Je suis sortie de la salle de bain encore gênée qu'il m'ait vu en sous-vêtements, et ce ne fut pas meilleur quand j'ai remarqué qu'il était assis sur le sol, visiblement à attendre que je sorte.

- T'es encore là?

- Je dois réparer la serrure.

- Comment elle s'est cassée d'ailleurs?

- Peut importe, t'as fini?

- Oui.

- Alors je vais m'en occuper.

- Tu sais faire ça?

- T'occupe pas, je vais le faire.

- Oula, du calme médor, je sors, si on demande après moi, ce dont je doute, tu fais comme hier, comme si j'étais pas là.

- Pas de problème.

 - Ah et pour quand tu es entré...si tu pouvais aussi oublier, grimacai-je.

- T'étais aussi couverte qu'en maillot de bain, y a pas à faire cette tête, et pour ce qu'il y avait à voir de toute façon, hausse-t-il.

- C'est toujours sympa, tournai-je les talons.

Je suis sortie alors que le soleil se lève à peine pour aller courir,une habitude que j'ai depuis longtemps, sauf quand il y avait cours, sinon je sortais tous les week-end ou les vacances, déjà parce que ça m'évite de rester à la maison à subir les humeurs, mais surtout parce que ça me détend.

Finalement je m'arrête pour boire un café après avoir assez couru. Je réalise que je n'ai pas emporté mon sac, heureusement que j'ai pris de la monnaie dans ma poche avant de partir. Il faudra donc que je rentre pour me changer et prendre mon téléphone. En attendant je me relaxe un peu.

C'est un endroit où on venait jouer, enfants. On jouait ensemble à l'époque Nicole et moi, seulement ça finissait toujours par une dispute.

Nicole a commencé à me rabaisser très tôt, même si au début je pensais que c'était normal, elle était ma grande sœur après tout, qu'elle me parle un peu sèchement parfois était ce que font les frères et sœurs entre eux, c'est ce que j'imaginais dans ma tête de petite fille.

Mais j'ai finalement compris en grandissant. Non ce n'était pas normal, elle avait une envie trop importante d'être placée au dessus de tous et elle faisait ce qu'il fallait pour ça.

"- T’arrivera jamais à arrêter mon ballon, tonton m'a appris, je suis trop forte !

- Essaie on verra bien."

Ça devait être à cette époque, quand j'avais sept ans. Qu'elle a commencé à m'en vouloir quand je réussissais des trucs.

" Trop forte ! J'ai attrapé ton ballon.

- C'était juste de la chance !

- Recommence alors !

- Oui je vais recommencer et tu vas pas l'attraper.

- Encore ! C'est parce que j'ai le soleil dans la tête.

- C'est juste que t'es nulle !

- Non ! D'abord tu sais pas jouer ! Tonton t'a pas appris à toi.

- Si on m'a appris !"

 En y repensant, c'est vrai qu'on m'avait appris à jouer au football. Mais qui était-ce? Je ne me souviens pas, tout ce que je me rappelle c'est que cette réaction fut la première d'une longue série, c'est pourquoi elle m'a marqué d'ailleurs.

Alors que j'étais en train de rentrer tranquillement à pieds il a commencé à pleuvoir, après un long soupir je me suis remise à courir pour aller me mettre à l'abri, j'étais pas très loin de là où je passe la plupart de mon temps, je suis donc allée m'abriter.

Juste à temps, avant que la pluie ne redouble. Je suis restée là de longues minutes à me demander s'il fallait que je rentre maintenant au risque de me tremper où attendre que la pluie cesse, ou en tout cas diminue. Jusqu'à ce qu'on m'interpelle, ce qui est franchement étonnant, surtout quand on voit qui.

- Nolhann? Qu'est-ce que tu veux?

- T'as l'air d'un chiot apeuré là, je retourne chez moi j'ai oublié un truc, tu veux qu'on partage mon parapluie?

- T'as dormi?

- Pas vraiment, mais bon tu veux que je t'accompagne ou quoi?

- Hier tu m'envoyais limite bouler, et là c'est le contraire, je pige plus rien. Si c'est parce que t'as passé ta soirée chez moi, c'est pas la peine.

- Essaie pas d'analyser, je voulais me montrer gentil, tu veux pas, c'est tout, je repars.

- Non attends, j'accepte, je vais attraper froid à rester ici.

