KENZO

Je pense ne jamais m'être senti aussi minable qu'aujourd'hui, je suis incapable d'aller chercher mon fils moi-même. J'attends planté evant son lit depuis que je suis habillé, j'attends avec impatience d'avoir des nouvelles de quiconque mais Irina n'a toujours pas appelé et je suis de plus ne plus inquiet, maudissant mon fauteuil chaque seconde un peu plus, j'aimerai vraiment en sortir à cet instant et courir le chercher, mais j'en suis tout bonnement incapable.

- Je sers à rien, soupirai-je.

- Arrête de déprimer frangin, je l'ai retrouvé ton bonhomme. C'était comme si un poids venait de m'être enlevé et je me sentait un peu mieux mais pas complètement, ça aurait dû être moi, pas sa tante.

- Ou est-ce que tu l'as trouvé? Il est où?

- Dans le parc pas loin d'ici, il s'est endormi je l'ai mis dans le canapé, c'est qu'il pèse son poids. Une femme était en train de s'occuper de lui, il était en larmes.

- Fais chier, râlai-je, je vais faire un malheur, il t'as dit pourquoi il s'est enfui cette fois?

- Non tout ce qu'il a dit c'était qu'il voulait son papa.

- Qu'est-ce qu'elle lui a fait encore cette pétasse pour qu'il se sauve comme ça?! On a eu de la chance qu'il ne lui arrive rien merde il est encore si petit.

- Tu crois pas qu'il est largement temps que tu fasses quelque chose? Cory est malheureux.

- Pousse-toi, dis-je pour pouvoir sortir de la chambre, j'étais irrité, je sais qu'il fallait que j'agisse mais comment?!

Je le suis du regard et vois vite que la jeune femme est blonde, peut-être que c'est sa mère, je comprendrais pourquoi il court si vivement pour se jeter dans ses bras.

- J'espère qu'il ne vous a pas dérangé, il a une tendance à filer en ce moment, me lance-t-elle alors que je m'approche.

- Du tout, je m'inquiètais de le voir pleurer, je m'apprêtai à lui demander où je pourrais le ramerner quand vous êtes arrivée.

- Ce sera plus nécessaire, merci, je vais le ramener.

- Ma fille m'a dit qu'il allait bientôt entrer dans son école, je suppose qu'on sera amené à se revoir, dis-je pour me montrer amicale.

- Je l'espère oui, sourit-elle. Je remarque alors ses yeux, les mêmes... C'est donc d'elle qui les a hérité. Je ne vais pas vous ennuyer plus longtemps, je pense qu'il a des explications à donner.

- Je comprends bien, rentrez bien et à une prochaine fois alors.

- Au revoir et encore merci, Cory, tu remercies la dame?

- Merci, excusez-moi, dit-il sans pour autant se retourner.

- Pas de problème, à bientôt Cory, concluai-je en les regardant partir, ainsi que mon espoir d'avoir retrouver un lien avec lui... C'était qu'une illusion, juste une illusion.

- Allez calme-toi, ensuite je t'aiderai à rentrer chez toi.

- Non je veux pas, sanglote-t-il, je peux pas rentrer !!

- Tu t'es enfui?? Supposai-je alors.

Il hoche la tête, ce à quoi j'écarquille les yeux. Pourquoi un si petit bout aurait envie de fuir sa maison, je ne comprends pas.

- Maman?? Qu'est-ce qu'il a? C'est qui??

- Je ne sais pas Beverley, tu vois bien qu'il n'est pas en état de parler pour le moment.

- Je le connais, je l'ai déjà vu à l'école, avec une grande blonde, c'était ta maman?? Lui demande-t-elle directement.

- O..Oui, renifle-t-il.

- D'après ce que j'ai compris ils viennent d'emménager, il va venir à mon école.

- C'est ça?? Demandai-je alors qu'il a cessé de pleurer. Tu n'es pas content de déménager? C'est pour ça que tu es partie de chez toi?

- Je veux voir mon papa.

- Dis-moi où il habite, je vais t'emmener.

- Cory !!! Nous interrompt une voix féminine qui le fait réagir aussitôt, il se raidit et se retourne.

- Tu la connais?? Demandai-je.

- Oui ! S'écrit-il avant de courir vers la nouvelle arrivante.

Tiffany s'éloigne pour aller s'installer sur le banc, Adam joue avec le toboggan et moi je reste fixé sur un petit garçon qui vient d'arriver en courant dans le parc.

Il semble seul et il me rappelle étrangement quelque chose.

Il éclate en sanglots et j'en ai le coeur serré, je n'ai jamais aimé voir un enfant pleurer. Et ce petit garçon a l'air tellement désespéré. J'attends qu'un adulte vienne pour le réconorter, mais personne ne semble venir.

- Je sais ! M'écriai-je sans m'en rendre compte, c'est ce petit qui a ce regard qui me le rappelle tellement.

En le voyant pleurer à chaudes larmes, je jette un oeil derrière moi, Brennan m'observe, tant pis, je peux pas le laisser comme ça.

Ce petit garçon qui doit avoir le même âge que Beverley se promène tout seul, j'ai un peu de mal à y croire. Peut-être est-il perdu, ce qui expliquerait ces larmes.

