Le problème c'est qu'il m'est impossible de dormir, je suis trop énervée, alors je me suis assise sur le sol pour pouvoir regarder mon meilleur ami dormir tout en réfléchissant à ce qu'il se passe, il y a forcément quelque chose que je comprends pas, que je ne connais pas et ça m'agace.

Je me disais déjà qu'il y avait des zones d'ombre dans le passé de ma mère mais je m'attendais pas à ce que cette surprise vienne de l'autre côté. Je peux pas le laisser faire ça, j'ignore de combien Rhys est plus vieux ou encore ce qu'est son histoire mais s'il y a une chose dont je sois sûre, c'est qu'un père ne doit pas renier son enfant, j'en sais quelque chose.

- A quoi tu penses? Me fait sursauter Harvey en venant s'installer devant moi.

- Tu m'as fait peur andouille.

- Tu m'as même pas vu me lever, tu étais partie où?

- Je me demande ce qui cloche. Mon père, et je parle bien de Nolhann, n'est pas le genre de personne à tourner le dos à quelqu'un surtout pas à son propre enfant, quelque chose m'échappe.

- C'est pour ça que tu dois arrêter de t'enflammer sans connaître toute l’histoire.

- J'y peux rien, quand je pense à mon histoire je peux pas comprendre celle-là.

- Demande leur pourquoi et ce qui fait ça, justement on connaît tous Nolhann il peut pas faire ça sans raison.

- Je sais, soupirai-je. Mais en même temps il a quoi comme soucis le mec? Il sait ce que ça a fait que tout le monde sache qu'on a de l'argent?

- Reste calme, tu n'auras qu'à régler tes comptes avec lui, en attendant reprends-toi. Essaie de dormir un peu, je te rappelle qu'on a cours aujourd'hui.

- Merde j'avais oublié. J'ai pas mes affaires.

- Sans déconner, tu débarques après être partie en furie, évidemment que tu les as pas, on repassera chez toi pour que tu te changes et que tu les récupères.

- Ok, mais Harvey, je vais faire comment quand tu seras plus là pour gérer mes colères?

- Tu m'appelleras, n'importe l'heure, je serais là.

- Je prends note, attention si tu respectes pas.

- T'inquiète pas.

- Mis à part le problème Rhys, je dois voir les vieux cons aussi, ça va me défouler.

- Sois précise.

- Gwen et Riley

- Tes grand-parents donc.

- Harvey !

- Ben tu peux dire ce que tu veux, c'est quand même le cas. Et arrête de leur en vouloir, ils sont gentils eux.

- J'y peux rien, je supporte pas, et de savoir que je porte ce nom à cause de lui, je demande un face à face.

- Et tu comptes faire ça quand? Tu dois déjà gérer Rhys. Lance-t-il, blasé.

- Mais aujourd'hui voyons, j'ai pas cours cet après-midi je te rappelle, je vais y aller, et ferme ta bouche sinon quelqu'un va intervenir.

- T'es peut-être pas obligée de tout faire dans la même journée.

- Je suis pas obligée mais ça va me faire du bien de déverser ma rage contre eux, je serais peut-être un peu plus calme envers mes parents ensuite.

- T'es folle.

- Oui mais c'est pour ça que tu m'aimes non?

- Sûrement, rit-il.

J'ai jamais réussi à dormir alors j'ai faussé compagnie à Harvey pour rentrer en silence alors qu'il ne fait pas encore jour, pour prendre une douche et me préparer. Je compte bien quitter la maison avant le réveil de celle-ci j'ai pas envie de discuter là tout de suite, je dois être capable d'écouter sans me braquer et ce n'est donc pas le moment, on verra plus tard. 

J'entends du bruit dans la maison alors que j'allais chercher mes vêtements, j'en soupire d'avance de devoir au final leur parler. C'est seulement là que je réalise c'est la porte d'en face de la mienne que j'entends se fermer un peu brutalement et puis on toque à la mienne doucement.

