- J'aimerai bien savoir ce qui se passe dans ta petite tête parfois, soufflai-je, ne sachant pas quoi faire pour la réconforter. Tu veux pas me dire pourquoi tu pleures?

Elle passe ses bras autour de mon cou, j'en profite pour me lever.

A peine sur mes deux pieds que je me sens étrange, comme quand Darwin veut me transmettre une vision du futur et avant de comprendre ce qui se passe une image s'impose dans mon esprit.

Une image qui dégage une terreur que j'ai déjà ressentie. Celle de Mia. Pourquoi je la vois enfant je ne comprends pas, tout comme je ne comprends pas d'où ça vient. Mais je reprends doucement mes esprits.

- Enora, c'est toi qui m'a montré ça? Supposai-je rapidement.

Elle hoche la tête en reniflant.

- Ok, et pourquoi? Dis-je en la posant devant moi pour qu'elle puisse me répondre.

- " C'est ce que j'ai vu, je sais pas pourquoi, je comprends pas."

- D'accord, on rentre on verra ça au sec.

En arrivant à la maison et en entendant parler Macy avec ce que j'ai deviné être Olivier, je fais quelques dernières recommandations à Enora.

- C'est ça, sèche tes larmes, dis-je à voix basse, ne fais allusion à rien du tout devant eux d'accord?

Elle hoche la tête en guise de réponse.

- C'est bien.

- Qui est là?? Demande finalement Macy.

- C'est nous ! Viens Enora.

J'ai rejoins le salon, Enora sur mes talons. Quoi que soit le don d'Enora, je ne veux pas en parler à Macy et surtout pas devant Olivier qui ne sait rien dans ce domaine.

- Salut ! Je pensais pas vous voir là tous les deux.

- Salut, rétorque aussitôt Olivier, tu croyais vraiment que j'allais me barrer en courant? J'avais besoin de temps c'est tout.

- C'est bien. Y a quelqu'un d'autre à la maison?

- Non, maman est à l'hôpital avec Brenda. Papa, je sais pas. Seth et avec Ylana dans la maison qu'ils louent pour cet été. Y a que nous deux.

- C'est normal que tu sois mouillé ? S'intrigue Olivier.

- Longue histoire.

- Ah Enora te voilà, sourit Macy alors que celle-ci vient de s'accrocher à mon bras.

- Elle aussi est mouillée, tu pourrais pas voir dans tes vieilles affaires s'il n'y aurait pas quelque chose qui lui va? Tu sais bien que maman garde tout.

- Euh ouai ce serait dommage qu'elle attrape froid, en plus ça comence à rafraichir.

- Comme tu dis.

- Toi aussi t'es mouillé, tu devrais te changer aussi.

- Je vais y aller.

- Mais qu'est-ce que tu as? T'es tout pâle.

- Rien, garde Enora jusqu'au retour de ses parents tu veux bien? J'ai quelque chose à faire.

- Pas de problème, Enora tu viens avec moi? On va regarder au garage après quelque chose qui te va.

- Vraiment t'as l'air malade, intervient à son tour Olivier.

- Je suis pas malade, juste tracassé.

- Oli, viens tu vas m'aider avec les cartons.

- Je vous suis.

Enora se retourne alors qu'ils sont déjà dans la cuisine et j'affiche un sourire, pour la rassurer, même si c'est pas vraiment mon humeur actuelle. Je suis inquiet et il faut vite que je trouve une réponse aux questions qui me torturent. Mais pour commencer, aussitôt qu'ils ont refermés la porte derrière eux j'ai sorti mon portable pour passer un premier appel.

- Qu'est-ce qu'il y a ? M'agresse-t-il aussitôt à peine décroché. Je suis en pleine visite là.

- Je m'en fiche, il s'est passé un truc avec ta soeur, vous feriez mieux de rappliquez illico.

- Qu'est-ce qui se passe? lance-t-il sur un ton tout autre, son inquiétude était palpable.

- J'ai eu un apperçu de ce qu'elle peut faire.

- Hein? Tu t'expliques?

- Ecoute je sais pas ce que c'est exactement, elle s'est mise à pleurer, je l'ai prise dans mes bras, elle m'a transmis une image.

- Merde, quel genre?

- Elle provenait surement du passé, c'est ce que je vais aller vérifier dès que j'aurai raccroché.

