En allant vérifier que ma soeur était au lit, j'ai compris qu'elle était la cause du bruit entendu un peu plus tôt dans les escaliers puisqu'elle n'y était pas. Je suis donc descendue la rechercher, on se lève plus tôt demain et elle le sait parfaitement.

- Charlie, lancai-je alors en la constatant devant la télé en compagnie de Luke. Tu étais censée te coucher.

- Je sais, soupire-t-il, mais je regarde la télé, laisse moi finir ça.

- Elle vient à peine d'arriver, m'informe Luke, elle parle plus qu'elle ne regarde.

- Ah donc tu vas venir et au lit, on se lève tôt.

- Balance, crache-t-elle à a Luke avant de se lever.

- Luke, tu ne tarderas pas trop non plus.

- Je finis juste ça, ne t'inquiète pas Alix.

- D'accord. Alors Bonne nuit.

- A toi aussi, bonne nuit.

- Comme j'hallucine, moi il m'envoie bouler et toi il te parle gentiment, se plaint-elle.

- Sûrement parce que tu l'ennuies pendant sa série, allez hop tu montes, demain matin je ne veux pas avoir à te réveiller plusieurs fois.

- Je comprends toujours pas pourquoi tu veux qu'on y aille le matin.

- Parce qu'on rentre pas aux mêmes heures et il se fait tard c'est mieux comme ça.

- Mieux pour qui, on se le demande.

- Bon t'as fini de râler? Va te coucher.

- Ca va j'y vais.

C'est sur la tombe de notre mère qu'on s'est rendu tôt ce matin. Une journée qui s'annonce morose avec tout ça. Depuis que je suis arrivée et que j'ai vu son nom gravé sur la pierre, j'ai ressenti ce pincement au coeur, cette envie de pleurer qui pourtant ne s'était pas manifestée depuis longtemps.

- Je me demande si elle est contente de nous, souffle ma soeur ce qui évidemment me fit penser à ce que je fais et qui lui donnerai honte de moi...

- Elle voulait qu'on vive une belle vie, c'est ce qu'on fait non?

- Tu as raison.

- Je te l'ai jamais dit mais tu lui as manqué plus qu'elle n'a voulu te le dire tout le temps où tu es partie. Si tu étais restée on aurait eu plus de moments toutes les trois gravés dans nos mémoires. 

- Je savais pas qu'elle était condamnée, tu ne le savais pas non plus je te signale.

- On aurait dû, soupirai-je en me remémorant cette journée ou le soleil brillait fort et où on était sortis pour profiter de la mer... Une journée que je n'oublierai jamais. Ce fut le début de la fin pour elle...

Alix et moi profitions, et on riait en jouant alors que notre mère était en train de nous observer assise à l'ombre. Puis je l'ai entendu... Ce cri, celui de ma soeur qui a fait trésaillir la petite fille que j'étais à l'époque.

" Mamannn !! Mamannn!!" Avait-elle hurler avant que je ne me retourne pour l'imiter.

On s'était mise à courir pour la rejoindre... Notre mère était allongée sur le sol, ayant apparemment perdu connaissance. Il ne m'a pas fallu longtemps avant de me mettre à pleurer en la découvrant inanimée sur le sol alors qu'Alix s'était agenouillée près d'elle, réclamant qu'on appelle une ambulance.

" Maman, réveille toi, allez, tu fais peur à Charlie.

- Elle est malade? Avais-je demandé hésitant à m'approcher.

- Peut-être un coup de chaleur, m'avait dit ma soeur à l'époque."

Mais aujourd'hui on sait, c'était le début... C'est ce qui la rongerait quelques temps plus tard qui commencait à se manifester...

- A quoi tu penses? Me sort de mes pensées Alix.

- Au jour ou elle a fait ce malaise sur la plage.

- Oh oui, j'y pense souvent aussi, si on avait prêté attention on aurait peut-être remarqué que ce n'était pas vraiment la chaleur.

- Elle cachait bien son jeu, soupirai-je. Bon on y va? Je vais être en retard.

Peut-être que Charlie avait raison, y aller en début de journée me mine un peu le moral. Ca ne fait que deux ans qu'elle nous a quitté j'ai pourtant l'impression que ça fait des années tellement elle me manque.

J'arrive sur mon lieu de travail un peu plus tard que d'habitude mais cette fois j'avais prévenu.

- Encore en retard, me lance Marina qui me tournait pourtant le dos. Elle était debout, apparemment en pleine discussion avec quelqu'un. Mais ce qui me choque vraiment c'est sa tenue, j'en grimace, être habillée si légèrement dans ce genre d'endroit finira pas lui attirer des ennuis.

- Non je suis à l'heure, c'était prévu, soupirai-je.

