Je suis allée fermer la porte à clé juste derrière lui comme il me l'a demandé mais je suis loin d'être rassurée, il semble y avoir de la bagarre dehors. Il a voulu se montrer calme à cause de Damian mais je suis persuadée qu'il n'était pas non plus rassuré. Je l'ai entendu descendre en courant, il n'a pas prit le temps d'aller récupérer ses chaussures dans ma chambre.

- Charlie, boude Damian resté assis sur le lit.

- Je t'avais oublié toi, tu peux descendre tout seul?

- Oui, acquiesce-t-il avant de s'exécuter. Il descend doucement du lit, en s'accrochant bien pour ne pas tomber.

- Si tu n'étais pas là je serais sortie aussi, soupirai-je. Je pensais à appeler la police mais je réalise très vite que mon portable est dans ma chambre.

- Triste? S'intrigue-t-il en se plantant devant moi.

Ce petit loup doit sentir que je ne me sens pas si à l'aise que ça mais j'ai beau prendre sur moi, je me demande quand même ce qui se passe.

- Je suis pas triste petit chou, dis-je en le prenant dans mes bras.

- Est où Byron?

- Il va revenir, il y a des gens qui se disputent dehors il est parti leur dire d'arrêter.

- Revenir vite, gentil.

- Je sais que tu l'aimes bien.

- Oui !

- Mais tu lui as fait une farce tout à l'heure. Tu n'as pas voulu te recoucher.

- Avec toi.

- J'avais compris ça, tu es un petit coquin, quand il revient tu vas devoir retourner te coucher, il est tard.

- Oui, grimace-t-il, ce qui me fait sourire.

Puis il y a eu ce bruit qui a fait cesser de battre mon coeur l'espace d'un instant. On aurait dit un coup de feu suivit d'un autre. Cette fois l'angoisse était monté d'un cran, il fallait que je sache ce qui se passait au juste.

Rassemblant toute ma force pour faire cesser mes tremblements et retenir les larmes de peur qui cherchaient à sortir, j'ai mis Damian dans son lit, je devais savoir.

- Tu restes ici d'accord? Tu ne te lèves pas, Charlie va chercher Byron.

- Pas dormir.

- Alors ne dors pas, joue avec ton ours, mais ne sors pas de ton lit, dis-je avant de sortir de la chambre en la fermant de l'extérieur.

Ma première réaction fut d'aller vers les bruits, à la fenêtre, et je me suis figée devant ce qui était en train de se dérouler. Ce n'était pas n'importe quelle bagarre, il y avait là plusieurs tête que je connaissais. Ne pouvant pas retenir mes larmes je suis allée chercher mon portable avant de revenir regarder ce qui se passe dehors.

J'ai appelé la police alors que mon regard venait de se poser sur Laurent et Thomas, allongés sur le sol, j'avais la voix tremblante entre deux sanglots, et j'expliquais ce que j'étais en train de voir dehors. Ils m'ont dit de ne pas quitter la maison et de m'enfermer jusqu'à ce qu'ils viennent. C'est ce que j'ai fait, je suis retournée dans la chambre d'Alix avec un Damian qui s'est mis à pleurer en me voyant. J'étais morte de peur, et l'inquiétude concernant Byron augmentait encore, je ne l'avait pas vu mais il y avait du monde encore et je ne me suis pas éternisée.

Alors que j'étais enfermée dans sa chambre en essayant de me calmer, c'est Alix que j'ai appelé en réalisant que Thomas était là, où elle se trouvait elle? Quand elle a décroché j'ai à peine pu lui articuler quelques mots avant que mes larmes ne reviennent.

" Alix ! Thomas est là il est allongé par terre."

Je n'avais pas eu besoin de continuer, elle me disait déjà qu'elle se mettait en route et qu'il fallait que j'appelle les secours. évidemment c'était fait, je savais qu'il y avait des blessés, même si j'ignorais à quel point.

La police est arrivée quelques minutes plus tard et c'est alors que je suis sortie pour voir par la fenêtre qu'ils n'y avaient plus que des gens à terre. Cette fois, je me décide à sortir de la maison après avoir mis Damian en sécurité malgré ses larmes je pouvais pas le faire sortir et il avait compris qu'il se passait quelque chose car il blotissait sa peluche contre lui, essayant de pas faire de bruit.

