J'avais eu une bonne discussion avec Byron sans que celui-ci ne me lâche. Il me tient tout contre lui, ce que j'apprécie, j'avais tellement peur qu'il ne puisse plus jamais me tenir dans ses bras.

- A quoi tu penses? Me demande-t-il après un petit silence.

- A tout ce qui est arrivé dernièrement, ma vie a pris une étrange tournure, et dire qu'elle a failli finir dans un enfer pas possible.

- Ce n'est pas le cas alors sourit. Et même si j'avais dû mourir, j'espère bien que tu ne te serais pas arrêtée de vivre à cause de moi.

- Byron, ne dis pas ça, j'ai vraiment cru que j'allais te perdre.

- D'accord, je suis désolé, je ne le dirais plus.

- Je devrais me redresser par contre, et si on venait te chercher pour d'autres examens?

- Je m'en fiche, reste la.

On toque à la porte ce qui nous fait sursauter.

- Qui est là? Demande Byron mais personne ne répond. Sérieusement qui est là? Ça toque à nouveau mais personne ne répond quand on demande.

- Attends je vais voir.

- Laisse tomber ! Reviens ! Ils ont qu'à répondre.

- Ça ne prendra qu'une seconde, et je reviens.

- T'as plutôt intérêt.

- Alors qu'est-ce que...dis-je en ouvrant la porte avant de m'interrompre en voyant une femme se tenir devant la porte.

- Bonjour Charlie, sourit-elle tristement.

Je reste immobile, incapable de le réaliser.

- C'est qui? demande Byron.

- C...Ca va prendre plus d'une seconde, lui répondis-je avant de refixer mon regard sur elle. Comment tu as su que je serais là?

Je savais maintenant que je me tiens devant elle à qui je ressemble, à ma mère.

- J'ai appelé ton père qui m'a dit que tu serais sûrement là. Il a dit qu'il récupérait Shanon à l'aéroport et qu'il venait aussi.

- Shanon?

- Il faut que notre famille soit enfin réunie, ça a duré trop longtemps. Laisse-moi te regarder, dit-elle en refermant la porte derrière elle tout en avançant vers moi.

- Tu es une si jolie jeune fille, lâche-t-elle en posant sa main sur mon bras.

- M...Maman, déglutis-je.

- Ma petite fille, se met-elle à pleurer en m'attirant dans ses bras.

- On ne sera plus jamais séparées, je te le promets, c'était tellement long toutes ces années sans pouvoir te serrer dans mes bras. J'aurais tant voulu que ça se finisse avant que tu ne deviennes cette jeune demoiselle. Tu es déjà si grande.

- Moi aussi j'aurai voulu, resserrai-je mes bras autour d'elle.

- M'abandonne plus jamais maman.

- Je te promets, plus jamais, je suis désolée que ta vie ait été si triste c'est à cause de nous, de papa et de moi. On aurait dû trouver une meilleure solution.

- Ça va aller c'est le passé maintenant. Tout ira mieux maintenant.

Cela faisait déjà quelques années que ma vie a fait un petit virage. Thomas a fini par m'avouer après être sorti de l'hôpital que toutes ses connaissances étaient dû au fait qu'il traînait avec des gens pas très net, dans le milieu de la drogue et tout ça. Même s'il dit ne pas y avoir touché, j'ai quand même quelques doutes. Mais bon quoi qu'il soit arrivé dans le passé, aujourd'hui il est un honnête travailleur qui possède sa propre entreprise et qui a beaucoup de relations.

 - Romane, je t'en prie, tu vas rendre ce chat complètement fou, levai-je les yeux au ciel alors que ma fille , qui a déjà tant grandi, joue avec notre chat. Il a rejoint la famille pour le premier anniversaire que Romane a fêté avec nous.

- Mais maman, regarde comment il le suit le laser, c'est trop drôle.

- Papa aurait jamais dû t'acheter un truc comme ça, pauvre Otis, soupirai-je.

- On y va quand? Me demande-t-elle sans cesser de jouer avec le chat.

- Dès que papa descend.

- On est là, l'entendis-je dans les escaliers.

- Ah, il était enfin réveillé?

- Oui oui, tu avais bien entendu.

- Adrien, tu viens voir maman? Tendais-je les bras à mon fils.

- Maman, veux jouer, grimace-t-il aussitôt.

Il ressemble beaucoup à sa sœur et si quelqu'un avait eu des doutes quand à sa paternité, à présent ce n'est plus du tout le cas.

- On va y aller mon bonhomme, Thomas tu peux sortir la poussette? On y va à pieds et il voudra jamais marcher jusque là-bas.

