- Ca va?

- J'ai encore un peu de mal à marcher longtemps, m'avoue ma soeur, mais ils ont dit que ça irait de mieux en mieux, m'informe-t-elle.

- On doit passer à la pharmacie et faire quelques courses, votre mère attend dans la voiture, tu peux t'occuper de ta soeur?

- Evidemment.

- Mais il ont dit quoi?

- On t'en parlera plus tard. Mais ça va.

Il dit ça mais ce qu'il émane de lui me montre qu'il ressent tout autre chose, je fronce aussitôt les sourcils, ce qui ne passe pas inaperçu.

- Tu n'as pas encore assez travaillé, sourit doucement Macy, il ressent quoi? Il a peur de je parie, maman n'a rien dit de tout le trajet.

- Il s'inquiète, rétorquai-je simplement.

- Si ça ménerve ça, soupire mon père. Oui je m'inquiète mais tout ira bien, conclut-il.

- Je voulais que tu viennes me chercher, souffle Macy en venant dans mes bras.

- J'aurai bien aimé, mais ils ont pas voulu.

- Ils ont passé une demi-heure dans le bureau du médecin, j'ai peur, chuchote-t-elle dans mon oreille.

- Bon moi  j'y vais, elle doit se reposer n'oublie pas, ajoute-t-mon père avant de sortir.

- Arrête d'avoir peur. Ca va aller.

- J'espère. Qui est là? Dit-elle tout à coup.

- Stan et Dylan, ils sont venus squatter.

- Je veux leur dire bonjour mais après aide moi à monter d'accord?

- D'accord mais tu veux déjà retourner dans ta chambre? Ils sont venus te voir aussi.

- Désolée mais ce qu'ils m'ont donné ce matin ça m'a assomé, ça ira mieux demain.

- Ok, et bien viens.

- Dylan, Stan, salut, lance Macy.

- Salut, rétorque le premier Dyaln aussitôt imité par Stan.

- Elle va pas rester longtemps, les informai-je, je vais l'aider à monter dans sa chambre.

- On comprend t'inquiète mais tu as appelé Léa? Parce qu'elle voulait même pas aller en cours pour venir ici aussi.

- Je l'ai appelé dans la voiture, elle passera demain après les cours.

- Elle va me maudire que je t'ai vu avant elle, rit Dylan.

- Comment tu te sens? Intervient Stan.

- Ca va vous inquiétez pas.

- Vous m'en voulez pas ? J'ai envie de m'allonger.

- Oui vas-y repose toi bien.

- On repassera te voir plus tard dans la semaine.

- Pas de problème.

- Allez monte, dis-je en me mettant devant elle pour qu'elle grimpe sur mon dos.

- C'est bon tu peux me laisser là, mais tu sais que j'aurai pu marcher, t'étais pas obligé de me porter.

- C'est plus rapide comme ça.

- Si tu le dis, au fait, t'arrive à t'isoler un peu avec les émotions?

- Légèrement, je ressens encore sans le vouloir les émotions fortes, comme papa tout à l'heure et toi maintenant mais j'ai réussi à éviter les mecs.

- C'est bien tu fais des progrès.

- Il a bien fallu que j'y travaille, l'ambiance était pas terrible pendant que t'étais là-bas.

- Ca j'en doute pas. Tu peux me laisser là, redescends voir les autres.

- T'es sure?

- Oui, oui, je vais m'écrouler de toute façon.

- D'accord.

Stan et Dylan n'ont plus traîné et j'ai décidé d'aller m'allonger moi aussi. Je dors mal ces derniers temps, maintenant qu'elle est à la maison ça devrait aller mieux.

- Entre, dis-je après qu'on ait toqué à la porte.

- Je te dérange?

- Non, je me repose, mais tu étais pas censée dormir toi?

- J'y arrive pas, je me retourne sans réussir à trouver le sommeil.

- C'est pourtant ton lit, tu devrais mieux y dormir.

- C'est ce que je pensais aussi, mais c'est raté.

- Qu'est-ce que je peux faire pour toi?

