- T'es bête, la prend-il dans ses bras, comme si on allait te laisser. C'est pour ça qu'on t'a déjà dit rester derrière nous, si tu t'éloignes sans qu'on te voit voilà ce qui arrive, qu'est-ce que tu as suivi cette fois?

- Un petit chat, grimace-t-elle. Elle est où maman?

- Elle cherchait dans la rue à côté.

- Tu vois je t'avais dit qu'on viendrait te retrouver, dis-je finalement.

- T'es qui? Me demande le garçon, en levant ses yeux vers moi.

- Personne en particulier, je voulais calmer ta sœur, je l'ai vu pleurer toute seule.

- Merci, je pense qu'elle se serait éloignée encore sinon.

- Pas de problèmes, tu veux que j'appelle votre maman pour la prévenir que vous êtes ici?

- Oui je veux bien, elle était très inquiète.

- C'est vrai, Ben, elle a déjà demandé pour appeler maman mais j'ai oublié.

- Tu aurais dû penser au papier dans ta poche tête de linotte.

- Oups.

- La gronde pas trop, elle était complètement perdue.

- C'est pas la première fois qu'on la perd de vue, hausse-t-il les épaules, mais ici c'est pas la maison, on savait pas où elle allait aller.

- Le principal c'est que tout va bien, tu connais le numéro?

- Attends, j'ai le numéro, dit-il en cherchant un papier dans sa poche.

- Ben ! Béa ! Résonne une voix.

- Je pense que c'est plus la peine, dis-je en voyant une jeune femme courir vers nous.

- C'est maman !

- Va la voir p'tite tête, tu  lui as fait peur.

- Maman ! Court-elle alors vers elle.

- Tu m'as fait peur, ça va? Tu vas bien?

- Oui, Ben il m'a retrouvé.

- Je vois ça. C'est bien mon grand.

- C'est normal je suis là pour la protéger je suis le grand frère.

- Papa sera fier de toi aussi. Mais toi, reprend-elle en direction de la fillette, je ne veux pas que tu partes dans tous les sens quand on regarde pas tu le sais ça? Tu me fais penser à ta cousine. J'étais morte de peur.

- Je suis désolée maman je ferais attention la prochaine fois. J'avais très peur aussi mais la gentille dame a dit que t'allais me retrouver alors ça allait un peu mieux.

- Merci, me sourit-elle.

- J'ai pas fait grand chose, j'ai juste essayé de la calmer avant que votre fils n'arrive.

- Je la connais, je sais qu'elle aurait été s'aventurer plus loin à force de paniquer.

- Ils ont l'air proches en tout cas, dis-je pour changer de sujet. Son visage s'est illuminé quand elle a vu son frère arriver.

- Oui c'est ce que tout le monde nous dit.

- Maman, il est ou papa? Demande alors garçonnet.

- Il a dit qu'il allait faire le tour en voiture, on va pouvoir l'appeler pour le rassurer.

- Je suis désolée maman, bougonne la petite.

- Ca va, mais ne recommence plus.

- Oui maman.

- Bon allez venez les enfants on va laisser la demoiselle tranquille maintenant.

- Lucy, l'informai-je, je m'appelle Lucy. Et il n'y a pas de soucis, je suis contente que vous l'ayez vite retrouvée.

- Eux se sont Benjamin et Béatrice, et moi Charlie. Merci encore, peut-être qu'on se reverra une prochaine fois si vous fréquentez les environs, on est ici pour quelques jours, on prépare notre mariage.

- Félicitations alors, oui je viens ici pratiquement tous les jours, on se reverra peut-être. A une prochaine.

Ils m'ont salué et ont tourné les talons tous les trois.

- Ben tu tiens bien la main de ta soeur d'accord?

- Oui maman, t'inquiète pas on la reperdra pas.

- Je vais appeler papa alors restez sage.

Je les ai regardé partir avec une étrange sensation. Ils étaient mignons l'un envers l'autre, pourtant j'arrive pas à m'émouvoir sur ce coup, j'ai l'estomac noué.

Je suis finalement allée chercher mon café, espérant enlever cette étrange sensation car elle m'agace profondément, pourquoi deux enfants qui ont l'air si proches me dérangent? J'en sais strictement rien du tout.

* Oui je sais pas si beaucoup avaient deviner mais une petite apparition de Charlie et ses rejetons :D

Je suis retournée près de la fontaine pour y retrouver mon sac abandonné sur le sol, mais tout en regardant les enfants jouer aux alentours, mon malaise se fait plus grand, puis en voyant deux fillettes se disputer une poupée, je me suis soudain retrouvée immergée dans mes souvenirs, et le mal de tête qui va avec.

"- C'est pas bien de mentir, ça fait trois jours déjà que t'es pas venu.

- Tu parles toute seule vieille folle.

- C'est toi la vieille folle.

- T'attends qui là ?

- Ça te regarde pas ! Va-t-en !

- Ah je sais, tu attends ton petit copain, Nooolhaaannnn. Bah tu peux attendre, il viendra jamais.

- N'importe quoi ! Il a dû être embêté mais il finira par venir.

- Si je te le dis tu peux me croire. Il viendra plus jamais.

- Tu inventes toujours des mensonges pour me faire pleurer ! Je le sais !

- Bah là, je te le dis, il viendra plus, je lui ai dit de plus jamais venir.

