Quelques mois sont passés depuis l'été, je suis allée rendre visite à Harvey comme prévu même si on a galéré à trouver une date et j'ai trouvé l'ambiance si étrange que je suis repartie plus tôt. Il préférait être avec son cher petit ami au lieu de moi qui suis allée lui rendre visite. Je dois avouer que je suis repartie de là-bas fâchée et nos contacts depuis mon retour sont rares. Il n'est toujours pas rentré, même pendant les fêtes ce sont ses parents qui y sont allés.  A part ça ma vie s'est rythmé exactement de la même façon depuis. Je vais en cours et quand je n'y suis pas je fais des trucs dans mon coin. Je ne sors plus du tout, même Lowen je ne l'ai pas vu à part les réunions de nos familles où parfois on se croise mais je prétexte toujours avoir quelque chose à faire alors que c'est totalement faux. Je veux juste faire mon truc de mon côté sans qu'on m'ennuie.

Mais aujourd'hui je rentre de mes cours en soupirant car je sais que ce soir il y aura des invités et j'ai aucune envie d'être là. Les entendre parler du bon vieux temps ça m'exaspère déjà.

Je fais à peine quelques pas dans la maison que je remarque la voix de ma mère, elle semble discuter, je me fais donc discrète pour ne pas interrompre sa conversation.

- Je sais, l'entendis-je, j'en parle à Ben ce soir puisqu'il vient à la maison oui oui ne t'inquiète pas maman.

Je réalise que l'appel est avec ma grand-mère.

-  Tu sais comment elle est en ce moment, on peut rien lui dire donc je pense qu'elle restera ici et qu'on viendra que tous les deux.

Je comprends qu'il s'agit d'une future absence pour les vieux.

- Je ne sais pas, demain peut-être, je dois m'organiser.

Ce fichu chien me renifle et fait ce bruit qu'elle émet toujours quand j'arrive.

- Maman je te laisse, Danika est rentrée, oui.

- C'est mort la discrétion avec toi, soupirai-je.

- Tu es là depuis longtemps ? S'installe-t-elle sur un tabouret de la cuisine.

- Non mais je voulais pas déranger. C'est important?

- On va devoir s'absenter un peu, ta tante a besoin d'aide.

- C'est sûr qu'avec les deux mioches elle doit être débordée.

- Oui donc on va allé la voir un peu histoire de la soulager.

- Ok, haussai-je les épaules avant d'aller vers les escaliers.

- Danika peux-tu demander à Alexander de descendre une minute?

- Il est où ?

- Je sais pas je crois que j'ai entendu la machine à fléchettes il doit être sur la terrasse.

- Ok, je vais y aller.

Je suis allée jeter mon sac dans ma chambre en soupirant. Les mois passent et la situation avec Alex ne s'arrange pas vraiment. En fait on se parle que quand ça concerne la maison et d'un ton qui se veut détaché de tout que ce soit lui ou moi.

C'est vrai qu'on entend le bruit de la cible donc je vais directement le chercher là où il se trouve. Je m'arrête devant la porte pour attendre qu'il me remarque ce qui ne tarde pas.

- Quoi?

- Faut que tu descendes.

- Pourquoi?

- Maman t'appelle.

- Ok.

- Bouge-toi ! Levai-je les yeux au ciel alors qu'il continue sa partie.

- Je sais ce que j'ai à faire, dégage de là.

- Enfoiré, tournai-je les talons alors que j'entends qu'il prend ma suite l'instant suivant.

- Te mêles pas de mon boulot t'as passé le message c'est tout ce qu'on te demande.

- Je lève les yeux au ciel, décidément de plus en plus saoulant, me fis-je la réflexion à haute voix tout en rentrant dans ma chambre.

Je l'ai entendu rire quand j'ai refermé ma porte mais je me suis simplement concentrée sur mes trucs à faire pour les cours, je sais qu'on viendra ma chercher quand la visite sera arrivée, malheureusement.

- Comme je disais, Danika descend maintenant! Se fait entendre la voix de ma mère.

- C'est parti pour une soirée d'ennui mortel, soupirai-je en me levant de mon bureau. Je vais devoir m'éclipser quand je le pourrais sinon je risque de devenir insupportable.

- Ah la voilà, sourit mon oncle en me voyant arriver.

- Salut.

- Viens t'asseoir, lance mon père.

- Et où? Sur tes genoux?

- Je vais jouer avec Gaïa, déclare Alex.

- Et bien voilà, sourit ma mère.

- Mais c'est obligé que je sois là? Je peux pas juste descendre pour manger?

- Non viens un peu avec nous, tu t'isoles toujours quand y a des visiteurs ça devient agaçant, grogne ma mère.

- C'est de son âge. rit mon oncle.

- Ben arrête elle va croire qu'elle a raison après, intervient mon père.

Le sujet fut changé rapidement pour qu'ils parlent tous du départ des parents demain, j'y apprends donc que leur départ est pour le lendemain fin de matinée, le temps pour ma mère d'organiser le restaurant pendant son absence.

