- Alors tu boudes plus? Demandai-je à Jackson alors qu'on était appuyé contre un mur après être sortis du restaurant.

- Non, mais je peux recommencer, ça dépend de toi.

- Ah tu perds pas le nord toi. Tu pourrais au moins attendre d'être à la maison, dis-je pour faire allusion à sa façon de s'être rapproché de moi. Il m'avait complètement plaqué contre le mur et je pouvais à peine bouger.

- Mais un petit avant-gout je peux? Souffle-t-il en s'approchant afin d'être plus qu'à quelques millimètres. Sentir son souffle contre mon visage me fait frissonner et je fini par l'attirer tout contre moi afin que nos lèvres se touchent enfin.

Il a l'air amusé mais fini par reculer d'un pas tout en me gardant contre lui mais ce qui me laisse plus de liberté de mouvement, j'en profite pour m'agripper plus facilement à lui. Un bruit près de nous nous interrompt et nous fait regarder tous les deux dans la même direction mais je n'ai rien remarqué. Pourtant lui semble avoir vu quelque chose parce qu'il lève les yeux au ciel.

- Je vais vite voir quelqu'un. Tu restes là? On rentre ensuite.

- D'accord, je t'attends ici, je vais m'asseoir.

- Parfait.

- Tu vas voir qui?

- Tu le connais pas, je fais vite.

Ce n'est qu'en le suivant du regard alors qu'il s'éloigne que je remarque la silhouette d'un homme, c'est visiblement après lui que se précipite Jackson. J'hausse simplement les épaules, même pendant une soirée en amoureux il trouve le moyen de croiser quelqu'un qu'il connaît et d'aller lui parler.

Jackson était loin à présent mais en pleine discussion. Mais maintenant seule, je repense à Charlie, peut-être que je devrais partager avec elle les souvenirs que j'ai de cette époque, lorsqu'elle est arrivée à la maison. Même si moi je n'ai pas eu de difficultés à l'accepter comme ma petite soeur, je me souviens parfois qu'elle agissait étrangement lorsqu'on était ensemble.

Même si les moments où nous étions seules livrées à nous-même étaient rares car il y avait toujours maman ou papa.  J'ai quelques instants qui me reviennent plus facilement parce qu'ils m'ont marqués. Comme cette journée où maman nous avait emmené au parc. On était resté seules quelques minutes à peine, le temps que maman aille nous chercher des boissons, ça a suffit pour qu'il se passe quelque chose.

"- Qu'est-ce qui t'arrive à toi?

- Je veux maman !

- Elle revient maman.

- Non ma maman !

- Je t'ai dit que maman allait revenir.

- Me fait peur."

Visiblement terrosrisée par quelque chose que je ne comprenais pas à l'époque, elle était restée collée à moi sans rien dire de plus jusqu'au retour de maman vers qui elle est allée en courant pour ensuite réclamer papa. On avait dû rentrer.

Elle devait avoir quatre and à cette époque là, je m'en souviens si facilement car l'ambiance au retour était étrange.

- J'espère juste que ta curiosité ne te fera pas plus de mal que de bien. J'ai un mauvais pressentiment avec ce que maman m'a dit. Soupirai-je finalement.

Jackson revenait vers moi, je chassais donc tout ça de mes pensées afin de ne pas gâcher la soirée, pas certaine qu'il apprécie que je le rembarre deux jours de suite.

En rentrant à la maison un peu plus tard, on allait directement monter quand j'ai remarqué qu'une lumière était restée allumée au salon. Je suis donc allée voir pendant que Jackson lui continue son chemin vers la chambre. Il est très tard déjà et je sais après un message de Riley qu'elle est venue récupérer les enfants depuis un moment, il n'y a donc aucune raison pour que quelqu'un soit encore debout.

- Charlie, soupirai-je en la remarquant allongée dans le canapé, visiblement endormie. C'est vrai qu'on a pas vraiment eu l'occasion de discuter avec tout ça. Si les photos arrivent comme prévu demain il faudra vraiment qu'on parle pour être sûre qu'il n'y a pas de problèmes entre nous. De la voir dormir ici me fait penser qu'elle attendait mon retour.

- Charlie, l'appelai-je doucement, Charlie va te coucher dans ton lit il est tard.

- Alix? baille-t-elle.

