- Aïe, grimacai-je.

- Excuse-moi je t'ai fait mal?

- C'est pas grave, baillai-je.

- Et bien ça t'assome ces trucs, tu vas nous faire un bon gros dodo.

- Y a des chances.

- Bon voilà, tu as besoin de quelque chose d'autre?

- Non, je vais juste dormir un peu.

- D'accord, je vais aller discuter avec ta mère quelques minutes et je retourne au travail sinon j'aurai des ennuis. Par contre n'hésite surtout pas à m'appeler si tu as un problème.

- D'accord. Merci papa.

- Pourquoi?

- Pour avoir réussi à te libérer.

- J'aurai dû insister pour t'emmener moi-même à l'hôpital.

- Ca va, c'était Naoki, haussai-je les épaules, j'ai l'habitude.

- Oui, bon allez dors bien et à ce soir.

- A ce soir papa.

Je le regarde sortir de ma chambre et refermer la porte en me jetant ce regard, celui d'un père inquiet pour sa fille, ça fait longtemps que je ne lui avait pas vu, et je me sens brutalement ramenée à la réalité. Mon père, lui aussi vit sans doute avec autant de mensonges que ma mère.

Je fini par m'endormir, incapable de garder les yeux ouverts. Je suis complètement assomée. J'espère qu'à mon réveil j'aurai trouvé une solution pour ne pas passer l'anniversaire le plus pourri de ma vie.

Moi qui pensait pouvoir lui tirer les vers du nez, il a fallu qu'elle choisisse ce moment pour rentrer, c'est vraiment pas de chance. Je les observe du coin de l'oeil s'échanger un regard qui pourrait paraître normal mais quand je sais ce que je sais, je vois tout ce qu'ils font comme bourrés de sous-entendus.

- Appelle-moi si tu veux te déplacer, lance Naoki, je t'aiderai.

- Oui oui, soupirai-je.

Ma mère jette un regard vers moi par dessus son épaule. je sais qu'elle comprend pas pourquoi je parle comme ça avec lui, mais j'arrive pas à m'en empêcher.

Il se passe à peine dix minutes avant que la porte d'entrée ne claque à nouveau ce qui m'intrigue aussitôt, peu de gens entre sans sonner dans cette maison.

- Riley?? Entendis-je la voix de mon père.

- Papa? M'étonnai-je, surprise qu'il ait réussi à se libérer.

- Ah tu es là, est-ce que ça va?

- Oui, mais je croyais que tu pouvais pas te libérer.

- Je me suis débrouiller, je peux pas rester longtemps mais je voulais m'assurer que ça allait. Tu as réussi à joindre ta mère?

- Elle est rentrée y a pas longtemps, elle est à la cuisine avec Naoki.

- Je préfère ça, j'avais peur que tu sois toute seule à la maison.

- Non il est resté en attendant que maman rentre. Mais je suis fatiguée avec les cachets qu'ils m'ont donné, j'irai bien faire une petite sieste.

- Tu veux que je t'emmène?

- Si ça te dérange pas.

- Allez, viens là, sourit-il en me soulevant du canapé.

Après un passage obligé à l'hôpital qui m'a semblé durer des heures, il s'est avéré que j'ai la cheville foulée et que je dois éviter de la poser au sol pendant les jours à venir, donc pas de lycée avant lundi. Ce n'est pas vraiment pour me déplaire, mais ça craint vraiment pour mon anniversaire. Maintenant Naoki et moi sommes rentrés à la maison, lui semble perdu dans ses pensées et moi j'ai pas particiulièrement envie de lui faire la conversation mais je veux saisir l'occasion que nous sommes seuls.

- Nao, tentai-je finalement, pour essayer de le faire parler, je peux te demander quelque chose?

- J'attends que tu me parles depuis tout à l'heure, je vois bien que tu m'évites, qu'est-ce qui se passe?

- Je peux te faire confiance n'est-ce pas? Tu ne me mentirais jamais?

- Evidemment, dit-il mais sans me regarder.

- Et tu peux le redire en me regardant dans les yeux?

La porte d'entrée claque à ce moment précis, interrompant la conversation.

- Naoki? Tu es là? Lance ma mère.

- On est là, rétorque ce dernier.

- J'ai vu la voiture, Riley? Qu'est-ce qui se passe?

- Si t'avais laissé ton portable allumé, tu le saurais, grondai-je.

- Ah zut j'ai oublié de le rallumer, bon et donc tu peux me dire ce qui se passse ?

- T'as qu'à lui demander, j'ai pas envie de te parler, grimacai-je.

- Quelle charmante humeur ma fille, bon Naoki, tu veux m'expliquer?

- Elle s'est foulée la cheville en allant au lycée ce matin, je l'ai emmené à l'hôpital, elle doit éviter de poser son pied au sol pendant quelques jours et ça ira vite mieux. Je suis allé chercher ce truc dans ta chambre, c'est pile à la bonne hauteur.

- Je vois, tu veux un café?

- Pourquoi pas.

- Riley, on va à la cuisine, tu as besoin de quelque chose?

- Non je regarde ma série.

- Ah au fait, j'arrivais pas à te joindre j'ai donc appeler Merick à son boulot pour le tenir informé et il a dû appeler le lycée maintenant.