- Comment ça t'es pas sur? Ca te concernait pas?

- Non, c'était pas moi, bref, elle a été flippé à cause du contenu je pense, mais c'est passé. Par contre je la laisse avec Macy, je vous parle à mon retour.

- Ok, merci.

Je me suis changé et je me suis rendu rapidement à l'appartement de Doreen et Mia. J'espèrais la trouver ici. Seulement j'ai déjà toqué plusieurs fois, sans succès. Alors même si c'est pas très correct, je laisse tomber ma barrière et cherche à sonder ses émotions en faisant le tri dans ceux que je percois par erreur.

Il ne me faut que quelques secondes pour les trouver ce qui me conforte dans mon idées, elle ne veut pas ouvrir, c'est tout.

- Mia, je sais que tu es là, ouvre-moi. De toute façon je bouge pas, j'attendrai jusqu'à ce que Doreen rentre, s'il le faut.

- Va-t-en Elias, j'ai envie d'être seule, rétorque-t-elle, enfin.

- Non pas cette fois. Je dois te parler de quelque chose et je partirais pas avant de l'avoir fait.

- Je veux pas parler maintenant, laisse-moi tranquille.

- Hors de question ouvre ou je campe.

- Ayé, j'ai ouvert, maintenant tu pars, déclare-t-elle en baissant la tête.

- Tu rêves. Je suis venu pour avoir une discussion, je partirais pas sans l'avoir eu.

- Qu'est-ce que tu veux à la fin?

- Pourquoi tu es partie tout à l'heure? Je t'ai remarqué.

- Je...

- Parce qu'il y avait Enora pas vrai? Lancai-je ne forcant le passage pour entrer.

- ...

- Referme cette porte, je repars pas avant d'avoir mes réponses.

En entendant le claquement de la porte je me retourne pour pouvoir lui poser la question qui me brûle les lèvres.

- Que t'est-il arrivé quand tu étais enfant? Pourquoi tu ne peux pas supporter la présence d'enfants comme Enora? J'ai appris par Willy que tu restes jamais dans la pièce quand il reçoit Babeth, dis-je sûre de moi, c'était l'objet de mon deuxième appel, j'avais appelé Willy pour lui demander, pour confirmer ce que j'ai ressenti.

- T... Pourquoi tu lui as demandé...il va me trouver bizarre.

- J'ai baratiné, il se posera pas de questions, mais tu me réponds pas, pourquoi tu évites les enfants? C'est bizarre non? Pour quelqu'un qui veut travailler avec eux.

- J...Je sais...je pensais que c'était passé...maintenant je n'y arrive plus.

- Qu'est-ce qui te braque autant? Parle-moi.

- Rien... C'est rien d'important. Je me souviens de l'orphelinat et à mes parents, ça me rend triste c'est tout.

- Menteuse. Dis-je en plantant mes yeux dans les siens. Tu es terrorisé, ça se voit.

- Stop, arrête, dit-elle en fermant les yeux de toutes ses forces, je veux pas y penser.

- Penser à quoi? Dis-le moi, je veux t'aider. Dis-je en attrapant une de ses mains. Tu n'es pas toute seule, je te l'ai déjà dit.

- Si, je serais toujours toute seule, soupire-t-elle en enlevant sa main brutalement, je le sais depuis toujours alors ne me raconte pas d'histoires.

- Quelles histoires? Je suis là non? Je cherche à t'aider non?

- Tu finiras par t'en aller ! Déclare-t-elle en courant vers la salle de bain.

- Voilà que tu t'enfuis encore, levai-je les yeux au ciel. C'est pas ce qui me fera partir.

- Va-t-en Elias, par pitié, va-t-en.

- Non, et ouvre, râlai-je en essayant d'ouvrir la porte derrière laquelle elle se cache.

- Non, stop, je veux pas.

- Ouvre moi cette putain de porte ! Grondai-je en cognant contre celle-ci de plus en plus fort, pris dans un élan de colère.

- Non !

- Tu vas pas rester enfermer, qu'est-ce que tu me caches? Pourquoi tu es si bouleversée aujourd'hui? Tu n'arrives même pas à te contenir. D'habitude tu sauves les apparences. Tu fais toujous ça.

Tout ce qui se fit entendre, ce sont des sanglots à travers la porte. Je laissse retomber mon poing et fait volte-face.