- Avant je dois répéter mon violon, maman a dit que je devais jouer au moins une heure tous les jours si Gwen est pas à la maison.

- Tu ne l'as pas fait?

- Je voulais jouer avec Taco un petit peu, mais je vais le faire sinon elle va me gronder, papa lui dira que j'ai rien fait.

Elle est sortie de la cuisine derrière moi en traînant les pieds.

- Tu n'aimes pas ça le violon?

- Si si. Mais j'aimerai bien que Gwen il m'écoute, il veut jamais.

- Je suis désolée.

- De toute façon c'est pas comme si je jouais très bien, dit-elle alors que je me dirige vers une bibliothèque à la recherche d'un livre que j'étais certaine avoir vu la veille.

- Je t'ai entendu l'autre jour, tu te débrouilles bien je trouve.

- Mouai, maman n'est pas d'accord.

- Tu deviendras meilleure au fur et à mesure, ne t'inquiète pas.

- J'espère.

J'avais trouvé le livre et j'hésitai entre aller dans la chambre ou l'écouter un peu jouer maintenant qu'elle avait commencé. Je me décidais d'attendre un peu avant de m'en aller, pour qu'elle ne joue pas pour elle seule. Son père n'avait pas émergé, peut-être qu'il ne l'entend pas. Ou simplement qu'il a l'habitude.

- Elle avait dû surprendre mon regard vers le bureau, t'inquiète pas, c'est pas lui qui s'occupe de mon violon c'est maman, lui il y connaît rien. Il m'entend assez pour pouvoir dire que j'ai travaillé.

- D'accord.

J'avais pas vu Gwen avant de me coucher, il y avait dans ma chambre les cours que j'avais raté quand j'y étais allée, il était donc repassé par la maison, et je l'avais à peine aperçu au réveil, il était parti avant moi, ne m'attendant même pas pour le chemin, je le suspectais évidemment de m'éviter. Je m'étais rendu au lycée à pieds pour rager en le voyant assis tranquillement dans sa voiture arrivée au niveau du parking. Je l'ai ingoré en rencontrant Mayu puis Tabatha sur le chemin. Je chercherais pourquoi il m'évite plus tard, pour l'instant et ce matin j'étais reboostée et j'avais deux objectifs à atteindre. J'y avais réfléchi toute la nuit, c'était ce que je devais faire pour me sentir enfin libérée.

Les cours se sont déroulés comme à  leur habitude, j'ai ris aux blagues vaseuses de mon cousin, je me suis moqué de Jay et de ses cheveux devenant réellement trop longs, j'ai papoté avec Mayu et Tabatha, comme si de rien était. J'avais menti, prétextant qu'il y avait eu un soucis avec ma mère et qu'il fallait que je reste avec elle. Un mensonge que ma mère avait bien voulu que je raconte et qu'elle confirmerai en cas de besoin. Je devais encore couvrir mes arrières au cas où les choses se passeraient pas tout à fait comme prévu. Puis à l'heure du déjeuner, on avait envoyé les garçons nous chercher quelque chose au McDo du coin, ne voulant pas manger à la cantine. Pour les attendre on discute entre filles, de tout mais surtout de rien, des banalités, mais surtout pas de musique ce qui, évidemment commence à m'agacer c'est pour cela que je vais finir par mettre les pieds dans le plat.

- Alors? Ca dit quoi? Jessy me remplace bien? Lancai-je. Attendant patiemment leurs réactions.

- Pourquoi tu dis ça tout à coup? S'étonne Mayu les yeux ronds.

- Oh, vous savez, je ne suis pas réellement stupide, vous pouvez pas vous passer de musique et je me suis absentée sans prévenir mardi, vous avez donc fait appel à lui, j'en suis certaine, hier aussi sûrement. Alors que je me demandais pourquoi aucun de mes amis n'avait appelé pour savoir si tout allait bien.

- Désolée, souffle Mayu en détournant le regard, on était occupé à répéter on a pas pensé à t'appeler.

