- Pourtant, soufflai-je en repensant encore à ce jour-là, j'ai cru à ce moment là qu'on serait toujours unis que rien ne pourrait nous briser... Aujourd'hui, je ne sais pas ce qui a tout déclencher.

- Et t'as tenté de lui en parler? De savoir pourquoi il avait changé comme ça?

- Biensûr, il ne répond jamais, il se contente juste de me dire que je suis mariée avec lui, pour le meilleur et le pire.

- Et bien on dirait que tu es en phase pire, ma belle, grimace-t-elle, j'en suis navrée.

- Le meilleur, c'était ce jour-là, dis-je essuyant les larmes qui innondent mes joues, parfois j'aimerais être comme toi, célibataire, élevant mes enfants toute seule, sans devoir rendre de compte à personne. Là il rentre après le dîner, j'aurai déjà couché les enfants, je pense essayer de lui parler, parce que ça ne peut pas durer comme ça..

- Oui, et en cas de besoin, tu peux m'appeler ou venir à la maison, tu le sais?

- Oui oui je sais, merci.

- Parce que, reprend-elle, je me souviens que tu me disais qu'à l'annonce de ta grossesse quand tu attendais ta fille, il était pas chaud.

- Je ne sais pas, je sais juste qu'il était un peu plus content pour celle-ci alors que moi j'étais décomposée.

- Tu regrettes d'avoir eu Adam? Je veux dire si vite.

- De l'avoir eu, non, si vite oui, aujourd'hui ma fille aurait trois ans et demi. Je ne cesserai jamais de me dire qu'ils n'auraient même pas eu dix-huit mois d'écart. Dis-je retenant des larmes qui menacaient de couler.

- Excuse-moi. Je voulais pas te faire repenser à ça.

- C'est pas ta faute, c'est de la faute de Cole, il était pourtant si prévenant quand on s'est marié, puis il y a eu quand je lui ai annoncé ma première grossesse, il a changé plus tard sans que je sache pourquoi.

- Il était comment?

- Je l'avais emmené au parc pour lui annoncer que dans quelques années, il faudrait que j'y emmène nos enfants, et que je pourrais bientôt commencer parce que j'étais enceinte, il m'avait pris dans ses bras et on en était tombé, on était heureux, amoureux, j'étais comblée.

- Qu'est-ce qui s'est passé?? Je me souviens qu'au début il venait parfois avec toi à la crèche.

- Je ne sais pas, il a commencé à changer progressivement, il s'occupait encore de Bevy mais moi il me parlait de plus en plus sèchement, je pensais que c'était le travail mais la première fois qu'il m'a forcé, j'ai compris qu'il se passait quelque chose.

KATHERINE

 J'avais passé un excécrable week-end, Cole avait décommandé son frère pour qu'on reste à la maison " en famille " lui avait-il dit, mais tout ce que je sais, moi, c'est qu'il a souvent envoyé ses enfants dans leur chambre pour qu'on reste cloué dans la notre. Il y a de nombreuses années, on le faisait déjà, rester au lit tout un week-end mais à l'époque j'éprouvais du plaisir, aujourd'hui, j'ai peur que la nuit tombe, qu'il rentre à la maison et qu'il s'en prenne à nouveau à moi.

J'étais tellement mal  en ce lundi matin que j'ai appelé Morgane, je ne la connais pas depuis aussi longtemps qu'Angel mais depuis la crèche de Beverley, puisqu'elle a une fille du même âge.  Et je me confie parfois à elle, même si elle ne connaît pas toute l'histoire, elle a eu sa part de malheur et le comprend bien plus facilement que quiconque. Et en fin d'après-midi, après l'école elle est venue à la maison.

- Si tu me disais pourquoi t'as pas le moral?

- C'est Cole, haussai-je les épaules.

- Qu'est-ce qu'il a encore fait?

- Ce week-end il a voulu qu'on passe presque tout notre temps dans la chambre, sauf pour les repas des petits.

- Sérieux?? Mais comment ils ont réagi les enfants?

- Beverley sait qu'il faut pas contredire son père alors elle a joué dans sa chambre avec son frère sans poser de questions, mais regarde-la aujourd'hui. Lucile semble inquiète.

- Tout comme moi, soupire-t-elle, pourquoi tu ne t'en vas pas tout simplement? Ca se voit que tu ne l'aimes plus Cole, j'irai même jusqu'à dire que tu le méprises.

