J'ai voulu lui faire croire que c'était ça et je l'ai enlacé comme je le fais toujours. Mais en repensant à ce jour-là, j'ai l'impression que quelque chose est brisé. Et j'aime pas cette impression. Je ne veux pas ressentir ça. Pas à cause de lui, pas à cause de Naoki.

- Tu restes avec nous ?

- Non, je vais aller voir mes amis.

- Ah dommage.

- Vérifie que maman va bien, elle dit qu'elle a eu un vertige.

- D'accord. Bon et bien passe un bon après-midi.

Alors qu'il s'éloigne, les mots qu'il m'avait dit pour me consoler quand j'avais huit ans restent dans ma tête, impossible de les effacer. Je le sens et j'en ai mal au coeur. Comment ça a pu en arriver là? Comment celui que je considérais comme mon deuxième papa peut cacher quelque chose d'aussi énorme et agir comme si de rien était, je ne comprends pas.

" - Tu me laisseras pas toi hein? Je pourrais toujours venir chez toi?

- Biensûr, mais ne t'inquiète pas, ça se passera bien avec Malo, il est gentil non?

- Je veux pas qu'il me vole ma maman.

- Mais non t'inquiète pas, et puis moi je serais toujours de ton côté, quoi qu'il arrive.

- Toujours? C'est promis?

- C'est promis."

Et c'est vrai qu'il était toujours avec moi jusqu'ici, me supportant dans les décisions m'opposant à ma mère. Mais pourquoi je me sens si trahie. Pourquoi est-ce que je dois avoir si mal.

- Tout va bien? Demande-t-il en se retournant vers moi, tu fais une sale tête.

Sans lui répondre je sors de la maison, à la recherche de Jayden, j'ai besoin qu'il me change les idées avec ses pitreries comme lui seul peut le faire.

Même si j'étais pas enchantée, je suis allée vers la porte d'entrée derrière laquelle se tient Naoki, et j'ai un petit pincement au coeur. J'ai peur de ne plus jamais arriver à le regarder sans ressentir ce petit pincement maintenant.

- Bonjour, sourit-il.

- Salut, entre, maman est à la cuisine, dis-je sans même le regarder.

- Riley? Tu es fâchée après moi?

- Pourquoi tu dis ça? Lâchai-je en me mordillant la lèvre tout en lui tournant déjà le dos.

- Oh bien parce que tu n'agis jamais comme ça avec moi. Depuis quand tu ne m'embrasses plus quand on se voit?

- Je peux te poser une question?

- Dis-moi.

- Ca t'es déjà arrivé de trahir les gens que tu aimes?

- Non.

- Ah vraiment, rétorquai-je le coeur serré, et bien enseigne donc ça à ton fils, puisque c'est un sale petit cachotier, dis-je pour noyer le poisson.

- Je vois t'es fâchée avec Jun.

" - Nao!!

- Viens là, qu'est-ce qui t'arrive?

- C'est maman elle dit n'importe quoi.

- Et qu'est-ce qu'elle dit de si étrange ta maman?

- Elle a dit qu'il allait venir habiter avec nous, mais je veux pas moi.

- Allons, calme-toi. Qu'est-ce que tu reproches à Malo?

- Je lui reproche qu'il est toujours avec maman et que moi et Anthony non.

- Tu dis des bêtises petite fille.

- Je dis pas des bêtises."

Je la regarde dormir en me demandant comment j'ai fait pour céder une nouvelle fois. J'étais pourtant décidée à ne plus laisser Malo et sa famille interférer avec ma vie... A croire que je n'ai pas le choix. j'arrive pas à rester de marbre devant la bouille d'Elea.

- Bon, j'ai pas le choix, je dois laisser ma chambre le temps qu'elle dort, soupirai-je en cherchant ce que je pourrais faire pour passer le temps Mayu est chez sa grand-mère et j'ai pas spécialement envie qu'on me farcisse la tête avec la petite amie de Jun. Pourtant Noaki va arriver et je sais pas si j'arriverai à rester tranquille s'il vient et agit comme d'habitude.

Après un énième soupir, je sors de la chambre, laissant la porte ouverte. Où que j'aille ça sera à l'extérieur et avant qu'il n'arrive ce serait encore mieux...enfin c'est que je me disais mais mes espoirs de le faire avant son arrivée disparaissent au moment ou j'entends sonner à la porte.

