- Bon maintenant pose moi toutes les questions que tu veux, lance la conversation Eddy une fois qu'on est de retour dans ma chambre secs et changés, parce que là je ne sais pas par où commencer.

- Tu sais apparemment depuis un certain temps que j'existe, comment tu l'as su?

- J'avais eu des soupçons lorsque j'étais enfant qu'on m'a très vite fait disparaître puis il y a quelques temps j'ai entendu une discussion de mon père, enfin non de notre père avec son avocat et là j'ai compris que j'avais pas rêvé. Puis il y a eu quelques photos, je te le montrerais quand tu seras prête.

- Ce qui m'amène à la question suivante, ton père , celui qui t'a élevé je veux dire, c'est ton vrai père? Enfin tu comprends ce que je veux dire?

- Je comprends, sourit-il, oui il est notre père biologique à tous les deux et avant que tu le demandes, nous avons la même mère, nous sommes pas des demi-frères.

- C'était ma prochaine question, donc la suivante, c'est justement tu m'as dit que ta mère est morte...

- Ce canard sur ton lit, change-t-il de sujet, sais-tu depuis quand tu l'as?

- On m'a dit qu'un ami de la famille me l'avait offert.

- J'ai eu exactement le même, le jour où mon père m'a annoncé que je ne révérais peut-être plus ma mère. Je ne sais pas pourquoi tu as le même mais quand Daisy me l'a raconté ça m'a fait sourire.

- Elle sait aussi?

- Oui pourquoi crois-tu qu'elle ne se méfie pas de moi quand nous étions ensemble? Elle sait aussi que tu es ma petite soeur. Bref pour en revenir à notre mère... C'est peut-être le seul mensonge que je t'ai dit.

- Comment ça? Elle n'est pas morte?

- Non. A vrai dire, quand je te l'ai dit je m'en suis voulu dans la minute mais comme je ne la vois pas c'est un peu ce que je ressens. Elle est internée.

- Internée? Tu veux dire chez les fous? Depuis longtemps?

- Depuis aussi longtemps que tu es dans cette maison. Je dois t'avouer que de te ramener à la maison, je le fais un peu pour elle.

- Là j'ai besoin de précisions. Depuis quand exactement je suis dans cette maison?

- Depuis que tu as dix-huit mois si j'ai bien tout compris quelque chose comme ça.

- Presque toute ma vie donc. Mais dis-moi pourquoi je ressemble tant à cette famille si je n'en fait pas partie? Et est-ce que notre mère peut s'en remettre?

- Notre mère n'est pas folle, seulement elle est silencieuse depuis tout ce temps, murée dans son monde, notre père refuse que j'aille la voir donc je ne sais pas exactement si c'est toujours comme ça, j'en sais que ce qu'il m'a dit ou ce que j'ai entendu... Et pour la ressemblance en fait c'est tout simple, on fait vraiment partie de cette famille puisque notre mère et celle qui t'a élevée sont jumelles.

- Merde alors.

- Ça va tu tiens le choc?

- Faut bien, je veux tout entendre ce soir... Continue, pourquoi je suis ici et que toi tu es là-bas.

- Vous avez eu un accident de voiture. Marjorie conduisait la voiture, maman était côté passager, toi à l'arrière. Marjorie a raconté que maman avait décroché sa ceinture pour te tendre un biberon lorsqu'il y a eu l'accident, il t'a tenu en partie responsable et Marjorie aussi donc il ne voulait pas s'occuper de toi et tu as attéri ici par sentiment de culpabilité je suppose.

- Merde alors, pourtant j'ai vécu un enfer ici... Alors la culpabilité...

- Les jumelles ne s'entendent pas toujours, dans notre cas c'est de la haine, je l'ai compris rapidement. Donc ça ne lui plaisait pas de t'élever à la place de maman en quelques sortes.

- J'en reviens pas... Et notre père, il ne veut plus jamais me voir? C'est pourquoi tu devais venir en secret?

- Quand je lui ai téléphoné tout à l'heure, je lui ai parlé de tout ce que je savais et tout ça, il m'a dit que j'avais eu raison d'aller contre lui parce qu'il était un vieux con et que si tu le voulais je t'amène à lui.

- Il croit que je vais pardonner?

- Ça sera une discussion à avoir avec lui... Bon je crois que pour le moment c'en est assez d'informations, se lève-t-il.

- Je vais rentrer pour tout raconter à Daisy, en attendant qu'on ai de nouveaux portables on se parle par messageries donc garde ton ordi à portée de main. Je te conseille d'attendre un peu avant de vouloir comprendre ou en savoir encore plus... J'ai pas envie que tu me fasses un malaise. Je ne sais peut-être pas tout alors il faudra demander des explications aux intéressés.

- D'accord, je le ferais mais oui pour le moment reposons-nous.

- Bon j'y vais alors.

- Attends.

- Quoi?

- Comment ils s'appellent?

- A merde j'oubliais, quel con, donc ce sont Christian et Elena Danes.

- Merci Eddy, soufflai-je en essayant de résumer toutes les informations que je venais de recevoir pendant que lui sort de ma chambre.

