Ma matinée fut longue dans l'attente de ma pause déjeuner... J'avais eu le temps de manger et maintenant j'attendais qu'elle arrive, je devrais retourner au travail dans une bonne demi-heure, j'espère que ce sera suffisant. Je m'étais installée à une table avec un café et je regardais dehors.

Je n'avais aucune idée de ce à quoi cette femme pouvait bien ressembler mais elle m'avait dit qu'elle, elle me reconnaitrait. Je me dis qu'en la voyant peut-être que je la reconnaitrais. Puis finalement une dame qui ne me disait rien du tout s'est avancé vers moi, directement depuis l'extérieur.

- Alix? M'interpelle-t-elle aussitôt à portée de voix.

- C'est moi, Jocelyn je suppose.

- Oui, bonjour. Tu n'as pas changé... Je te tutoie, ça ne t'embête pas?

- Non ça me va, mais vous saviez comment j'étais? M'étonnai-je.

- Parce que, commence-t-elle en s'asseyant en face de moi...

- Ta mère m'envoyait régulièrement des photos de votre petite famille. Et je t'ai déjà vu quand tu étais enfant, peut-être que tu ne te souviens pas, c'était tellement rare à cause de mon travail. La dernière fois, tu devais avoir dix ans.

- En effet, j'en ai aucun souvenir, vous êtiez donc amie avec maman? Depuis longtemps?

- On s'est connu au lycée. On est toujours resté en contact, j'ai été bien malheureuse de ne pas pouvoir venir la voir les dernières années de sa vie. Mais je suis contente, on dirait que tu vas bien et comment va ta petite soeur?

-  Elle va bien aussi, à l'heure qu'il est elle est au lycée. Et donc vous disiez avoir une lettre?

- Oui. Je devais m'assurer de te la remettre à toi et à personne d'autre.

- Est-ce que vous faites allusion à Charlie en disant? Supposai-je.

- Charlotte, oui, elle a bien insisté sur ce fait. Que seule Alix doit voir cette lettre.

- Est-ce que vous savez pourquoi ?

- Elle ne me l'avait pas dit mais je la connaissais bien assez pour comprendre, elle doit mentionner l'adoption de Charlie.

- C'est ce que je pensais, soupirai-je. Je me doutais aussi que vous saviez pour l'adoption si vous la connaissiez depuis tout ce temps.

- Oui. Je vais donc te la remettre comme je lui avais promis, dit-elle en ouvrant son sac à main.

- Merci.

Une enveloppe fut déposer sur le dossier devant moi, et l'écriture si soignée de ma mère apparaissait très nettement  "Alix" était écrit sur celle ci.
- Est-ce que tout va bien? s'assure Jocelyn alors que je la ramasse les mains tremblantes.

- C'est juste l'émotion, dis-je, son écriture, je ne l'avais pas vu depuis longtemps.

- Je comprends.

"Ma très chère Alix, mon ange,
Pardonne-moi de devoir partir et te laisser toutes ces responsabilités. J'ai eu peur de mourir alors que tu étais partie de la maison, mais j'ai attendu,
 je ne pouvais pas mourir sans toi à mes côtés, et savoir que quelqu'un pourrait s'occuper de Charlie quand je ne serais plus.
Et ce matin quand tu es venue me rendre visite, tu me l’as promis, tu as dit que tu t’occuperais d’elle. Je suis fière de toi ma puce.
J'ai longtemps hésité pour écrire cette lettre, mais il y a un sujet dont je n'arrive pas à parler et je sais que mes jours sont à présent comptés.
Nous n'avons pas pu lui parler de son adoption, nous avons manqué de temps et vu l’ambiance on ne peut pas maintenant. A l'heure ou tu lis cette lettre,
peut-être que tu le lui a dis, ou peut-être pas. Je ne sais pas ce qui est le mieux mais ton père m'a toujours dit que les circonstances de son adoption
la blesserait plus qu'autre chose. Il ne m'a rien dit de plus et je n'ai pas voulu savoir, je ne voulais pas la regarder d'un air triste car depuis son
arrivée chez nous elle a été ma fille, ta soeur, sans aucune différence.  Que je lui ai donné naissance ou non, elle est mon enfant. Assure-toi qu’elle
le sache si un jour, dans le futur elle se met à douter. Je l’ai aimé et je l’aime comme si c’est moi qui lui avait donné la vie.Alors si aujourd'hui elle
 est heureuse et ne se pose aucune question, ne lui dis pas, elle est tellement curieuse de tout qu'elle voudra savoir d'où elle vient, et c'est quelque
chose qu'elle ne doit pas savoir. Mais si elle fini par savoir qu'elle est adoptée, il faut à tout prix qu'elle évite de s'intéresser au passé. Je l’ai
promis à ton père que je ne la laisserais jamais, je te confie cette tâche maintenant. Elle en viendrait à...Enfin, je sais que tu fais ce qu'il faut
pour elle, tu n’as jamais fait de différence même si tu savais qu’elle n’était pas ta soeur biologique, et je suis sure que ça continue aujourd’hui.
Sinon n’aie pas peur tu peux faire confiance à Jocelyn, elle est une amie digne de confiance. Si tu as besoin de conseil je suis sure qu'elle pourra
t'épauler ou t’aider. C’est pour cette raison qu’elle est celle a qui j’ai confié ce courrier.
Bon je voulais juste te dire que le silence reste la meilleure chose pour préserver Charlie, et puis je voulais te dire que je vous aime elle et toi.
Vous êtes mes deux petites filles. Vis une vie heureuse Alix et assure-toi qu'elle aussi est heureuse. Maman"