- D'accord, merci.

- Y a pas de quoi, sourit Naoki en allant rejoindre ma mère.

Et depuis que la décision a été prise, l'infirmière et Clémentine se sont éclipsées me laissant seule avec Jun, avant je l'ignorai mais maintenant je peux pas et en plus je suis contrariée qu'il l'ait appelé lui, pour venir me chercher.

 - Tu vas m'ignorer jusqu'à ce qu'il arrive?

- ...

- Riley, tu veux pas qu'on discute un peu en attendant?

- ...

- Bon et bien dans ce cas tu vas m'écouter.

Il faut pas qu'il s'attende à ce que je lui fasse la conversation, je me sens assez mal à l'aise comme ça.

- Tu sais, je fais que penser à nous depuis l'autre jour. Je me disais qu'on aurait jamais du faire ça, maintenant tu ne veux même plus qu'on soit amis, je ne voulait pas ça. Si sortir avec toi voulait dire qu'en cas de rupture ce serait te perdre à jamais... Je l'aurai jamais fait. Maintenant je veux que tu puisses me pardonner, c'est tout ce que je souhaite. Parce que nos familles sont proches et je suis prof dans ton lycée ce qui veut dire qu'on est amené à se voir assez souvent, je ne veux pas que tu aies mal à chaque fois.

Chacune de ses paroles me fait l'effet d'un petit coup de poignard dans le coeur et je n'arrive plus a réprimer mes larmes silencieuses.

- Riley, je t'en prie, je veux pas te perdre.

- Je t'en supplie Jun, tais-toi, je peux pas entendre tout ça aujourd'hui, je n'ai pas la force, sanglotai-je.

- Riley? Excuse-moi je voulais pas...

- Il a fallu que tu l'appelles lui pour venir me chercher...

- Mais tu adores mon père, c'est toujours lui qu'on appelle quand tes parents sont indisponibles, qu'est-ce qui te prend?

- C'était avant ses mensonges, leurs mensonges, j'en peux plus, lâchai-je alors qu'on toque à la porte.

- Qui est-ce? Demande Junpei alors que j'essuie mes larmes autant que je le peux.

- C'est moi, entendis-je la voix de Naoki.

- Entre !

- Alors qu'est-ce qui se passe?

- Riley a fait une chute, Merick peut pas quitter son travail et Tori est injoignable donc on t'appelle au secours comme toujours, l'informe Jun.

- D'accord, Riley est-ce que ça va?

- J'ai mal, dis-je en essayant paraître normale et pas du tout au point d'éclater en sanglots.

- Ils ont dit que faire une radio serait plus prudent, tu peux t'en occuper?

- Biensûr, tu préviens ici?

- Oui, appelle moi quand vous saurez .

- Ca marche, Riley tu peux marcher?

- Non, soufflai-je, je suis arrivée ici sur le dos d'un ami.

- Bon donne moi son sac, je vais la porter ça sera plus sûr.

On a arpenté les couloirs sans croiser personne sauf un surveillant qui a bien compris qu'on allait à l'infirmerie et qui n'a rien retrouvé à dire. Juste de ne pas faire de bruit dans les couloirs.

- Ca va tu peux me laisser là, tu m'as déjà porté dans les couloirs et escaliers.

- Non non j'attends d'être sûre qu'on va s'occuper de toi.

- T'es vraiment gentil, dis-je alors qu'il s'avance jusqu'à la porte pour toquer.

- Oui ? Nous lance la voix de Clémentine.

- On a une chute ici, on peut entrer?? Dit-il.

- Biensûr, entrez.

A peine a-t-on passé la porte que je resserre instinctivement mes bras autour de Gwenaël, je m'attendais pas à ce que Junpei, soit là... Déjà que j'étais pas enchantée d'avoir à faire à Clémentine.

- Riley? S'étonne d'ailleurs celui-ci.

- Qu'est-ce qui se passe? Demande Clémentine.

- J'ai glissé et j'ai fait une chute seulement j'arrive pas à m'appuyer sur ma jambe.

- Tu peux aller la déposer là-bas?

- Biensûr.

- Tu peux aller en cours, on va s'occuper d'elle. Explique bien à ton professeur pourquoi tu es en retard et où elle est, lance Jun à l'intention de Gwenaël quand celui-ci m'a déposé.

- Tu veux que je le dise à tes potes? Me dit-il en ignorant Jun.

- Non ça t'obligerait à leur parler, riai-je, dis-le au prof il fera le boulot.

- D'accord, bon j'y vais.

- Et si tu dis à quiconque comment c'est arrivé je te le ferais payer.

- T'inquiète.

Il sort de la salle me laissant seule avec Jun et Clémentine. Celle-ci a appelé l'infirmière qui est revenu et a regardé elle-même mon genou et ma cheville d'un air ennuyé. Résultat je dois rentrer pour aujourd'hui ma cheville est sans doute foulée  quand au genou ca passera. Mais bon elle recommande une radio.

Et donc pour pouvoir rentrer, et sans mon téléphone, je l'ai laissé appelé mon père qui a dit ne pas pouvoir partir de son travail, ma mère était injoignable et Jun qui était resté là à appeler lui-même celui qui viendrait me chercher, au final.