- Oui c'est moi, tu devrais être au lit depuis longtemps, qu'est-ce que tu fais ici?

- Je me suis assoupie... J'attendais que tu rentres.

- Va vite te recoucher avant de perdre ton sommeil, on aura le temps de parler demain.

- Je vais y aller.

- Ca s'est bien passé avec les enfants?

- Comme d'habitude.

- Tant mieux allez file.

- Ca va j'y vais. T'es sure qu'elle a envoyé les photos?

- Oui on les aura sûrement demain, au pire samedi. Mais tu iras en cours quand même, je veux pas que tu poireautes devant la boïte aux lettres.

- Je rentrerais directement alors.

- C'est si important pour toi? Me demande-t-elle. Comme si c'était vraiment une question, pour moi c'est l'évidence.

- Evidemment, voir des photos, ça permettrait de confirmer ce que je vois. Si c'est bien ma famille.

- Ta famille? répète-t-elle, visiblement blessée. Ce n'était pas mon but, je suis fatiguée et c'est sorti tout seul.

- Biologique, ajoutai-je. Ma famille biologique.

- Ca pourrait te faire plus de mal que de bien.

- Tu l'as déjà dit, je veux quand même savoir, ça me rend dingue de me poser toutes ces questions.

- D'accord, grimace-t-elle, puisque tu es si décidée on fera comme tu voudras.

- Super. Je monte maintenant.

- Charlie ! M'interpelle-t-elle alors que je suis déjà dans les escaliers.

- Quoi?

- Tu arrêteras si ça devient trop difficile d'accord?

- M'arrêter? J'ai même pas commencé.

- Charlie maman ne voulait pas que tu cherches car ça te ferait mal. Ce fut la dernière chose qu'elle m'ait dite avant d'aller dans la salle de bain en silence alors je suis montée en réfléchissant à ce que ça pouvait bien vouloir dire.

- Ne pas rechercher? Dis-je en arrivant près de ma chambre, me plantant devant les papillons. J'ai l'impression que ça ne m'a jamais vraiment quitté. Je suis désolée maman. Même si ça fait mal et que je le regrette ensuite, je veux savoir ce qui s'est passé, pourquoi je suis ici, et ou ils sont eux, sont-ils morts ou vivants?

J'ai fixé encore quelques secondes les papillons, j'aimerais tellement me souvenir pourquoi ces trucs ont tant d'importance, parce qu'ils en ont j'en suis certaine.

Je suis allée me coucher non sans être allée jeter un oeil sur le forum pour m'assurer qu'il n'y avait pas de messages pour moi. Et c'est une nuit agitée qui m'attendait, trop d'impatience et peu de sommeil.

Celle qui a regardé la boîte avec angoisse en rentrant du boulot, c'était moi et non pas Charlie. Même si elle m'a déjà appelé pour me demandé si c'était arrivé. C'est le cas. Je n'ai pas ouvert l'enveloppe, je l'ai juste glissé dans un dossier au cas ou quelqu'un d'autre arriverait avant elle.  Il fallait évidemment qu'elle ait un truc à faire aujourd'hui qui la ferait rentrer plus tard que d'ordinaire.

Je lutte contre l'envie d'ouvrir cette lettre mais je m'y oblige, si je voyais ces photos, je ne suis pas certaine que je les laisserai en état et que Charlie puisse les regarder ensuite... Ca m'ennuie et je ne sais pas vraiment pourquoi, qu'elle veuille savoir d'où elle vient.

La porte d'entrée s'ouvre soudain laissant entrer une Charlie essouflée et qui jette son sac dans le coin pour me regarder aussitôt.

- Alors?

- Je t'ai attendu, l'enveloppe est toujours fermée.

- Sérieusement? Vas-y montre !

- Viens t'asseoir pour commencer.

- J'arrive.

- Bon Charlie, tu sais ce que ça veut dire une fois que tu auras regardé ça?

- Je veux savoir à quoi ils ressemblent, j'ai le droit non?

- Oui évidemment que tu as le droit. Mais ce ne sont que des photos. Aucune réponse ne te sera donné avec ça.

- Je sais, j'y ai pensé toute la journée. Peu importe j'utiliserais ces photos pour trouver qui ils sont. Et peu importe les conséquences. C'est mon droit non?

- Si c'est vraiment ce que tu veux. Tiens. Dis-je en posant l'enveloppe devant elle.