- Je me pose plus de question après cette lettre qu'avant, soupirai-je.

- Elle savait que tu dirais ça, me rétorque Jocelyn en remettant la lettre dans son enveloppe pour la glisser ensuite dans le dossier devant moi, ne la perd pas, ce sont ses dernières paroles mais attention à Charlie.

- Vous savez quelque chose? Pourquoi Charlie ne doit pas se souvenir? Maman s'est arrêtée dans ses explications.

- J'en sais ce qu'elle m'en a dit. Que son mari était le seul à connaître le passé de Charlie, et quand il a disparu, c'est parti avec lui. Tout ce qu'elle savait elle, c'était que c'était triste et qu'une petite fille n'avait pas besoin de savoir ça.

- D'accord, repris-je ma respiration les larmes m'étant montées aux yeux. Je vais devoir faire attention.

- Ca te compique tant la vie cette histoire?

-  Je n'aime pas ça, cacher le fait qu'elle soit adopter...

- Est-ce qu'elle a des doutes?

- Non , pas du tout, le sujet, n'a jamais été abordé.

- Alors ne t'en fais pas autant. Ce secret n'a pas besoin d'être dévoilé. Et si jamais un jour tu as besoin de moi, pour lui parler ou je ne sais quoi, n'hésite pas à m'appeler, même si je ne peux pas venir en personne, je serais heureuse de t'aider, de vous aidez, les deux précieuses filles de ma très chère Cécily.

Après les cours, Viktor, Amélia et moi sommes allés à la plage pour nous exposer. Au lycée puisqu'on est pas dans la même classe on a fait le stricte minimum. Alors si là on se tient à quelques centimètres c'est juste parce qu'on fait semblant de s'embrasser, on donne l'illusion à ceux qui passe près de nous. On ne l'a pas encore vraiment fait, jusqu'à présent on fait comme si, mais si on veut vraiment jouer le jeu à fond, il va pas falloir tarder.

- La voilà, il va falloir que tu m'embrasses pour de bon cette fois.

- Ca te va vraiment de faire ça? Souffle-t-il.

- Oui, je t'aide et crois-moi tu m'aides aussi. Et ce n'est pas parce qu'on va s'embrasser et se tenir la main que je vais être gênée.

Je voyais Amélia revenir vers nous. Il fallait qu'il se décide vite.

- Ca te pose un problème à toi? murmurai-je. Je veux dire embrasser une fille.

- Non non, je l'ai déjà fait avant, sourit-il en s'approchant encore un peu.

- Maintenant.

Cette fois-ci il avait franchi la dernière ligne il m'embrassait pour de bon. Biensûr ce n'est que de la comédie, et comme prévu je ne ressens rien du tout. Mais je demande ce que vont penser les gens de tout ça.

- T'avais raison, lance Amélia, Jake travaille là-bas.

- Je te l'avais dit, dis-je, m'étant fin à ce premier baiser, Je l'ai entendu en parler avec Luke.

- Et vous voulez pas vous décoller sérieusement? Je vais faire pitié.

