- Pourquoi Arthur est là en train de dormir?

- On s'est assoupi en regardant la télé, baillai-je.

- Il a été sage?

- Comme s'il avait l'habitude de ne pas l'être.

- Ta tante est passée?

- Oui, elle a récupéré son plat.

- Très bien.

- Bon puisque vous êtes là, moi je vais dans ma chambre. Prévenez moi quand on dinera.

- Tu te débrouilleras, on est sorti de table tard, nous ne dîneront pas.

- Ha ha, t'es sérieuse là?

- Très, il reste de la purée pour Arthur, donc toi tu te bricoleras quelque chose.

- Cool la vie.

- Arrête un peu on est fatigué.

- Soyez fatigué, sortez ou dormez, je m'en fiche, grimacai-je en disparaissant dans le couloir, de toute façon si vous en aviez quelque chose à faire de moi ou ce que je fais ça se saurait.

- Qu'est-ce que tu marmonnes? Entendis-je mon père.

- RIEN !!!

Je me suis assise à mon bureau, dépitée. Il me faudrait encore manger toute seule, pour changer. Mai sje prends quelques instants pour repenser à Nolhann et ses amis, si c'est vraiment un souvenir de quand j'étais petite alors je les ai connu, je dois vraiment essayé de m'en rappeler. Alors immobile devant l'écran, je cherche dans ma mémoire, quelque chose...n'importe quoi.

Puis je me suis souvenue, enfin c'est que je pense car dans ce que je vois, on est quatre, il y a moi deux garçons dont un rouquin et une fille. Est-ce possible que ça soit ça? Je ne sais pas mais je me vois rire aux éclats, quand est-ce que ça m'est arrivé la dernière fois?

"- Arrête pourquoi tu ris comme ça?

- Parce que t'es trop drôle !

- Faut montrer ça aux autres."

" Hey qu'est-ce que t'as? T'es malade?

- J'ai couru parce qu'il allait me rattraper.

- C'est moi le chat je te signale.

- Oh... Oups !"

" - Tiens c'est pour toi.

- Moi?

- Bon anniversaire Lulu.

- Oh merci Nono."

- Merde alors je les connaissais vraiment? C'est ça qu'il voulait dire? C'est pour ça qu'il me demande sans arrêt si je le reconnais? Mais pourquoi il était ami avec Nicole et que moi je me souvenais même plus de lui? Et pourquoi j'ai tout à coup le cœur aussi lourd? Me demandai-je tout en refermant l'ordi, finalement je pense que je devrais aller prendre l'air.

Je me suis mangé un morceau et puis comme je n'avais toujours pas envie de rentrer, je me suis décidée à envoyer un message à Tao, lui demandant s'il avait quelques minutes à m'accorder pour qu'on se voit. J'ai horreur de faire ça, pour plusieurs raisons mais surtout que quand on se retrouve que tous les deux, face à face la discussion dévie très facilement. Il ne m'avait toujours pas répondu et je commençais à trouver que c'était aussi bien comme ça, le faire venir c'était ridicule. On est passé à autre chose.

C'est alors que j'étais résignée à rentrer que je le vois apparaître et je ne sais pas si j'en suis contente ou non.

- Tu aurais pu me prévenir que tu venais vraiment.

- J'ai hésité avant de venir.

- Tout comme moi à t'envoyer ce message, mais pourquoi t'es venu au final?

- Parce que j'ai pas arrêté de me demander ce qui se passait. Tu n'avais pas fait ça depuis longtemps je me suis dit qu'il devait y avoir quelque chose.

- J'étais en train de me demander si j'avais pas agi trop vite, soupirai-je.

- A voir ta tête, je crois pas, qu'est-ce qui t'arrive?

- Je sais même pas.

- Quoi tes parents t'ont encore fait quelque chose?

- C'est pas ça, c'est juste que je me sens bizarre là, et je ne sais pas pourquoi.

- Raconte, parce que t'as pas vraiment l'air dans ton assiette.

- J'ai l'impression que je vais pleurer, je sais pas pourquoi, haussai-je les épaules.

- Pleurer? Tu dois bien savoir pourquoi.

- Non, j'en sais rien, c'est depuis que je me suis souvenue de quelques trucs de mon enfance, j'ai comme un poids, j'arrive pas à comprendre d'où ça vient.

- Explique-toi va, je vais peut-être pouvoir t'aider, dit-il en poussant ma jambes pour s'asseoir.

- J'espère. C'est un peu pour ça que je t'ai appelé. C'est à propos de Nolhann, tu le connais bien?

- Nolhann? S'étonne-t-il. Vite fait, quelques soirées, comme ça, pourquoi? Il t'a fait quelque chose?

- Tao, je peux toujours te faire confiance n'est-ce pas?

- Évidemment, raconte-moi.

- Nolhann, il a changé deux fois d'attitude avec moi, il était sympa au début, puis il a su que j'étais la sœur de Nicole, il a changé, et là, retour comme au début, ça me parait suspect.

- Continue, c'était quoi ces souvenirs dont tu parlais?

- Tout à l'heure quand j'ai vu ses amis, j'ai eu comme un flash, on aurait dit un souvenir, comme si je les connaissais, alors j'ai essayé de me rappeler d'autre chose, c'est ce que j'ai fait.

- Maria et Julien sont là?

- Comment tu sais que je parle d'eux?

