- Dis donc, c'est pas l'amabilité qui l'étouffe, c'est ton pote?

- Oui c'est lui, et je sais, bon viens.

- Je viens mais je comprends de moins en moins, t'es pas du genre à fréquenter des gens antipathiques comme ça.

- Il n'est pas antipatique. C'est juste qu'il n'aime pas spécialement faire des nouvelles rencontres. Bon allons-y, si tu veux que je t'explique.

- Autrement, dit-il en me suivant, pourquoi tu m'as demandé pour Mayu, il s'est passé quelque chose? Vous vous êtes disputées?

- Ah non pas du tout. J'ai juste une étrange impression quand je suis avec les autres en ce moment. Mais bon c'est le risque quand on s'absente souvent comme moi ces derniers temps.

- T'as manqué tant que ça?

- Il y a eu l'histoire de ma cheville là, le reste ça concerne ce dont je dois te parler.

- Je m'inquiète la.

- C'est fini maintenant mais oui j'ai passé un mauvais moment, soupirai-je, bon voilà c'est ma chambre pour quelques jours.

- Ok, et pourquoi tu es ici alors?

- J'avais besoin de tranquilité pour pouvoir faire ce que j'ai fait.

- Riley, va vraiment falloir que tu me dises ce que tu as fait, j'ai peur maintenant.

- En fait, commencai-je après que je me sois assise, prise d'une crampe.

- Attends, est-ce que ça va? T'as l'air d'avoir mal.

- C'est rien, ça va passer. Donc je disais. En fait, hier, j'ai subi un avortement.

- Pardon?! T'étais enceinte? De qui ? Pourquoi j'en savais rien? C'est quoi cette histoire?

- J'ai été imprudente une fois et voilà. J'avais trop honte pour en parler, je me suis débrouillée sans en parler à maman jusqu'à ce que le médecin me dise qu'elle devait savoir. Gwenaël, qui savait tout pour une raison que je m'explique même pas, m'a aidé et a proposé que je vienne ici, voilà. C'est tout.

- C'est tout? Tu aurais pu me parler, tu me fais confiance non? Je suis majeur en plus j'aurai peut-être pu t'aider.

- Pardon, je ne voulais inquiéter personne, c'est mon erreur je voulais la régler moi-même. Maintennat c'est fini. J'ai raté l'école à case de ça, j'y retourne demain.

- J'en reviens pas, souffle-t-il. Qui est le père? Est-ce que c'est lui qui t'a dit d'avorter?

- Non non , protestai-je, il ne le sait même pas. Le père... c'est un enfoiré qui ne mérite même pas que je pense encore à lui.

- Comment tu vas maintenant? Dit-il en serrant les poings.

- Je me remets, t'inquiète pas. Ils sont gentils ici, mais je rentrerai bientôt à la maison.

- Je décide de te faire confiance aujourd'hui. Mais je t'en prie, repose-toi sur moi quand des galères comme ça t'arrivent, c'est fait pour ça la famille, les amis.

- Je suis désolée Sony, c'était franchement pas facile pour moi de traverser tout ça maintenant. Surtout avec ce qui se passe à la maison.

- J'avoue que la situation n'est pas propice avec ta mère qui est enceinte et en couple avec Naoki. La dernière fois qu'on est venu ton père était toujours à la maison.

- C'était déjà la galère, soupirai-je, ils voulaient juste faire comme si, pour mon anniversaire. Mais je m'en serais bien passé. Enfin bref.

- Bon je vais en venir à l'objet de ma visite maintenant que je sais pourquoi t'es ici.

- Dis-moi.

- Je suis censé rejoindre mon père et ta mère dans un resto, je me suis dis que j'allais t'y emmener, dit-il alors que des pleures, visiblement d'un enfant, se font entendre. Je me lève précipitemment pour aller voir d'où ça vient.

- Y a des gosses ici?

- Nina mais elle est grande et ça, ça ressemble plus à un tout petit dis-je en atteignant la porte où je constate rapidement celui qui émettait les cris.

Même s'il est à plat ventre, je devine qu'il s'agit du petit Henry qui a dû trébucher et se faire mal. Il pleurait à chaudes larmes alors que je l'ai aidé à se redresser pour qu'il plonge ses yeux gris inondés de larmes dans les miens.

- Bah alors, dis-je en le soulevant, faut pas te mettre à pleurer comme ça. Il se blotti contre moi dès qu'il en a la possibilité, passant ses bras autour de mon cou.

- C'est qui ce petit?? Me demande alors Sony en arrivant derrière moi.

- Le petit frère d'un ami, dis-je en calmant comme je le peux Henry.

- Il a dû se faire mal s'il est tombé à plat ventre.

- Sûrement oui. Je me demande plutôt ce qu'il fait ici, son frère ne peut donc pas s'occuper de lui ? Soupirai-je en voyant le concerné débarqué en compagnie de Gwen.

- C'était donc ici qu'il se cachait, désolé qu'il t'ai dérangé, grimace Baptiste.

- Pourquoi il t'a fallu tout ce temps? Tu ne l'avais pas vu se diriger ici?

- Non, on discutait, il s'est éloigné sans qu'on s'en rende compte, se justifie-t-il.

- Il a dû trébucher, il était allongé face au sol quand je suis arrivée.

- Il doit être fatigué et a perdu l'équilibre, il n'a pas fait sa sieste.

- C'est pas sérieux, avec un petit comme ça, il faut respecter ses horaires.

- Je sais. Désolé. Mais il n'arrivait pas à s'endormir.

