J'ai fini par reprendre mes esprits et nous sommes retournés vers ma chambre. J'ai remarqué Nolhann de retour dans le canapé mais au vue de comment il remuait il ne devait pas dormir. Je reprendrais une discussion normale avec lui quand j'aurais vraiment tout avalé et encaissé.

- D'ailleurs, me lance Eloys, je suis allé dans ta chambre sans prévenir, désolé.

- J'ai pas relevé, j'imagine que t'as pas fait ça pour m'embêter.

- J'y suis allé parce qu'il y avait Swann.

- Il se passe quelque chose avec elle? J'ai l'impression que tu la surveilles un peu beaucoup.

- On va se contenter de dire que je suis son frère, il est normal que je m'occupe d'elle.

- Et moi je vais me contenter de dire d'accord, mais j'ai le sentiment que ce n'est pas tout.

- Quand le temps sera venu.

- Bon je vais me recoucher, par contre je vais me lever comme d'hab pour faire mon jogging.

- Je m'en doute, pourquoi tu me dis ça?

- Au moins une personne saura où je suis passée.

- Au fait, dit-il alors que je lui ai déjà tourné le dos, si tu dois te rebeller contre ta cousine, fais-le bien. Elle parle tellement bien qu'elle pourrait faire que tout se retourne contre toi.

- Ca je le sais, Nicole faisait déjà ça avec moi, pourquoi tu crois que je me maîtrise?

- Il y aura une solution à un moment donné.

- Je me donnerais l'opportunité, j'aime pas être comme ça à être complètement perdue, j'ai envie de me foutre des claques.

- D'ailleurs, pourquoi Swann traîne avec eux, c'est surprenant, elle est pas comme ça.

- Demande-lui directement, moi je fais que la suivre.

- C'est ce que je ferais, ça m'intrigue vraiment.

Comme prévu, j'étais sortie alors qu'il étaient tous endormis et je suis rentrée quand j'étais sûre qu'il n'y aurait plus personne. Une fois seule à la maison, il est l'heure pour moi de mettre à jour mes connaissances quand à mon passé et remettre mes idées en place. Je commençais vraiment à m'emmêler les pinceaux et mes émotions en sont complètement dérégler.

Il y a avait une chose que je devais faire pour commencer et j'allais prendre mon courage à deux mains pour la faire maintenant. Je devais demander à mes parents, ce qui indiquait les appeler, alors qu'ils n'avaient même pas pris la peine de m'appeler depuis leur départ. Mais bon je vais pas revenir sur le fait qu'ils ne pensent qu'à eux, ça je garde ça pour plus tard.

J'ai donc appelé, j'ai entendu résonner trois sonneries avant qu'enfin on ne décroche.

- Allo? Entendis-je une voix d'homme, mais pas celle de mon père.

- Allo, qui est à l'appareil?

- Ah oui je devrais me présenter je décroche un téléphone qui n'est pas à moi.

- C'est ça, et donc?

- Je suis Eddy. Lucy c'est ça?

- Oui c'est ça mais t'es qui au juste? Pourquoi tu réponds sur le portable de ma mère?

- Ils sont à l'hôpital avec mon père, le portable est resté là, je me suis dit que j'allais décrocher en voyant que c'était leur fille.

- Donc tu es le fils de l'ami qu'ils sont partis aider en me laissant en plan comme une vieille chaussette?

- Ouai, t'as l'air d'être en colère, t'en prends pas à moi, j'étais surpris quand ils sont arrivés.

- Bref. Tu peux demander à ce qu'on me rappelle?

- Yup, ça sera pas avant ce soir par contre, ils m'ont prévenus.

- Appeler mon père serait inutile s'ils sont à l'hôpital de toute façon donc j'attendrais, ce serait sympa de pas oublier.

- J'oublierais pas.

- C'est bizarre quand même, ils ont un ami que j'ai jamais vu et je parle avec leur fils que j'ai  jamais vu non plus.

- Moi je les ai déjà vu, c'est pour ça que je savais qu'ils avaient une fille qui s'appelle Lucy et donc j'ai décroché.

- Sinon ton père c'est grave?

- Il devrait se remettre, c'est juste qu'il doit rester à l'hôpital quelques temps. Ah voilà ma copine, je dois te laisser, t'inquiète pas, j'oublie pas, je leur demande de te rappeler aussitôt qu'ils rentrent. A la prochaine.

- Salut.

Ne sachant pas quoi faire à la maison, je suis ressortie prendre l'air, je vais attendre qu'ils me rappellent, c'est tout ce que je peux faire. En tout cas, là-bas, ce Eddy savait que j'existe donc mon existence n'est pas nié partout, c'est déjà ça.

Je ne suis pas allée très loin, je me suis arrêtée là où je vais toujours quand j'ai besoin de réfléchir et surtout pour être seule et repenser à ma trouille de l'eau, c'est un bon endroit.

- Lucy ! Me fait-on sursauter.

- Tao, soupirai-je après m'être retournée vers lui, et bien on dirait que ça va être par lui que je vais commencer, murmurai-je pour moi-même.

- Je me rendais chez toi justement, t'as deux minutes?

- D'habitude tu m'appelles quand tu veux me voir.

