- T'es réveillé?

- Oui, tu n'aurais pas dû me veiller si tu étais fatiguée, dis-je en rabattant mon bras que je tenais encore tendu vers elle.

- Non non je voulais être là, comment tu te sens? Ton père a dit que c'était que de la fatigue, mais...

- Il a raison, alors ne t'inquiète pas, regarde je vais bien.

- Dis-moi plutôt comment toi tu vas, repris-je.

- Maintenant ça va.

- Que lui est-il arrivé ? A cet enfoiré.

- Il a été arrêté. Et...j'ai parlé de tout.

- Comment ça? M'étonnai-je.

- Pas au début, avoue-t-elle, je suis revenue ici avec ton père mais j'avais un peu de mal à me calmer et puis ta mère est rentrée.

- Oh je me souviens, vous êtiez dans la chambre, c'est que mon père m'a dit quand je me suis réveillé. Que s'est-il passé?

- Au début elle ne semblait pas comprendre pourquoi j'étais si tétanisée s'il n'avait pas eu le temps de faire quoi que ce soit. Puis elle m'a dit qu'elle reconnait ces signes pour ne pas avoir compris à une époque, je n'ai pas saisi de quoi elle parlait mais elle m'a demandé si j'avais déjà...

- Eté violée? Complètai-je à sa place.

- Oui, et je ne sais pas pourquoi mais je me suis remise à pleurer alors elle a compris sans que je le dise.

- Avec ce qui s'est passé aujourd'hui comment voulais-tu résister, et j'imagine qu'elle t'a demandé plus de détails.

- Oui. Je lui ai demandé de gardé le secret ce qu'elle a accepté mais à condition que j'en parle à la police qu'ils me croient ou pas, dire tout ça pourrait permettre qu'il soit jugé.

- Ma mère sait toujours, ou presque, ce que les gens cachent, ça doit être un reste, soupirai-je.

- Un reste?

- Non rien laisse tomber.

- Non je laisse pas tomber, dis-moi.

- Que je te dise quoi? Et te mets pas en colère s'il-te-plaît.

- Tu dis que ta mère sait parfois ce que les gens cachent, mais toi, comment tu sais toujours, ce que moi je ressens? J'ai toujours trouvé ça bizarre mais si on ajoute ce qui s'est passé tout à l'heure, je suis sure qu'il y a quelque chose que tu me caches pas vrai?

- Ok, admis-je en descendant de mon lit, ce que je regrette aussitôt la proximité ne m'aide pas vraiment à garder mon contrôle, c'est vrai, il y a quelque chose que tu ne sais pas sur moi.

- Alors dis-le moi.

- Te le dire, riai-je nerveusement en me reculant pour me cogner contre mon lit. Je suis même pas capable de tenir une conversation, pas ss tant que tu seras aussi proche, soufflai-je en tournant les talons.

- Hein? Qu'est-ce que ça veut dire?

- Je vais tout te dire, mais j'ai besoin de m'éloigner un peu tu comprendras pourquoi.

- T..Tu vas me le dire comme ça?

- J'y pensais déjà et puisque tu me poses la question, je vais le faire, de toute façon c'est ça ou te voir t'inquiéter, dis-je en allumant la lumière.

- Ca remonte à l'époque de ma grand-mère, j'ignore tous les détails, mais ce que je sais, c'est qu'on lui a injecté quelque chose avec quoi elle a développé un don, ou pouvoir appelle-ca comme tu veux.

- Comment ça?

- Elle pouvait voyager dans le temps. Passé ou futur. Après avoir découvert qu'il y avait une sorte d'antidote, elle se l'est fait retirer, tout comme à ma tante Alana qui était encore petite à l'époque. Mais même une fois retiré, ça reste dans les gênes. Et comme ma grand-mère était enceinte de ma mère, celle-ci a développé le sien, elle a su lire dans les yeux des gens mais à une époque elle a préféré se le faire retirer elle aussi, elle ne supportait plus de connaître la vérité tout le temps. Bref, tu comprends le principe? Tant qu'il y a du sang provenant de notre famille, il a un risque qu'on développe un don. Mais notre famille n'est pas la seule, celle de Darwin aussi, si tu te souviens de lui.

- Avec la petite muette, oui je me souviens.