- Je peux venir avec toi?

- Si tu veux oui, mais pourquoi?

- J'ai envie d'être avec toi.

- Alors viens t'allonger, souriai-je me décalant pour qu'elle vienne près de moi.

- Ca fait longtemps que t'es pas venue dans mon lit, remarquai-je.

- Parce que papa m'en a empêché, mais j'aime bien te sentir près de moi quand ça va pas.

- T'as pas le moral toi hein.

- Ils s'obstinent à dire que je n'ai rien de grave mais je crois qu'ils cherchent un moyen de me dire le contraire.

- Ils vont m'en parler tout à l'heure je verras ce qu'il en est.

- Dis-leur que je veux tout savoir même si c'est grave, baille-t-elle en fermant les yeux.

- D'accord.

- J'aime pas ne pas savoir.

- Je comprends, allez endors-toi, je suis là.

- Ne me laisse pas.

- Promis.

Une demi-heure plus tard, je m'étais relevé du lit en entendant la porte d'entrée. Macy était profondemment endormie, je pourrais m'éclipser et revenir sans qu'elle le remarque. Je vais pouvoir discuter avec les parents sans qu'elle ne soit dans les parages.

Elle s'angoisse et je dois bien avouer que moi aussi, je ne sais toujours pas ce qu'elle a et ça commence sérieusement à m'énerver. Au passage je remarque qu'elle a laissé sa chambre ouverte, en me penchant pour attraper la poigner et la refermer, je remarque qu'elle a commencé un tableau au lieu d'essayer de dormir tout à l'heure.

- Allez calme-toi, ils sont en haut, ils vont t'entendre. Ce fut les premiers mots de mon père que j'ai entendu dans l'escalier aussi vite que la tristesse opressante de ma mère.

- Mais qu'est-ce que tu veux que je leur dise? Elias va nous demander ce qu'à sa soeur, et elle aussi, déjà qu'on a eu du mal à ne rien dire en voiture.

Piqué par la curiosité et surtout parce que l'atmosphère devenait lourde d'émotions pour moi je me suis caché derrière le mur pour m'appuyer dessus et écouter.

- On va devoir leur dire.

- Comment tu veux que je dise ça à mes enfants?

- Je sais qu'on avait décidé de ne rien dire, mais tu l'as entendu, tout à une conséquence, un jour ou l'autre.

- Martin peut se tromper.

- Non et tu le sais aussi bien que moi, même mieux, ton père en a subit les conséquences.

- Je sais, mais je ne veux pas la perdre, pas parce qu'elle a voulu m'aider en m'empêchant d'avorter. Je veux pas perdre un enfant au détriment d'un autre, c'est inhumain.

- Perdre, déglutis-je en silence.

- Allez ne pleure pas.

- On dirait que ça ne te fait rien, tu es prêt à perdre ta fille toi? Parce que moi je le suis pas.

- Dis pas n'importe quoi, on doit essayer de trouver une solution, mais surtout ne pas paniquer.

- Ne pas paniquer, Macy va mourir parce que dans une autre vie elle est remontée dans le temps pour Elias !

Chacun des mots prononcés par ma mère me troublait davantage, un peu plus perdu à chaque instant mais je crois avoir saisi un minimum et c'est un immense sentiment de tristesse et de culpabilité qui s'empare de moi.

- Ils sont tellement proches, comment on va faire Lee? Comment?

- Argh ma tête...Grimacai-je.

- Qui est là? Entendis-je mon père alors que ma vision se trouble doucement.

- Elias !! Résonne la voix paniquée de ma mère alors que je m'écroule au sol. C'est pas vrai il a tout entendu.

- C'est ma faute...

- Elias...

Je luttais pour ne pas m'évanouir, luttant contre la douleur qui tambouriant dans ma tête, mais ça devenait de plus en plus difficile.

- Ne panique pas, Martin a dit que ça pouvait arriver, il fait une surdose, je vais l'installer sur le canapé.

- Il a sans doute tout entendu...

Puis ce fut le trou noir.