- Je savais pas vraiment que je le voulais, je suis juste arrivé là.

- Je pensais à te contacter de tout façon, il faut qu'on parle, décrétai-je alors qu'il arrive à mon niveau.

- Je pense aussi.

- Tu sais que tu te comportes de plus en plus comme un connard?

- Je sais.

- Tu le fais exprès? Viens on va s'asseoir.

- En quelque sorte, oui, je le fais exprès.

- Pourquoi? Ayé t'es devenu aussi débile qu'elle? Elle t'a pompé le cerveau?

- Tu n'y es pas du tout.

- Alors explique-moi, que je puisse comprendre.

- Enfin non, dis-je après qu'on se soit installés, laisse-moi parler la première.

- Vas-y.

- Depuis le départ, c'était une mauvaise idée de rester amis. J'aimais ça avant parce que tu as toujours été celui qui me comprenait, celui que j'ai aimé pour la première fois, te voir quitter ma vie, en tout cas comme ça, c'était trop dur pour moi. Je me suis accrochée à toi pour de mauvaises raisons, il y avait toujours ce résidu de notre relation entre nous, ce qui a provoqué la nuit qu'on passé ensemble. Si je ressentais plus rien du tout je t'aurais repoussé. Que tu sois avec l'autre débile je ne l'ai jamais compris mais soit, à présent je vais m'en laver les mains. Hier soir on me l'a fait comprendre, il est temps que je passe à autre chose, je dois tourner la page Tao une bonne fois pour toute.

- C'est réellement ce que tu penses?

- Oui. Je voudrais aussi te dire au revoir aujourd'hui. Au revoir à mon premier amour et à cet ami qui a compté pour moi. J'ai besoin de prendre du recul. Je sais qu'on va se croiser encore puisque tu sors avec ma cousine, mais sache que je vais t'ignorer un max. Tu peux comprendre ça?

- J'entends ce que tu dis et si c'est ce que tu veux alors oui, on fera comme ça.

- Mais?

- Mais avant d'en finir pour de bon, je peux parler?

- Vas-y.

- Tout ce que tu as dit est vrai, pour moi aussi, il restait quelque chose, je m'en suis pas vraiment caché, mais je suis sorti avec Sarah pour diverses raisons, aucune d'elle ne mentionne que je l'aime, ça j'en suis pas là. La seule que j'ai aimé jusqu'ici c'est toi. Ma provocation faite hier, était dans ce but aussi, je crois qu'on a besoin de s'éloigner pour éviter de retomber dans les mêmes pièges.

- Donc tu es d'accord avec moi.

- Avec mon comportement d'hier, je sais que je recommencerais. Retourner avec toi pour de bon, était une solution qui m'a tenté pendant un moment, mais je ne crois pas que ce soit la solution, ça nous compliquerait trop les choses.

- De toute façon dans l'état dans lequel je suis niveau émotionnel, me remettre avec toi ne m'avait pas effleuré l'esprit, je ne t'aime pas assez pour ça, c'est juste un peu de reste.

- Donc faisons comme tu veux, séparons nos chemins.

- Si tu pouvais faire ça, je t'en serais reconnaissante. J'ai décidé de m'ouvrir aux autres et ça semble déjà porté ses fruits alors tu n'as pas à t'en faire pour moi, j'irai bien.

- Je vais le faire, dit-il en se levant. Je suis désolé qu'on en soit arrivé là.

- Moi aussi. Tu vas me manquer Tao, mais c'est mieux comme ça.

- Au revoir Lucy, tu me manqueras aussi.

- Au revoir Tao.

Il m'a regardé longuement avant de partir pour de bon, j'ai senti les larmes monter mais je me suis contenu, de toute façon c'était ma décision et il l'a comprise. Tout est pour le mieux, tout ira bien.

Je suis restée là à gérer une migraine survenue pendant un petit un moment. Une étape venait d'être franchie, je devrais m'occuper de Nolhann aussi. Mais tout faire le même jour risque de faire beaucoup, je devrais au moins espacer, et voir tout ça cet après-midi.

- Lucy ! Me fait-on une nouvelle voix sursauter, mais cette fois une voix que j'ai mis quelques instants avant de la replacer, tout en découvrant son visage. Lucy !

- Oh bah merde ! Comment t'es arrivé là?

- Avec ma voiture et mes pieds, rétorque-t-il sur ce ton qu'à présent je reconnais parfaitement. Je ne l'avais plus entendu depuis longtemps.

- Sans blague, comment t'as su où me trouver?

- Je me suis dit que tu serais là, dit-il en se dirigeant droit vers moi.

- C'est sûr ça? C'est pas un coup de ton pote?

- Hein? Ah non il m'a rien dit.

- T'es sûr? Parce qu'à ce que je sache il est parti d'ici il y a pas très longtemps.

- D'accord, admet-il, Tao m'a dit que vous aviez discuté, mais il sait même pas que je suis venu te voir. Il m'a juste téléphoné, je suis allé chez toi, il y avait personne donc me voilà.

- T'es venu voir si j'étais pas en train de pleurer?

- Un peu, mais surtout que tu me manquais vraiment, ça fait longtemps. Tu as drôlement grandi depuis.

- Toi aussi je te signale.