- Tu permets que je te prenne dans mes bras? Demandai-je en tendant les bras.

Elle regarde d'abord Angel avant d'acquiescer timidement pour que je la soulève et la serre contre moi. Cette fois les larmes se mettent à couler sans que j'essaie de les freiner.

- Ma toute petite fille, soufflai-je en la serrant dans mes bras.

- Est-ce que ça va? S'assure Angel.

- Je commence à réaliser qu'elle est bien vivante, lui dis-je la gorge nouée.

- Laisse-moi voir comme tu es jolie. Elle a hérité de nous deux, soupirai-je, nostalgique.

- Je ne l'ai jamais vu, lui, mais je suppose que c'est le cas.

- J'ignore mais j'espère qu'elle le connaîtra un jour.

- Je l'espère pour vous aussi.

- Ayé tonton!! S'exclame tout à coup Tori.

- Reste encore un peu avec ta mère, lui rétorque-t-il.

- Non !! Tonton !! S'agite-t-elle.

- Oui elle sait que tu es sa mère, confirme Angel, allez viens on va pas rester ici, dit-il en avancant pour tendre la main à Tori la seconde suivante. Elle obtempère mais en marchant doucement.

- Je crois que je lui fais peur, grimacai-je en me levant.

- Non c'est pas ça, elle a compris ce qui allait se passer, c'est ça qui lui fait peur.

- Comment ça?

- Elle sait qu'elle finira par aller vivre avec toi. Elle te connaît pas alors ça lui fait peur.

- Oh..réalisai-je. Je comprends.

- Je te présente donc ta fille, sourit-il, Victoria, mais comme tu le sais déjà on l'appelle Tori.

- Tori, tu veux le dire? Qui est-ce ? Lui demande-t-il en me pointant du doigt.

- M... ma maman, s'exécute-t-elle en lâchant finalement la jambe d'Angel.

- Je ne sais pas ce que tu en penses, propose Angel, mais il va falloir que vous fasssiez connaissance toutes les deux.

- Oui, et puis tant que cette histoire avec Cole n'est pas terminée elle sera plus en sécurité avec toi, il faudra donc qu'on prenne notre temps.

- Oui, tout à fait d'accord. Et je vais réemménager ici de toute façon comme ça vous vous verrez aussi souvent que vous voulez.

- Ca me paraît bien, dis-je, la tentation d'aller la serrer dans mes bras étant trop forte, je m'avance doucement vers elle.

KATHERINE

Pour attendre Angel, je me suis assise sur une balancoire, face à l'entrée, l'impatience commencait sérieusement à me gagner, en plus il est déjà en retard. Après un énième soupire, j'entends le portail grincer et je lève aussitôt la tête.

- Désolé, on est en retard, me lance mon meilleur ami, un petit sourire sur les lèvres.

- Angel, déglutis-je en voyant qu'elle était là, agrippée à lui, mais bel et bien là.

- Tu m'as pas trop attendu?

- Je suis là depuis un moment dis-je sans lever mon regard de cette petite fille, ma fille.

- Tori, arrête un peu de faire ta trouillarde. Lance Angel. J'en avais presque oublier que c'est ainsi qu'il l'appelle, comme je l'avais souhaité quand je parlais de la fille que j'attendais.

J'osai à peine bouger, elle semblait déjà perdue. Pourtant l'envie d'aller la prendre dans mes bras était là. Il me fallait une bonne dose de volonté pour ne pas y céder.

- Désolé, elle a un peu peur depuis que je lui ai dit où on allait, reprend Angel avec un sourire géné.

- C'est normal, je suppose, soufflai-je en détaillant la petite.

- T'es qui? Me lance-t-elle en reserrant ses bras autour de la jambe d'Angel. Sa petite voix me fait sursauter.

- Tori, tu sais très bien qui c'est, intervient mon meilleur ami.

- Oui, hoche-t-elle la tête, mais pas y aller.

Le coeur serré et les larmes aux yeux j'essaie de ne pas pleurer mais c'est plus douloureux que je ne le pensais.

Je n'avais pas pensé à l'éventualité qu'elle ne m'accepte pas.

- Tonton t'a expliqué que j'étais ta maman n'est-ce pas? Dis-je en essuyant une larme.

KENZO

Le lendemain après-midi je me suis permis une petite sieste, de toute façon j'étais seul. Owaren étant parti s'occuper de son prochain déménagement et Ofélia à la maternelle, rien ne m'oblige à rester éveillé et j'en ai aucune envie.

Un sommeil plutôt bénéfique dans un sens, car cette fois je me souviens de son visage avec netteté. Même si cette scène où j'apprends qu'elle est enceinte me torture toute la journée.

Un sommeil agité, parsemé d'images déjà vues mais plus net cette fois-ci. Ma mémoire semble enclin à se souvenir de plus en plus...

Puis une nouvelle image qui fait comme un déclic, je me souviens de cet endroit. Et ce qu'il reprénsente. J'ouvre les yeux et me redresse en écarquillant les yeux.

- Faut que j'y aille, dis-je en enlevant les couvertures tout en attrapant mon portable pour chercher le numéro d'Owie, il faut que je lui dise, et vite.

• • •

- Qu'est-ce qu'il y a? Je croyais que tu dormais. Décroche-t-il rapidement.

- Sympa l'accueil, grommelai-je.

- Dis-moi plutôt pourquoi t'appelle.

- Je dois aller quelque part, je me souviens d'un endroit, t'as fini ton rendez-vous?

- Ouais, je suis au café avec Eddy, mais t'inquiète, j'arrive.

- Ok, merci.

- Vous veniez ici toute seule? Dans un parc pour enfant? Je suis surprise.

- Je dois retrouver un ami. Mes enfants sont chez une amie.

- Que d'amis, rit-elle, vous avez combien d'enfants?

- Deux... Non trois, rectifiai-je. Elle hausse aussitôt un sourcil, oui c'est rare de se tromper sur le nombre d'enfants mais je n'ai pas encore l'habitude. C'est une histoire compliquée.

- Désolée avec mes questions, je suis trop curieuse, mon mari ne cesse de me le répéter.

- Ce n'est pas bien grave, et votre ventre?

- Ca va un peu mieux merci.

- Tant mieux. Et vous, vous avez combien d'enfants, demandai-je en retour, discuter à autre chose c'est vrai que c'est utile pour oublier, c'est valable pour son mal et pour mon stress.

- Deux, ces deux-la, sourit-elle en désignant les concernés. Jérémy et Travis. Et vous, fille ou garçon?

- Deux filles et un garçon. Beverley, Adam et Victoria.

- Sympa.

- Restez la les garçons, papa va plus tarder à venir nous rechercher.

- Tu vas mieux?? S'enquit Jérémy.

- Mais oui, c'était passager, rassure-toi.

- Bah tu m'as fait peur, je connais personne ici.

- Je sais, mais je vais bien mieux déjà, et papa m'emmènera chez le médecin, t'es content?

- Oui je préfère.

- Excusez-moi, demandai-je à Léonie, quel âge ont-ils?

- Vas-y Jérémy, réponds.

- J'ai sept ans.

- Et toi Travis?

- Bientôt quatre ans !! Sourit-il.

- Je vois, souriai-je malgré moi, c'est comme Beverley et Victoria, presque.

- Voilà papa !! S'exclame Travis en nous dépassant pour rejoindre un homme à l'entrée du parc.

Quelques minutes plus tard, Léonie et ses garçons sont partis. Si elle devait devenir une de mes voisine, j'en serai ravie, cette famille à l'air charmante.