- J'ai essayé de m'en aller avec les petits, deux fois, la première fois, il a vu que je rassemblais de l'argent dans un pot et a compris que je mijotais quelque chose, la seconde il est rentré plus tôt à la maison et m'a retrouvé à la gare.

- Divorce, tout simplement.

- Morgane, on sait toutes les deux que ce n'est pas aussi évident. Il y a les enfants.

- Je sais, mais quand même un mari qui abuse de toi dès que l'envie lui prend même si toi t'as pas envie je trouve ça fou.

Elle ne sait pas qu'il lui arrive aussi de me battre, si je lui dis, elle comprendrait pas que je reste. Mais j'ai peur pour mes enfants alors je reste, je me fiche de ce qui m'arrive, tout ce que je veux c'est qu'il ne touche pas à eux et il les menace déjà assez.

- On en a jamais vraiment parlé, mais Adam, tu l'as voulu? Me demande-t-elle. Une question que j'élude chaque fois.

- Honnêtement, non, soufflai-je, j'étais encore en deuil de ma fille, j'étais pas prête pour une nouvelle grossesse, mais Cole et ses frasques, il m'a forcé tellement de fois à le faire que je ne faisais plus attention, il a du oublier de se protéger et vu que moi j'ai une intolérence à la pillule...

- Tu crois que c'était voulu? Qu'il a voulu que tu aies un autre enfant?

- Alors tu veux vraiment remettre ça sur le tapis...

- Il le faut, pour ma santé mentale, il le faut.

- Lena, ma vie est un tel merdier que je ne veux y inclure personne, dis-je en me retournant en essayant de pas la faire tomber.

En la regardant, j'ai vite constaté qu'elle avait les larmes aux yeux, et je préfère fermer les yeux pour pouvoir continuer.

- Ne te ferme pas comme ça à tout le monde, et puis je ne te demande pas grand chose.

- Attends tout ce que tu cherches, c'est de t'envoyer en l'air avec un handicapé?? Et moi qui cherche les mots pour te ménager, je suis vraiment trop con.

- Non tu comprends pas.

- Oh que si, détournai-je les yeux.

- Non, moi je sais que tu te cherches encore alors je veux rien t'imposer, mais, à moi tu me plais beaucoup et je veux que tu le saches.

- Je le sais, c'est bon, pas la peine d'insister.

- J'insisterai tant que tu ne m'auras pas répondu franchement.

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise? Nancy m'a balancé que j'avais été infindèle quand on a divorcé, je suis même plus capable de m'en souvenir, c'était peut-être quelqu'un d'important et qui s'étonne de pas avoir de mes nouvelles. J'ai foutu en l'air mon mariage et sans doute une relation avec une autre et toi tu me sors ça.

- Ca fait quatre ans, qui que ce soit elle t'a sans doute oublié elle aussi, il est tant d'aller de l'avant.

- Avec toi tu veux dire?

- Regarde-moi, et ose me dire, que je ne te fais aucun effet, et je m'en vais dans la minute et je ne t'en reparlerai plus jamais.

- J'ai horreur des ultimatum, boudai-je en fermant les yeux, puisqu'en regardant devant moi, c'est dans son décolleté que je plonge, pas très pratique pour avoir les idées claires.

- Occupe-toi donc du massage, changeai-je de sujet.

- Et là tu sens?

- Non.

- Ok.

- Arrête de t'imaginer que je vais tout récupérer Lena ça fait longtemps que je ne crois plus au père Noël.

- Que de pessimiste, en trois ans tu as quand même récupéré quelques sensations, au départ tu sentais plus rien du tout.

- La belle affaire, à quoi ça va me servir de sentir mes jambes mais de plus pouvoir m'en servir.

- Ca prendra le temps que ça prendra, mais ne baisse pas les bras.

- Facile à dire c'est pas toi qui se coltine ce truc depuis quatre ans et qui subit ces fichues opérations.

- Mais c'est moi qui vais t'aider à récupérer, dit-elle, trop sure d'elle à mon goût.

Quelques minutes de silence plus tard, je commencais à sombrer jusqu'à m'assoupir, si elle a besoin de moi, elle me  réveillera de toute façon.

Ce sont des mains, surement les siennes, sur mes hanches, qui m'on finalement réveillées, si elles étaient restées bien sage, je n'aurai rien dit, mais je l'ai senti glisser vers l'avant.

- Lena, arrête.

- ...

- Tu croyais quoi? Que j'allais te laisser faire? C'est mal me connaître.

- Quand tu dors, tu me repousses pas au moins.