Quelques minutes de discussion plus tard il se propose de me raccompagner un morceau puisqu'on doit prendre le même chemin. J'ai accepté, je m'entends bien avec lui après tout.

- Au fait si tu étais curieux, tu aurais pu me contacter par téléphone ou internet.

- T'es sûre de ça? J'ai pas tes coordonnées je te signale.

- Tu aurais pu demander à Swann, haussai-je simplement les épaules.

- Ça se fait pas, tu dois me les donner toi-même.

- Je te le donnerais, si tu le veux, répondis-je en le regardant marcher, sceptique, il change encore d'attitude vers moi, je reconnais quand un garçon est intéressé par moi, et là il me semble qu'il l'est.

- On verra ça, viens on traverse.

Je l'ai rattrapé car perdue dans mes pensées j'avais pris du retard. Je ne dirais rien quand à l'impression qu'il me donne, c'est peut-être moi qui me trompe après tout et j'ai pas envie d'avoir l'air stupide.

On s'est arrêté en chemin car cette fois j'avais une question pour lui, et j'y avais pensé un moment avant d'oser lui demander.

- Je peux te poser n'importe quelle question?

- Demande toujours, je ne suis pas certain de répondre par contre.

- Je vais tenter alors, pourquoi t'es aussi protecteur de Swann? Tu voulais pas traîner sur le sujet la dernière fois, c'est toujours le cas?

- Hum, le sujet Swann, je suis un peu ennuyé mais je vais pas pouvoir te répondre, c'est pas moi qui devrait expliquer tout ça.

- Ok, je comprends, dis-je alors que son téléphone résonne dans sa poche.

- Excuse-moi.

- Allo? Je fais mon jogging. Quoi? Pourquoi? Putain tu fais chier. T'es sérieux là? Al tu m'emmerdes. Pour une fois que je te demande un service, ouai c'est ça, bla bla bla. Affronte la en face. Je te jure si j'étais à côté de toi je te collerais mon poing dans la tronche.

J'étais intrigué par le ton de la conversation, il avait l'air contrarié.

- Ne bouge pas tant que je ne suis pas là. Je vais rentrer là. Mais oui, fais attention sinon grand frère ou pas, je te rétale, compris?

- Oula, laissai-je échapper.

- C'est ça, Alvin sérieux attends que j'arrive. Tu verras ! Conclut-il en raccrochant brusquement.

Je l'observe, marmonnant pour lui même en rangeant son téléphone.

- Ca va? Lui demandai-je, inquiète.

Je suis sortie sans demander mon reste, à vrai dire, qu'il rentre, qu'il reparte, qu'il reste, je m'en fiche un peu, je me débrouille bien toute seule. D'ailleurs c'est une idée à creuser, je devrais aller vivre ailleurs pour la rentrée prochaine peut-être, j'aurais plus à subir les sautes d'humeur.

En arrivant comme d'habitude j'ai pris un café tout en regardant autour de moi. Je devrais me bouger un peu pour le reste de l'été, après tout c'est bien de traîner à la maison mais je pense que ça me fait trop réfléchir.

- Un café, s'il vous plaît, le même qu'elle, entendis-je quelques instants plus tard, ce qui manqua de me faire recracher ma gorgée à cause de la surprise.

- Te revoilà toi, me retournai-je pour voir Eloys récupérer sa commande.

- Comme j'ai fait mon footing je suis venu jusqu'ici.

- Donc ce n'est pas une coïncidence aujourd'hui.

- Pas du tout, je suis venu exprès.

- T'es tout seul?

- Swann dormait encore.

- D'accord, et pourquoi tu me cherchais au juste?

- Comme ça.

- C'est ça oui, tu voulais me parler ?

- J'étais curieux, hausse-t-il les épaules.

- A propos de quoi?

- Qu'est-ce qu'elle t'a fait au juste pour mériter une baffe?

- Oh, Sarah? Elle est venue chez nous, a mis le bazar dans la chambre de mes parents, j'ai cru qu'il y avait eu des cambrioleurs.

- Ah ouai quand même, mais pourquoi elle a fait ça?

- Elle a visiblement pris quelque chose, la clé de la chambre de Nicole déjà ça c'est sûr.

- Elle s'emmerde pas.

- Voilà. Elle m'a saoulé avec son air à la con donc elle s'est pris une tarte.

- Bien méritée.

Le lendemain matin, je me suis levée tôt, motivée pour aller courir un peu, en sortant de ma chambre je remarque celle de mes parents ouverte et mon père toujours endormi. En me réveillant je me suis demandée si je l'avais rêvé ou s'il était vraiment revenu.

