Je remarque rapidement et dans un froncement de sourcil que le petit lit est monté. Pourtant on était d'accord pour ne pas le faire, enfin eux ce sont mis d'accord puisqu'ils ne savent pas ce que le futur nous réseve, moi je sais, mais je ne veux pas encore en parler.

- Reste pas planté là, entre.

- Qu'est-ce que ça veut dire? Qui a monté ce lit?

- Puisque tu ne voulais pas contrarié les vieux, moi j'ai demandé à Darwin.

- Darwin ?! Il l'a fait sans rien dire ? Il est idiot ou quoi?

- J'en suis à cinq mois Elias, que vous le vouliez ou non je voulais que ce lit soit là.

- Je vois, soupirai-je, et pourquoi tu es en train de peindre?

- Parce que j'ai envie.

- T'es au courant que tu devrais être partie depuis un moment pour ta visite?

- Je sais, je n'y vais pas, c'est tout.

- Tu vas pas me faire le coup tous les mois, tu dois y aller c'est important pour le bébé, et pour toi.

- Je vais bien d'accord? Et lui aussi.

- Macy, tu sais très bien que tu fatigues un peu plus chaque semaine, tu dois y aller et puis ils te diront ce que c'est aujourd'hui.

- Elias, ne me force pas à y aller.

- Evidemment que je vais te forcer, et t'y emmener s'il le faut. Tu as promis d'être sérieuse avec ton suivi quand tu as décidé d'avoir ce bébé.

- Je sais...

- Alors pourquoi tu changes d'avis?

- Parce que, commence-t-elle en arrêtant de peindre pour laisser tomber son bras le long de son corps, je sens que je m'épuise, elle m'a prévenu que je devrais rester allité si à la prochaine consultation ça ne s'améliorait pas.

- Pourquoi je n'ai pas su ça?

- Parce que mon très cher frère m'aurait dit de rester couchée, j'aurai pas pu profiter d'Olivier tout le temps qu'il était là. Je ne pourrais pas peindre comme je le veux.

- Macy, c'est pour ton bien.

- Je m'en fiche que c'est pour mon bien, je veux pas mourir en ayant rien fait.

- Je t'interdis de dire ça, tu vas avoir un enfant, et asssieds-toi, dis-je en tirant la chaise de bureau.

- Je sais que je vais avoir un enfant, pas la peine de me le dire.

- Pourquoi tu réagis comme ça aujourd'hui?

- Je suis réaliste tu sais, à mesure qu'il grandi, je m'affaiblis. Je suis obligée de me maquiller encore plus qu'on ne remarque pas mes traits tirés, quand on me fait la réflexion je dis que le bébé a bougé, que j'ai mal dormi, ou quelque chose comme ça, mais je pourrais pas mentir indéfiniment.

- Macy...

- Je pensais que j'aurais quelques temps avec lui avant que mon corps ne me lâche mais plus le temps passe et plus je me demande si je verrais sa petite bouille.

Rester de marbre alors qu'elle réalise doucement quelque chose que je sais déjà m'est très difficile mais je ne peux pas lui confirmer ce qu'elle dit, ce serait trop cruel.

- Arrête, tu deviens pessimiste, la déprime est mauvaise alors arrête de faire ça, et va à ce fichu rendez-vous, va voir battre le coeur de ton bébé et découvrir si c'est une fille ou un garçon.

- D'accord, d'accord, j'y vais, mais à une seule condition.

- J'écoute.

- Si malheureusement, c'est ce qui arrive. Que lui donner naissance ne me soit fatal, tu pourras t'occuper de lui?

- Qu'est-ce que tu dis.

- Je ne veux pas en donner la responsabilité aux parents.

- Tu n'as pas fait ce bébé toute seule de toute façon.

- Olivier, sourit-elle tristement, je l'ai appelé tout à l'heure et j'ai distinctement entendu une voix de fille derrière lui.

- Et?

- Et il me trompe, c'est tout.

- Tu peux pas déduire ça rien que parce que tu as entendu une voix derrière lui.

- Evidemment, mais j'appelais pour lui parler de ce que j'ai puisqu'il ne pourra pas venir avant la naissance et que j'arrivais pas à le faire en face de lui. Il y a eu un blanc le temps qu'il encaisse je suppose et là j'ai entendu "ça va mon coeur? " je comprends bien le francais hein, je suis pas stupide. Je lui ai demandé qui était là, il a dit qu'il devait me laisser et qu'il me rappelait.

- Je suis désolé.

- Pas moi, tant qu'il est là pour le bébé il peut bien faire ce qu'il veut, je ne lui en veux même pas de me tromper, je sais que je suis condamnée maintenant il le sait aussi. Dis-moi juste que s'il assure pas, comme je le suppose, tu seras là.

- Si ça peut te tranquiliser, oui je veillerai sur cet enfant, mais je ne serais pas le seul.

- Tu promets?

- Promis. Mais en attendant je veux que tu ailles voir ce que c'est et que tu souris en entendant son coeur, d'accord?

- D'accord, merci Elias.

