- C'est vraiment toi, Camden  ? T'es vraiment revenu ? Demandai-je en m'approchant pour toucher son visage.

- En cher et en os.

- Je savais par Tao que tu étais là, je suis contente que tu m'aies pas complètement oublié.

- Tu te fiches de moi? Comment tu veux que j'oublie mon petit ange?

- Arrête de m'appeler comme ça, c'est gênant.

- Pourquoi? C'est toi qui m'a empêché de sauter du toi ce jour-là.

- C'est pas la peine d'en reparler, je suis juste contente que tu sois revenu, tu m'as manqué.

- Toi aussi tu m'as manqué, tu m'autorises à te prendre dans mes bras?

- Tu me demandes maintenant?

- C'est vrai ça, s'exécute-t-il.

- Tu sais ce qui se passe avec Tao donc ne me reparle pas de lui d'accord? Sinon toi non plus je ne te verrais plus.

- Juré. D'ailleurs je suis désolé de pas t'avoir contacté tout ce temps.

- C'est pour ça que j'ai cru que tu m'avais oublié.

- C'est pas le cas. C'est juste que j'ai évité de contacter les gens, je voulais pas regretter d'être parti.

- D'ailleurs tu es parti où? Tu as fait quoi?

- J'ai fait ce que je sais faire de mieux, ma musique. Et toi ?

- Moi? J'ai décidé de reprendre ma vie en main, je rencontre de nouveau des gens.

- Est-ce que tu as trouvé quelqu'un qui t'as fait sourire?

- Arrête avec ça.

- Non donc.

- Tu sais très bien que j'ai pas le coeur à rire, en plus il s'est passé tellement de choses.

- Tu me racontes?

- Il y a des trucs que même Tao ne sait pas.

- J'ai toujours été une oreille pour toi, même à l'époque où vous sortiez ensemble, ça va pas changer maintenant.

- Je perds celle de Tao mais je récupère celle de Camden? Je gagne au change.

- Tsss.

- Ah excuse-moi on m'appelle, dis-je alors que je sens mon portable vibrer dans ma poche.

- Allo?

- Lucy? C'est le docteur Soya. Je n'avais pas vérifié le numéro, du coup j'ai été surprise d'entendre sa voix.

- Oh docteur, qu'est-ce qu'il y a? Mes examens sont mauvais?

- Non non, tu connais une fille qui s'appelle Maria?

- Maria? Il lui est arrivé quelque chose? M'assieds-je de peur d'entendre une mauvaise nouvelle.

- Elle nous a écrit sur un morceau de papier pour qu'on t'appelle, j'étais surpris quand j'ai vu ton nom. Je pense qu'elle est choquée encore car elle ne dit rien.

- Elle est muette c'est tout. Pourquoi vous pensez qu'elle est choquée? Qu'est-ce qu'elle a? Vous me faites peur.

- Viens ici mais elle te demande de ne prévenir personne.

- D'accord, je comprends je peux savoir ce qu'elle a au juste?

- Elle vient de faire une fausse couche.

- Quoi? Une fausse couche? Mais...

- Viens, ce sera plus facile en face. Elle se repose pour le moment, je voudrais te parler avant que tu ne la vois.

- J'arrive.

- Je suis désolée, je dois partir, annonçai-je à Camden. Quelque chose d'urgent vient d'arriver.

- C'est ce que j'ai cru comprendre, je peux t'aider?

- Je veux pas t'embêter.

- Dis pas de conneries, tu veux que je t'emmène quelque part? Je suis en voiture.

- Dans ce cas, d'accord, à l'hôpital alors.

Sur le chemin, je lui ai expliqué qui était Maria mais sans rentrer dans les détails, je ne l'ai pas vu depuis longtemps l'accabler de mes trouvailles récentes ça m'ennuie. Camden qui a toujours été très compréhensif n'a posé aucune autre question. Il m'a déposé en me demandant mon numéro. Promettant qu'on dînerait ensemble un de ces jours, histoire de rattraper tout ce temps perdu. Camden, le meilleur ami de Tao, notre seul soutient lorsqu'on sortait ensemble. Comme il l'a déjà souligné après quelques instants avec moi il y a eu un temps ou j'ai été une aide pour lui. L'empêchant de se se jeter dans le vide. Je suis contente qu'il réapparaisse dans ma vie à ce moment et surtout visiblement en bonne santé.

- Elle va bien? Demandai-je au Docteur Soya une fois que je me retrouve face à lui.

- Physiquement oui, mais mentalement ce n'est pas la même chose. Tu savais qu'elle était enceinte?

- Non, je l'ignorais. C'est arrivé quand?

- Ce matin de bonne heure, elle s'est évanouie quelques instants après être arrivée à l'hôpital, on s'est occupé d'elle car on avait plus le choix et quand elle s'est réveillé on a dû lui dire qu'elle avait perdu son bébé, elle ne parlait pas j'ai donc pensé qu'elle était sous le choc, tout ce qu'elle avait fait c'était griffoné tes coordonnées.

- Pauvre Maria.

- Comment tu la connais?

- C'est une amie d'enfance que j'ai retrouvé il y a peu je vous expliquerais plus tard, je vais allé la voir.

- Attends Lucy.

- Quoi?

- Elle a reçu plusieurs messages l'infirmière l'a vu en allant vérifier qu'elle allait bien, elle semble les ignorer.

