- Tu veux un café?

- Si ça t'ennuie pas.

- Non je vais m'en faire un aussi de toute façon. Tu es déjà allé à la police?

- Oui oui j'en reviens mais il fallait que j'aille quelque part le temps que tout soit remis en ordre.

- T'as bien fait de venir ici. Mais et ta copine au fait? Elle est pas avec toi?

- On a rompu.

- Ah mince le sort s'acharne sur toi.

- Je te le fais pas dire, tu prépares trois cafés? S'étonne-t-li.

- Eloys est là, l'informai-je me demandant d'ailleurs ce qu'il faisait.

- Ok, désolé je vous dérangeais peut-être.

- Non, intervient celui-ci en apparaissant complètement habillé. Ma soeur nous a réveillé avec le téléphone un peu avant toi. Salut.

- Salut.

- Alors Swann va pouvoir se passer de toi encore un peu?

- Désolé, soupire-t-il, elle me soutient que j'ai oublié un rendez-vous au médecin qui serait noté dans son bloc-note. Je vais donc allé vérifier.

- Quoi tu pars là? Sans même boire ton café? Boudai-je.

- Oui, je t'appelle un peu plus tard, tourne-t-il les talons.

- Ça c'est classe la vache, grimace Camden en s'asseyant, tu te fais chier à lui faire un café et même pas il le boit.

- C'est pas parce qu'il le veut, sa soeur lui fait la misère.

- Oui mais quand même.

- Bref, tu vas rester ici juste maintenant ou tu as besoin d'un toit pour quelques jours? Changeai-je de sujet.

- Deux jours si ça te dérange pas bien sûr sinon j'irai à l'hôtel. Je vais devoir refaire l'appartement et racheter ce qui me manque et tout ça.

- Pas de problème t'inquiète pas. Tu as besoin de quelque chose en particulier?

- Non je vais pas t'embêter trop longtemps de toute façon, je serais là surtout ce soir et pour la nuit c'est tout tu me verras même pas.

- J'ai rien dit. Je serais contente d'un peu de compagnie.

- T'en as eu là, ajoute-t-il d'un air entendu.

- Oh ça va c'est pas pareil, dis-je en me sentant devenir rouge.

- Je te taquine, je comprends bien, une maison vide c'est déprimant au bout d'un moment.

- Un peu, mais bon je fais avec.

Camden est resté avec moi une partie de la matinée et ensuite il est sorti pour arranger les problèmes avec son appartement, il en était venu à se dire qu'il en profiterait peut-être pour déménager dans un meilleur quartier. Du coup en fin de matinée j'ai eu Eddy qui m'a promis de passer dès qu'ils auraient déjeuner pour qu'on se fasse quelque chose ensemble avec sa copine. Donc je suis restée tranquillement à la maison afin de faire les truc comme la lessive et tout ça, vérifier la nourriture savoir si je devrais bientôt remplir le frigo, enfin tout les trucs que je prends jamais le temps de faire.

Je passais donc une journée normale et de bonne humeur jusqu'à ce que je décide d'aller faire ma digestion dans le jardin tranquillement en surfant sur internet et que j'écarquille les yeux sur un mail que je venais de recevoir.

" Cherche pas tu sauras pas qui je suis. J'ai en ma possession quelque chose de très intéressant te concernant. Ceci n'est pas une arnaque ou quelque chose d'autre, juste un avertissement. J'ai en ma possession une vidéo et des photos super intéressantes de toi, je pense que tu sais parfaitement de quoi je parle. Nicole m'en avait parlé et tu sais quoi ? Je suis quelqu'un de gentil je te préviens, elles seront publiées ce soir. Je serais toi je quitterais la région. Parce que celles là ce sera qu'un début de ton enfer. Tu mérites de crever pétasse, ton existence n'est qu'une erreur. Tu dois t'en rendre compte tu n'as jamais compté plus qu'une mouche pour ta famille, et t'inquiète pas, c'est le cas pour tous ceux que tu croises, tu sers à rien, tu n'es qu'une nuisance. C'est franchement honteux de vivre à ta place en sachant ça. Si tu veux que je te dise..."

J'ai refermé mon ordi en claquant le clapet, j'en pouvais plus, j'étais sous le choc, je pouvais pas continuer à lire, j'avais le souffle coupé. Même morte elle va continuer à me pourrir la vie.

Il m'était impossible de bouger, la douleur qui commençait à monter me paralysait, je savais que c'était pas bon, je devais essayer de me contrôler mais j'y arrivais pas. Je repassais en boucle des images de Nicole et de son sale sourire à la con.

- Lucy !! Me fait-on sursauter, je ne bouge pas, j'ai reconnu la voix. Je l'aurai presque oublié avec tout ça. Mais merde qu'est-ce qui t'arrive? Ça fait dix minutes qu'on sonne, je commençai à m'inquiéter. Lucy?

- Daisy ! Elle est là ! Viens ! Quelque chose n'a pas l'air d'aller. Lucy, tu m'entends?

- Oui, soupirai-je la gorge nouée.

- Qu'est-ce qui t'arrive?

- J'arrive plus...bouger, dis-je avec difficulté.

- Qu'est-ce qui se passe? Lui demande une blonde en arrivant derrière lui.

- J'en sais rien, elle bouge pas.

- Elle a l'air sous le choc de quelque chose si tu veux mon avis.

- Lucy, tu me fais peur là, qu'est-ce que t'as?

Je pose ma main sur mon ordi d'un geste lent, toute mon énergie s'était volatilisée.

- Ok, je crois que j'ai pigé. Prends son ordi, regarde si tu vois un truc qui pourrais expliquer son état.

- Qu'est-ce que tu vas faire?

- Déjà on va rentrer, je pense qu'on va devoir appeler un médecin.

