Je suis un peu surprise du calme qu'elle a. Je sais qu'à sa place, ma mère serait paniquée, impatiente de savoir ce que dit le médecin. Alors qu'elle, elle a laissé son mari y aller tout seul. Ca me paraît bizarre où alors elle sait ou se doute de ce qui se passe.

Je regarde la petite fille qui dort en me demandant si elle sait où elle sera à son réveil. Instinctivement je regarde l'heure sur mon portable et remarque l'arrivée de quelques textos. Je suis née à deux heures et demi il y a dix sept ans. Je viens donc de recevoir des messages de mes deux meilleurs amis, à l'heure exacte.

Je range mon téléphone dans ma poche, je répondrais dans la matinée, ils ont pas besoin de savoir que je suis encore réveillée à cette heure-ci. Puis en face de moi la porte s'ouvre à nouveau laissant apparaître un homme cette fois, et que je reconnais sans mal.

Et pour cause, il s'agit de monsieur Griffins, le proviseur du lycée. Gwenaël m'a donc dit la vérité avant de perdre connaissance. Ceci explique cela.

- Bonsoir, une amie de mon fils? Dit-il en arrivant à mon niveau.

- Bonsoir, oui, j'étais avec lui quand il a perdu connaissance.

- Je vois, c'est donc vous, et bien merci vous avez été d'une grande aide.

- Ce n'est rien.

Il sourit une dernière fois avant de disparaître à son tour dans la chambre, me laissant seule avec mes baillements. La fatigue commence sévèrement à se faire sentir.

Quelques minutes plus tard, la fillette émerge en se redressant avant de se frotter les yeux, même pas surprise de l'endroit où elle se trouve.

- Tu sais où tu es? M'aventurai-je.

- A l'hôpital, baille-t-elle.

- Tu n'as pas l'air étonné.

- Maman m'a réveillé pour dire de mettre un pantalon avant qu'on sorte de la maison, alors je le sais. T'es qui toi? Tu connais mon grand frère?

- Oui, je m'appelle Riley, je vais au lycée avec lui.

- Ah c'est bien. Ils sont où papa et maman?

- Dans la chambre avec ton frère.

- D'accord, hausse-t-elle les épaules.

 - Et toi tu t'appelles comment?

- Nina.

- Enchantée Nina, tu n'es pas trop fatiguée?

- Un peu, mais c'est pas grave, je veux pas rester à la maison si mon frère est là.

- Je comprends.

- Ah j'ai soif, déclare-t-elle en se jetant sur ses pieds pour aller directement au distributeur.

Je la vois insérer une pièce qu'elle a extirper de sa poche, comme si elle avait l'habitude de le faire.

- Comment tu sais ça?

- De quoi?

- Que tu avais des pièces pour mettre là-dedans.

- J'ai l'habitude, sourit-elle en récupérant sa boisson tombée. Maman me glisse toujours des pièces dans ma poche quand je dois attendre.

Je reste bouche bée devant cette fillette haute comme trois pommes et qui semble déjà avoir l'habitude des hôpitaux... ce qui m'inquiète d'autant plus, est-ce que c'est de la faute de son frère qu'elle a l'habitude?

- Nina, est-ce que tu t'inquiètes pour Gwenaël?

- Non, je suis sûre que c'est rien, il est costaud mon grand frère, dit-elle entre deux gorgées.

- Dis-moi tu as quel âge? Finis-je par lui demandé, estomaquée par son attitude.

- Sept ans, sourit-elle, et toi?

- Dix-sept ans, aujourd'hui, soufflai-je alors que la porte de la chambre s'ouvre à nouveau.

- Ah Nina tu es réveillée.

- Oui, j'ai discuté avec elle, tu sais que c'est une copine de Gwenaël maman? Elle va à l'école avec lui.

- Et bien tu es bien renseignée dis-moi.

- J'ai pensé qu'il fallait la distraire alors j'ai discuté un peu avec elle, informai-je.

- Merci, Riley c'est ça?

- Euh...oui, excusez-moi je me suis pas présentée tout à l'heure.

- Ce n'est pas grave. Gwenaël avait peur que vous soyez partie avant son réveil, il vous demande.

- Je peux y aller?

- Biensûr, allez-y, quand la personne qui vient vous chercher sera là je lui dirais de venir vous chercher.

- Merci.

- Où tu vas papa?

- Vérifier quelque chose, reste avec ta maman.

- D'accord.

- Nina, tu veux manger quelque chose aussi? Maman mangerait bien un morceau. Lui propose celle-ci alors que je me suis levée en grimacant, ma cheville se réveille tout à coup.

- Oh oui alors.