- Tu vas bien? Lui demandai-je doucement pour ne pas l'effrayer.

- Je sais pas où aller, sanglote-t-il.

- Tu t'es perdu??

Il se remet à pleurer de plus belle ne répondant pas à ma question. Ces yeux ressemblent tellement aux siens, je pourrais m'y méprendre, après tout on ne savait rien sur nos familles respectives, peut-être avait-il un fils, peut-être est-ce ce petit garçon, ou peut-être est-ce simplement une ressemblance...

KATHERINE

Alors que la maison s'était réveillée de bonne heure, j'ai fait petit déjeuner les enfants et les ai préparer pour aller au parc de bonne heure. Je n'avais pas adressé la parole à Tiffany sauf pour lui dire que la salle de bain était libre. Elle nous a suivis au parc et je cherchais un moyen de venir à bout de ce malaise. Mais elle prit l'initiative.

  - Katy ! Déserre les dents merde ! Me lance-t-elle en se plantant devant moi.

- Qu'est-ce que tu veux que je dise, dis moi pourquoi tu es venue, toi.

- Je suis venue parce que j'ai une soeur que j'ai à peine connue et que j'avais envie de la connaître, pourquoi tu me rejettes? Qu'est-ce que j'ai fait? J'étais une enfant, j'avais pas idée de ce qui se passait à la maison, je savais même pas que ton père n'était pas le même que nous. Maman me l'a dit une semaine après ton départ quand j'ai demandé si tu reviendrais. Tu te rends compte? Elle m'a dit ça j'avais six ans, j'ai pas compris pourquoi tu nous abandonnais. Alors aujourd'hui je veux comprendre, et puisqu'eux se terrent dans le silence depuis quinze ans, je suis venue te le demander à toi.

- Bien, tu veux une réponse? Très bien je vais te la donner, mais ne viens pas pleurer ensuite.

- J'écoute.

- J'ai su qu'il n'étais pas mon père je devais avoir trois ans, maman m'a tout expliqué quand j'avais cinq ans et que j'étais en âge de comprendre et m'a dit de ne jamais lui en reparler. Alors je n'ai rien dit, parce qu'il m'a reconnu même si j'étais pas sa fille, j'ai porté son nom, c'est tout ce qu'il m'a jamais donné. Il m'a rejeté du moment où les parents se sont rabibochés, Pierrick ne m'a jamais accepté, il n'a fait que me maltraité toute mon enfance, mais je ne disais plus rien, c'est toujours moi qui passait pour la méchante. Il était si bon comédien, et puis c'était le fils tant aimé et moi la fille illégitime.

- Je... Baissa-t-elle les yeux.

- J'ai pas fini. Tu veux savoir pourquoi je suis partie le jour de mes seize ans?? Alors je vais te le dire.

- Je ne sais pas si tu te souviens d'Angel, tu étais petite.

- Si je me souviens.

- Il a été finalement recueilli par un gentil couple de vieux quand il a eu seize ans et qu'il ne pouvait plus rester à l'orphelinat. Ce couple c'était des avocats à la retraite. Je leur ai demandé s'il y avait une seule possibilité pour que je puisse partir de chez moi puisque tout le monde me rejetait, même maman depuis que tu es venue au monde. Ils m'ont dit quoi faire et qu'ils m'accepteraient chez eux le temps que je me trouve une solution. Je me suis émancipée, j'ai trouvé un job en plus des cours je vivais chez eux, ils étaient charmants, je les ai beaucoup appréciés, ils m'ont tant aidé. Les parents m'avaient tellement paru soulagés quand je leur ai dit que j'allais partir et même Pierrick, alors oui j'ai pleuré, des journées entières j'ai pleuré, mais je vous ai quitté, et je vous ai renié, tous les quatre, parce que c'était douloureux de repenser à tout ça.

- J...Je n'avais aucune idée de tout ça... Pardon.

- Tu n'as pas à t'excuser Tiffany, tu es peut-être la seule que j'ai regretté, surtout quand parfois Beverley t'imitait au même âge. Mais c'est trop douloureux, toi, tu es sans doute très bien dans cette famille, et je ne veux pas les voir réapparaître pour qu'ils me rabaissent plus bas que terre. Je n'ai pas besoin de ça en plus dans ma vie. C'est déjà très compliqué.

- Ne me tourne pas le dos Katherine, je t'en supplie, ne me tourne pas le dos. Si tu veux, je ne parlerai pas de toi à la maison, mais laisse moi apprendre à te connaître toi, tes enfants, et ton mari que je ne connais pas.

- Cole, riai-je, amère. Bien je veux bien te donner une chance, de toute façon tu es là et j'ai comme l'impression que tu partiras pas si je refuse.

- Merci, ne t'inquiète pas, je me ferais discrète. Je vais commencer par partir de chez toi pour ne pas m'imposer, mais laisse moi appeler pour trouver un endroit où dormir.

- Ne souris pas trop vite, tu regretteras peut-être ton choix.

- Je ne suis pas certaine de ça.

Le mal est fait elle est revenue, il faudra que j'explique son existence à Cole.... J'appréhende. Je lui ai dit n'avoir plus aucune famille quand on s'est connu. Comment réagira-t-il quand il apprendra mon énorme mensonge, je le vois déjà venir et mon coeur se serre.