- Soya, laissai-je échapper.

- Quoi? Me demande-t-il en se baissant pour que je lui parle à l'oreille.

- Docteur Soya, hôpital, il saura.

- D'accord j'ai compris, on doit y aller?

J'hoche la tête complètement à bout, plus aucune énergie.

- Ok, on va y aller, mais essaie de te calmer, tu me fais vraiment peur là.

- Désolée.

- Désolée? T'es folle? De quoi? Allez j'imagine que tu vas pas pouvoir te lever.

- Non.

- Je vais fermer la maison les clés étaient sur la porte, on se retrouve à la voiture directement? Propose Daisy.

- Oui.

- Bon allez on y va. Je dois appeler quelqu'un?

- Non.

- Ton copain au moins?

- Non.

- Pourquoi?

- S'il te plaît.

- Ok ok, comme tu voudras mais on y va, je t'emmène.

- Merci.

- T'es blanche, tu vas pas me tomber dans les pommes quand même?

- Ça pourrait arriver, ça fait mal, grimaçai-je.

- Bon d'accord au cas où, je t'emmène voir le docteur Soya et je lui dis que je t'ai trouvé comme ça.

- Oui.

- C'est gentil mais tu as ton rendez-vous dans une demi-heure, tu devrais y aller. Entendis-je en reprenant doucement conscience. Je ne sais pas quand je suis tombée dans les pommes mais c'est visiblement arrivé.

- Je veux être sûre qu'elle ira bien en se réveillant, rétorque une voix dont je ne suis pas familière mais qu'il me semble avoir déjà entendu avant mon malaise.

- Eddy? Dis-je d'une voix encore lointaine.

- Ah te revoilà, tu m'as fichu une de ces trouilles.

- Désolée. J'étais inconsciente combien de temps? Demandai-je en me redressant doucement.

- Presque toute l'après-midi. Comment tu te sens?

- Fatiguée. Mais ça va.

- Tu sais ce qui t'es arrivée? Me demande Daisy.

- Trop plein d'émotion j'ai pas su gérer, douleur, évanouissement, j'ai l'habitude. Enchantée, ajoutai-je, désolée que notre rencontre se passe ainsi.

- Ça fait rien, sourit-elle, on aura le temps, je suis contente que ça ne soit rien de grave, on a eu très peur.

- Sérieusement, reprend Eddy. Ça t'arrive souvent? Ton médecin n'avait pas l'air surpris quand je t'ai amené.

- Dernièrement oui c'est régulier, mais pas tant que ça normalement. C'est juste que trop de trucs arrivent en même temps j'arrive pas à contrôler. Bref, je peux rentrer maintenant.

- Non, désolé mais pas aujourd'hui, il veut te garder pour la nuit.

- Oh non je veux pas, levai-je les yeux au ciel, ils vont finir par savoir que je suis là.

- D'ailleurs pourquoi tu veux prévenir personne?

- Mes parents sont avec ton père je te rappelle et puis ils s'en foutent de toute façon, ils ont aucune idée que je fais des malaises régulièrement.

- Ton copain?

- Il est assez préoccupé par sa sœur en ce moment, soufflai-je, je veux pas en rajouter.

- T'as vraiment personne à appeler? Je pense qu'on serait rassuré tous les deux en fait.

- Oh, j'y pense vous êtes pas resté ici toute l'après-midi à cause de moi j'espère.

- C'est pas le moment de te préoccuper de ça, tu dois parler de ça à quelqu'un pour que tu sois pas toute seule.

- D'accord, vous avez raison, admis-je, promis j'appelle quelqu'un après.

- Pourquoi pas ton ami Nolhann? Nous interrompt la voix que je connais si bien du docteur Soya.

- Ça vous arrive souvent d'écouter aux portes? Grimacai-je.

- J'ai juste entendu la fin quand j'allais entrer, tes amis ont raison, je te l'ai dit plusieurs fois tu dois en parler.

- Ça va j'ai compris oui je vais appeler Nolhann il sait déjà de toute façon.

- Parfait.

- Il parait que je reste là pour la nuit? Pourquoi?

- C'était très fort cette fois, il parait que tu ne bougeais plus du tout quand ils t'ont trouvé.

- C'était comme si j'étais vidée de toute ma force, acquiesçai-je.

- J'ai lu, intervient Eddy, c'est ce mail qui t'a mis dans cet état?

- Apparemment.

- Tu sais de qui c'est?

- Non. Mais prête à parier que c'est passé par Sarah-Jane, si ça tombe le coup de l'ordi c'est pour ça.

- Je comprends pas tout mais je sais qui est Sarah Jane, c'est ta cousine machiavélique, c'est ça?

- Oui.

- Elle mériterait d'être bouffé par des lions, ajoute Daisy.

- Ça je sais, mais bon comme on dit la famille on peut pas la choisir.

- Eddy, intervient Daisy, je vais y aller, à ce rendez-vous. Désolée Lucy, à parler j'avais pas vu l'heure, j'ai un truc à faire.

- Ah non je comprends ne t'inquiète pas, c'est gentil en tout cas d'être restée avec moi.

- Y a pas de quoi, je reviendrais demain.

- Tu trouveras toute seule avec ton sens de l'orientation pourri?

- Je vais prendre un taxi ça sera plus sûr.

- Va avec elle, intervins-je.

- T'as cru que j'allais te laisser toute seule?

- Tu sais je vais appeler mon ami et sûrement dormir ensuite alors tu peux aussi bien aller avec Daisy.

- Jure que tu va téléphoner alors.

- Promis. Dès que vous partez j'appelle Nolhann et je le préviens.

- Cool. J'y vais alors. Mais on vient demain.

- Oui, et merci hein, sans vous je serais dans mon jardin à l'heure qu'il est.

- T'inquiète.