- A te dire ! S'exclame-t-il en se relevant pour me faire face. Je vais aller voir Julien et Maria puisqu'ils ne reviennent pas finalement, du coup je me demandais si tu voulais m'accompagner.

- Tu pars quand?

- En soirée et je resterais quelques jours, je suis sûre qu'ils voudront que tu sois là.

- Oui j'aimerais venir mais c'est pas le moment, je veux déménager d'ici et si je pars ça prendra du retard. En plus j'ai quand même mon boulot même si c'est pas tous les jours.

- Tu ne peux pas prendre quelques jours?

- Non, j'ai vraiment envie de partir d'ici et de commencer quelque chose de nouveau. J'ai l'impression de devenir folle ici.

- D'accord, je comprends, on y retournera ensemble plus tard.

- Oui, dis-leur bien que je serais venue avec plaisir autrement.

- Je leur dirais. Ah merde au fait, ta mère m'a dit qu'elle sortait un moment qu'elle reviendrait qu'au milieu de l'après-midi et que tu devais t'occuper de lui, ajoute-t-il en montrant Arthur.

- T'es sérieux? Elle est partie comme ça en me le laissant, sans me demander si je pouvais le garder?

- Oui je t'assure, elle prenait son sac quand je suis entré et elle est sortie directement en me disant ça.

- Elle est pas gênée je vais devoir me coltiner Arthur alors que c'était pas prévu.

- Je peux rester avec vous un moment si tu veux, puisque je pars que ce soir.

- Je veux bien mais t'as vu ce temps? Je voulais sortir me promener.

- L'un n'empêche pas l'autre.

- Tu te vois balader le petit en poussette?

- Ça me dérange pas c'est pas une terreur ton frère, faut juste faire un saut chez moi pour que je me changer.

- Dans ce cas voilà ce qu'on va faire, tu vas rentrer chez toi, te changer, je vais nous faire quelque chose pour manger, tu reviens, on mange et on sort.

- Bonne idée. Mais il doit pas faire une sieste lui normalement?

- Il peut s'endormir dans sa poussette il a l'habitude.

- Bon on fait comme ça alors.

Mon après-midi fut plus divertissant que ma matinée, Arthur a été sage et j'ai donc pu profiter de ma balade et de la compagnie de Nolhann qui a très bien su me changer les idées. Quand nous sommes finalement rentrés il n'y avait toujours pas de traces de ma mère et j'ai donc continué à m'occuper d'Arthur le reste de la journée.

Nous voilà maintenant en début de soirée, on a dîné et il est en pyjama mais je l'ai gardé avec moi car je compte bien demander des comptes lorsqu'un des deux rentrera.

Il s'est sagement endormi sans rien dire, épuisé par sa journée dehors.

Je n'ose pas le laisser seul dans mon lit pour aller me changer donc j'attendrais que quelqu'un rentre, je suis plus à ça près maintenant.

- Lucy? Entendis-je mon père derrière la porte.

- Entre.

- Je me disais bien qu'il ne pouvait être qu'ici.

- Tu savais qu'elle me la collé dans les pattes sans que je comprenne?

- Elle m'a dit qu'il était avec toi, elle a dût partir voir quelqu'un de toute urgence.

- Elle me l'a même pas dit, elle aurait au moins pu m'avertir quand même.

- Elle n'a pas eu le temps j'imagine.

- Elle est où maintenant?

- Elle va rentrer que demain dans la soirée.

- Ah bon.

- Oui, ne cherche pas. Bon merci d'avoir pris soin de lui, je vais aller le coucher dans son lit.

- C'est normal c'est mon frère mais tu vas faire comment si elle n'est pas là demain?

- Je ne vais pas te le laisser de force, j'irai le déposer chez ta tante, elle a un rendez-vous mais Sarah doit rester garder sa soeur elle veillera sur lui pendant ce temps.

- Alors là même pas en rêve. Je préfère m'en occuper plutôt qu'il soit avec elle.

- Moi je veux bien mais tu devras t'en occuper dès qu'il se réveille et jusqu'à ce que je rentre ou au moins ta mère.

- Ok, soupirai-je, je m'occupe d'Arthur demain, je laisserai ma porte ouverte pour l'entendre.

- Merci, dit-il en attrapant Arthur qui remue un peu pour trouver sa place dans ses bras.

- Tu déménages bientôt apparemment, j'ai reçu un appel de ton futur propriétaire aujourd'hui.

- Oui, ça prend forme, c'est cool de ta part de m'aider dans la démarche.

- Je ne veux pas que tu ailles vivre dans un taudis pour sortir d'ici, soupire-t-il.

- D'ailleurs, je peux te poser une question?

