Moi qui pensait pouvoir lui tirer les vers du nez, il a fallu qu'elle choisisse ce moment pour rentrer, c'est vraiment pas de chance. Je les observe du coin de l'oeil s'échanger un regard qui pourrait paraître normal mais quand je sais ce que je sais, je vois tout ce qu'ils font comme bourrés de sous-entendus.

- Appelle-moi si tu veux te déplacer, lance Naoki, je t'aiderai.

- Oui oui, soupirai-je.

Ma mère jette un regard vers moi par dessus son épaule. je sais qu'elle comprend pas pourquoi je parle comme ça avec lui, mais j'arrive pas à m'en empêcher.

Il se passe à peine dix minutes avant que la porte d'entrée ne claque à nouveau ce qui m'intrigue aussitôt, peu de gens entre sans sonner dans cette maison.

- Riley?? Entendis-je la voix de mon père.

- Papa? M'étonnai-je, surprise qu'il ait réussi à se libérer.

- Ah tu es là, est-ce que ça va?

- Oui, mais je croyais que tu pouvais pas te libérer.

- Je me suis débrouiller, je peux pas rester longtemps mais je voulais m'assurer que ça allait. Tu as réussi à joindre ta mère?

- Elle est rentrée y a pas longtemps, elle est à la cuisine avec Naoki.

- Je préfère ça, j'avais peur que tu sois toute seule à la maison.

- Non il est resté en attendant que maman rentre. Mais je suis fatiguée avec les cachets qu'ils m'ont donné, j'irai bien faire une petite sieste.

- Tu veux que je t'emmène?

- Si ça te dérange pas.

- Allez, viens là, sourit-il en me soulevant du canapé.

- Aïe, grimacai-je.

- Excuse-moi je t'ai fait mal?

- C'est pas grave, baillai-je.

- Et bien ça t'assome ces trucs, tu vas nous faire un bon gros dodo.

- Y a des chances.

- Bon voilà, tu as besoin de quelque chose d'autre?

- Non, je vais juste dormir un peu.

- D'accord, je vais aller discuter avec ta mère quelques minutes et je retourne au travail sinon j'aurai des ennuis. Par contre n'hésite surtout pas à m'appeler si tu as un problème.

- D'accord. Merci papa.

- Pourquoi?

- Pour avoir réussi à te libérer.

- J'aurai dû insister pour t'emmener moi-même à l'hôpital.

- Ca va, c'était Naoki, haussai-je les épaules, j'ai l'habitude.

- Oui, bon allez dors bien et à ce soir.

- A ce soir papa.

Je le regarde sortir de ma chambre et refermer la porte en me jetant ce regard, celui d'un père inquiet pour sa fille, ça fait longtemps que je ne lui avait pas vu, et je me sens brutalement ramenée à la réalité. Mon père, lui aussi vit sans doute avec autant de mensonges que ma mère.

Je fini par m'endormir, incapable de garder les yeux ouverts. Je suis complètement assomée. J'espère qu'à mon réveil j'aurai trouvé une solution pour ne pas passer l'anniversaire le plus pourri de ma vie.

Un bruit, que j'identifie très vite être la sonnette de la maison, me réveille à force d'insistance. J'émerge en baillant et je comprends vite que si on insiste autant c'est parce qu'il n'y a plus personne dans la maison.

- Si personne vient alors t'as qu'à t'en aller, soupirai-je alors que ça retentit encore une fois. Bon d'accord. Je me décide à y aller moi-même en marchant doucement pour ne pas trop m'appuyer sur mon pied ce qui fait atrocement mal quand même.

J'arrive tant bien que mal au salon ou je constate l'absence évidente de quiconque dans cette maison, même pas un mot, je suis censée ne pas bouger et on me laisse toute seule sans me prévenir c'est bien la peine.

Je fini par m'arrêter pour m'appuyer sur un mur et soulager ma cheville, alors que le visiteur ne cesse de sonner ce qui m'agace fortement.

- Riley ! Entendis-je de derrière la porte, ce qui me fait aussitôt tourner la tête dans cette direction. Pas complètement certaine d'avoir bien reconnu cette voix.

- Oh bah merde alors.

- Ouvre cette fichue porte.