J'entre dans la chambre en essayant de ne pas trop boïter ce qui est plutôt difficile.

- Et bien toi tu peux te dire que tu m'as fait une grosse frayeur, lancai-je en croisant le regard de Gwenaël.

- Vas-y entre et ferme la porte.

- D'accord mais tu vas bien?

- Oui ça va, c'est passé, désolé de t'avoir fait peur.

- Tu peux me dire ce que tu as ?

- Si ça peut te rassurer, oui.

- J'ai peur quand je remarque que ta petite soeur n'est pas surprise d'être dans un hôpital en pleine nuit. Comme si c'était une habitude.

- J'irai pas jusque là, Nina est très débrouillarde, mais c'est pas la première fois c'est vrai.

- Qu'est-ce que tu as?

- Une légère anémie, et j'accumule la fatigue, j'ai donc perdu connaissance, désolé. Mais heureusement que j'étais pas seul quand c'est arrivé, j'aurai eu l'air bête.

- Rien de grave alors?

- Non, du repos, et c'est reparti, je vais passer la nuit avec une intraveineuse et on en parle plus.

- Je préfère ça, soupirai-je de soulagement.

- Je t'ai vraiment fait peur on dirait.

- Et bien oui, tu parlais et boum d'un coup tu t'écroules sur moi.

- Oh oui d'ailleurs excuse-moi pour ça.

- Sans ma cheville j'aurai peut-être pu éviter la chute mais là.

- D'ailleurs assieds-toi, tu as bien quelques minutes.

- Je suppose, mais on va pas tarder à venir me chercher je pense j'ai crié l'alerte il y a un moment.

- Tes parents?

- Non, mais on en reparlera une autre fois, je suis bien contente que tu n'aies rien de grave.

Il sourit alors que je m'installe avec soulagement sur une chaise.

- Ca t'ennuie pas que j'ai attendu d'avoir de tes nouvelles? Je me sentais pas de rentrer sans savoir.

- Au contraire, quand ma mère m'a dit qu'une jeune fille attendait j'étais rassuré, j'ai pu te dire que ça allait, par contre il est tard non? Tu vas pas avoir des ennuis?

- Là, tout de suite, je m'en fiche.

- Tu sais que tu m'intrigues? T'as toujours l'air ennuyé par quelque chose.

- On va dire que c'est pas la meilleure période de ma vie, mais ça finira par passer.

- Je vais manquer les cours aujourd'hui, hausse-t-il les épaules.

- On sera deux, dis-je alors qu'on toque à la porte.

- Entrez ! Autorise-t-il le visiteur à entrer.

- Ah, je doute que ça soit pour moi, ça, sourit-il en m'indiquant de regarder vers la porten ce que je fis aussitôt.

- Ah oui c'est pour moi.

- Tu vas devoir y aller alors?

- Oui.

- Excusez-moi de déranger, fit Naoki en entrant dans la chambre, on m'a dit de venir ici.

- Je sais, soupirai-je en me levant.

Je le vois froncer des sourcils alors que je grimace de douleur.

- Riley, fais attention à ta cheville.

- Riley, m'interpelle Gwenaël alors que j'étais déjà prête à y aller.

- Oui?

- Non rien, rentre bien.

- Et toi repose toi bien.

- Je suis surpris que tu m'aies appelé, ta mère m'a parlé de ce qui s'est passé tout à l'heure, tu ne m'en veux pas? Lâche Naoki alors que je le rejoins. D'un ton assez bas pour que je sois la seule à l'entendre.

- C'est bizarre hein? Mais le seul nom qui m'est venu c'est le tien. Je voulais pas appeler la maison.

- Je suis désolé Riley, je voulais pas que ça se passe comme ça.

- Je sais, dis-je avant de foncer me blottir dans ses bras.

- Doucement, souffle-t-il en me réceptionnant, est-ce que ça va?

- Non, dis-je les larmes aux yeux.

- Je te ramène tu dois faire une bonne nuit. On parlera de tout ça dans la journée.

- Je veux pas rentrer à la maison. Sony va attendre je veux pas le croiser.

- Tu veux venir à la maison?

J'hésite un instant alors que les larmes coulent toute seule et fini par hocher la tête.

- Très bien on y va. Désolé d'avoir été si long, dit-il en direction de Gwenaël.

- Ca ne fait rien, elle a pas l'air d'aller super bien, je suis rassuré que quelqu'un reste avec elle, rétorque alors celui-ci ce qui m'étonne un peu, alors que Naoki me hisse sur son dos. Bonne nuit Riley.

- Bonne nuit, repose toi bien, concluai-je alors qu'on sortait déjà.