Les larmes se sont misent à couler pour ne plus s'arrêter, j'avais tant de choses qui me donnaient envie de pleurer que cette fois il fallait que je craque. Les espoirs que j'avais pour qu'elle revienne vers nous s'envolent même si je sais que ça pouvait pas se faire dans l'immédiat, j’espérais qu'elle aurait un choc.

- Lucy ! Lucy !! Entendis-je la voix paniqué de mon frère.

Mes sanglots lui ont indiqué ma position car je le vois très vite se rapprocher pour se mettre à mon niveau, en soupirant.

- Tu étais là ! Tu m'as fichu une de ces trouilles.

- J'avais besoin que ça sorte.

- Je sais, essuie-t-il mes larmes.

- Tu as réussi à quelque chose?

- Non, elle ne m'a pas du tout regardé on aurait dit qu'elle regardait dans le vague.

- Qu'est-ce qu'on va faire?

- Comme on avait dit, on va rester par ici quelques jours on reviendra plusieurs fois et on verra bien.

- J’espérais tellement, me jetai-je dans ses bras.

- Je sais, moi aussi.

- Ça n'a pas l'air de te toucher.

- L'air mais pas la chanson, dit-il alors que je réalise ses larmes.

- Désolée.

- Il y a pas que toi qui sait se montrer fort devant les autres.

- On a l'air de deux idiots.

- C'est pas grave, on doit se montrer forts là-bas.

- Et Daisy?

- Elle nous attend, je lui ai dit que je te trouverais, j'avais des doutes sur tes intentions quand tu as dit prendre l'air. 

Mes derniers jours se sont avérés très intéressants, j'ai appris beaucoup de choses sur ma famille, j'ai découvert la maison dans laquelle j'aurais dû grandir, Camden est venu me rendre visite deux fois même si ce fut de courtes durées à cause de son boulot et j'ai rendu visite à ma mère chaque jour avec Eddy ou même mon père espérant une réaction.

Mais ces quelques jours doivent s'achever maintenant et je dois rentrer pour préparer mon entrée à la fac et même si côté logement je vais rester un moment avec Eddy et Daisy je voudrais trouver quelque chose pour moi-même mon père va tout payer. Il ne veut pas que je travaille en même temps parce qu'il peut se le permettre mais surtout je pense qu'il veut se racheter comme il peut.

Aujourd'hui donc je m'apprête à rendre visite à ma mère mais seule cette fois car je dois lui dire au revoir. Je reviendrais la voir évidemment mais plus tard et Eddy a compris que j'avais besoin d'être seule avec elle ne serait-ce qu'une fois. Mais maintenant que je suis devant la porte, j'hésite, j'ai peur de pas tenir le coup, seule avec elle.

- Bonjour maman, dis-je finalement en franchissant la porte. Ma voix est devenue plus sûre maintenant quand j'utilise ce mot, même si mon coeur se serre chaque fois que son regard se pose sur moi mais qu'aucun son n'en sort. Je suis venue toute seule aujourd'hui, Eddy avait quelque chose à faire avec Daisy.

- Tu mets encore ces fichues chemises de nuit? Ça te fait paraître vraiment vieille tu sais? Maman, regarde moi. C'est ce qu'elle fait. Son regard devient parfois vivant même si ce n'est pas toujours le cas selon les personnes qui sont avec moi. Tu vois que tu sais parfaitement réagir, je ne sais pas pourquoi tu restes silencieuse maman, j'aimerais entendre ta voix.

- Oui j'aimerais l'entendre avant de partir, tu sais bien que je vis pas ici, je dois retourner là où j'ai grandi j'y ait tous mes repères, même si beaucoup de choses me donnent des raisons pour partir je vais y rester, je dois affronter les fantômes. Son regard a changé, je m'en suis rendue compte alors que le mien revient vers elle après être allé vers la fenêtre.

- Qu'est-ce qu'il y a? Parle-moi que je comprenne. Tu as l'air triste, tu n'es pas contente que je parte c'est ça? Où alors que j'ai des mauvais souvenirs là-bas? Je ne sais pas ce que tu penses maman, tu ne fais qu'écouter et regarder mais tu ne réagis pas. Oh attends j'ai un message, dis-je en sortant mon téléphone qui venait de vibrer.

- C'est Camden, il dit qu'il va venir me chercher pour qu'on passe un peu de temps ensemble avant que je rentre. Me regarde pas comme ça, il est adorable. Ce n'est pas comme les autres, tu sais je t'en ai parlé des autres. Mais ne t'inquiète pas, je vais prendre mon temps avec lui, je veux faire ça bien. Bref, maman j'aimerais que tu réagisses, que tu sorte de cette coquille, que tu viennes avec moi dehors découvrir le monde, celui dans lequel j'ai grandi à cause de vous tous, je veux faire ça avec toi , pas qu'avec Eddy ou papa.

Une réaction se fit car elle se lève à présent pour se poster debout près de la fenêtre. Elle ne l'avait encore jamais fait.

- Maman? Tu m'entends n'est-ce pas? Tu comprends tout ce que je dis? Tu es là en ce moment je le sais, je l'ai vu dans tes yeux. Alors réagis. Montre moi que tu ne restes pas insensible à ta fille qui n'a pas grandi auprès de sa famille, dis quelque chose, suppliai-je en me levant à mon tour pour réaliser quelque chose d'incroyable...elle pleure.