Je me dirigeais vers l'ascenseur quand j'ai vu surgir maitre Deweet par la porte qui menait au photographe.

- Ah bonjour Alix, justement je remontais.

- Bonjour. Je ne suis pas en retard il me semble.

- Pas du tout vous m'aviez prévenu.

J'ai donc profité de l'ascenseur pour monter également.

- Je vous remercie encore de m'avoir présenté votre amie, elle est ravie de pouvoir apprter son aide.

- Tant mieux alors.

- Vous êtes prête à travailler ou vous avez encore besoin de quelques minutes?  Me demande-t-il, ce qui me surprend.

- Non c'est bon, je suis déjà ennuyée de vous avoir demander pour arriver en retard.

- Je sais que c'est difficile ce genre de journée.

- Merci de votre sollicitude mais je préfère autant me plonger dans le travail.

- Très bien.

Je me suis donc rapidement installée pendant qu'il attendait, il voulait que je le renseigne sur les rendez-vous de la matinée. Même si je lui ai dit qu'il pouvait attendre dans son bureau il est resté là. Je l'ai donc renseigné aussi rapidement que possible après que l'ordinateur fut allumé.

- Prenez cinq minutes pour boire à café maintenant.

- Maintenant? Mais je viens d'arriver.

- Vous n'avez rien d'urgent, allez-y. Ce n'est pas si loin répondre au téléphone sera encore possible de là-bas.

- D'accord et bien merci je vais l'apprécier.

Avant d'aller boire ce fameu café, je fais un petit tri dans mes mails, histoire de vider ma boîte de réception de toutes ces pubs. Et dans tout ça un mail en ressort d'expéditeur inconu mais le sujet m'interpelle aussitôt. " Derniers mots de votre mère."

" Bonjour, nous ne nous connaissons pas mais j'étais une très bonne amie de votre mère. Je tiens à m'excuser de ne me manifester que maintenant. Je sais qu'il y a deux ans aujourd'hui qu'elle nous a quitté, j'ai vécu loin pendant un moment je ne pouvais pas venir à ses obsèques et j'en encore triste aujourd'hui. Mais si je me permets de vous contacter, c'est parce qu'il y a une lettre que j'ai besoin de vous remettre. C'est selon ses désirs que je contacte à ce jour. Je serais de passage par chez vous pour le week-end. Serait-il possible que nous nous rencontrions afin que je vous donne cette lettre?

J'attends donc une réponse de votre part.

Jocelyn Priders."

Lorsque la cliente arrivait j'étais en train de relire ce mail sorti d'outre tombe. Je pensais qu'on ne voyait ça que dans les films mais ma mère a vraiment laissé une lettre à lire après sa mort? Pourquoi?

- Vous êtes mademoiselle Krawl? Demandai-je en reprenant mes esprits.

- C'est ça.

- Attendez un instant je le préviens de votre arrivée.

- Merci.

- Vous pouvez y aller, dis-je quelques instants plus tard après avoir passé mon petit appel, il vous attend.

- D'accord.

Je me suis aussitôt remise sur le mail pour répondre.

" Bonjour, biensûr nous pourrions nous rencontrer quand vous voulez.  Dites-moi simplement ou et quand, je viendrais. Alix Donison."

- T'es sérieuse? Tu peux pas sortir ce soir? Soupirai-je plus tard dans la matinée à ma meilleure amie.

- Je suis désolée, je sais que c'est une journée triste pour toi.

- Assez oui, roh quelle idée ils ont de garder ta cousine ce soir tes parents.

- Tu m'étonnes, si tu crois que ça m'amuse de devoir dormir avec elle ce soir, elle me donne des coups de pieds tout le temps. Mais tu vas sortir quand même?

- Toute seule bof, j'avais envie de picoler surtout alors si j'y vais seule je serais pathétique plus qu'autre chose. Bon pas grave on verra ça plus tard.

- M'en veux pas hein, je préfèrerais t'accompagner.

- Ca, ca m'étonne pas.

- Ah, tu es là, débarque dans les toilettes, Debra.

- Tu me cherchais? Lui demandai-je.

- Oui.

- Qu'est-ce qu'il y a?

- En fait c'est Viktor qui te cherche.

- Vraiment? Oh merde c'est vrai, réalisai-je, il m'a appelé hier et m'a dit qu'il devait me parler, j'avais oublié, grimacai-je.

- Ou est-il? Je vais aller le trouver pendant qu'on est encore en pause.

- Dehors, tu devrais le trouver facilement il est assis dans l'herbe.

- D'accord.

Elle avait raison, je l'ai vite repéré, il se trouve quasiment toujours au même endroit de toute façon. Et en me dirigeant vers lui je me demande ce qu'il peut bien me vouloir.

Je ne peux pas m'empêcher de rire en voyant l'allure de certains lycéens... Vraiment pathétique.