- C'est pas comme si c'était important ce que tu lui dis. Il a promis de jamais me laisser toute seule.

- Sauf qu'il croit que TU ES COMPLETEMENT CINGLEE !

- Hein? Moi? Pourquoi?

- Je lui ai dit qu'est-ce que tu crois, je lui ai raconté que s'il continuait à te voir tu allais le tuer, que t'étais dangereuse.

- T'es folle ! Pourquoi t'as dit ça? C'est n'importe quoi ! De toute façon il a pas pu croire des bêtises pareil, c'est débile.

- Oh si t'inquiète pas, il me croit.

- Et pourquoi t'as fait ça? Je vais aller lui dire que t'as menti, comme ça il va comprendre.

- Tu comprends pas? Je veux que tu finisses ta vie toute seule dans ton coin, parce que tu sers à rien,  et parce que c'est moi qui décide, pas toi !

- T'es pas la reine du monde je te signale !

- Si c'est moi la reine du monde ! Et toi t'es qu'un petit insecte, mais je vais t'écraser, t'inquiète pas.

- Complètement tarée, faut te faire enfermer.

- Peut-être mais c'est qui que maman écoute tout le temps?

- Je t'ai fait quoi au juste?

- T'existes ça suffit à m'emmerder !

- Si tu crois que je vais te laisser faire ! T'es juste une folle !

- Je te laisse pas le choix !"

- C'était ça? Repris-je mes esprits, la tête au bord de l'explosion après avoir lâcher mon café sur le sol. Elle m'a fait passé pour folle?

Quelque chose dont je ne me suis jamais rappelé mais qui venait de me revenir en pleine tête, très douloureusement d'ailleurs car j'ai l'impression que ma tête va exploser, et cette sensation qu'est-ce que c'est? De la peur? J'ai pas trop le temps d'analyser sur place il faut que j'aille me reposer, et vite, avant de tomber dans les pommes.

- Tu pleures? Me fait-on sursauter.

- Fais comme si t'avais rien vu Eloys.

- Je voudrais bien, mais ça va? T'es toute pâle.

- Dis-toi que je fais un peu d'anémie, ça va passer.

- Je suis pas convaincu, ton café est sur le sol et t'as l'air terrorisée.

- T'occupe, fis-je demi-tour.

- Et c'est moi qui suis asocial, soupire-t-il dans mon dos.

J'ai pas répondu, je me suis juste éloignée aussi vite que je pouvais, je devais prendre un cachet et me reposer très rapidement si je ne voulais pas m'écrouler au milieu du parc.

Je venais de me rappeler de pourquoi Nolhann m'avait tourné le dos, enfin j'imagine que c'était ça. Mais le dernier flash que j'ai eu est bizarre on aurait dit qu'elle m'a poussé.

J'étais rentrée puis avais attendu que la douleur disparaisse, quand ce fut le cas je me sentais encore troublée par tout ça, et je me suis dit que peut-être le docteur Soya pourrait m'aider. Je l'ai donc attendu dans une chambre à l'hôpital.

On peut appeler ça un mauvais pressentiment ou je ne sais quoi, mais ce dont je venais de me souvenir, j'ai l'impression qu'il manque un morceau et que c'est ça le plus important dans l'histoire.

- On m'a dit que tu voulais me parler, me fait sursauter le docteur Soya en entrant dans la chambre, comment tu te sens?

- Un peu mieux après avoir pris mes cachets.

- Une raison t'a fait venir ici à part ça? Tu ne viens pas souvent par toi-même.

- Tout à l'heure je me suis souvenue de quelque chose et ça m'a provoqué une énorme douleur, j'ai même eu peur de m'étendre en plein milieu du parc. Je me demande alors si mes migraines peuvent être liées à quelque chose qui me serait arrivée quand j'étais petite.

- Pourquoi tu penses ça?

- Parce que le dernier truc que j'ai vu, j'ai senti un étrange sentiment, comme si j'avais peur. C'est bizarre non? J'ai eu l'impression qu'on me poussait où je ne sais quoi.

- Tu peux me dire ce que sont ces souvenirs ?

- Une dispute entre ma sœur et moi, ce n'est pas quelque chose d'unique mais là, j'ai vraiment une étrange impression.

- Hum.

- Docteur vous avez la tête de quelqu'un qui ne dit pas ce qu'il sait, alors quoi?

- Tu sais que je te suis depuis que tu as dix ans.

- Oui.

- Dans ton dossier il est dit que tu as des migraines depuis que tu as sept ans, je ne dis pas que tu as raison, mais c'est possible. Le mieux serait de demander à tes parents, s'il est arrivé quelque chose eux doivent le savoir.

- Demander à mes parents? C'est pas évident mais je vais essayer.

- Bon autre chose sinon?

- Non, je me sentais vraiment pas très bien tout à l'heure mais je me suis reposée un peu, ça va mieux déjà.

- C'est vrai que tu as l'air pâle, tu devrais rester un peu.

- C'est vrai je peux?

- Oui, je vois bien que tu luttes plus que tu ne le dis. Dors, je viendrais te voir un peu plus tard.

- D'accord. Ca va me faire du bien.

- Tu devrais prévenir.

- J'ai personne à prévenir, ils sont partis chez des amis pour quelques jours.

- Hum. Ok. Bon repose-toi bien.