- Tu pleures? Je savais que ça te touchait quand même. Maman, regarde-moi. Regarde-moi et dis quelque chose, dis-moi que tu m'as jamais oublié, que tu vas faire en sorte de sortir d'ici pour que dans le futur on forme une famille. Maman, s'il-te-plaît.

- P...Par...Pardon... Entendis-je une voix faible.

- J'ai bien entendu? Tu as parlé pas vrai?

- L...Lucy r...revient.

Je reste bouche bée. Elle a des difficultés sans doute liées à son long silence mais elle parle.

- J...Je veux... r...revenir.

- En tant que maman? Il suffit de redevenir toi maman. Oh c'est pas vrai je dois dire à papa et Eddy que tu as réagi ils vont être contents.

- N..ne pleu..re pas, se retourne-t-elle.

- Toi non plus alors, dis-je en essuyant mes larmes, j'arrivais pas à en croire mes yeux.

- Sour..ris.

Le temps que j'appelle mon père et Eddy, elle avait été voir le médecin qui semble confiant, quand à ses prochains progrès. Je pouvais repartir le coeur apaisé et le sourire aux lèvres plus tard dans la journée... Tout semblait se remettre en ordre enfin pour moi.

Voici l'hiver qui se montre alors que quelques années se sont écoulées, un peu plus de quatre en fait. Ma vie s'est mise en place en commençant par mon lieu de résidence, j'ai commencé par vivre avec Eddy et Daisy mais je me sentais un peu de trop et comme entre temps Véra avait prié Miranda de quitter les lieux, j'ai eu la possibilité d'aller vivre avec eux même si je n'occupais pas sa chambre mais la même que Camden. J'ai donc fait mes études en vivant avec Véra, Randy et Camden, créant ainsi des liens entre nous. Je n'avais jamais eu d'amis si proches auparavant.

Camden et moi avons fait le choix de changer de chambre il y quelques temps car il nous fallait un peu plus grand et que même s'il arrive qu'on prenne des colocataires ils ne restaien,t jamais longtemps et la chambre de Camden étaient l'une des plus petite.. Je suis ravie de ma relation avec lui. Il était là quand j'étais en pleine reconstruction avec ma famille il est toujours là maintenant. Je ne peux plus imaginer ma vie sans lui.

- Ça va ma puce? Me fait sursauter Camden en entrant dans notre chambre, me sortant ainsi de mes rêveries.

- Oui, bien sûr.

- Il va bientôt être l'heure, tu veux que je t'aide ?

- S'il-te-plaît oui, ils sont tous les deux endormis, j'ai peur de les réveiller.

- Tu sais pourtant qu'ils s'endorment facilement quand tu les tiens contre toi comme ça.

- C'est pas de ma faute, j'adore les sentir contre moi, souriais-je en contemplant le visage endormi de mes deux bébés. Des faux jumeaux âgés d'un mois aujourd'hui. Solyne et Tadéo.

- Je prends qui?

- Prends ton fils, ce sera plus facile pour moi de garder la petite.

- D'accord.

- Randy et Véra sont là ? J'ai entendu la porte.

- Oui ils viennent de rentrer.

- Allez fils viens voir papa, sourit-il en prenant Tadéo dans ses bras.

- Et on fait comment pour ouvrir la porte de la chambre dis-moi? Demandai-je alors qu'on est tous les quatre dans le couloir.

- J'avais pas pensé à ça, si je bouge il va se réveiller.

- Je sais, et pareil pour la puce, tu aurais dû ouvrir avant de venir le chercher.

- Je sais, j'y ai pas pensé.

- Quelle idée ils ont de se rester endormis que s'il reste dans la même position et se réveiller si on les bouge.

- Le pire c'est que c'est tous les deux pareil.

- Encore le dilemme de qui vous allez réveiller? Rit Véra en venant vers nous. Désolée je suis celle qui a fermé la porte en allant chercher une couche. Je vais vous l'ouvrir.

- Ah merci tu sais comme ils sont grincheux s'ils se réveillent comme ça.

- Oui oui je sais, j'ai le même, rit-elle alors qu'elle tient dans ses bras le petit Maël qui n'a que quelques jours de plus que mes jumeaux.

Véra et Randy sont les parents de ce petit gars, ils se sont mit ensemble il y a trois ans et nous avons bien rit quand nous nous sommes rendus compte de nos grossesses en même temps. Avec cette situation nous avons cessé de prendre des colocataires et avons décidé de prendre en charge plus de frais pour la maison, nous nous entendons tous très bien ce qui se passe parfaitement.

- Tu n'es pas censée sortir d'ailleurs me demande-t-elle.

- Si si on les couche et j'y vais.

- Ca se passera bien tu verras.

- J'espère bien ça fait longtemps quand même.

- Oui je sais.

Quand je regarde mes enfants je me souviens de cette époque où j'ai croisé Miranda et Eloys  que je n'avais pas revus depuis le départ de celle-ci alors qu'elle était enceinte de quelques mois. J'ai su en voyant le contenu de leur poussette qu'ils étaient les parents d'une petite fille. Mais je me souviens aussi des éclats de voix entre eux qu'on pouvait entendre au loin. Je n'ai pas ce problème avec Camden, il m'aide tant qu'il peut avec les enfants, je sais que j'ai pris une bonne décision de faire des enfants avec lui.

Cette idée de fonder une famille m'était venue alors que la mienne commençait à resserrer les liens. Camden avait été d'accord, la surprise fut quand ils nous ont annoncé la présence de deux bébés.