Je suis restée encore un moment assise à contempler l'océan puis je me suis décidée à rentrer, je serais aussi bien à la maison pour rester tranquille. Même mieux au vu du groupe d'ados qui vient de débarquer là où j'étais.

Je passais devant le parc où j'emmène les enfants quand je les garde et des bruits me sont rapidement venus aux oreilles, des reniflements, des sanglots. J'identifie très vite la provenance de ce bruit. Une fillette assise sur le toboggan. Elle pleure tout ce qu'elle pleut, la pauvre.

Intriguée mais surtout inquiète que quelque chose lui soit arrivé, je me presse jusqu'à elle.

Tout en me rapprochant, je découvre peu à peu son visage, inondé de larmes, quelque chose de familier m'interpelle, puis je me souviens, c'est la fillette avec la jument de l'autre jour.

- Hey petite ! Romane ? C'est ça? Hésitai-je.

- Son regard, tout triste s'est levé vers moi. Oh ! C'est toi qui voulait voir Belle. Me reconnait-elle à son tour.

- Qu'est-ce que tu fais ici toute seule? Et tu pleures en plus. Ou elle est la dame de la dernière fois?

- Sandra, elle doit être en train de me chercher avec mamie, sanglote-t-elle.

- Tu t'es encore sauvée?

- Un p'tit peu, bougonne-t-elle.

- Tu vas finir par avoir de gros ennuis, tu sais combien c'est dangereux pour une petite fille comme toi?

- C'est parce qu'elle veulent que je rentre à la maison mais moi je veux rester ici avec papy.

- Te sauver comme ça n'arrangera rien tu sais ça? Et comment ça se fait que dans une grande ville comme celle-ci je n'arrête pas de tomber sur toi? C'est drôle.

- C'est mamie qui voulait venir ici.

- Ou elle est ta mamie? Je devrais te ramener à elle. Elle doit se faire un sang d'encre, descends de là.

Elle s'exécute et se laisse glisser sur le toboggan

- Tu veux pas lui dire à ma mamie que je veux rester ici?

- Tu sais si tu dois rentrer chez toi je suppose que c'est parce qu'il y a une raison.

- Mais quand même, papy lui va rester ici et puis je le verrais encore plus pendant longtemps.

- Ce sont des choses qui arrivent, mais tu me parles que de tes grand-parents, ou sont tes parents dis-moi?

- Ca, je sais pas, hausse-t-elle les épaules.

- Comment ça tu sais pas?

- Papy dit que maman viendra bientôt me voir mais que c'est pas encore le moment. Moi j'en ai marre parce qu'il dit ça depuis longtemps.

Je comprends un peu que cette fillette soit déboussolée si elle attend désespérément le retour de sa maman.

- Mais moi je sais qu'elle habite ici alors je veux pas m'en aller, se remet-elle à pleurer.

- Romane... Je suis désolée, j'aurais pas dû te parler de ça arrête de pleurer.

- S'il te plait, dis à ma mamie que je veux pas y aller, sanglote-t-elle en venant se nicher contre moi.

- Calme-toi ma puce, tu vas les rendre tristes si tu pleures comme ça, tu sais?

- Mais c'est ma maman ! Je l'ai jamais vu, je veux la voir.

Ce cri désespéré me fend le coeur, cette fillette semble avoir bien du chagrin.

- Ecoute-moi, dis-je doucement pour essayer de la calmer, pleurer comme ça ne sert à rien dans un cas comme celui-ci. Tes grand-parents font ce qu'il y a de mieux pour toi, j'en suis sûre.

- C'est ce que tout le monde dit mais c'est quand que je vais enfin voir ma maman?

- Encore un peu de patience, je suis sûre que ça arrivera bientôt.

Peu à peu ses larmes cessent, je crois avoir réussi à la calmer.

- Allez, je devrais te ramener, elles vont finir par s'inquiéter. Et tu devrais arrêter de t'échapper.

-  D'accord, renifle-t-elle.

- Romane ! La fait sursauter la voix d'une femme.

- Sandra, déglutit Romane en se pinçant les lèvres.

- Tu sais comme tu inquiète ta grand-mère? Tu dois arrêter de disparaître comme ça.

- E..Elle est où mamie?

- Elle attend là-ba s au cas où tu y serais retournée, allez viens.

