Journée fatigante à l'hôpital et on doit l'avouer les nouvelles sont pas très bonnes et les visites très limitées. Du coup on m'a expédié pour tenir compagnie à ma grand-mère à leur maison pour qu'elle se repose.

Elle a fini par s'endormir sur un canapé car elle refusait d'aller dans sa chambre. Je me sens triste pour elle, je ne sais pas quoi faire, on a discuté des souvenirs avec mon grand-père jusqu'à ce qu'elle succombe.

Je suis triste mais essaie de ne pas trop le montrer, je sais la relation qu'ils ont tous les deux et je me sens mal à l'idée qu'il finisse par nous quitter.

J'ai envie de me changer les idées et j'ai reçu un message de Kaylan qui me prévient qu'il ne part que dans la soirée. Cela me tente donc d'aller le voir un peu.

- Danika descends, entendis-je du rez-de-chaussée, rejoins-moi dehors.

Je me suis exécutée, la voix qui résonne me fait frémir, il est revenu jusqu'ici. J’ignore si c'est une bonne nouvelle ou non. J'ai décidé d’obéir sans broncher jusqu'à ce que le cas de mon grand-père soit résolu. Mais je ne compte pas oublié les derniers jours, juste mettre un peu en attente.

- Qu'est-ce qui se passe papa?

- Ta grand-mère dort?

- Oui sur le palier, elle a refusé d'aller dans sa chambre.

- Oui elle a du mal toute seule. On y a eu le droit hier aussi.

- Comment va-t-il? Où est maman?

- Ta mère est avec ton oncle, ils sont en train d'appeler tous les amis et la famille qui pourraient bientôt venir.

- Il va mourir? Dis-je le cœur serré. Vous les faites venir pour dire au revoir c'est ça?

- Danika, je suis désolé, il ne se réveillera plus son état s'est dégradé tout à l'heure et les médecins sont très pessimistes, il faut nous préparer.

- Elle ne le sait pas?

- Pas encore, je suis venu la chercher pour l'emmener chez ton oncle.

- Elle va être tellement triste.

- Comme tout le monde ma chérie.

- Papa, c'est grave si je vais m'isoler un peu?

- Non va mais réponds quand on appelle.

- D'accord.

Je me suis levée sans ajouter un seul mot parce que la tristesse m'envahit petit à petit et je veux pas montrer ça. Je m'empresse de partir et d'attraper un taxi, je sais où aller pour me changer les idées jusqu'à tout à l'heure.

Devant la porte je prends une profonde inspiration parce que je ne veux pas être faible ici. Puis je préviens de ma présence en toquant à la porte.

- Danika? Demande-t-il sans venir à la porte.

- Oui.

- Entre c'est ouvert.

- Ah salut Kwan, dis-je alors qu'ils sont assis sur le canapé pour jouer à la console.

- Salut.

- Tu m'as dit que tu viendrais peut-être pas.

- Les choses ont un petit peu changé entre temps, et puis vous partez plusieurs jour, je me suis dit que j'allais passer quand même.

- Cool.

- Qui gagne?

- Moi, rit Kwan, évidemment.

- Je peux me joindre à vous pour la prochaine? Demandai-je. En les regardant je pense que c'est exactement ce qu'il me faut pour me changer les idées. Jouer sans réfléchir.

- Pas de soucis, j'ai une autre manette, acquiesce Kaylan.

- Super.

Je les ai regardé réagir au jeu pendant que moi je lutte pour ne rien montrer puis un texto me parvient.

"Danika, on doit tous aller à l'hôpital dans deux heures, tu nous rejoins ou tu veux qu'on vienne te chercher?

"Je vous rejoins."

- Les gars je reviens, dis-je en allant à la salle de bain.

- Mauvaise période, mauvais karma, dis-je en me rafraichissant le visage. Si on m'ordonne d'y aller c'est que c'est pas de bonnes nouvelles.

-Danika? Ça va? Entendis-je derrière la porte.

- Attends une seconde.

- Je crois pas, dit-il en ouvrant la porte que j'avais mal fermé apparemment.

- Il se passe quoi? Lance Kaylan en se plantant derrière moi pour chercher mon regard dans le miroir.

- Pourquoi tu dis ça?

- Me prends pas pour un con Danika.

- Je pense qu'il va mourir.

- Ça c'était pas arrangé? Tu parles bien de ton grand-père?

- Je pense qu'on recule pour mieux sauter, je suis lucide.

- Je suis désolé.

- Tu peux juste ne rien dire dans les deux prochaines minutes?

- Si tu veux, hausse-t-il les épaules pendant que je me tourne pour l'enlacer.

J'ai juste besoin qu'on me prenne dans les bras tout de suite et c'est lui qui est là, tant pis si je montre un côté faible là mais j'arrive plus trop à contenir.

- Désolée, je veux pas me plaindre, dis-je en m'enfouissant dans son épaule. Phrase à laquelle il ne répond pas.

- Ok maintenant ça doit faire deux minutes, tu peux être triste avec moi, je vais pas te juger.

- Tu as vraiment attendu?

- Tu me l'as demandé.

- Merci.