- Darwin a encore le sien, il voit des flashs du futur. Et on a découvert, il y a peu...que sa soeur elle voit le passé. Mais je crois qu'elle a la capacité d'oublier, heureusement, soufflai-je.

- Je commence à comprendre... ce jour-là, quand je t'ai parlé, juste avant sur la plage, elle était avec toi n'est-ce pas?

- Oui.

- Ne me dis pas qu'elle l'a vu. Ca.

- Je crois pas qu'elle ait vraiment mais elle a compris ta douleur et elle me l'a fait partagé. C'est pourquoi je suis venu te voir, j'avais besoin de comprendre ce que c'était.

- Je vois... Tu dis que c'est dans les gênes même si vous vous en débarassez donc, toi, ta soeur et ton frère? Vous en avez?

- Oui et non.

- Comment ça?

- Bien je vais tout te dire maintenant je t'en veux pas si tu te sauves ensuite.

- J'ai compris le principal, je ne suis pas encore partie non? Alors parle-moi.

- Seth a vite développé la télékinésie mais il se l'est fait retiré parce qu'il arrivait pas à gérer. Macy... macy pouvait voyager dans le temps comme ma grand-mère, mais elle se l'ai fait retirer elle aussi parce que c'est trop tentant...et qu'il y a toujours des risques à modifier le passé. Quand à moi, je suis le seul qui n'ait pas encore voulu me débarasser du mien. Je percois les émotions des autres, et je peux les transmettre, je suppose que tout à l'heure c'était une sorte de transmission de ma colère sur cette ordure, je ne sais pas c'était la première fois. Mais c'est ce qui m'a épuisé. Plus je me protège ou transmets aux autres, plus je fatigue et il m'arrive de m'écrouler sans que je puisse rien y faire, je dois dormir pour récupérer, c'est tout.

- Je comprends, tout à l'heure si tu t'es reculé c'est à cause de moi? De ce que je ressentais à ce moment non?

- Exactement, plus je suis proche pire c'est, surtout là, je n'arrive pas à créer ma barrière je me prends tout.

-  Je ne te facilite pas la tâche donc, dit-elle en avancant vers moi.

- C'est surtout que tu dégages des émotions fortes, j'ai du mal à les canaliser.

- Je suis désolée, mais si je fais ça, continue-t-elle en m'attrapant les mains, ça te fais quoi?

- Arrête. Essayai-je de me dégager.

- Tu sais ce que je ressens au fond pas vrai? Même si je ne laisse rien paraître.

- Tu veux dire est-ce que tu me rends fou? Oui et plutôt deux fois qu'une mais je suis habitué et j'essaie de me faire une barrière quand on se voit pour éviter d'y être confronté.

- Excuse-moi, reprend-elle sérieusement.

- Pourquoi t'es si sérieuse tout à coup.

- Parce que je suis pas franche avec toi et que toi tu le devines, pas vrai?

- Je peux pas me servir de ça pour te faire dire ce que tu ne veux pas.

- Je peux parler sans que tu m'interrompe? Sinon j'arriverai pas au bout.

- Evidemment.

- Je ne sais pas depuis quand exactement mais il n'y a qu'une chose que je ne veux plus perdre maintenant et c'est toi. Avec ce que j'ai vécu je me suis interdit quoi que ce soit qui pourrait me renre un peu heureuse et je comptais bien garder tout ça pour moi. Mais ce sera plus possible après aujourd'hui. J'ai fait semblant tout ce temps, pour faire croire que je ne ressentais rien du tout pour toi mais j'y peux rien, c'est là. Tu ressens ce que j'éprouve pas vrai?

- Je ne ressens que ça, acquiescai-je en luttant de toute mes forces pour ne pas céder à une pulsion que je pourrais regretter ensuite.

- Maintenant tu connais la vérité, fais-en ce que tu veux.

Faire ce que je veux, c'est ce qu'elle m'a dit, et c'est pourquoi cette fois je lutte plus en l'approchant de moi encore un peu pour l'embrasser. Evidemment que je vais pas la jeter maintenant, je sais aussi que ce que je fais pourrais me valloir une claque mais je prends le risque.

Mais au lieu de reculer et me repousser elle me rend mon baiser alors je sais que j'ai bien compris ce qu'elle a dit et que j'aurai plus à lutter entre ce qu'elle ressens et ce qu'elle montre.

Si je vais m'en vouloir de lui avoir tout révéler, oui sûrement, dès que j'aurai récupéré mais tout de suite je préfère.