- Encore vous, me regarde d'un air inquisiteur la fameuse Sandra, je vous reconnais, qu'est-ce que vous voulez à la petite?

- Rien, je n'ai fais que la reconnaître je suis allée la réconforter, elle pleurait tout ce qu'elle pouvait la pauvre.

- Oui arrête de dire des bêtises, elle est gentille, intervient Romane.

- Romane, pourquoi tu te sauves dès qu'on tourne le dos? Tu peux me dire?

- Je veux pas retourner chez nous, je veux rester ici avec papy pendant qu'il travaille.

- Tu ne peux pas, tes grand-parents t'en ont déjà parlé. Alors ça suffit les comédies sinon tu vas finir par être punie.

- Ils me punissent jamais, hausse des épaules la petite alors que je m'approche pour passer mon chemin.

- Et tu en profites, mais moi je peux te punir. Ce n'est pas une petite fille de ton âge qui va faire la loi.

- Je suis plus un bébé !

- Si, puisque tu réagis comme ça.

- C'est pas vrai ! J'ai six ans !

- Six ans? Me fis-je la réflexion plus loin. J'aurai cru plus, elle doit vraiment grandir entourée d'adultes pour agir comme ça.

Je me suis éloignée et j'ai traîné un peu faisant quelques boutiques au passage, essayant de tuer le temps avant de trouver le courage de rentrer.

Après le départ d'Isabella, j'avoue que je me suis sentie un peu plus mal pour Jackson mais ce qui est fait est fait, je ne compte pas changer d'avis ou de comportement. Si je veux qu'il ne revienne pas par ici je me dois d'être sèche.

La porte de la maison s'ouvre dans mon dos, je sais déjà que c'est Charlie avant même qu'elle ne parle. Avantage de ne vivre plus qu'à deux.

- Alix, qu'est-ce que tu fais de beau? Me demande-t-elle alors en me rejoignant.

- Rien je bois mon café. Et ton ami alors comment va-t-il?

- Toujours pareil, sa mémoire reste défectueuse.

- Et toi?

- J'ai rangé la maison, les gars ont laissé le bazar en partant.

- D'ailleurs ça te fait rien qu'ils soient partis comme ça?

- C'est ce que je voulais, non ça ne me fait rien.

- D'ailleurs pourquoi vous vous êtes séparés avec Jackson?

- C'est compliqué, soupirai-je. Comment je pourrais lui dire que je suis avec quelqu'un d'autre?

- Tout est toujours compliqué avec toi.

- Tout ce que tu as à savoir c'est qu'on est plus ensemble et qu'on se remettra jamais ensemble.

- Fais ce que tu veux, mais ne regrette pas ton choix.

- T'en fais pas pour moi. Au fait, j'ai cherché un truc pour toi, va voir au salon. J'espère que tu seras contente.

- Quoi?

- Va voir. Sur le canapé.

Elle se voulait un peu mystérieuse sur ce coup, je suis donc allée au salon et je n'ai pas tardé à trouver de quoi elle parlait.

- Tu l'as retrouvé?

- Oui, tu te posais des questions alors je me suis dis que le voir t'aiderai.

- Merci.

- Wouah, je me souviens de toi, souriai-je en me plantant devant lui.

- Tu veux que je te donne son nom? Il m'est revenu quand je l'ai trouvé.

- Attends je vais essayé de m'en rappeler moi-même.

J'ai enlevé et jeté mes baskets dans un coin et je me suis assise sur le fauteuil, à la recherche du prénom de cette peluche. J'ai à présent quelques souvenirs où je joue avec.

- Hum voyons voir, comment j'ai pu t'appeler.

- T'es vraiment sûre que tu ne veux pas ?

- Attends encore un peu, je dois pouvoir m'en souvenir, si je jouais tant que ça avec lui.

- Pire que ça , c'était ton meilleur ami.

- Shaby, me souvins-je alors. C'est ça hein? Demandai-je confirmation.

- Bien joué, alors tu te souviens de lui maintenant?

- Plus clairement oui. Comment j'ai fait pour avoir un trou comme ça?

- Tu as grandi c'est tout, on oublie les choses de l'enfance.

- Je me souviens de trucs encore plus vieux mais ça, non. C'est vraiment étrange la mémoire.

- Et oui. Bon on se fait une soirée télé?

- D'accord.