- Pauvre Amélia, dis-je en me blotissant dans les bras de Viktor, au fait, je t'ai dit que j'étais coincée à la maison ce soir?

- Sérieux? Pourquoi?

- Alix a invité des gens à dîner je dois être présente.

- Repas entre amis, yurk.

- Et oui.

- Tu me ramènes après? Demandai-je à Viktor.

- Biensûr.

- Arrêtez, je vais vomir. Pitié soyez pas si mielleux.

- Je vais chercher à boire, lance alors Viktor, vous voulez quelque chose?

- Un coca, rétorque aussitôt Amélia.

- Deux, ajoutai-je en me détachant de lui pour m'allonger près de ma meilleure amie. Ca fait longtemps que j'ai pas eu de relations dite sérieuse, mais je sais encore comment ça marche et je sais que Jake, au bar, est en train de faire part de la nouvelle autour de lui et ainsi la rumeur est lancée.

Je m'étais assise sur le canapé après être rentrée pour pouvoir changer de chaussures et je ne m'étais pas relevée depuis. Perdue dans mes pensées.

- Alix?? Me fait soudain sursauter la voix de Jackson.

- Ici.

- Oula, tu en fais une de ces têtes, ça ne va pas? Ton rendez-vous avec cette femme ne s'est pas bien passé?

- J'arrive pas à comprendre pourquoi elle m'a écrit ça, dis-je la gorge serrée.

- Que t'a-t-elle dit?

- Qu'il fallait que Charlie ne sache rien et que c'était mieux comme ça. Et qu'au cas où elle ne devait pas chercher à savoir d'où elle vient.

- Bizarre.

- Je sais, soufflai-je en allant me blottir dans ses bras. Savoir qu'elle s'inquiétait de ça avant de mourir m'a pertubée plus que je ne l'aurai cru... Apparemment avant qu'elle ne soit dans notre famille, la vie de Charlie a été très triste. C'est tout ce que je sais.

- Ca va aller.

- Le seul qui aurait pu m'aider à comprendre c'est papa, mais il est mort avec son secret, lâchai-je alors que des larmes commencent à couler.

- Calme-toi, ce courrier est donc si dérengeant?

- Non pas tant que ça, mais je ne vais jamais pouvoir lui dire, pas si ça veut dire la rendre triste, maintenant il ne s'agit plus de reporter.

- Tu te tracasses pour rien, Charlie ne s'imagine même pas tout ça.

- C'est vrai, tu as raison.

- Alors calme-toi et ne t'inquiète pas, oublie tout ça.

- Tu crois? J'ai peur de ce qui a pu lui arriver.

- Biensûr. Si Charlie ne doit pas savoir alors toi non plus.

- Tu as raison.

- Je suis rentrée !! Me fait sursauter justement la voix de ma soeur. Alix t'es rentrée? J'ai quelque chose à te demander.

- Reprends-toi, elle va se demander pourquoi tu pleures, j'y vais.

Comme prévu Viktor m'avait ramené jusqu'à la maison mais il est reparti aussitôt non sans m'avoir remercié de faire cette petite comédie une bonne dizaine de fois.

- Qu'est-ce qu'il y a? Me lance Jackson alors que je cherchais plutôt ma soeur.

- Alix est là?

- Oui oui, elle nourri le poisson pourquoi??

- Alix ! Tu peux venir ? Je voudrais te demander un truc.

- J'arrive.

- Jackson, je suis obligée de rester ce soir? Soupirai-je, j'essaie toujours de me dégager de ces dîners ca s'éternise et je m'ennuie mortellement.

- Ce n'est pas une obligation non mais bon tu règles ça avec ta soeur, pas avec moi.

- Luke sera là?

- Pour le dîner oui il sort ensuite.

- Et je peux faire ça moi?

- Demande à Alix.

- Tu m'aides pas beaucoup, grimacai-je. Bon Alix tu as entendu ou je dois me répéter?

- J'ai entendu et tant que tu dînes avec nous, tu peux sortir voir tes amis mais tu devras respecter le couvre-feu.

- Il suffisait de demander, sourit Jackson alors que je le dépasse.

- Mais tu vas aller ou et avec qui? Ajoute-t-elle.

- J'ai rien décidé encore.

- Je veux savoir , tu ne sors pas sans me dire où.

- Ca va, je sais, j'ai l'habitude.