ai énormément de menteurs autour de moi, tu sais ce que ça fait, je me suis dit qu'avec toi au moins j'aurai une personne honnête.

- C'est bizarre tu sais, de parler comme ça.

- Je te dis ce que je pense. Je te dérange? J'aurai dû venir te trouver et en parler avec toi avant de venir poser mes valises?

- Si je dois être honnête, tu m'as manqué aussi, parfois j'aurai voulu que tu sois joignable pour te parler.

- Je me sens moins seul là.

- Crétin. Je le regarde, son regard s'attarde sur une boite posé au sol.

- Y a quoi dedans? Pourquoi tu la regardes comme ça?

- Je me demande si je dois te donner ça.

- Qu'est-ce que c'est?

- Des trucs.

- Alvaro. Tu vas pas commencer, sinon je fais comme avec les autres et je te vire de ma vie.

- J'ai fait... semble-t-il hésiter... enfin tu sais le soucis que tu as eu sur internet ?

- L'autre garce là oui je sais. Et bien quoi?

- J'ai approfondi les recherches autour de toi voir si c'était la seule qui te ferait ça, les résultats sont là. Je me suis dit que si je te revoyais un jour je pourrais te les donner. Maintenant je sais pas si j'ai eu raison de faire ça.

- Pourquoi tu as fait ça? Je t'ai rien demandé.

- Un moment je savais pas quoi faire, je me suis dit que ça ferait pas de mal.

- Il y a une information que je devrais connaître j'imagine si tu m'en parles.

- J'ai découvert un truc oui mais je sais pas si tu le sais déjà.

- Fais moi le résumé, si tu t'en souviens.

Je me prépare et écoute attentivement ce qu'il me dit, je ne sais pas pourquoi mais je veux savoir.

- J'ai cherché autour de ta famille en fait, parce que c'était pas compliqué et je me suis souvenu que tu m'avais parlé de ton géniteur et ta relation avec lui.

- Tu voulais savoir s'il n'allait pas me faire de mal c'est ça? Compris-je.

- Oui on va dire ça.

- Je suppose qu'il a fait quelque chose de mal, sinon tu ne m'en parlerai pas.

- Je ne sais pas si...

- Alvaro !

- Damian c'est ça? Est-ce que tu sais que ta mère et lui s'échangent des mails toutes les semaines? D'ailleurs je me suis demandé comment c'était possible si elle n'y voyait plus.

- Elle a un logiciel qui lui lit, mais pardon? Elle reste en contact avec un connard pareil et j'en sais rien?

- J'ai pas lu les contenus, parce que j'ai une limite mais y a pas de doutes, toutes les semaines il y a un mail.

- Excuse-moi un instant, me levai-je pour aller vers la porte derrière moi. J'avais entendu des trucs qui venaient de me bouleverser, j'avais besoin de me retrouver seule.

J'encaisse comme je peux ce que j'ai entendu, ma mère garde contact avec ce con alors qu'il m'ignore totalement? Sérieusement? Je me casse la tête pour être gentille avec elle au moins et c'est tout ce que je mérite?

- Tu vas bien? Lance Alvaro derrière la porte.

- Juste une minute.

Je vais devoir agir avec elle quand elle rentrera, enfin espérant que sa santé aille mieux. Je soupire en pensant à tout ça. Est-ce qu'un jour au moins je pourrais être totalement tranquille? Je crois pas.

- J'aurai pas dû t'en parler, ouvre-t-il la porte.

- Je t'avais demandé une minute.

- Mais tu n'as pas verrouillé.

Je soupire alors qu'il vient m'enfermer dans ses bras.

- Désolé, je viens de te trouver et je te balance ça j'aurai dû faire attention.

- Au moins c'est fait, mais je m'y attendais pas du tout j'ai du mal à l'avaler là.

- Qu'est-ce qui te gêne autant?

- Qu'elle, elle lui parle alors qu'il m'ignore, c'est pas logique. Et je me demande s'il le sait lui qu'elle parle à ce connard.

- Ton père? Enfin je veux dire celui qui t'a élevé?

- Oui.

-  Ne tracasse pas trop. Y a sûrement une raison derrière ça, ne saute pas tout de suite aux conclusions.

- Sans doute mais j'en ai marre qu'elle soit aussi hypocrite.

- Dani... La prochaine fois je me tais.

- Non, je te remercie d'avoir fait ça. Au moins je sais que tu me caches rien pas comme eux.

- Je t'ai promis de jamais mentir.

- Tiens ta promesse, simplement.