Parmi tout ceux qui se trouvaient au sol, j'ai vu Laurent Thomas ainsi que ceux qui nous ont surveillés tout ce temps ainsi que d'autres que je ne connaissais pas, mais tout ce que je voulais c'était trouver Byron, il était plus loin, isolé.

- Byron ! Criai-je.

Il n'était pas inconscient et cherchait à retourner.

- Charlie, déglutit-il alors que je me rapproche de lui d'un pas rapide, il semblait souffrir affreusement.

- T...tu vas bien? Dit-il avec difficulté, crachant un peu de sang.

- Moi je vais bien, mais toi, qu'est-ce que c'est que ça, me remis-je à pleurer en le retournant pour le serrer contre moi, la vue du sang me glace sur place.

- I..Ils voulaient entrer, déglutit-il avec de plus en plus de difficultés.

- Tu aurais dû rester avec moi.

- Je voulais pas qu'ils entrent, dit-il alors que ses yeux se ferment.

- Non non tu ne t'endors pas, les secours vont arriver. Reste avec moi.

Les secours sont enfin arrivés. Mais je sentais que Byron avait du mal à resté éveillé. Je regardais autour de moi de plus ne plus paniquée. J'essayais de garder un minimum de calme pour lui mais ça commençait à devenir impossible pour moi.

On y était , tout ça c'était de ma faute, ils avaient fini par agir. Qu'est-ce que ça voulait dire maintenant?

- C..Charlie...

- Ne parle pas, tu vas te fatiguer, ils vont venir te chercher, tu verras tu iras bien.

- E..Ecoute moi.

- Non, je veux pas t'écouter, tu vas me dire des conneries.

- Quoi qu'il arrive, dit-il doucement et avec beaucoup de difficultés, ne....ne te refermes pas.

- Ne dit pas ça, me remis-je à pleurer, tu vas pas mourir ce soir, je te laisserais pas faire, je t'aime, t'as pas le droit de m'abandonner.

- Tu viens de de le dire, sourit-il doucement avant de fermer ses yeux.

En arrivant près de la maison, je pleurais déjà à chaudes larmes, et quand j'ai entendu Charlie hurler de douleur en tenant Byron dans ses bras, j'ai failli perdre l'équilibre. Je repère très vite Thomas. des ambulanciers étaient en train d'emmener mon père qui passe près de moi.

Quand j'avais reçu l'appel de Charlie mon coeur avait manqué un battement, j'étais en train de faire les cent pas car Thomas ne me rappelait pas, je comprenais maintenant pourquoi, il était ici.

- Thomas ! Hurlai-je en le voyant inconscient. Thomas réveille-toi, tu m'entends? Thomas !

J'ignorais pourquoi il était inconscient, je remarquais seulement qu'il y avait dû avoir bagarre. Soudain il ouvre péniblement les yeux.

- P...Pense au bébé, déglutit-il d'une voix à peine audible.

- Je pense à toi là, les secours arrivent, ils emmènent Byron et après c'est toi.

- T..Tu dois être plus forte, pense au bébé, pense à Romane, elle aura besoin de sa maman.

- Parle pas comme si tu allais me quitter tu m'entends? On vient à peine de se retrouver, on doit récupérer Romane et lui offrir un foyer avec le bébé . Alors tu vas rester avec moi.

- M...Merci, ferme-t-il à nouveau les yeux.

- Thomas...Thomas ! THOMAS !!! Ouvre les yeux !

- T'as pas le droit de m'abandonner ! Thomas !

Je réalise à peine que Charlie s'est approchée pour s'écrouler en larmes près de nous.

Plus aucun mot n'est sorti de nos bouches, on a juste pleuré alors qu'ils viennent enfin s'occuper de Thomas.

On se demandait toutes les deux ce qui avait bien pu se produire par cette soirée qui avait si bien commencée mais c'était terminée si tragiquement...

 Cela fait à peine quelques jours et la vie semble s'être suspendue pour moi, pourtant elle continue. Tout ce qui s'est passé cette nuit-là me hante, je me sens tellement coupable vis-à-vis d'eux. Ces gens qui m'entourent souffrent à cause de moi.