- Je m'en fiche, après tout tu passes plus de temps avec Tabatha qu'avec moi non? Enfin c'est ce que tu dis.

- Pardon? Ecarquille-t-elle à nouveau les yeux.

- Oh, désolée, je ne vous ai pas dit. Hier, alors que vous discutiez de votre répétition, j'étais derrière vous.

- Je... T'es fâchée? Rougis Mayu, visiblement honteuse.

- Même pas, souriai-je, sincèrement, si vous vous rapprochez, grand bien vous fasse, si vous me remplacez au sein du groupe, tant pis pour moi.

- C'est que tu sembles ne plus vraiment être intéressée par le groupe, intervient Tabatha, ça n'a rien à voir avec toi ou ton amitié.

- C'est vrai que j'ai eu d'autres problèmes dernièrement, c'est vrai aussi que vous semblez jouer votre vie avec ce groupe, depuis peu, quelque chose que je ne peux pas comprendre apparemment.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant? Grimace Mayu.

- Oh... Ils se font vraiment pas chier les profs de nos jours, lâche Tabatha.

En suivant son regard, j'ai vu ce qu'elle voulait dire, et je tenais maintenant une occasion de remplir mon second objectif, même si je sais que ma conversation n'est pas encore terminée avec elles.

- Riley?  Qu'est-ce que tu veux faire? Relance Mayu.

- Pour l'instant, j'ai pris une décision. Ne plus servir de bouche trou. Donc et même si ça me fait mal, je vais quitter le groupe. Vous semblez bien content avec Jessy et il est plus disponible que moi. Ce sera mieux pour vous.

- T'es sûre? Mais et toi tu ne joueras plus? Avec tout ce que tu as galéré pour pouvoir le faire? Rétorque Mayu, assimilant ce que je dis.

- Peu importe haussai-je les épaules. Je vous laisse l'annoncer aux garçons quand ils arriveront. Je reviens. J'ai quelque chose à faire. Enfin si biensûr je peux toujours faire parti du cercle même sans le groupe.

- Biensûr mais... N'en revient pas Tabatha.

 - Mais rien à tout de suite, dis-je en m'éloignant.

Evidemment les larmes silencieuses qui coulaient maintenant sur les joues de Mayu ne m'étaient pas passées inaperçues même si elle détourne le regard. J'avais simplement décidé de l'ignorer, parce qu'après avoir tout lâché comme ça, il était trop tard pour revenir en arrière.

J'ai récupéré mon calme en montant les escaliers à la suite de Junpei et Clémentine, mon coeur s'était emballé après avoir parlé aux filles et il fallait que je sois sereine pour la conversation qui allait suivre. Sans toquer pour m'annoncer, j'ai ouvert la porte de la salle où je savais que j'allais les trouver.

Evidemment, ils étaient là. Je ne m'attendais pas à ce qu'ils soient en train de s'embrasser, dans une salle de cours. Mais peu importe, ça me consolidait dans mon envie de tout détruire dans son monde.

- Oh vraiment, je me demande ce que dirait le proviseur s'il savait ça, dis-je pour les faire sursauter et se détacher l'un de l'autre.

- Riley... Remarque le premier Jun avec une grimace.

- Ne dis rien, ajoute Clémentine, on serait renvoyés.

- Je dois te parler, tout de suite, continuai-je en dévisageant Jun, ignorant volontairement Clémentine.

- Je vous laisse, se presse alors Clémentine.

- Oh tu ne me dérange pas, tu peux très bien entendre ce que j'ai à lui dire.

- Qu'est-ce que tu veux? Fronce les sourcils Jun.

Elle jette un oeil à celui-ci avant de sortir et fermer la porte derrière elle, mais posté juste devant je remarque l'absence du clic indiquant qu'elle était totalement fermée, comme c'est amusant, elle réagi exactement comme je l'espèrais.

- Vraiment, elle aurait dû rester là, ce n'est plus ce que c'était les petites amies, levai-je les yeux au ciel.

