Cela fait un petit moment déjà que Ben est dans la chambre avec la petite et je me suis assise au sol en l'attendant, je repense à ma sortie d'hôpital quand j'ai dû la transporter là-dedans parce que j'avais personne pour me ramener autre chose et que j'ai acheté ce qu'il y avait sur place puisqu'en partant à l'hôpital je n'avais pensé qu'au sac avec nos affaires. Parce que j'étais toute seule.

- Qu'est-ce que tu fabriques? Me fait-il sursauter en revenant devant moi.

- Rien.

- Enfin je vois bien, tu pleures, pourquoi tu pleures?

- Parce que tu me détestes.

- Est-ce que tu sais pourquoi je suis venu?

- Pour mon anniversaire tu me l'as déjà dit.

- Pas seulement, dit-il d'une voix neutre qui me perturbe, je devais t'annoncer quelque chose également.

- Quoi?

- Becky et moi allons nous marier, je venais te l'annoncer en personne.

- Te marier? répétai-je bêtement.

- Tu es la dernière à le savoir parce que je ne voulais pas te le dire par courrier, j'ai prévu depuis le début de venir te le dire. C'est pourquoi Becky m'a envoyé ici malgré tout. Tu es la dernière parce que j'avais pas le choix je pouvais pas venir avant et le mariage devait se préparer.

- Tant mieux pour toi, c'est une fille bien, c'est pas une égoïste comme moi.

- Ne parle pas comme ça, dit-il en se mettant à genou devant moi, tu n'es pas égoïste.

- Si bien sur que si, regarde tu me détestes parce que j'ai pas su te parler. Parce que j'ai été égoïste et que j'ai voulu me débrouiller toute seule.

- Je te déteste pas, p'tite tête, dit-il en posant sa tête contre la mienne pour ensuite essuyer mes larmes, j'aime pas te voir pleurer.

- Quoi? Mais ta réaction tout à l'heure..

- Tout ce que j'ai dit est vrai, mais je te déteste pas, tu sais que tu aurais pu me parler mais ne pas le faire était ta décision. En la regardant j'ai compris, tu voulais la protéger de toute cette merde pas vrai?

- La décision de la garder était compliquée mais j'ai réalisé que plus tard peut-être que j'aurais perdu mes yeux et que je n'aurais pas pu voir cette petite frimousse. Je voulais voir le visage de mon enfant.

- Te justifie plus pour moi Béa, j'ai compris. Désolé si je me suis montré méchant mais j'avais besoin que tu comprennes, je suis avec toi quoi qu'il arrive. C'est vrai que j'aurai aimé être là pour toi mais finalement tu es assez forte pour surmonter ça et je ne l'ai compris qu'en regardant le visage endormi du bébé. Je suis désolé si je t'ai fait pleuré j'ai parlé sans réfléchir.

- Je veux pas que tout le monde sache Ben je peux pas, pas encore.

- Promis. Mais laisse moi avoir de vos nouvelles souvent et tu devras m'envoyer des photos pour que je la vois grandir d'accord?

- Oui.

- Et viens à mon mariage. Je le fais pas si tu viens pas.

- Mais et la petite?

- Fais en sorte que d'ici là, tout le monde sache que tu es maman. Je me marie pas si tu n'es pas là.

Il m'embrasse sur la tête ce qui me donne une impression de réconfort. Je sais qu'il m'a déjà pardonné mes mensonges. C'est pour ça que je l'aime cet imbécile mais il m'a fait peur.

- Je serais là, c'est promis.

Mon cœur a joué aux montagnes russes se jour-là parce que Ben voulait me faire peur. Mais j'étais tellement soulagée qu'il le sache enfin, je savais qu'il serait là pour moi par la suite. Il l'a toujours été et l'est toujours aujourd'hui.

- Voilà, désolée je l'ai changé complètement pour qu'elle soit plus à l'aise, dis-je en le rejoignant. Il a l'air songeur, assis au bar.

- Au moins tu es une bonne mère.