- C'est qui? Demandai-je sans ouvrir.

- Alex. Il se passe quoi? Je t'ai entendu partir hier soir.

- Un désaccord, c'est toi qui fait du bruit?

- Oui et j'ai vu ta lumière.

- Dis pas que je suis rentrée.

- Comme tu veux, baille-t-il.

- Je vais me préparer à plus tard.

- Ok voilà, maintenant c'est terminé, dis-je en vérifiant l'état de mon visage une fois maquillée.

Une journée chargée m'attend car avant de rentrer pour leur parler de Rhys à nouveau j'ai bien l'intention d'aller voir les deux vieux qui m'ont souhaité mon anniversaire mais à qui je n'ai pas répondu.

Je vérifie la présence de mon bracelet, je n'en ai pas l'habitude et il me fait remarqué si j'oublie de le porter. Il faudrait que je trouve quelque chose qui m'y fasse penser sinon je me ferais encore avoir, je le sens.

- Ok, ça c'est bizarre, dis-je en sortant de ma chambre pour tomber nez à nez avec Alexander.

- Je t'attendais.

- Pourquoi?

- Je ne sais pas si je peux mentir à ta mère.

- Dans ce cas ne lui mens pas. Dis lui que je suis revenue chercher mes affaires et que je suis retourner chez Harvey. C'est pas un mensonge, j'ai pas envie de leur parler ce matin c'est tout.

- Tu m'obliges pas ?

- Pour faire quoi? Tu fais bien ce que tu veux, moi je sais ce que je veux pas. Et c'est les affronter ce matin donc je vais filer avant de me faire repérer.

- Vous vous êtes disputés?

- Je me suis énervée, mais bref ils ont l'habitude, ça va mieux toi? T'es déjà debout?

- Je bosse ce matin, oui ça va largement mieux.

- Je savais pas que tu te levais si tôt.

- Je dois passer à la salle de bain le premier comme ça ta mère peut se préparer tranquillement avant qu'on parte.

- Wouah quelle organisation.

- On partage une salle de bain à trois faut bien se débrouiller.

- Tandis que moi, j'ai la mienne, ça va j'ai compris l'allusion.

- J'ai rien dit.

- Mais penser tellement fort. Personne d'autre que moi n'a jamais utilisé ma salle de bain, tout le monde va dans l'autre même quand les potes dorment ici.

- Princesse pourrie gâtée.

- Oui et je t'emmerde, c'est ma vie.

- Tu m'étonnes que personne n'ose te parler tu dis vraiment tout ce qui te passe par la tête.

- Parce que je déteste les gens qui parlent dans le dos des autres. S'il y a bien une chose qui m'insupporte c'est les hypocrites et grâce à un abruti ma vie en est rempli.

- Un abruti? Relève-t-il.

- Le même qui me fait me prendre la tête avec mes parents d'ailleurs. Le jour où je lui tombe dessus il se prendra une baffe avant que je puisse écouter ce qu'il a à dire.

- Ah.

- Bref, j'y vais, je le sens pas mon passage en discrétion. Alors si on me demande j'ai dit que j'allais au lycée et qu'après j'allais chez Kay.

- Ok.

Mon sac de cours est à la cave car idiote que je suis je l'ai laissé là quand j'ai voulu réviser l'autre jour. Je me dépêche donc d'aller le récupérer et sort sans faire de bruit pour retourner comme prévu chez Harvey avec qui je prendrais un petit déjeuner et qui m'emmènera au lycée, on a cours à la même heure ça tombe bien.

J'ai passé la plus banale des matinées au lycée et j'ai filtré les appels de ma mère parce que je voulais me concentrer sur le but de ma journée, dire les quatre vérité à ce vieux con. J'ai déjeuné avec Harvey et Giulia, ensuite je leur ai fossé compagnie. Kaylan étant en cours je suis venue à cette adresse, seule mais déterminée. Je regarde la maison, j'avais pourtant juré de ne plus jamais y remettre les pieds et me voilà débarquant sans tambour ni trompette juste moi et ma rage contre cette famille.