- Riley?

- Comment va ton oeil? Apparemment il ne t'a pas assez amoché, dommage.

- Si tu veux que je m'excuse pour ce que j'ai dit...

- Oh non je sais très bien que tu vas t'excuser, mais tu sais quoi? J'en veux pas de tes excuses. Je suis pas venue ici pour te voir faire le faux-cul.

- Si tu as quelque chose à dire, tu ferais bien de le faire.

- Bien je vais le dire. D'abord, j'ai une question. Est-ce qu'elle se protège? Je veux dire elle prend la pillule? Vous utilisez des capotes?

- Pardon? T'es devenue folle ou quoi?

- Oh non, je voulais juste savoir si ça se reproduirai.

- Quoi donc?

- Que tu mettes enceinte quelqu'un.

- Pardon? Ecarquille-t-il les yeux.

- Oh oui, tu sais ce sont des choses qui arrivent avec des ordures comme toi, qui ne se protègent pas toujours.

J'étais réellement amusé, devant sa tête en décomposition, il semble qu'il commence à comprendre.

- Ah, tu as compris? Ca remonte à ce jour-là, tu sais à mon anniversaire quand tu t'es jeté sur moi alors que nous avions rompu.

- Impossible, déglutit-il en essayant de rester calme.

- Vraiment? Impossible? Pourtant mon test était bel et bien positif.

- Non...non tu ...non...

- N'est-ce pas magnifique? Toi qui voulais tant avoir des enfants.

- Je.. C'est...

- C'est ce que j'aurai dit, si tu n'avais pas été une telle ordure, maintenant je veux que tu comprennes. Mardi, dans la matinée, j'ai mis un terme à tout ça. Parce qu'avoir un enfant de toi, c'était vraiment pas possible. Pas après ce que tu m'as fait.

- Tu as avorté? Lâche-t-il dune voix à peine audible. Sans même m'en parler?

- Effectivement. Et pour que tu saches quand même pourquoi je n'ai rien dit, je te méprise au plus au point. Je ne sais pas pourquoi tu es devenu si con avec le temps, je préfèrais mon Jun avec qui j'ai grandi, celui dont j'étais éperdument amoureuse, pas cet enfoiré qui me dit des horreurs pareil.

- Je...Je suis désolé.

- J'en veux pas de tes excuses, c'est trop tard.

- Riley... tu ne peux pas me dire ça comme ça.

- Oh que si, maintenant j'espère que tu vas avoir mal, lâchai-je en tournant les talons.

Je suis sortie de la salle, voyant sans surprise, Clémentine adossée à un mur, visiblement secouée par ce qu'elle venait d'entendre. Je savais qu'elle serait là. Ce qui se passait entre Jun et moi devait la tracasser depuis quelques temps déjà.

 - C'est pas beau d'écouter aux portes.

- Ce n'est pas vrai n'est-ce pas? Souffle-t-elle.

- Quoi donc?

- Que tu as...

- Oh c'est bien tu as tout entendu, j'ai pas besoin de me répéter. Oui, c'est vrai. Parce qu'on couchait ensemble tu sais. J'étais avec lui avant. J'ai appris ton existence de la pire façon qui soit tu sais? J'espère que tu as mal autant que moi à ce moment-là.

- Tu dis ça comme si plus rien ne te touchait.

- Oh et bien, soupirai-je, je rumine depuis quelques temps et je pense que j'ai emmagasiné assez de haine contre lui et contre toi pour vous affronter sans vasciller.

- Tu es tellement en colère?

- J'ai passé les semaines les plus cruelles de ma vie depuis la rentrée, alors oui je suis très en colère. Maintenant si tu veux bien m'excuser,dis-je avant de m'éclipser pour rejoindre les autres. Ravie de mon petit effet, j'étais souriante en rejoignant les autres j'avais décidé hier en passant la journée avec ma mère, Sony et Cory, qu'on me marcherait plus dessus. La première étape venait d'être accomplie.