Je ne fais rien d'autres ces derniers jours que de venir dans cet hôpital, dans cette chambre ou alors je vais errer dehors. A la maison je n'y reste que pour dormir, j'essaie d'être en dehors le plus possible, je ne peux pas croiser le regard d'Alix. Parce que si elle est dans cette situation c'est bien de ma faute, parce que ces gars voulaient s'en prendre à moi.

Ici se trouvent Thomas et Byron, tous deux dans le coma depuis cette fameuse nuit.  Ils sont en vie et d'après les médecins il devraient se réveiller d'un jour à l'autre car ils ne risquent plus rien. S'ils sont encore inconscient c'est le choc, leurs corps à besoin de repos, voilà ce qu'on me dit, moi je me contente d'attendre en étant déjà contente qu'ils soient en vie. Tout le monde n'a pas eu cette chance, celle d'enfin rouvrir les yeux, peut-être un jour, il y a eu deux morts cette nuit là.

- Bonjour Byron, il fait de nouveau beau aujourd'hui. Tu devrais ouvrir les yeux maintenant, tu as assez dormi, j'ai envie de voir ton sourire aussi.

J'ai tellement peur de le perdre que je réalise combien je tiens à lui. J'ai peur de devenir folle, savoir qu'il est dans cet état à cause de moi. Parce qu'il a empêché ce gars d'entrer dans la maison, parce que cet enfoiré l'a poignardé avant de se faire mettre KO par un autre.

Il n'y a pas qu'envers Alix que je me sens si mal, Wellon aussi. J'essaie de ne pas le croiser mais pourtant c'est arrivé, et à chaque fois, il me dit qu'il est désolé. Ça n'a pas de sens, c'est moi qui suis désolée. Je ne comprends pas pourquoi il me dit ça, il s'agit de son frère avant d'être mon petit ami.

Pour ne pas me renfermer sur moi et affronter tout ça, je vais au travail, donc je viens rendre visite à Thomas qui est dans le coma avant d'aller travailler puis je reviens dès que j'ai fini. J'ai confiance, je sais qu'il ne m'abandonnera pas et les médecins sont très optimistes. Il s'est battu malgré ses blessures pour ne pas me lâcher, il va continuer. En tout cas c'est ce que j'essaie de penser, pour mon bien mais aussi celui du bébé que j'ai bien cru perdre, cette nuit là, des terribles douleurs sont survenues alors que j'attendais de savoir son état. Heureusement j'étais à l'hôpital, les médecins qui m'ont tout de suite pris en charge m'ont conseillé de me reposer et éviter le stress, ce qui n'est pas évident dans une situation pareille. Mais je fais ce que je peux pour rester positive.

J'entre dans la chambre que partage Thomas avec Byron et c'est sans surprise que j’aperçois Charlie, assoupie dans le canapé de la chambre. Elle reste si peu à la maison qu'elle doit pas dormir comme il faut.

Ma pauvre Charlie qui pense que je lui en veux de tout ce qui se passe. Rien de tout ça n'est sa faute, je n'arrive pas à lui faire entendre raison, elle m'évite.

La dernière fois que j'ai réussi à être dans le même endroit qu'elle, c'est à l'enterrement de mon père. Parce que lui n'a pas eu la chance de survivre à sa blessure, il est mort dans l'ambulance. De ce qu'on a pu découvrir jusqu'à présent c'est qu'il a empêché une balle de toucher Thomas en s'interposant entre les deux, elle lui a été fatale. Évidemment je suis triste que cette fois, il soit réellement mort mais comme je le croyais mort bien avant ça, la douleur est étrangement moins dure.

Si mon Thomas est encore en vie aujourd'hui, c'est grâce à mon père, ça je ne l'oublierai jamais. Alors je suis convaincue qu'il me reviendra. Il ne m'abandonnera pas. Mon père le protégera jusqu'au bout.

- Bonjour Thomas, dis-je en m'asseyant sur la chaise. Tu sais j'ai passé un examen complet et notre bébé s'accroche, alors il faut vite que tu te réveilles. La prochaine fois que j'irai le voir et l'entendre tu devras être là.

Quand je pense à Thomas, à notre bébé dans mon ventre, je pense aussi à Romane, notre fille. Ce qui m'amène à me demander pourquoi dans une telle situation  le père biologique de Charlie ne s'est pas encore manifesté, c'est étrange. Je me demande s'il sait ce qui s'est passé ici. Même si j'imagine qu'il en a entendu parlé par Jordan.