En résumé celle qui m'a élevé est ma tante responsable d'une façon  ou d'une autre d'un accident de voiture dans lequel ma mère et moi étions. Mon père a décrété que c'était de ma faute ou je ne sais quoi que ma mère soit incapable de revenir à elle.

Aujourd'hui je me suis découvert un frère qui lui semble se préoccuper de moi plus que quiconque dans cette maison ou ailleurs et en plus de ça j'ai plongé pour la première fois depuis longtemps... Quelle journée...

Avec toutes ces révélations et avant que d'autres ne viennent je décide de prendre quelques affaires avec moi pour aller dormir ailleurs pour la nuit, j'ai besoin de me reposer seule.

En sortant de ma chambre je peux très vite voir qu'il est assis là dans le couloir... Cet homme qui a été mon père jusqu'ici mais qui en fait n'est que mon oncle.

- C'est moi que tu attends comme ça? Demandai-je en me plantant devant lui.

- Oui, Lucy tu n'es pas sortie de ta chambre depuis qu'Eddy est parti, qu'est-ce qu'il t'a dit?

- Tout ce que j'avais besoin de savoir, pour le moment en tout cas, j'en ai assez entendu, ah je devrais t'appeler tonton maintenant?

- Lucy , j'ai été ton père jusqu’à maintenant.

- Pourquoi d'ailleurs? Pourquoi j'ai fini ici si elle me déteste, dis-je en montrant la porte de leur chambre.

- Parce que j'ai dit que je prendrais soin de toi, soupire-t-il. Il n'arrivait plus à voir les choses clairement alors j'ai dit qu'on s'occuperait de toi quelques temps j'imaginais pas que ça durerait jusqu'à maintenant.

- Si tu voulais que je reste dans une famille aimante si je peux dire, c'est raté. Tu as eu parfois quelques élans envers moi mais c'est resté très rare. Tu sais par quoi je suis passée à cause de Nicole et tu n'as rien fait pour m'aider à leur faire face à toutes les deux. Je comprends maintenant pourquoi j'étais toujours mise de côté je ne fais simplement pas vraiment partie de la famille. Aujourd'hui j'ignore si mon père et moi nous nous entendrons, je ne sais pas si je pourrais un jour croiser le regard de ma mère, mais une chose est sûre, je ne vous considèrerais plus comme mes parents.

- Attends où tu vas?

- Je vais aller dormir à l'hôtel cette nuit, mes économies me le permettent.

- Ici c'est ta maison.

- Je le croyais aussi, mais apparemment, elle est pressée que je la quitte alors je vais peut-être le faire finalement, tournai-je les talons.

- Lucy, réfléchi à tout ça au calme, et reviens me dire ce que tu en as déduis.

- On verra, au fait j'ai plus de portable il a été inondé tout à l'heure, quand j'ai sauté dans l'eau pour sauver mon frère.

- Tu as quoi?

- Laisse tomber, j'y vais je suis fatiguée.

J'ai regardé la maison de longues minutes avant de me remettre en chemin. J'étais vraiment épuisée mais je ne voulais pas au réveil me retrouver dans des disputes j'avais besoin de dormir pour commencer puis de repos pour réfléchir à tous ça.

Le lendemain, après m'être bien reposée et avoir pris plusieurs décisions j'ai demandé à Eddy de venir me retrouver dans un endroit calme pour lui en faire part.

Avant que ma vie ne prenne vraiment un autre tournant j'ai décidé d'aller rejoindre Nolhann pour passer quelques jours avec eux, j'ai quitté mon boulot aussi car je n'ai plus aucune envie pour le moment en tout cas de m'y consacrer.

- A quoi tu penses comme ça? Me sort de mes pensées Eddy en apparaissant derrière moi.

- A tout ce que je vais te dire.

- Rien de mauvais j'espère sinon je fais demi-tour.

- Non, j'ai seulement éclairci mes idées depuis hier et je veux t'en parler.

- Avant que tu ne commences, je voulais te prévenir que j'ai dit à papa que tu savais maintenant et que tu aurais besoin de la réflexion avant de décider si oui ou non tu vas le rencontrer.

- D'accord, tu as eu raison de lui dire, je suis pas prête à lui faire face.

- C'est ce que je me suis dit, c'est prématuré, allez raconte.

- Déjà merci de m'avoir sorti du brouillard en me racontant tout, même si ça a fait beaucoup d'un coup je comprends maintenant pourquoi je me sentais si bien à discuter toi avec plutôt qu'avec tous ceux de cette maison.

- Le sang est plus épais que l'eau, sourit-il, non sans rire, je pense que ça vient du fait que je t'ai traiter comme ma soeur directement j'ai pas pu m'empêcher d'avoir ce rôle de protecteur et j'ai dû de le faire ressentir.

- Sans doute, bref j'ai décidé de prendre quelques jours loin d'ici pour me remettre d'aplomb, trop de choses sont arrivées.

- Tu m'abandonnes alors que je viens de te retrouver?

- Non idiot, je vais juste rejoindre Nolhann il me l'avait proposé, je pense que c'est une bonne idée.