- Henry, tu veux rester avec moi un petit peu? Proposai-je en le redressant alors que ses joues sont encore pleines de larmes.

- Toi? S'étonne Gwen.

- Biensûr. Je vais pas le bouffer. Et s'il faut juste qu'il s'endorme, je pense que je peux gérer.

- Henry? Le relance Baptiste.

- Rester là ! Dit-il en se raccrochant un peu plus à moi

.

- Bon si ça te dérange pas, on doit finir de discuter, enchaîne Gwen.

- C'est quand même étonnant, hausse des épaules Baptiste, il veut rarement aller avec des gens qu'il ne connaît pas.

- C'est parce qu'il sent qu'elle aime les enfants, intervient Sony. Bon Riley, j'ai laissé sur le bureau l'endroit où on sera, tu peux nous y rejoindre plus tard.

- A plus tard Sony, désolée.

- On le fait fuir? Intervient Baptiste.

-  Faut dire que vous êtes vraiment malpolis.

- C'est qui d'ailleurs?

- Son cousin, l'informe Gwen, bon on en a pas pour longtemps on te le confie.

Pourquoi je me suis mise dans cette situation, je ne le sais même pas, mais j'entre dans la chambre avec le petit qui me regarde de ses grands yeux. Se demandant sûrement lui aussi comment on en était arrivé là. Je ne tarde pas à essuyer ses grosses larmes pour l'inciter à sourire.

A le regarder plus longuement Henry baille beaucoup, ça ne sera pas difficile qu'il s'endorme. Et même si ça m'ennuie d'habitude, cette fois je vais m'asseoir avec lui dans mes bras, pour lui sourire doucement qu'il faut qu'il s'endorme. Mais il s'entête à lutter contre le sommeil alors et parce que je sais que ça peut faire son petit effet sur un enfant, je commence à chantonner.

Quelques paroles plus tard il sourit, fermant ses petits yeux mais sans s'endormir pour autant, car parfois il les rouvre, même si c'est difficilement.

- Dors, ne t'inquiète pas, ton frère viendra te récupérer quand il aura fini de discuter, glissai-je pour essayer de le faire céder pour de bon avant de me remettre à chantonner.

Il fini par lacher prise et s'abandonne enfin aux bras de Morphée. Pourtant je continue à le bercer, amusée par la petite bouille qu'il fait dans son sommeil.

Je suis contente au fond de pouvoir encore voir un enfant sans regret dans mes pensées. Bien au contraire, je sais que plus tard, quand ce sera le bon moment, j'en aurai un ou plusieurs avec l'homme qui me conviendra. Mais aujourd'hui et parce qu'il est encore trop tôt. C'était vraiment la bonne décision.

Ca fait maintenant un certain moment qu'il s'est endormi et à présent je le regarde simplement. Me demandant si sa santé est si fragile qu'on me l'a dit, jusqu'ici il me fait simplement penser à un enfant de trois ans tout à fait normal.

- Il dort? Me fait sursauter Baptiste en entrant dans la chambre.

- Oui, depuis un petit moment, vous avez fini de parler?

- Oui, désolé de te l'avoir imposé.

- Ca me dérange pas, il est gentil.

- C'est vrai. Je regrette vraiment de rater son évolution.

- Je comprends.

- Il est mignon, je ne comprends pas pourquoi Brandy le déteste autant.

- Tu veux savoir?

- J'aimerai bien oui.

- Elle est jalouse.

- Jalouse? De qui?

- D'Henry, comme tu peux le remarquer, il est blond et même si on peut l'accorder au fait que c'est encore un enfant et que la couleur peut changer, nous savons nous, qu'en réalité c'est la couleur de son père qui est blond comme les blés.

- Vous n'avez pas le même père ?

- Exactement, c'est pourquoi Brandy le déteste autant. Notre mère a eu une aventure. Même si notre père lui a pardonné et qu'il considèrait Henry comme le sien, elle ne l'accepte pas. Parce que quelque part, il a un père toujours en vie. Même s'il ne s'est toujours pas montré, ça pourrait arriver. Alors que nous, on a perdu nos deux parents pour de bons.

- C'était donc ça. Pauvre petit bout.

- On a la chance qu'il nous ressemble beaucoup plus qu'à son père pour l'instant.

- Tu connais son père? Il posera peut-être la question plus tard.

- Oui, j'étais assez grand pour prendre les renseignements, c'était un collègue de ma mère, je ferais les choses en temps voulu. Je vais le récupérer maintenant.

- Tu ne fais aucune différence toi? M'intriguai-je.

- Aucune .Je sais bien que ça n'allait pas très bien entre mes parents à l'époque. Et Henry n'a rien demandé. Ce serait injuste de le rejeter.

- C'est pour ça que ta grand-mère le garde?

- Elle a peur que son père revienne le reprendre, hausse-t-il les épaules. Mais bon bref, c'est une autre histoire, dit-il en le prenant doucement dans ses bras.

- Désolé si on a fait fuir ton cousin tout à l'heure, on avait une discussion très animée avec Gwen j'ai pas réalisé.

- Boarf, t'inquiète je lui expliquerai. Il se passe quoi entre vous?

- Rien. Rien qui t'intéresse.

- D'accord.

- T'étais censé le prendre et t'en aller, arrive Gwen visiblement énervé.

- J'y vais, souffle Baptiste, et crie pas tu vas le réveiller.

- Qu'est-ce qui se passe? Vous vous êtes disputés? Demandai-je, intriguée.