- Y a pas de quoi. Mais arrête de penser au pire, s'il-te-plaît.

- Compris.

- C'est bon, je suis regonflée à bloc, sourit-elle doucement. Je vais descendre.

-Tu veux que je vienne avec toi?

- Pas la peine, je sais que tu as prévu quelque chose avec elle, Doreen et Willy.

- Vas-tu arrêter de l'appeler elle bon sang?

- Non, déclare-t-elle en tournant les talons.

- J'en ai marre de tes gamineries en ce qui concerne Mia.

- J'ai encore le droit de penser ce que je veux.

- Mia est importante pour moi pourquoi tu ne veux pas le comprendre?

- Ca je le sais.

C'est une fois dans le couloir que j'ai enfin compris.

- Tu n'as pas à être jalouse de Mia tu passeras toujours la première, lancai-je avant qu'elle ne descende les escaliers sans même me donner de réponse.

Je sais que j'ai taper dans le mille, elle devient grognon dès que je dos que j'ai un truc prévu avec Mia, je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas m'en rendre compte avant.

- Ayé, je suis là.

- Enfin, ta mère commencait à devenir chèvre.

- Désolée.

- Tant que tu t'es décidée, sourit ma mère, on va pouvoir y aller, Max vient aussi, il s'est tordu le pied.

- Ah, c'était ça, compris-je,je me demandais pourquoi il avait la jambe comme ça.

- Merci Elias, d'avoir raisonné Macy encore une fois.

- Pas de problème.

- Tu veux qu'on te dépose quelque part en partant?

- Non ça va je vais y aller à pied.

- Comme tu veux, et n'oublie pas tes clés, si tu rentres tard.

- Je sais, ne t'inquiète pas.

Je l'ai finalement pris en pleine tête en discutant avec Macy, il ne reste que quatre mois. Sa santé déclinera sans doute encore et il faudra que je veille encore plus sur elle. Apaiser ses émotions a bien été utile jusqu'à maintenant, même si je me fatigue, je m'en fiche tant que ça lui permet de se reposer un peu.

Et à l'opposé de ça il y a Mia qui semble aller de mieux en mieux même si c'est loin d'être gagné, il y a encore un long chemin à parcourir pour qu'elle n'ai plus peur.

- Elles finiront pas me rendre fou, soufflai-je en regardant le ballon traverser l'anneau.

- Elias ! M'interppelle-t-on pour me sortir aussitôt de mes pensées.

- Ah bah vous voilà !

- Ouai désolé on avait une discussion! Me lance Willy alors que je remarque l'absence de Mia sans la souligner, elle va sans doute arriver.

- Ah bon et de quoi donc?

- On va emménager ensemble! M'informe Doreen alors qu'ils s'installent sur un banc.

- Expliquez moi ça, fis-je mine de ne pas comprendre. Qui va où?

- Doreen vient vivre avec moi.

- Je vois, et ce sera quand votre petite sauterie?

-  J'ai vu le proprio j'ai déposé mon préavis et il m'a dit qu'un mois était suffisant donc le mois prochain.

- Je vois.

Je me retourne vers eux pour voir Willy chuchoter quelque chose à Doreen.

- Si je dérange, vous le dites.

- Désolée.

- Et Mia dans tout ça elle va aller où? Demandai-je finalement en me dirigeant vers eux.

- Je lui ai proposé de garder l'appartement, elle a refusé, elle a dit qu'elle trouverait autre chose.

- Et moi j'ai dans l'idée qu'elle avait déjà l'air au courant, ajoute Willy.

- Vous croyez, souriai-je en coin, évidemment qu'on a senti le vent venir, on se doutait bien que ça arriverait, haussai-je les épaules.

- C'était ça alors, je trouvais aussi qu'elle réagissait bien calmemant, commence à comprendre Doreen.

- Pourquoi vous emménagez pas ensemble d'ailleurs, vous êtes déjà toujours fourrés ensemble? Ca serait l'occasion pour toi de partir de chez tes vieux.

- Je dois rester pour Macy, tranchai-je froidement.

- C'est vrai, soupire Willy.

- D'ailleurs elle est où ? Je pensais qu'elle devait venir avec vous.

- Elle va arriver, on a croisé quelqu'un qu'elle connaissait, m'informe Willy.

- C'est un gars avec qui elle a grandi ajoute Doreen.

Cette petite information supplémentaire eut l'effet d'un électrochoc.

- Pitié, dis-moi que c'est un autre orphelin qui a grandi avec elle.

- Euh non pas du tout pourquoi?

- Qui est-ce Doreen? C'est important, commencais-je à m'inquiéter.

- Qu'est-ce qui se passe mon pote? T'es tout blanc.

- Doreen, réponds-moi.

- Si je me souviens bien c'était un de ceux qui s'occupait d'elle à l'orphelinat, mais pourquoi.

- C'est pas vrai. Vous savez où ils sont?

- Je pense vers la plage. Mais pourquoi?

- Pas le temps de vous expliquer ! Dis-je en me mettant à courir de toutes mes forces.

- Elias !!!

- Je vous appelle !