Gwenaël avait proposé de ma raccompagner mais j'ai refusé, je voyais à son visage devenu livide qu'il n'allait pas bien, je voulais pas qu'il se préoccupe de moi en plus.

Alors je suis rentrée seule et arrivée à la maison, je me suis figée devant la porte d'entrée pour rassembler ce qu'il fallait de force pour mentir et être convaincante.

Une fois que je me suis considérée prête, je suis rentrée et j'ai rapidement entendnu des voix venant du salon. Sony, mon père et ma mère.

- Je suis rentrée! Dis-je en rejoignant le salon.

- Doucement, ta mère est au téléphone, me gronde rapidement mon père en me tournant le dos.

- Tu m'as fait peur, lance Sony, t'as disparue, j'ai rien compris.

- J'ai juste croisé quelqu'un du lycée, et j'ai discuté un moment. Désolée.

- Et avec Jun, ça ne va pas?

- Tu peux juste éviter de me parler de lui aujourd'hui? Je vais me laver, soupirai-je.

Je suis passée à côté de ma mère, ne devinant pas avec qui elle était au téléphone car elle écoutait plus qu'elle ne parlait.

- Il est où Anthony?

- Il prépare ses affaires pour demain, m'informe mon père avant que je n'entre dans ma chambre, cette fois je n'oublierai pas mon pyjama.

- Bon allez, tu peux le faire, me dis-je à moi-même en regardant les photos accrochées à mon mur. Le plus difficile sera sans doute de faire semblant, devant les autres. Parce que je ne peux pas dire ce qui s'est passé. Mëme si c'est douloureux, je vais devoir garder tout ça pour moi.

En nous éloignant j'ai séché mes larmes et j'ai tenté de reprendre mon calme, pour sortir mon téléphone, lire et ensuite répondre au texto que Sony m'a envoyé.

-"T'es où? Jun m'a dit qu'il avait pas réussi à te rattraper."

- "Excuse-moi, j'ai rencontré un ami, je te rejoins à la maison."

- Un ami? Sourit Gwenaël en lisant à l'envers.

- "Je préfère ça. Tu m'expliqueras?".

- "Oui rentre."

- Oui je lui mens pas, non?

- Si tu veux, mais on se connaît pas assez pour en venir là.

- Tu viens de me sauver la mise, c'est bien assez.

- Si tu le dis. Ah nan ça recommence, lâche-t-il enfermant les yeux.

- Qu'est-ce qu'il y a? Demandai-je, intriguée.

- Une migraine, grimace-t-il, j'ai l'habitude, il faut juste que ça passe.

- Tu ne fais rien pour te soulager?

- J'ai rien dans mes poches en tout cas, tout est chez moi.

- Je vais te laisser rentrer alors, ça va déjà mieux, excuse-moi d'avoir pris de ton temps.

- Je sais pas ce qui t'as mis dans cet état mais tu avais l'air bouleversé.

- Je l'étais, je le suis, soufflai-je, j'ai pas l'habitude de réagir comme ça, je suis désolée que tu m'aies vu comme ça.

- Si tu as peur que j'en parle, rassure-toi je ne le ferais pas.

- Merci. On garde ça entre nous alors tu veux bien?

- Oui.

- Pour en revenir au lycée, pourquoi tu ne m'as rien demandé? La prof m'a pourtant désignée pour t'aider.

- Je n'avais rien à demander, c'est tout,  hausse-t-il les épaules. Et tu es toujours entourée de plein de monde, c'est trop pour moi j'aime être seul la plupart du temps.

- C'est vrai qu'on se déplace en groupe, souriai-je, et bien n'hésite pas à m'appeler à part en cas de besoin.

- T'avais pas l'air enchantée de me servir de guide quand la prof te l'a dit.

- C'est vrai, admis-je, mais bon je t'en dois bien une alors n'hésite pas.

- C'est noté.

- Hey, est-ce que ça va? Me lance quelqu'un qui se rapproche de moi me faisant sursauter, désolé, je voulais pas te faire peur.

- J'ai besoin de rester seule là, dis-je sans prendre la peine de lever la tête pour voir qui c'était, même si la voix me semble familière.

- Je suis pas certain qu'ici soit le meilleur endroit, souffle-t-il en s'agenouilant, posant sa main sur mon épaule qui provoqua un nouveau sursaut.

- Et si je peux me permettre tu as l'air complètement perdue.

- Qu'est-ce que ça peut te faire?

- C'est pas mon genre de passer à côté de quelqu'un qui pleure et ne pas m'arrêter. Surtout si je la connais.

- Ah parce qu'on se conn...ait. Ecarquillai-je les yeux en levant la tête.

- Gwenaël?

- C'est moi. Riley c'est bien ça?

- Oui. Je t'ai pas entendu parler souvent en classe, je m'attendais pas à ce que tu sois du genre à porter secours.

- Ne le répète pas, sourit-il, bon qu'est-ce qui ne va pas? Tu peux te lever? Parce que le mec avec qui tu as dîné va plus tarder.

- Tu m'as vu?

- Oui je bosse à mi-temps là-bas. J'étais passé prendre mes horaires et je vous ai vu.

- Comment tu sais qu'il arrive? Je veux pas qu'il me voit comme ça.

- Parce que je le vois là-bas, il regarde son téléphone et donc ne te voit pas, mais ca va arriver.

- Merde non il faut pas qu'il me voit comme ça.

- Allez je t'aide, lâche-t-il en m'attrapant par les épaules pour m'aider à me relever.