- D'accord. Romane tu as entendu ta mère ? Arrête d'ennuyer le chat, et viens donc m'aider, la poussette doit être derrière ton vélo.

- Ok. Au fait, je peux pas y aller à vélo moi?

- Non non, tu sais très bien qu'on va manger dehors ce soir, ton vélo va nous embêter plutôt qu'autre chose.

- Alors, je pourrais aller voir Belle demain?

- Oh décidément tu perds pas le nord toi, d'accord, je t'emmènerais voir ta jument, souriai-je, mais allons-y maintenant Riley va nous attendre.

Une jolie petite famille qui s'agrandira dans quelques mois, et même si Charlie est partie de la maison depuis un moment maintenant, celle-ci est remplie de rires, ce qui parfois me fait oublier qu'elle a fait ce choix. Tout comme j'ai l'impression que j'ai toujours eu cette famille. Le passé reste derrière nous.

Je n'en reviens toujours pas la facilité avec laquelle Romane est venue vivre avec moi, puis avec son père quelques temps plus tard, lors de sa sortie. S'est greffée à ça notre petit garçon qui est né en pleine santé. Vraiment, je n'ai aucun regret quand à mon choix de retourner près de Thomas. D'ailleurs quand j'y pense je n'ai jamais eu de nouvelles de Jackson, Luke aussi semble avoir disparu, je me demande parfois ce qu'ils sont devenus.

Je remarque déjà la présence de Riley, Gwen et leur deux garçons. Parce que oui Riley aussi a eu un petit garçon âgé seulement que quelques semaines de plus qu'Adrien.

- Maman, je peux aller jouer avec Damian et Nicolas?

- Oui oui vas-y mais vous restez là, vous ne vous éloignez pas.

- Oui.

- Bonjour les garçons, leur lancai-je en posant mon fils au sol.

- Bonjour tata.

- Bon Romane t'es la plus grande alors tu fais attention aux garçons d'accord?

- Oui maman , t'inquiètes pas.

Ne pas m'inquiéter est vraiment difficile, j'ai tendance à le surprotéger, mais j'ai également appris de ma relation avec Charlie, il va falloir que je fasse attention.

- On vous attendait, lance Riley alors qu'ils sont en train de regarder un chien rendre son maître complètement fou à tourner autour de lui avec la laisse.

- Adrien a eu du mal à finir sa sieste. Alix tu viens? Laisse les jouer ensemble.

- J'arrive. 

- Hey les gars vous allez nous laisser discuter ensemble? Leur demande Riley.

- Quoi déjà? Mais ils viennent à peine d'arriver.

- Justement allez.

- Bon ok, soupire Gwen, Thomas viens, doit y avoir le frisbee de Damian quelque part.

- Quand est-ce que tu as eu des nouvelles de Charlie pour la dernière fois? rentre rapidement dans le sujet Riley.

- Charlie? Elle a appelé il y a deux ou trois jours, pour prendre des nouvelles et me dire que son séjour se passait bien.

- Elle te manque?

- Évidemment, quand elle vit en ville ça va on peut se voir mais là elle est partie chez ses parents elle est vraiment trop loin.

- J'aurai jamais imaginé qu'elle fasse les choses de cette façon quand même.

- Plus rien de m'étonne en ce qui concerne Charlie.

C'est ici que je vis aujourd'hui la plupart du temps. Mais là je viens juste de rentrer de trois semaines chez mes parents. J'ai juste été mettre ma valise dans la chambre et je vais à la recherches des autres. Personne n'a bronché quand j'ai ouvert la porte ce qui est surprenant.

Mon emménagement ici s'est fait après la naissance d'Adrien. Avant nous avions trouvé un moyen simple pour que je nous des liens avec mes parents et pour que la transition ne soit pas trop difficile avec Romane. On vivait tous sous le même toit, dans la maison.

- Ah bah c'est là que vous êtes !

- Charlie? Relève la première Amélia, assise sur le canapé.

- Bah oui c'est moi, sympa l'accueil, je suis partie trois semaines quand même.

- Tu aurais pu prévenir, on serait venu te chercher, lance Jordan, assis sur le sol.

- Pfff, ça serait pas une surprise alors.

- Ah non mais sérieusement les mecs vous abusez, levai-je les yeux au ciel, vous êtes obligés de faire ça en plein milieu du salon?

- Ca sent la frustration ici, rit Shanon.