- Ben, qu'est-ce que tu veux me dire? Tu es déçu? Oui je me doute et c'est pour ça que je voulais pas me lancer et te parler, je savais que je te décevrais.

- Déçu? Oui je le suis mais je suis aussi blessé et en colère.

Je le regarde, incapable de relever.

- Béa mais pour qui tu m'a pris à la fin? Je croyais que tu avais confiance en moi, je pensais qu'on avait quelque chose. Sue s'il t'arrivait un truc c'est à moi que tu viendrais en parler, au lieu de ça tu m'as mis de côté.

- Ben évidemment que j'ai confiance en toi et que tu es important mais là c'est pas la même chose, c'est que...

- Que rien, m'interrompt-il, en colère, tu t'attendais à quoi pour le jour où je saurais? A ce que je te sers dans mes bras en disant que tu as bien fait? Non c'est pas comme ça ma grande. Tu savais que tu pouvais tout me dire tu ne l'as pas fait.

- Ben, je..

- Tu voulais que je parle alors écoute-moi, dit-il sèchement ce qui fait monter des larmes que je retiens, je ne veux pas pleurer. Moi je t'ai dit que je sortais avec Becky quand j'ai été prêt ok mais je l'ai fait. Toi tu as eu quelqu'un dont j'ignore tout , tu as un enfant avec lui et je l'apprends par hasard en venant te rendre visite. Tu aurais dû me le dire. J'aurais pu te comprendre.

Je suis incapable de répondre, il a raison, mais je pouvais pas, c'était Damian.

- Est-ce que tu as oublié que je partage ma vie avec une fille qui a eu un enfant? Tu crois que j'aurais pas pu comprendre?

Soudain j'ai senti le sol s'ouvrir sous mes pieds, il avait raison, si je lui avais dit au moins pour la grossesse il aurait pu comprendre et m'aider. Lui il aurait pu me comprendre.

- Alors oui je suis déçu Béa, très, je pensais que tu étais plus intelligente que ça.

- Je voulais me sortir de tout ça, soufflai-je, d'une voix que même moi j'entends à peine.

- Tu n'aurais jamais dû le faire seule.

- Il le fallait, j'en avais besoin.

- Stop, dit-il en se levant, j'en ai assez, je vais voir ma nièce.

Il est fâché, Ben est fâché contre moi comme il ne l'a jamais été. Je le laisse aller dans la chambre sans le suivre, je sais pas quoi dire pour me défendre. Il a raison et je le sais. Tout ce que j'arrive à faire c'est de me mettre à pleurer en me demandant pourquoi ça se passe comme ça.

C'est ce que j'ai fait, de la même façon qu'avec mes parents je lui ai dit pourquoi j'ai fui, je lui ai tout dit sauf l'identité du père. Comme à mes parents. La version sera la même pour tout le monde. Pendant ce temps il donnait le biberon à Danika, laquelle se laissait faire. J'attendais sa réaction maintenant.

- Pourquoi tu ne dis rien? M'inquiétai-je de son absence de réaction.

- Je nourris ma nièce.

- Ben. Dis-moi ce que tu penses.

- Non. Pas tant que je tiens cette petite.

- Pourquoi?

- Parce qu'elle n'a pas à entendre ce que je vais dire.

Je le regarde, inquiète, pendant de longues minutes pendant lesquelles il ne dit rien, il s'occupe de faire boire son lait à la petite puis de lui faire faire un rot avant de me regarder enfin.

- Tu devrais la changer, sa couche est pleine.

- Oui, je vais la mettre au lit dans la chambre en même temps.

- Tiens. On parlera ensuite, me la tend-il.

Je n'ai pas cherché à comprendre pour le moment et me suis exécutée.

- Sois sage ma puce, maman va devoir affronter les reproches de tonton mais je vais réussir alors tu vas devoir réussir à rester sage un moment d'accord? Je viendrais te récupérer ensuite.