- Parce que je les connais aussi. Bref, de quoi tu t'es souvenu exactement?

- Je sais pas trop, j'arrive pas à me souvenir vraiment mais je devais avoir sept ou huit ans, quelque chose comme ça. Mais le plus bizarre c'est qu'il ne dit rien, et pourquoi je me rappelais pas d'eux avant? C'est quoi le problème? Tu sais quelque chose? Lui demandai-je devant son air gêné.

- Je ne vais pas pouvoir t'en dire beaucoup je connais pas les détails, mais il a dû se passer quelque chose quand tu étais enfant, à cause de Nicole. Il y avait quelque chose de bizarre, elle refusait toujours qu'il vienne chez toi.

- Tu crois qu'elle lui a dit de ne plus m'approcher? Comme elle l'a fait avec tant d'autres? Avais-je la gorge nouée.

- Hey pleure pas, dit-il alors que les larmes coulent déjà, c'est pas bon pour toi, j'en suis pas certain je te dis ce que j'ai vu.

- Nicole, elle a toujours tout fait pour me pourrir la vie. Regarde ce qui nous est arrivé à nous.

- Arrête, ne pleure pas. M'attire-t-il contre lui. Ça devait pas se faire voilà tout. C'est du passé maintenant. Mais je t'en prie, calme-toi.

- Tao soit honnête, si elle ne s'en était pas mêlé, ça aurait fini comme ça? Avec une amitié qu'on doit cacher pour éviter que ça reparte en vrille?

- Ça sert à quoi de remuer le passé dis-moi? Tu te fais du mal. Et pour revenir à ce qui te préoccupe, essaie de parler avec Nolhann, s'il s'est passé quelque chose tu le sauras.

- J'ai le sentiment que c'est le cas, d'où ce poids sur le cœur. Je veux essayer de m'en souvenir avant. Donc toi tu ne dis rien.

- Bien sûr, mais ne te tracasse pas autant toute seule dans ton coin, tu le sais ça non?

- Tu sais très bien que je n'ai que toi, et ça me tue que tu sortes avec cette pétasse.

- Lucy...

- Oui oui je sais, ça tu contrôle pas, mais merde, tu crois que j'aime ça quand je vous vois tous les deux?

- Parle pas comme ça, j'aime pas ça.

- Je suis désolée, je sais que je devrais pas parler comme ça, ça remonte à loin maintenant.

- Passons à autre chose, dit-il en essuyant les larmes sur mon visage avant de sourire et de venir poser ses lèvres sur ma joue.

- Tao, arrête, qu'est-ce que tu fais.

- Je t'embrasse juste sur la joue, rien de mal, sourit-il en se redressant. Par contre vaut mieux que je m'éloigne maintenant.

Je le regarde à présent se tenir debout, un sourire en coin affiché sur les lèvres.

- Tu viens de dire un truc lourd de sous-entendus là, t'es au courant? N'importe qui, qui passe peut se méprendre sur tes mots.

- Je sais, désolé. Par contre faut pas que je traîne, on sait jamais.

- Désolée de t'avoir fait venir.

- Non, je suis content d'être venu, tu as l'air moins perdue qu'à mon arrivée, dit-il avant que son portable ne sonne, excuse-moi.

- Allo? Hein? Ah je suis sorti marcher un peu. Je te signale que tu étais en train de chanter dans la salle de bain Lei, tu voulais que je fasse quoi au juste?

- Ah la miss espionne, le retour, soufflai-je à voix basse.

Il me fait signe pour me faire comprendre qu'il allait devoir partir, et il tourne les talons, le téléphone toujours collé à l'oreille.

- Quoi? Non je suis pas allée voir Sarah-Jane, elle est pas avec moi. Elle t'as pas dit des conneries comme ça j'espère.

Ça, ça m'a intrigué, de quoi pouvait-il bien parler?

- Il se retourne vers moi, comme s'il le savait, et avec un sourire aux lèvres, il poursuit, Lei, arrête pourquoi je te mentirais, non je ne suis pas allée me faire ma copine comme tu le dis si bien, je te rappelle qu'on a pas encore couché ensemble, si elle te raconte rien c'est qu'il ne se passe rien.

Les yeux écarquillés par une telle vérité, je le regarde me faire un nouveau signe de la main avant de s'éloigner.

Quelques minutes plus tard et voyant le ciel s’obscurcir de plus en plus je décide de rentrer. Je suis amusée, je pensais qu'ils avaient déjà franchi cette étape, c'est marrant de savoir que non, ce n'était pas le cas. Mais ma tête se remplie très vite de questions par rapport à Nolhann et Nicole, qu'avait-il bien pu se passer à l'époque? Il va falloir que j'essaie de me rappeler, s'il s'est passé quelque chose je veux m'en souvenir, si je demande à Nolhann il va sans doute me baratiner ou enjoliver les choses. 

En rentrant à la maison, tout était éteint, évidemment que leur fille soit dehors si tard, ils en ont strictement rien à faire, ils sont allés se coucher, fermant tout. J'en rirait presque si je trouvais pas ça tellement débile. Qu'est-ce que j'ai bien pu leur faire pour qu'ils agissent comme ça avec moi. Ils m'autorisent à faire ce que je veux, s'en préoccupe pas, enfin en gros ils me laissent vivre ma vie de mon côté même si je suis sous leur toit.