- Sûrement oui, au fait tu te sens prête à voir les deux photos que j'ai réussi à trouver avec toi et maman dessus?

- Je crois.

- Les voilà. Je pense qu'il a tout détruit à par celles-ci que j'ai trouvé dans son portefeuille dont j'ai fait les doubles.

- Oh, tu les avais sur toi? Dis-je avant de les saisir d'une main hésitante.

- Je les ai prise aujourd'hui au cas où tu voudrais les voir.

- T'es sûre que c'est maman? Je veux dire elle ressemble tellement à Marjorie...

- Ah je t'avais prévenu elles sont jumelles.

- Donc tu penses que ces photos ont été faites avant qu'il ne décide de me jeter?

- J'aime pas que tu parles comme ça, mais oui, je pense même pas très loin avant.

- En quelques sortes ça rend plus concret cette histoire maintenant que je vois ça. Elle était souriante.

- Je n'ai pas pensé mais tu aurais voulu voir une photo de lui aussi?

- Non. Je le verrais quand je lui ferais face.

- Tiens j'y pense, t'avais déjà vu des photos de toi toute petite?

- A vrai dire il y a toujours eu plus de photos de Nicole donc j'ai jamais supposé que c'était parce qu'il y en avait pas, je pense que ça les intéressait pas.

- D'accord, désolé et sinon tu restes en contact pendant que tu pars?

- Avec toi uniquement d'ailleurs j'ai besoin de toi pour prévenir, j'aurais pas le temps.

- Prévenir qui?

- Camden il va se demander pourquoi je l'appelle pas tu pourras tout lui expliquer?

- Tout?

- Oui, j'aurais pas besoin de le refaire en rentrant. Ah sauf le fait que je sois entrée dans l'eau, ça je veux vérifier que je peux encore le faire avant de lui en parler.

- Ça marche.

- De toute façon je l'appellerai quand j'aurai récupéré mon téléphone.

- Bon allez j'y vais sinon je vais rater mon train, me levai pour qu'il m'imite.

- Tu as prévenu Geroge et Marjorie?

- J'y suis passée pour prendre quelques affaires la maison était complètement déserte j'ai donc laissé un mot pour dire que je partais prendre l'air quelques jours.

- Bon tu me préviens quand tu arrives?

- Oui je t'appellerai avec le téléphone de Nolhann, porte toi bien jusqu'à ce que je revienne.

- Toi aussi.

- J'y compte bien, j'ai pas fini de remettre ma vie dans le droit chemin, dis-je avant de m'en aller récupérer mes affaires pour ensuite filer à la gare.

J'avais hâte de me changer les idées même si Nolhann va me demander tout ce qui est arrivé. Je serais à plusieurs kilomètres.

 J'espère qu'à mon retour je serais capable d'affronter tout ça.

M'éloigner quelques temps pour passer du temps avec ces amis que j'avais perdu à cause de Nicole était une vraiment bonne idée, j'ai appris à les connaître mieux. Ça m'a également permis de remettre toutes mes idées mes émotions mes sentiments en place.

Aujourd'hui je traverse cette allée avec une idée précise en tête. Je suis sûre de moi. Nolhann m'a déposé avant de lui-même rentrer chez lui. J'ai ordre de l'appeler si ce que je veux faire là se passe mal. Ce qui n'arrivera pas, j'en suis pratiquement certaine.

J'entre donc dans la maison qui n'était pas verrouillée, j'espérais qu'elle serait déserte le temps d'arriver mais il me faudra me jeter dans la fosse dès à présent.

Je peux facilement remarqué la présence d'Arthur et de sa mère. J'ai décidé qu'à partir de maintenant je ne la considérerais que comme celle qu'elle est. Ma tante, et encore parce qu'il le faut.

- Sarah-Jane? Tu es en avance, lance-t-elle sans lever les yeux de son livre. Je suis sur quelque chose de très important je voudrais pas perdre la ligne, tu veux bien emmener Arthur dans sa chambre?

Je lève les yeux au ciel en réalisant la stupidité de ceci, mais je pose mon sac au sol et me dirige vers Arthur sans dire un seul mot.

- Ah mince, j'oubliais, tu as prévenu ta mère que nous arriverons dès que ton oncle sera là? Lance-t-elle la tête toujours baissé vers son livre alors que je fais signe à Arthur qui sourit en me voyant.

- Lucy !! S'exclame-t-il alors que je l'attrape.

- Arthur, tu sais bien que Lucy n'est pas ici, lui rétorque-t-elle.

- Pas ici ? Dis-je alors qu'elle se fige. Ah je pensais pour être ici en ce moment. Quand à demander à ma mère... Désolée mais je pense pas pouvoir t'aider. Par contre il est possible que je la salue de ta part lorsque j'irai la voir. On sait jamais.

- Lucy? Que...qu'est-ce que tu fais là?

- J'habite encore ici il me semble.

- Ce que je veux dire c'est que tu n'es pas apparue durant les dernières semaines et tu débarques comme ça.

- Oui. J'ai pris le temps de réfléchir avant de revenir ici.

- On a des choses prévues alors si tu avais pour projet de nous parler tu aurais dû nous le dire avant.