Sa présence ne touche en rien mes habitudes et je vais directement m'habiller pour aller courir avant d'aller à la cuisine manger un morceau.

C'est pas très souvent que je mange des céréales avant d'aller courir mais cette fois j'ai faim et je n'ai pas envie de me trimballer mon sac aujourd'hui, juste le stricte minimum.

Mon père venant de se réveiller se dirige droit vers la machine à café.

- Bonjour, dis-je tranquillement en finissant mon bol.

- Bonjour Lucy, déjà debout?

- Je cours tous les matins, donc oui, mais bon t'es trop occupé pour t'en rendre compte d'habitude.

- Ne sois pas si agressive dès le matin.

- Question d'habitude, soupirai-je.

- Donc tu vas courir, tu seras partie longtemps?

- Je ne sais pas du tout, ça dépend si je fais juste l'allée-retour ou pas, mais fais ta vie hein je prends mes clés.

- Je voulais savoir si je te reverrais avant d'aller faire ce que j'ai à faire.

- Aucune idée.

- Appelle moi alors si tu as besoin de me voir avant de partir.

- Tu me l'as déjà dit, je pense que je suis capable de m'occuper de moi toute seule encore quelques jours.

- J'en suis parfaitement conscient, sinon je ne t'aurai pas laissé toute seule.

- Pourquoi tu voudrais m'emmener si je te disais que je voulais y aller?

- Non, mais je pourrais revenir plus régulièrement.

- T'en fais pas va, je suis une grande fille, bon j'y vais.

- Bon en tout cas je serais en ville jusqu'à demain fin d'après-midi si tu penses à quelque chose préviens moi.

- D'accord, baillai-je en me levant, je vais me coucher.

- Vas-y. C'est bien que tu n'aies pas été couché avant mon arrivée au moins tu n'es pas surprise.

- Tu aurais pu appeler aussi, haussai-je simplement les épaules en m'éloignant.

- Au fait, lancai-je par dessus mon épaule, j'ai prêté quelques un de tes vêtements à un ami tout à l'heure.

- Quoi? On t'a pas autorisé à faire venir des garçons ici.

- De un, c'est pas du tout ce que tu crois, il était trempé c'était le temps que ses vêtements sèchent, de deux je te le dis parce qu'ils sont dans le panier de votre chambre, et de trois, je fais ce que je veux, vous êtes bien allé quelque part en me laissant me démerder moi-même.

J'ai jeté un regard dans sa direction en rejoignant ma chambre, je n'ai pas su dire ce que son visage reflétait. Le fait qu'il soit revenu seul fait de lui quelqu'un qui parle un peu plus que d'habitude, mais il ne m'a pas demandé une seule fois si j'allais bien, et ça moi je l'ai remarqué.

D'abord tentée d'aller chercher mon ordinateur portable pour discuter un peu je réalise que si je le faisais j'allais sans doute m'endormir devant donc j'ai préféré aller me glisser sous mes draps.

En m'endormant je me dis que mon père se déplace pour son boulot mais sûrement pas pour vérifier que sa fille va bien, il changera pas, son boulot passe en premier. Le fait qu'il veuille parler à Sarah-Jane à mon avis c'est surtout parce qu'on avait dû appeler la police. J'en suis presque sûre.

Plus tard dans la soirée, de nouveau seule à la maison, je me suis décidée à me faire une petite soirée DVD. Mais déjà le premier commençant à se terminer que je dois lutter pour ne pas m'endormir.

Apparemment ma journée m'avait fatiguée plus que ce que je ne l'aurai pensé.

Un bruit à la porte me fait ouvrir les yeux d'un coup sec alors que j'allais doucement sombrer.

- Lucy? Entendis-je.

- Papa? Me redressai-je.

- Ça va tu ne dors pas encore.

- Vous rentrez? Enfin, on dirait que t'es tout seul.

- Je suis venu pour parler à Sarah-Jane de cette histoire. Je repars demain.

- Oh. Tu aurais juste pu faire ça par téléphone.

- J'aurai pu mais comme j'avais aussi un dossier en attente je suis venu.

- Je vois, et vous allez rentrer quand? Il va pas mieux ton ami?

- Pas vraiment, on en a encore pour quelques temps.

- Ok.

- Je fais que passer donc mais as-tu besoin de quelque chose pour la maison?

- Non, tu m'as mis assez d'argent je peux gérer ça. Je veux juste que ta nièce arrête de me faire des peur pareil j'ai cru mourir de trouille.

- Je sais, c'est pourquoi je suis venu, elle vous a même fait appeler la police. Si elle voulait quelque chose elle aurait dû le demander.

- Là, je suis tout à fait d'accord. C'est n'importe quoi.