- Tu n'es pas du genre à me demander avant de poser normalement mais vas-y, qu'est-ce qu'il y a?

- Pourquoi tu rentres aussi tard à la maison en ce moment? On dirait que tu fuis.

- C'est vraiment direct mais à ce que je sache tu n'es pas souvent à la maison toi non plus.

- Je doute qu'on ait les mêmes raisons... moi je fuis maman et son sale caractère.

- Oui et bien moi aussi, sourit-il, bon je vais le mettre au lit avant qu'il ne se réveille. Regarde-moi ça, il suce son pouce.

- Il le fait pas souvent.

- Juste quand il est très fatigué, Nicole faisait comme lui et moi avant eux, c'est drôle, dit-il d'air air nostalgique.

- Et moi? Lancai-je pour tenter une réaction.

- Non toi tu ne l'as jamais fait, enfin pas que je me souvienne, tu t'accrochais à ta peluche là, la plupart du temps, ajoute-t-il avant de tourner les talons.

- Ah oui mon canard, au fait tu te souviendrais pas de comment je l'ai eu par hasard?

- Tu t'en souviens pas?

- Non, pourquoi je devrais?

- C'est vrai que tu étais trop petite pour t'en rappeler, c'était un cadeau pour tes deux ans d'un ami, tu ne le quittes plus depuis qu'il te l'a donné.

- Oh... d'accord.

Étrange cette conversation, il semble épuisé et ne cherche pas à se dérober. Il y a l'air d'avoir de l'eau dans le gaz entre lui et ma mère. J'ai même failli lui parler de la conversation que j'ai entendu mais je me suis retenue, je veux pas lui dire que je sais, elle devra le savoir en premier.

Avoir passé la journée avec Nolhann a parler de la période que j'avais oublié et qui revient à présent m'empêche de dormir cette nuit car je me retrouve à repenser à Nicole aussi et à différentes étapes de nos vies... Des évènements que mon inconscient avait dû supprimer pour m'épargner.. Car maintenant j'en suis sûre, c'était de la haine qu'elle avait contre moi et peut-être bien du fait que nous n'avons pas le même père... Peut-être qu'elle le savait.

"- Tu vas où? Pourquoi t'es bien habillée?

- Papa et maman m'emmènent moi voir des amis à eux.

- Et moi alors?

- Toi tu restes ici, tata est venue pour te garder. Ils veulent pas d'une pouilleuse comme toi, na na nère.

- C'est pas juste, moi aussi je veux venir.

- Non toi tu restes là, je te l'ai déjà dit, tu sers à rien de toute façon.

- Pourquoi t'arrêtes pas de dire ça !

- Parce que c'est vrai ! Bon bah moi j'y vais, ciao boulet.

- C'est toi le boulet ! J'ai même pas besoin d'aller avec vous d'abord ! C'est toi qui sert à rien !

- Mamannn on peut y aller, je suis prête !

- C'est toujours pareil de toute façon..."

A bien y penser, c'était régulier cette mise à l'écart, et à l'époque je n'arrivais pas à comprendre, maintenant peut-être qu'ils avaient simplement honte que je sois là... Je suis sûrement le fruit d'un adultère ce qui expliquerait bien des choses.

Je me suis levée pour aller à la salle de bain et en revenant j'arrive pas à me décider à retourner me coucher, la tentation de me laisser envahir par mes souvenirs est très forte ce soir et je pense que ça peut me faire du bien.

En tout cas je sais que quand j'aurais déménagé je n'aurais plus à entendre le son de ce piano, celui auquel je n'avais pas le droit de toucher... Comme si je pouvais le casser... Mais non ça c'était le truc entre ma mère et Nicole... Encore quelque chose à laquelle moi je n'ai pas eu le droit.

"- T'es obligée de répéter à cette heure-ci? Je te signale que y en a qui veulent dormir ici.

- La seule que ça dérange ici c'est toi alors ce que tu peux dire je m'en tape royalement.

- Tu vas réveiller les parents.

- Je les ai prévenus ils ont mis des boules quies donc non.

- Tu fais ça juste pour m'embêter?

- A ton avis?

- T'es vraiment qu'une saloperie.

- Merci du compliment.

- Tu déménages quand d'ici au juste? Histoire que je sois tranquille et que je n'ai plus à te supporter.

- Ah t'en fais pas, je reste ici pendant la fac donc je ne suis pas prête de déménager, on va cohabiter encore un moment ça va me laisser de quoi m'amuser."

Malheureusement pour elle , son sort en a décidé autrement, sa mort a fait qu'elle a cessé de m'ennuyer. Même si ça ne m'a pas aidé avec ma relation par rapport aux autres et tout ça, elle en tout cas n'est plus là pour me pourrir la vie.