- Ils sont sûrement en train de se demander où elle est. Je vais devoir les prévenir.

- Ne fais rien sans qu'elle te l'autorise, elle vit déjà quelque chose de terrible.

- Je sais, je vais lui parler, dis-je en ouvrant la porte.

- Si tu veux me voir je serais dans mon bureau.

- D'accord. Je pense que je vais rester un moment avec elle de toute façon.

- A plus tard.

Je me suis approchée, la pauvre, elle vient de traverser quelque chose de difficile, je vais devoir faire attention à mes paroles. Je la vois remuer, puis ouvrir les yeux. Tout en se redressant elle me jette un de ces regard triste qui me sert le coeur. Comment je suis censée gérer quelque chose comme ça?

- Je sais ce qui est arrivé, dis-je. Je suis désolée. Mais est-ce que tu le savais?

Elle hoche tristement la tête.

- C'est Julien? enfin j'imagine que ça peut être lui.

Elle a aussitôt les larmes aux yeux.

- D'accord, j'imagine que ça veut dire oui, est-ce qu'il savait lui aussi?

Elle avait pas besoin de répondre, ça se voyait.

Je me suis assise, lui prenant la main.

- Maria, tu dois lui dire. Même s'il est triste aussi, il doit savoir.

Elle acquiesce en serrant ma main.

- Tu as peur de sa réaction c'est ça? Mas ne t'inquiète pas, je ne sais pas pourquoi vous avez gardé votre relation pour vous mais ça se voit qu'il tient à toi, il voudrait être ici pour te soutenir, j'en suis sûre.

- Je ne peux pas imaginer comme ce que tu traverses doit être difficile mais tu as besoin de lui. Je ne pourrais pas te consoler comme lui pourrait le faire, et au fond je sais que tu le sais aussi.

Elle me point du doigt.

- Tu veux que je l'appelle? D'accord, je vais y aller, tu veux que je t'apporte quelque chose en même temps?

Elle refuse en me tendant son téléphone et affiche le numéro de Julien, c'est vrai que je ne l'avais pas.

- Je reviens vite, ne t'en fais pas, ça ira.

A vrai dire j'avais besoin de sortir j'avais peur de me mettre à pleurer devant sa tristesse. Elle ne pleurait pas mais ses yeux exprimait tellement de détresse. Je sais qu'elle m'a appelé parce qu'elle ne voulait pas affoler Julien mais il doit être là, surtout s'il connaissait la situation. C'est donc pour ça qu'en sortant de la chambre et sans attendre je l'appelle.

- Allo? Qui est-ce?

- Julien? C'est Lucy, dis-je en serrant le poing pour ne pas faire dérailler ma voix.

- Oh Lucy? Tu avais mon numéro?

- Maria me l'a donné.

- D'accord, justement Maria, tu saurais pas où elle est par hasard?

- Si, elle est avec moi, dis-je calmement.

- Oh, j'ai eu peur qu'il lui soit arrivé quelque chose.

- Julien, repris-je en tentant de rester neutre malgré les larmes qui coulent, il s'est vraiment passé quelque chose, tu devrais venir vite ici.

- Il s'est passé quoi? Vous êtes où? demande-t-il affolé.

- A l'hôpital, Julien, Maria a fait une fausse couche, lui dis-je le coeur serré.

- Tu as bien dit...

- Juju, je t'en prie elle a besoin de t..

- Allo? M'interrompt soudain la voix de Nolhann.

- Nolhann?

- Qu'est-ce qui se passe? Pourquoi il s'est mis à pleurer en me tendant le téléphone?

- Bon je vais pas me répéter, amène-le à l'hôpital et demande le docteur Soya, il vous mènera à nous.

- On arrive.

Tout en raccrochant je réalise que devant moi, à quelques pas, se tient Camden.

- Je savais que ça finirait comme ça, dit-il en venant vers moi.

- Comme quoi? D'ailleurs t'étais pas parti?

- Toi en train de pleurer. C'est pour ça que j'ai pas pu partir.

- C'est rien, c'est juste que je suis triste pour mon amie.

- Je l'ai vu à ton visage quand je t'ai déposé, et comme j'ai entendu ce que tu disais au téléphone, soupire-t-il après avoir mis sa main sur mon épaule.

- Elle a fait une fausse couche, admis-je, je te le dis parce que je sais que je peux te faire confiance.

- C'était bien ça, et comment elle va?

- Pas top, elle voulait pas prévenir son petit ami mais je l'ai convaincu.

- C'est pour ça que tu pleures? Tu viens de l'appeler? Demande-t-il en essayant mes larmes.

- J'emprunte ton épaule deux minutes, tu veux bien? Soufflai-je en laissant tomber ma tête contre lui.

- Emprunte la autant que tu as besoin.

- Merci. Je suis désolée que nos retrouvailles se passent comme ça.

- T'en fais pas va, on se fera un dîner tranquille pour nous rattraper.

- T'es toujours aussi gentil.

- J'ai pas changé, juste vieilli.

- Il va falloir que j'y retourne, je suis plus calme maintenant. Merci.

- Y a pas de quoi, je te laisse y aller, t'as mon numéro, appelle-moi.

- Oui, je t'appellerais sans faute.

- Si tu le fais pas, c'est moi qui le ferais de toute façon.

- A bientôt alors.