- M...merci.

- C'est ton mec? Dit-il alors que mon portable se met à vibrer dans ma poche.

- Non, mon cousin, et je veux pas qu'il sache que j'ai pleuré, reniflai-je. Aide-moi.

- Alors éloignons-nous d'ici il va pas tarder à passer.

- Je ne veux pas de tes excuses, tu aurais dû me le dire au lieu de me laisser croire en nous. T'es vraiment minable.

- Je sais, et j'ai bien mérité cette baffe, dit-il sans se redresser après avoir fait un pas de recul avec l'effet de la claque.

- Comment tu peux rester aussi calme? Dis-je avant de remarquer qu'il pleurait.

- Je mérite que tu me détestes, j'espère juste que tu me pardonneras, avec le temps.

- Est-ce qu'au moins tu m'as aimé ne serait-ce qu'une journée? Qu'une minute?

- Oui. De tout mon coeur. Mais quand j'ai réalisé que ça devenait dangereux, ça a commencé à changé, et j'ai commencé à l'aimer, elle aussi.

- Alors à choisir, tu gardes la sécurité... D'accord, c'est noté, mais n'espère pas que je te pardonne. A partir d'aujourd'hui tu es un prof parmi d'autres et si tu as ne serait-ce qu'un peu de respect pour moi, tu m'éviteras au maximum.

- Merci de m'avoir écouté, souffle-t-il en tournant les talons. Je m'en veux vraiment de ce que je te fais, déteste-moi si ça peut te calmer. Pardon.

Il s'éloigne alors que je réalise petit à petit ce qui se passe. Ca fait deux mois qu'il me ment. Deux mois qu'il me dit qu'il m'aime sans le penser, ou pas complètement en tout cas.

- Pourquoi?! Lancai-je avant qu'il ne puisse m'entendre. Pourquoi tu l'as emmené là aujourd'hui? Pourquoi?

- Elle voulait venir, et je n'ai pas réussi à la faire changer d'avis, lâche-t-il en se retournant, cet endroit c'était le nôtre, je ne voulais pas y venir avec elle. Puis il reprend son chemin me laissant les bras ballants complètement anéantie.

A bout de force, je finis par me laisser tomber sur le sol. Continuant à pleurer. Cette fois j'ai pas pu l'empêcher, et maintenant je n'arrive plus à m'arrêter. Ce que je viens d'entendre me fait l'effet d'une claque qu'il m'aurait mise. Et j'ai bien du mal à reprendre le dessus.

- Riley ! Attends-moi ! Crie-t-il en se lancant à ma poursuite.

- Laisse-moi tranquille ! J'ai pas envie d'entendre un mensonge de plus ce soir, je le supporterai pas.

- Riley !

- Attends, soupire-t-il, à bout de souffle en me rattrapant alors que j'arrivais au niveau du parc.

- Lâche-moi, crachai-je en tentant de me dégager, en vain.

- Pas avant que tu acceptes de m'écouter, je ne voulais pas te faire de mal, je te jure.

- Tu crois que rompre avec toi ne m'a pas fait de mal? T'es si insensible que ça?

- Non c'est pas ce que je voulais dire mais avec tes parents, si je t'avais parler de Clémentine, j'avais peur que ça soit pire.

- Et bien sois heureux, je l'ai appris par hasard et c'est encore pire. Tu aurais dû me le dire.

- Vas-tu m'écouter maintenant?

- T'écouter?! M'emportai-je réussissant à me libérer le bras et essuyer mes larmes.

- Quoi?! Tu crois que tu m'as pas assez fait de mal comme ça ? Tu veux en rajouter? Hurlai-je. Et bien vas-y, lâche-toi, et piétine moi bien le coeur je suis plus à ça près maintenant.

- Calme-toi déjà.

- Arrête je peux pas me calmer là. Alors crache-le ton venin qu'on en finisse une bonne fois pour toute.

- Tu te souviens, en juillet, je suis parti quinze jours avec une bande de potes? Et bien c'est à ce moment là que ça s'est passé. C'est une amie de la petite amie d'un de mes potes, enfin bref, résultat, on est sorti une semaine ensemble avant de rentrer, je pensais que ça s'arrêterai là, parce que j'allais te retrouver et mes doutes se seraient envolés. Mais quand on est rentré c'est chez elle qu'on se voyait, on sortait pas dans les endroits de d'habitude parce que je voulais pas que quelqu'un nous surprenne. Il fallait que je te parle avant. Et puis elle est partie tout le mois d'août et j'ai passé plus de temps avec toi sans trouver le courage de t'en parler. Quand elle est rentrée elle m'a dit qu'elle travaillerait dans le lycée et que donc je n'avais plus le choix, il fallait que je te parle. Je ne voulais pas t'avouer que je t'avais trompé alors j'ai invoqué une autre raison qui n'est pas fausse. Ce n'était juste pas la vérité entière.

- Pourquoi, déglutis-je en serrant les poings, pourquoi tu m'as trompé à la base? J'avais confiance en toi.

- J'avais des doutes à cause de notre âge et tout ça, et puis elle m'a dragué et je me suis laissé faire, c'était plus simple pour moi, j'ai pas pensé au mal que j'allais te faire au début, je suis vraiment désolé. J'ai été faible et je le sais.

- Je te déteste, me remis-je à pleurer tout en levant ma main pour le gifler de toutes mes forces sans qu'il ne recule pour l'éviter.