Le couple Shanon et Jordan s'est fait facilement et je m'y attendait, mais celui qui nous a tous surpris c'est celui de Wellon et Amélia. C'est arrivé quand nous sommes entrées à la fac, Amélia est revenue vivre ici et c'est comme ça que ça s'est fait.

On a tous emménagé ensemble depuis et même si l'unique salle de bain nous pose parfois problème, on s'entend tous très bien.

- C'est ça moque toi, dis-donc il y a pas eu de fuites sur mon retour? Les parents ont juré de garder le silence mais bon.

- Non savait pas du tout, je pensais encore que tu rentrais la semaine prochiane, tu as fais bon voyage?

- Oui, j'aime être avec eux, mais j'avais hâte de rentrer.

Mes parents. Ils n'ont pas déménagé pour venir ici, mais au contraire je m'y rends régulièrement, seule ou avec Shanon, selon nos emplois du temps. J'ai réussi à instaurer une bonne relation avec eux et j'ai pu apprendre à en savoir davantage sur notre vie avant et ce qu'elle était pour eux pendant notre séparation.

- D'ailleurs vous avez pas réagi quand j'ai ouvert la porte, comment ça se fait?

- On pensait que c'était Byron.

- Il est pas là?

- Non, va te falloir attendre un peu, entendis-je Wellon.

- Ou pas, me fait sursauter Byron en m’enlaçant.

- T'étais là?

- Je viens de rentrer et je t'ai entendu parler donc j'ai pas fait de bruit, t'es rentrée quand?

- Je suis arrivée il y a pas longtemps.

- Il était temps, tu m'as drôlement manqué.

- Toi aussi.

- On s'isole un peu?

- Oui, volontiers.

- Bon les gars on va dans notre chambre, les préviens Byron avant qu'on ne s'y rende.

Byron a eu du mal à se rétablir complètement après son hospitalisation d'ailleurs il en a parfois des souvenirs à cause de douleurs là où il y a eu la blessure. Mais notre relation s'en porte pas plus mal, on s'entend parfaitement bien. Et d'ailleurs chaque fois que je le quitte pour aller chez mes parents j'ai le cœur serré mais ce n'est que pour mieux nous retrouver, c'est ainsi qu'on le supporte.

Après que j'ai rangé mes affaires dans la commode, on s'est allongé sur le lit pour discuter, je devais lui dire quelque chose mais ça ne voulait pas sortir.

- Bon allez dis-moi ce qui se passe, lâche Byron, il s'en était rendu compte.

- Qu'est-ce que tu veux dire?

- Je te connais par cœur jeune fille, et toi t'as un truc à me dire ou à m'avouer, tu m'as trompé pendant que t'étais là-bas?

- T'es fou non? Je t'aime trop pour faire des trucs dans ce genre.

- C'est bien ce qui me semblait, alors raconte-moi qu'est-ce qui t'arrive?

- J'ai peur de ta réaction.

- Charlie, n'a-t-on pas décidé à l'époque qu'on traverserait tout ensemble? Quoi t'es malade?

- Non, je l'ai cru aussi, mais non.

- Tu t'es cru malade? Attends, je crois que je comprends. Tu es enceinte?

- C'est ça, grimaçai-je. J'avais fait la découverte le matin de mon départ, j'ai sauté dans le premier avion. Je pouvais pas garder ça pour moi et comme c'était pas du tout prévu j'ai peur de sa réaction.

- Ça remonte à quand?

- Un moi et demi, quelque chose comme ça, je sais qu'on avait pas ça en tête, mais c'est arrivé. Je suis rentrée aussitôt que je l'ai appris, qu'est-ce qu'on va faire?

- Qu'est-ce que tu crois? On va avoir un joli bébé dans un peu plus de sept mois. J'ai un boulot stable maintenant, tu n'as pas à t'inquiéter.

- T'es pas fâché? Restai-je surprise.

- Pourquoi je le serais? J'adore les mioches je te rappelle, c'est mon métier, et je t'aime, on s'en fout de ce que diront les autres. D'ailleurs tes parents le savent?

- Oui, tu sais, ma mère est venue avec moi, je suis désolée, tu n'es pas le premier.

- Je m'en fiche ça, t'as dû être terrorisée, je suis content que tu n'y sois pas allée toute seule. Qu'est-ce qu'ils ont dit?

- Qu'on devrait leur demander si on avait besoin d'aide, c'est tout, ils sont contents si je le suis aussi.

- Et tu l'es? Moi je suis content de la situation, mais toi? T'en penses quoi?

- Je crois que ça me plait. Oui c'est ça, ça me plaît, j'ai envie d'être maman.