J'ai dû rester là assise à les écouter parler et en hochant la tête ou en soupirant pendant que l'autre joue dehors avec le chien. Il n'est rentré que pour aider à la préparation du dîner.

Le repas ayant été agaçant je me défoule dans la soirée sur le sac. Ils partent pour le week-end dans un premier temps et si besoin prolongeront de quelques jours. Ce qui, je dois bien l'avouer, ne me fait ni chaud ni froid, ça ne changera pas ma vie actuelle.

- Mais qu'est-ce que tu me racontes ?! Entendis-je crier mon oncle. Ce qui m'indique par la même occasion qu'ils ne sont pas encore partis. Ils sont dans le bureau à entendre la voix.

- Arrête de crier, intervient ma mère, on va t'entendre.

Ce n'est évidemment pas ce qu'elle aurait dû dire parce que je jette les gants dans un coin et monte voir si je peux comprendre ce qui se passe. J'ai maintenant pris l'habitude de prendre les informations par moi-même puisqu'on me dit rien.

- Fermez la porte, Danika pourrait entendre, décrète mon père alors que je monte doucement les escaliers.

Danika? Est-ce qu'on veut encore me cacher quelque chose? Sérieusement? Après tout ça? Prête à rentrer dans la pièce en criant, je préfère essayer d'entendre ce qui se dit, ce qui n'est pas difficile, le niveau sonore est un peu élevé ce soir.

- Parce qu'à elle aussi tu ne vas rien dire? Mais Béa tu n'as encore rien appris à cacher les choses? Surtout à ta fille d'ailleurs, elle ne le supporte plus, tu vois pas comment elle s'est isolé de tout le monde dernièrement?

- Je peux pas lui parler de ça, je suis désolée pas tant qu'on est pas sûr, elle comprendra.

- Évidemment qu'elle comprendra parce que tu es sa mère, elle te pardonnera toujours tes mensonges mais imagine qu'elle ne le fasse pas.

- Mais Ben comment tu veux que j'annonce à ma fille que j'ai peut-être un truc grave? Déjà qu'elle a une mère aveugle.

Je vacille, debout devant la porte du bureau. Un truc grave?

- Arrête, la vie peut pas être aussi cruelle avec toi, et toi tu dis rien Nono?

- Que veux-tu que je dise? Je m'inquiète déjà bien trop pour réfléchir à autre chose.

- C'est pas possible.

- Ben arrête, ils ont réfléchi, entendis-je la voix de ma tante jusqu'ici silencieuse. Merci de nous l'avoir dit.

- J'ai promis à Ben de ne plus rien lui cacher depuis Danika.

- Donc tu vas voir Julie et sa famille, ensuite seulement tu vas faire ça?

- Oui c'est les rendez-vous que j'ai organisé, comme ça Danika se posera pas de questions, elle pensera qu'on est toujours avec Julie.

- Bon, décrète papa, je vais allé changer les draps. A la seconde où j'ai entendu ça je suis montée dans ma chambre, ils dorment sans doute ici.

Je reste sonnée quelques instants, essayant de comprendre ce qu'on vient de dire. Le fait que ce soit encore secret me passe au dessus maintenant sachant de quoi il s'agit, je commence à comprendre pourquoi ma mère est régulièrement fatiguée dernièrement, elle a peut-être quelque chose...

Dormir d'une seule traite est utopique après ce que j'ai entendu, je me relève donc pour aller me chercher un verre de lait. J'avais compris vaguement que mon oncle et ma tante dormait dans la chambre d'Alexander qui était de toute façon sorti pour le reste de la soirée.

C'est en me servant mon verre, que je l'ai remarqué dans le canapé, Alexander. Ça faisait longtemps que je l'avais pas vu endormi. En fait je m'efforce de ne pas me préoccuper de lui parce que sinon la curiosité est de retour et je veux savoir ce qu'il me cache.

Je soupire d'ailleurs au souvenir de vivre toujours entourée de menteurs. Quand je pense qu'enfin c'est fini, c'est reparti. Cela fait des mois que la seule personne à qui j'accepte de rendre service c'est ma mère, tout ça pourquoi? Pour en finir là où je me retrouve toujours, découvrir des choses qu'on me cache.

J'admets qu'elle le fait apparemment pour ne pas m'inquiéter, mais après tout ce qui s'est passé, le fait que j'ai dû prendre de la distance, elle préfère ne rien dire et ça m'agace.

- Et dans ces cas-là j'ai personne avec qui parler, soupirai-je, à force d'éloigner tout le monde j'ai plus qu'à m'en prendre à moi. J'avoue, Harvey me manque là tout de suite. Les pensées de mon meilleur ami sont chassées par un Alexander qui gigote dans son sommeil. Je ne veux pas qu'il me trouve là donc je termine mon verre et me prépare à monter quand les petits bruits venant de lui m'intriguent et je m'approche.