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    On s'est donc éloigné et j'ai sorti mon téléphone devant lequel elle a tout raconté sans aucune retenue, j'ai trouvé ça étrange son comportement après toutes ces années de silence mais je ne vais rien dire puisqu'elle fait ce que je veux pour une fois.

    Mais surtout parce que c'est la dernière fois que je me tiens devant elle.

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    Quand elle a terminé je serre mon portable dans ma main et me retient de la frapper encore une fois, j'arrive pas à croire que tout est parti d'une saleté de jalousie.

    - Tu enlèveras cette photo et tu la brûleras avec le reste, je veux vraiment pas voir ma tête à côté de la tienne.

    - Quand iras tu la voir? Me demande-t-elle sans s'occuper de ce que je dis.

    - Demain.

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    - Donc c'est la dernière fois que tu apparais devant moi.

    - Oui et ça sûrement pour un très long moment.

    - Ne vas-tu pas rencontrer ton oncle avant ça?

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    - Non. Je pourrais lui parler plus tard mais à toi ceci est notre dernière conversation.

    - J'ai tout de même une question, que vas-tu faire si tu ne veux plus dépendre de nous.

    - C'est une chose qui ne te regarde absolument pas.

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    - Je vais faire mon sac et je m'en vais, détournai-je les talons.

    - Très bien.

    - Mais tu devrais te faire internée pour ta folie quand même.

    - Lucy ! Résonne la petite voix d'Arthur.

    - Lucy doit partir, lui rétorque-t-elle.

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    Je me suis appuyée contre le mur le temps de reprendre mes esprits, tout ce que je venais d'entendre et toute cette rage que j'essayais de contenir m'avait donné mal à la tête. J'apprenais trop de choses en peu de temps j'avais un peu de mal à tout comprendre.


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    Le lendemain, après un long trajet nous voilà Daisy, Eddy et moi devant cette porte que nous n'arrivons pas à ouvrir. Notre père, qui a fait le trajet avec nous n'est pourtant pas venu dans ce centre il souhaite que nous lui faisions face seuls pour bien lui parler et peut-être provoquer le choc dont elle a besoin. Quand il a entendu la confession de Marjorie il s'est mis à pleurer et m'a demandé plusieurs fois pardon... Le pardon arrivera vite car je commence à comprendre que tout n'était pas de son fait.

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    - Bon on y va? Lance Eddy.

    - J'ai peur.

    - Je sais, tu crois que je suis rassuré? Je ne l'ai pas vu depuis longtemps et on ne sait pas vraiment dans quel état elle est.

    - Pas aussi mauvais que ça, nous rappelle Daisy, votre père vous l'a dit.

    - Entre ce qui est dit et la vérité, soupire Eddy.

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    - Allez Lucy, vous devez la rencontrer et essayer d'arriver à quelque chose.

    - Je sais, oui, on y va Eddy, sinon on passera jamais la porte.

    - Tu as  bien emmené ton portable?

    - Oui je n'allais pas l'oublier.

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    - Allez petite soeur, oublie pas, on arrive au bout, la seule chose qui manque c'est une maman.

    - Je sais, mais je me demande comment je vais réagir.

    - Aussi bien que tu peux, tu as réussi à bien gérer avec papa.

    - Mais c'est pas pareil là, elle ne sait peut-être pas qui je suis.

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    - Dis pas de bêtises, une mère ne peut pas oublier ses enfants.

    - Et si je me sens mal? J'arrive à supporter mes migraines maintenant mais...

    - Y a pas de mais, je suis là, entrons, dit-il en ouvrant la porte.


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    Il entre le premier et moi je le suis peu après, les pas tremblant quand même car je ne suis pas du tout rassurée.

    Je referme derrière nous en regardant autour de moi et la vois assise près de la fenêtre.

    - Elle est là, déclare Eddy, viens.

    On nous a dit qu'elle restait souvent assise à regarder dehors donc je ne suis pas surprise mais mon coeur bat à un rythme infernal.

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    - Maman ! Lance Eddy alors que je me terre dans le silence alors qu'on approche. Maman c'est Eddy, tu te souviens ? Ton fils. J'ai enfin le droit de revenir te voir, papa me trouve assez grand pour comprendre. Je suis venu avec Lucy. Ça doit te paraître bizarre après tout ce temps.

    - Bonjour, lâchai-je d'une voix serrée.