- C'est exactement ce que je me disais, allez, on traine pas je dois retrouver mon équipe dans pas longtemps?

- Équipe? Équipe de quoi? M'intéressai-je en marchant à côté de lui, en faisant attention aux marches glissantes.

- Foot.

- Ah tu fais du foot? T'as une équipe ici?

- Ouai je joue depuis que j'ai sept-huit ans, en fait c'est mon ancienne équipe de quand je vivais ici, je les voyais chaque fois que je rendais visite à ma grand-mère et maintenant je dois les prévenir que je suis venu vivre ici.

- C'est quand même drôle j'ai fait que penser au foot ce matin.

- Ah pourquoi?

- Longue histoire.

- Pour changer de sujet, tu te souviens vraiment pas de moi?

- Tu connaissais ma sœur, je le sais déjà, je suis sensée me rappeler de toi?

- Si c'est pas le cas, laisse tomber alors.

- En tout cas merci de m'avoir raccompagné, hier je t'ai pris pour un trou du cul.

- Sympa.

- Bah écoute, tu souffles le chaud et froid, avoue.

- C'est vrai, désolé.

- Tu m'expliqueras pourquoi?

- On verra, je dois y aller là. A la prochaine

- Ok, ciao.

Positivement surprise par le comportement de Nolhann, je suis rentrée, et je devine très rapidement que mes parents sont rentrés car mon petit frère se tient pas loin devant moi. D'ailleurs en me voyant il vient droit sur moi.

- Qu'est-ce que tu fais tout seul ici toi?

- Papa il est là, me montre-t-il le bureau.

- Et maman?

- Je sais pas.

- Elle est partie se préparer, entendis-je la voix de mon père.

- Se préparer? A quoi faire?

- On doit aller à un déjeuner.

- Déjeuner? Et lui?

- Justement, prend-il Arthur dans ses bras, j'espérais bien que tu rentres rapidement, j'ai appelé sur ton téléphone mais ça sonnait dans ta chambre.

- Je l'ai oublié quand je suis sortie courir, mais qu'est-ce que j'ai à voir avec votre sortie déjeuner?

- C'est pour le boulot, on peut pas l'emmener.

- Et bien tu as appeler un babysitter je suppose.

- Elle a décommandé, elle est tombée malade.

- Appelle une autre, c'est pas ce qui manque.

- Ecoute on sort pour le déjeuner mais ça pourrait nous prendre la moitié de la journée.

- Ca va j'ai compris, tu veux que je m'occupe de lui?

- Oui, c'est les vacances, tu n'as rien à faire, occupe toi de lui.

- Mais m'occuper d'Arthur fait pas partie de mes loisirs je te signale.

- Lucy, ne complique pas les choses, on te le demande pas souvent.

- Ca va, soupirai-je, je vais m'en occuper, mais tu permets je vais me changer, je suis trempée.

- Et je te signale qu'on a demandé à ce que tu ne sortes plus sans ton portable !

- Comme si tu en avais quelque chose à faire, marmonnai-je.

- Quoi?

- Rien,  prévenez moi quand vous partez je serais dans ma chambre.

M'occuper d'Arthur s'est vraiment pas quelque chose qui me passionne mais si je le fais pas j'ai l'impression que ça va me retomber dessus alors j'ai plus qu'à prier pour qu'ils ne rentrent pas trop tard.

- Bon Lucy, ton père et moi on s'en va, tu t'occupera bien de ton frère.

- Mais oui, pose-le il a des jambes.

Elle le pose à côté de moi sur le canapé.

- N'oublie pas, tu lui donnes à manger et après c'est la sieste même s'il rale.

- Maman, je vais savoir m'occuper de lui, il a deux ans il vient pas de débarquer dans la famille je te signale, et je l'ai déjà gardé alors arrête je suis sa soeur pas une baby-sitter de passage.

- Bon, et ne regarde pas ces trucs, il va pas aimer.

- Quoi tu crois que je vais regarder Dora peut-être?

- Oh sale caractère, je m'en vais.

- C'est ça pars. Et pas la peine d'appeler dans cinq minutes, on sera toujours là à regarder la télé, dis-je avant qu'elle ne sorte de ma chambre.

- Maman va où?

- Avec papa, ils vont manger au restaurant, l'informai-je.

- Rester avec toi?

- Oui.