J'ai pas l'esprit complètement embrouillé, j'arrive nettement à ressentir Macy parce qu'elle est visiblement réveillée, je sais qu'elle va venir ici mais il faut que je lui fasse comprendre alors je ne quitte pas les lèvres de Mia attendant tranquillement que la porte s'ouvre.

Bingo.

- Et bien, il s'en passe des choses par ici, lâche-t-elle trop sèchement à mon goût.

Mia à un mouvement de recul mais je la retiens pour pas qu'elle s'éloigne, ras le bol de leur relation pourrie.

- Et ? C'est encore ma chambre à ce que je sache. Qu'est-ce qu'il y a?

- J'étais venue voir si tu étais réveillé.

- Je le suis comme tu peux le voir, et toi tu ferais bien d'aller te coucher.

- Je veux te parler avant.

- Ca va, soupirai-je, j'arrive.

- Mia, bouge pas, j'en ai pas pour longtemps.

- D..D'accord.

- Comment s'est passé ton rendez-vous toi? Je t'ai pas revu du coup, demandai-je à Macy.

- Comme je le supposais.

- Tu sais ce que c'est?

- Un garçon. Mais ce n'est pas le propos, qu'est-ce qui t'es arrivé? Papa a refusé d'en parler.

- Rien de bien méchant, une surdose, haussai-je les épaules.

- Attends tu parles comme ça devant elle?

- Biensûr, je viens de lui dire.

- T'as l'air bien sûr de toi. De parler de ça avec une inconnue.

- Mia n'est pas une inconnue et arrête un peu de monter sur tes grand chevaux tu vas me donner un mal de crâne.

- Pfff. T'as qu'à te protéger on en parle plus.

- J'ai pas récupéré assez, ok, j'y arrive pas, je me prends tout dans la tronche là.

- Désolée.

- Bon t'as vu je vais bien, donc toi tu vas te reposer, tu devrais dormir à cette heure-ci.

- Tu vas bien... Tu viens de me dire que tu n'étais pas assez reposé.

- Je vais dormir encore un peu mais pas ici, tout le monde stresse ça va me saouler.

- Qu'est-ce que tu veux dire, pas ici?

- Je vais raccompagner Mia je dormirais là-bas.

- Tu reviendras quand?

- Quand je me réveillerais et tu me parleras de ta visite, là c'est as vraiment le bon moment et t'as les traits tirés, tu dois te reposer.

- D'accord. Je préviendrais que tu es parti avec elle, souffle-t-elle en insistant bien sur le "elle".

Macy sortie de ma chambre, Mia et moi on est parti à pied en direction de l'appartement, sans dire un seul mot, sauf en arrivant pour qu'elle me dise de pas faire de bruit si je voulais pas être repéré, que Willy et Doreen étaient là tous les deux. C'est donc à voix basses qu'on va parler ensuite après être entrés en silence.

- Ca dort, je peux le sentir.

- D'accord mais évitons de les réveiller il est tard.

- J'avais pas prévu de les réveiller rassure-toi.

- Bizarre, je suis pourtant venu dans la journée mais là, c'est différent.

- Parce que t'as plus besoin de te retenir peut-être.

- Sûrement. Je sais pas.

- Est-ce que tu te sens mieux ici que chez toi au moins?

- Oui. Beaucoup mieux.

- Alors c'est bien.

- Oh, j'y pense, excuse moi, je me suis invité, mais il fallait que je parte, j'allais devenir fou.

- C'est pas grave, ça me dérange pas.

- Alors pourquoi j'ai l'impression que tu es fachée?

- Je regardais ta soeur tout à l'heure, et j'ai eu comme un déclic après ce que tu m'as dit.

- Un déclic?

- Sa santé, c'est l'une de ces conséquences dont tu as parlé pas vrai?

- Oui.

- Est-ce qu'elle va mourir? Je veux dire, avec sa santé et sa grossesse, c'est peut-être dangeureux non?

- Tu veux la vérité? Dis-je en allant la prendre dans mes bras.

- Oui, s'il-te-plaît.

- Macy va mourir oui, elle savait qu'elle était condamnée avant d'être enceinte, elle prend le risque.

- C'est pour ça que tu es aux petits soins avec elle ?

- Oui. Parce que c'est ma soeur, et parce que j'ai l'impression d'être en partie responsable.