Une petite boule de poil se manifeste me sortant de ma contemplation, il vient vers moi, je me souviens de lui, je l'ai vu débarqué dans cette famille. Je me demande s'il se souvient qu'il m'a déjà vu ici.

- Coucou toi, tu te souviens de moi? Tendais-je ma main pour qu'il la renifle. Je me souviens plus de son nom alors je regarde sur le collier qu'il porte puisqu'il se laisse faire. Ah oui Buzz. Je me souviens maintenant, j'espère que tu m'en voudras pas mais je risque de crier un peu sur tes maîtres, dis-je en allant vers la porte escortée par le chien.

Je me plante devant cherchant de quelle façon je vais m'annoncer, j'ai un peu peur à vrai dire de ne pas trouver mes mots lorsqu'il le faudra. Je m'apprêtais à toquer enfin quand la porte s'ouvre sur moi. Sur une grand-mère aux yeux écarquillés.

- Danika?

- C'est moi oui.

- J'avais peur que tu ne reviennes plus jamais dans cette maison.

- Tu as su que j'étais à la porte?

- Non j'allais faire rentrer le chien, hey marmotte rentre à la maison.

- Est-ce qu'il est là? Gwen.

- Non ton grand-père n'est pas encore là mais il ne va plus tarder.

- Parfait je vais l'attendre alors.

- Entre et explique moi ce que tu fais là, est-ce que je dois prévenir Béa ou elle le sait.

- Non elle ne le sait pas et ne lui dit pas je le ferais quand je rentrerai.

- Comme tu voudras, soupire-t-elle en m'incitant à entrer.

- Pourquoi vous gardez cette grande maison alors que vous êtes que deux, enfin trois si on compte Buzz.

- Parce qu'on aime avoir nos enfants ou nos petits enfants à la maison. C'est pourquoi je suis contente de te voir ici.

- Te méprends pas trop, j'ai vraiment quelque chose à dire.

- Vu ta tête, j'imagine, tu me fais penser à ton grand-père quand je l'ai connu.

- Me compare pas à cette famille, je refuse d'en faire parti.

- Mais c'est le cas et arrête donc de nous repousser.

- Vous comprendrez jamais.

- Non toi tu ne comprendras jamais, si ton père ne veut pas de toi c'est son problème, nous ont...

- Stop l'interrompis-je, ne dis pas qu'il est mon père alors qu'il n'est rien. Mais continue, j'ai hâte d'entendre la suite.

- Quoi que tu dises ou penses Danika, tu es et tu seras toujours la première petite fille de cette famille.

- J'en ai marre d'entendre toujours les mêmes choses.

- Alors cesse de te battre avec nous, on pourrait juste profiter d'un petit moment.

- Je suis pas venue prendre le thé.

- Je suppose, vu ta tête.

- Bon il revient quand, soupirai-je, déjà blasée par mon arrivée.

- Il va arriver.

- Maman, est-ce qu'on a de la visite? Entendis-je des escaliers.

- Danika,rétorque Riley.

- Merde alors, déboule les marches Jillian.

- Je suis étonnée que tu sois ici mais c'est une bonne chose, sourit-elle en venant vers moi.

- Je tombe sur ton fils, l'autre jour, et toi aujourd'hui, tu me suis?

- C'est vrai qu'on vit près de chez ton petit ami, je me souviens maintenant. Je suis venue voir ma mère, rien de plus, et toi qui est si bornée que fais-tu ici?

- Je veux établir une ou deux choses mais j'attends qu'il débarque.

- Qui ça ? Mon père?

- Oui.

- Il va arriver, c'est son heure.

- Bien alors j'attends.

- Maman tu ne sers par à boire?

- Je ne veux rien, décrétai-je.