- Tu voudras que je t'emmène? Enfin je suppose que le message que tu as reçu te demande de venir vu la tête que tu as faite.

- C'était ça, mais tu dois t'en aller, je peux pas te demander de m'emmener.

- Je peux te déposer avant d'y aller Kwan peut comprendre.

- Alors je veux bien. Ça m'évitera de galérer. Par contre je dois y être que dans deux heures.

- Donc tu vas te détendre un peu avec nous en attendant.

- Je vais essayer.

- Allez viens. j'ai une revanche à prendre.

- J'arrive.

Dire que j'ai passé un triste moment ce serait petit au vue du trou dans lequel je tombe. Je suis passée comme tout le monde devant mon grand-père inconscient pour lui dire au revoir, j'ai le coeur serré et l'ambiance autour de lui est tellement triste que je me suis isolée de tout le monde pour relâcher. Le seul endroit que j'ai trouvé désert c'est la chapelle alors tant pis, c'est ici que je réfléchis à tout ce qui me tombe dessus dernièrement. Je bénis le fait que ce sera bientôt les vacances d'été je vais pouvoir aller décompresser ailleurs pendant quelques temps. Merci à mes parents d'avoir pensé à ce cadeau. Même s'ils ignoraient que ça servirait pas qu'à penser à mon avenir.

Je comprends pas comment on en arrive là, est-ce que quelqu'un nous maudit? Avec Rhys qui débarque, mon grand père qui va mourir, les yeux de maman qui ont finalement lâchés , Harvey qui part, et je suis sûre que j'en oublie. C'est ça on est maudit.

- Danika, me fait-on sursauter.

- Un peu seule c'est possible? Soupirai-je.

- Ne frappe pas le messager, grimace Alexander, on te demande de venir.

- Comment tu m'as trouvé?

- J'ai regardé vers où tu allais quand tu es partie. Tu dois venir maintenant.

- Pourquoi? Je lui ai déjà dit au revoir.

- Ta mère va avoir besoin de toi.

- C'est pas de moi qu'elle a besoin et toute la famille est là, j'ai pas envie, il y a trop de monde, l'ambiance est oppressante.

- On m'a envoyé te chercher. Ils vont croire que j'ai rien fait si je reviens tout seul.

- Très bien, pour leur montrer que tu as fait ton boulot je vais y aller lui dire de me laisser tranquille, et je vais rentrer.

- Elle te laissera pas aller toute seule.

- T'en fais pas, je me donne pas deux secondes de liberté avant qu'on vienne toquer à la porte.

- Je peux faire quelque chose pour toi?

- Non. Maman aura sûrement besoin de toi.

- Je sais.

- Ok bon ils sont où tous?

- Salle d'attente.

- Allons-y.

Je l'ai suivi dans les couloirs jusqu'à ce qu'il s'arrête.

- Ne traîne pas les pieds.

- Pardon?

- On dirait que tu as un boulet accroché à tes chevilles, prends une respiration.

Je soupire mais je m'exécute, j'ai pas envie qu'on me voit raplatit.

- C'est bon je suis prête à les affronter.

- Non. Je vais dire à ta mère de te rejoindre, ils vont faire pression sinon, ça à l'air d'être des gens comme ça.

- Et tu sais même pas à quel point.

- Bon vas là-bas me montre-t-il une direction, j'arrive.

- Ok.

- Alexander m'a dit que tu voulais pas rejoindre tout le monde? Lance ma mère après m'avoir rejointe.

- Non, on sait qu'il va mourir, je lui ai dit au revoir, je veux pas d'une veillée macabre, c'est stupide.

- Danika, tu es ingrate, ton grand-père t'aime de tout son cœur.

- Et je l'aime aussi, seulement je vais faire quoi de plus? Il y a trop de monde ici déjà on va se faire jeter dehors.

- Je ne comprends pas pourquoi tu es comme ça.

- Parce que le mauvais karma me fatigue dernièrement.

- C'est vrai qu'on traverse une période difficile.

- D'ailleurs, Julie va pouvoir venir le voir?

- Elle arrive oui, elle devra y retourner aussitôt que possible, elle restera chez ta grand-mère pendant ce temps.

- Elle doit être triste, son bébé ne rencontrera jamais son grand-père.

- C'est vrai mais ainsi va la vie, on lui parlera de lui.

- D'accord. Bref pour en revenir à moi, je vais rentrer.

- Tu me laisses pas le choix j'ai l'impression.

- Tout à fait.

- Et bien rentre, soupire-t-elle. Alexander va te ramener.

- Pas la peine, me levai-je.

- Tu vas  rentrer comment?

- Seule et tranquille, vous rentrerez pas je suppose.

- Non on t'appellera.

- D'accord, je reste avec mon téléphone.

- Ok, fais attention à toi.

- Toujours, m'éloignai-je, je vais prévenir quelqu'un qui vienne t'aider.

- Merci.

C'est ce que j'ai fait, j'ai croisé Ben qui est allé la rejoindre aussitôt et je suis repassée voir mon grand-père tant qu'il a encore des couleurs parce que je sais d'avance que je ne le reverrais plus jamais de cette façon.