- J'arrive, dis-je en y allant tout en grimacant à cause de la douleur que me procure ma cheville. Marcher dessus n'étant peut-être pas vraiment la chose à faire.

- Yo ! Sourit-il à peine la porte ouverte.

- Sato...

- Ca fait des lustres que je sonne à cette fichue porte.

- Sato...réptétai-je encore sous le choc de le voir devant ma porte.

- Oula t'as bugué ? Rit-il.

- C'est que... j'ai du mal à croire que c'est vraiment toi.

- Tu croyais pas que j'allais rater ton anniversaire quand même.

- T'es rentré pour...

- Evidemment je pensais te faire la surprise en venant te chercher au lycée mais Naoki est passé à la maison alors qu'on venait d'arriver et a parler de ton petit accident de ce matin à ma mère alors j'ai quitté la maison et je suis venu ici.

- Ca fait du bien de te voir, dis-je ne me jetant à son cou.

- Je t'ai manqué tant que ça?

- Biensûr la denrnière fois que je t'ai vu c'était à Noël.

- Tu m'as manqué aussi, souffle-t-il en reserrant ses bras autour de moi jusqu'à me soulever.

- Tu restes cette fois ou tu vas encore repartir?

- On reste que pour le week-end on rentre lundi matin.

- C'est trop court.

- J'ai pas le choix Saori reprend ses cours lundi après-midi.

- J'aimerais bien avoir plus de temps, soupirai-je avant de grimacer alors qu'il me repose au sol.

- Qu'est-ce qu'il y a?

- Ma cheville, j'aurai pas dû m'appuyer dessus, ça fait mal.

A peine ma phrase fini que je me retrouve dans ses bras.

- Désolé.

- C'est pas grave, je veux bien avoir mal au moins je ne t'ai pas raté.

- J'en suis ravi aussi, bon est-ce que tu as mangé?

- Non je m'étais endormie.

- Moi non plus alors viens on va grignoter un truc.

- Je veux bien.

- J'avais raison ! Déclare Satoru en revenant à la cuisine un peu plus tard. Quelqu'un avait sonné alors qu'on venait de finir de manger et il est allé ouvrir pour m'épargner.

- Ah?

- Maman me demande de rentrer, elle est venue me chercher.

- Déjà... Mais tu m'avais promis qu'on passerait du temps ensemble ce week-end.

- J'ai pas le choix aujourd'hui, mais je serais tout à toi demain, c'est promis.

- Moui, soupirai-je, vraiment déçue que sa fichue soeur vienne une nouvelle fois nous interrompre.

- Allez arrête de bouder.

- D'accord mais demain tu as intérêt à être là, haussai-je les épaules avant de voir rappliquer Saori juste derrière lui.

Satoru et Saori, aussi oppposés que peuvent l'être deux personnes, malgré le fait qu'ils soient jumeaux. Ils s'entendent bien mais moi je m'entends avec Satoru alors que moins je vois Saori et mieux je me porte.

Ils sont les enfants de Natsumi, la soeur de Naoki. Ils sont partis vivre tous les deux à des centaines de kilomètres à cause de l'école de danse de Saori. Satoru ne fait que l'y accompagner puisqu'il travaille et qu'il pourrait le faire n'importe où et c'est peut-être bien ce qui m'énerve le plus, qu'elle me l'ait enlevé.

- Salut Riley, lance-t-elle.

- Salut.

- Comment tu vas depuis le temps.

- Très bien, à part ma cheville, mais ça tu dois le savoir.

- En effet.

- C'est toi ou ta mère qui veut qu'il rentre?

- Arrête c'est maman, il a couru ici dès qu'il a pu. Proteste aussitôt Saori.

- Stop vous deux. Riley je suis désolé on est arrivé aujourd'hui et on a pas vu maman depuis deux semaines.

- Et bien rentrez.

- On a un repas avec Jun ce soir, tu veux qu'on lui donne un message pour toi? Propose Satoru.

- Non.

- Tu m'étonnes, d'habitude t'as toujours quelque chose à lui dire.

- Là, j'ai juste envie de lui dire d'aller rôtir en enfer mais t'as pas besoin de lui donner le message, je suis certaine qu'il le sait.

- Je vois, vous vous êtes disputés, sourit-il.