- Maman, ayé Elea dort, je l'ai installée sur la banquette de ma chambre et j'ai laissé ouvert.

- Très bien, tu peux aller ouvrir? Lance-t-elle d'une voix qui attire mon attention.

- Maman? Ca va? M'inquiétai-je en m'arrêtant devant la cuisine.

- Rien de grave, je me suis levée trop vite, j'ai eu un petit vertige, mais ça va passer, va ouvrir s'il sonne une nouvelle fois j'ai peur qu'il réveille Elea.

- j'y vais mais tu es sûre que ça va ?

- Oui, je dors pas beaucoup dernièrement c'est tout.

- Moui.

- C'est tellement ridicule, j'y crois même pas, soufflai-je en regardant Elea qui me fixe maintenant sans rechigner, même si quelques larmes serpentent encore ses joues.

- Si toi tu râles, elle au moins elles est calmée.

- Est-ce qu'au moins je pourrais sortir après qu'elle dort, cèdai-je dans un long soupir.

- Biensûr, mais assure-toi qu'elle dort.

- Ouai ouai.

 - Bon je serais à la cuisine en attendant qu'il arrive.

- Qui arrive? Demandai-je.

- Naoki.

-Evidemment, me mordillai-je l'intérieur de la joue.

- Bon qu'est-ce que je vais faire de toi, hein? Je te mets dans mon lit et je fais comme d'habitude? Dis-je alors qu'elle s'accroche à moi. D'accord d'accord bon on va faire ça ici. Mais je te jure avec tes bêtises je vais finir par me faire remarquer. Qu'elle idée j'ai eu de donner mon truc à Malo moi, je suis vraiment débile.

Et comme je le faisais quand elle était encore un tout petit bébé, c'est en chantonnant que je l'ai apaisé et qu'elle s'est endormie contre moi. Ca marche donc encore, elle s'endort simplement avec un peu de musique, dans ce cas c'est ma voix mais j'avais dit à Malo, en esperant qu'il me laisse en paix, que je lui mettait de la musique, il semble que c'est ce qu'il fait encore.

- J'arrive même pas à te détester, petite chipie, quand tu fais ça. Dis-je en la prenant délicatement dans mes bras pour l'allonger sur la banquette, sans la réveiller, maintenant qu'elle est bien endormie, me voilà libérée.

Je me suis changée, mais suis restée dans ma chambre, même si j'ai entendu ma mère rentrer il y a un moment, j'ai pas envie qu'elle me reproche d'avoir laisser la gamine avec Sony au lieu de m'en occuper moi-même.

Mais aux pleurs qui se font entendre depuis quelques minutes, j'ai le sentiment que ma tranquilité ne va pas durer.

Je souris donc quand on vient toquer à ma porte, cette situation, je l'ai déjà vécu à plusieurs reprises.

- Qu'est-ce que tu veux? Demandai-je, sachant bien que c'est ma mère que voilà.

- J'ai besoin que tu m'aides.

- A faire quoi? Fis-je mine d'ignorer.

- Tu sais bien ce que je veux, dit-elle en entrant dans ma chambre avec Elea qui renifle, les yeux pleins de larmes.

- Maman je suis pas baby-sitter, combien de fois je vais te le dire?

- S'il-te-plaît, je n'arrive pas à l'endormir.

- Et alors? Ce qui marchait il y a six mois ne marchera sûrement pas aujourd'hui.

- Je veux que tu essaies, je ne sais plus quoi faire pour la calmer, elle arrête de pleurer seulement quand je la tiens dans mes bras, mais je peux pas faire ça tout le temps, et elle doit faire sa sieste.

- Pourquoi moi? Tu n'as qu'à sortir avec la poussette, il fait un super soleil ça lui fera du bien.

- Je peux pas, j'attends de la visite, dit-elle en me collant Elea dans les bras de force.

- Maman, soupirai-je, je vais pas m'occuper d'elle pendant que je sais pas qui vient, c'est quoi ton délire?

- Tu vois elle dit déjà plus rien, je te demande juste de l'endormir, rien de plus.

- Rahhh, pourquoi moi bon sang.

- Tu refuses de dire comment tu arrives à l'endormir, alors tu le fais, c'est tout.