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    Je l'observe un long moment en silence, Eddy en fait tout autant. Je constate les ressemblances et mon coeur se serre, pas étonnant que je ressemblais à Marjorie, elles sont identiques excepté les cheveux. Les siens sont bien plus longs.

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    Mon regard va ensuite sur tout ce qui nous entoure, elle a tout pour s'occuper, mais ce sont les livres qui me surprennent le plus, ce qui veut dire qu'elle est pas complètement partie, j'aimerais comprendre ce qui se passe, pourquoi elle ne réagit pas.

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    - Je me pose la même question, me sort de mes pensées Eddy. Pourquoi tous ces livres.

    - Si elle est murée dans son monde comment elle interagit alors?

    - Je crois que je vais aller demander, ça ira toute seule? Sinon je demande à Daisy de venir.

    - Ça ira.


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    - Maman, je reviens, je dois voir le médecin. Lucy va rester avec toi.

    - Ça va aller Eddy, va demander ce qu'elle a exactement.

    - Oui.

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    Je le regarde partir puis me décide à aller m'asseoir sur le deuxième fauteuil, il faut que je tente d'agir avec elle d'une façon ou d'une autre et me voir en face aidera peut-être.

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    - Ça m'est si étrange de t'appeler maman alors que j'en ai appelé une autre ainsi tout ce temps. Mais peut-être que tu ne le sais pas. Eddy a fait le lien car j'ignorais avant ne pas être la fille de mes parents. On a pas été élevé tous les deux par papa car quand tu es entré dans cet état, il ne se sentait pas capable. Enfin tous les détails ne te serviront pas. Maman? C'est moi Lucy, j'ai été élevé par Marjorie, ta sœur qui te hait tant qu'elle peut.

    C'est à ce moment que son regard s'est posé sur moi.

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    - Ah j'ai ton attention maintenant? Je ne sais pas ce que tu as, j'ignore également ce que tu sais ou pas, sur ce qui est arrivé toutes ces années mais si je suis ici aujourd'hui c'est pour récupérer un peu ma vie. A commencer par te faire entendre la vérité sur ce qu'il y a eu à l'époque.

    Je sors de mon téléphone et me lève pour me placer devant elle et son regard ne quitte pas l'appareil pendant que Marjorie lui explique tous ses mensonges et pourquoi elle l'a fait.

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    - Voilà, je sais pas si tu y comprends quelque chose mais je sais que tu as regardé, ton regard l'a fixé pendant qu'elle parlait, dis-je en tenant fermement mon téléphone. Je vais te faire un gros résumé, Marjorie a menti, vous avez eu l'accident, tu as tellement été blessé intérieurement sans savoir que c'était un mensonge que tu t'es refermée sans savoir que c'était du vent, que pendant ce temps ta famille partait n'importe comment. Moi j'ai grandi avec une femme qui reportait sa haine contre moi.

    - Lucy, ça va? Revient Eddy.

    - Je lui ai tout dit, elle réagit pas.


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    - Elle te fixe ou je rêve?

    - Non, ça c'est un fait, j'ai capté son attention quand j'ai parlé de Marjorie qu'est-ce qu'ils t'ont dit?

    - Elle a refoulé tous ses sentiments, tant qu'elle n'arrivera pas les refaire sortir on ne saura pas si elle est vraiment là où pas.

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    - C'est une blague?

    - Non pourquoi?

    - Parce que ça se rapproche vraiment de ce que j'avais moi, seulement je me suis pas enfermée dans mon monde, c'est vrai que j'ai perdu le sourire et que je voulais pas trop me connectée aux autres mais je refoulais tant que ça me causait les migraines.

    - Oh..c'est vrai j'avais pas percuté.

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    - A toi maintenant, j'ai besoin de prendre l'air, dis-je en me dirigeant vers la sortie.

    - Tu pars?

    - Juste un peu j'ai besoin de respirer, parle lui, essaie quelque chose.

    - D'accord.

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    - Ça va ? Me demande Daisy alors que je sors.

    - Je vais prendre l'air.

    - Je viens avec toi?

    - Pas la peine, je reviens vite.

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    - Tu sais, elle doit sûrement avoir besoin de temps pour ingurgiter tout ce que vous lui dites aujourd'hui, te décourages pas pour l'instant.

    - Oui, je sais.

    Je suis sortie de cette maison de repos et je l'ai longée pour me retrouver derrière, près des poubelles, j'avais besoin d'un endroit isolée pour lâcher prise, c'était fait.


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