Je m'efforce de sourire en la regardant mais mon coeur est serré, Ben n'avait pas sourit en la regardant, il ne m'avait regardé que pour me la rendre, je m'attends vraiment à ce qu'il me dise qu'il est déçu. Pas que je ne m'y attende pas mais j'avais espérer pouvoir me préparer, apparemment le destin a décidé de me faire avouer avant mes vingt ans.

- Entre Ben. Fis les premiers mots lorsque j'ai ouvert les portes de l'appartement.

- C'est là que tu vis?

- Oui. C'est l'appartement de Kristal et c'est là que Dani et moi nous vivons.

- Arrête avec cette histoire, tu ne peux pas avoir d'enfant, je le saurais si tu avais un bébé.

La petite commençait à gigoter alors j'en ai profité pour la sortir du porte-bébé.

- Ben, me tournai-je vers lui avec la petite dans les bras, je sais que ça paraît impossible mais c'est comme ça, j'ai eu un bébé il y a une semaine et je n'en ai jamais parlé à personne de notre entourage. Regarde-la, c'est ta nièce, ma fille.

- Que... et... Pourquoi? Et les parents?

- Ils le savent tous les deux depuis hier. Maman l'a découvert à cause de Thomas j'ai dû leur avouer mais ils ne m'ont pas dit que tu allais débarquer.

- Ils ne savent pas tout ce que je fais, ils savent juste que je suis allé dans la famille de Becky, mais je comprends pas, tu n'as rien dit?

- Plus tard les explications, ça ne t'intéresse pas de faire la connaissance de ta nièce? Elle est réveillée, tu veux être la première personne de la famille à pouvoir la prendre dans tes bras?

- Qu...quoi? Attends tu veux dire que tout ça est vrai? Semble-t-il toujours sceptique.

- Ma fille, dis-je en la lui tendant, je te présente ton oncle Benjamin, quand il aura digéré la nouvelle il va t'adorer tu verras, concluais-je alors que ses mains se referment sur la petite.

- Oh c'est pas vrai elle est si petite.

- Je sais.

- Tu as vraiment eu un enfant.

- Oui.

- Toute seule?

- Oui.

- Qui est le père?

- Aucune importance c'est un tocard qui m'a trompé.

- Tu as fait un enfant avec un tocard?

- Je me suis trompée sur lui. Mais quand elle a été conçue je l'aimais et je pouvais pas me résoudre à me séparer d'elle alors je l'ai mise au monde sans le dire à personne.

- Tu aurais pu m'en parler.

- Je pouvais pas, je voulais m'en aller sans en parler à personne. J'ai voulu penser à moi c'est ce que j'ai fait. Si je t'en avais parlé tu aurais voulu m'aider et t'occuper de moi mais tu commençais ton propre chemin alors je voulais me créer le mien.

- Je comprends pas.

- Alors je vais t'expliquer de façon à ce que tu comprennes mais je vais d'abord lui préparer son biberon elle va pas tarder à avoir faim.

- Non mais je comprends pas comment tu peux te tenir à côté de moi. Secouai-je la tête. J'ai l'impression d'être en train d'halluciner.

- Tu ne rêves pas, rit-il apparemment amusé du fait que je sois complètement perdue. La présence de ma fille contre ma poitrine me revient et je pense que je vais affronter une nouvelle révélation mais d'abord pourquoi est-ce que Ben se tient juste à côté de moi?

- Va falloir que tu m'expliques déjà ce que tu fais à New York et comment t'as su que j'étais ici dans cette patisserie, pour que je comprenne ce qui se passe.

- J'étais dans la famille de Becky, et on avait prévu de tous les trois venir te rendre visite, on voulait te faire la surprise. Le problème c'est que Rosie est tombée malade et qu'elle doit garder le lit quelques jours alors elles sont restées là-bas. Quand à moi Becky m'a poussé à venir quand même parce qu'elle sait que tu me manques. Pour te trouver c'est facile j'ai trouvé la localisation de ton téléphone.

- Oh c'est toujours actif ce truc?

- Comme tu vois puisque je me tiens devant toi, mais je te dérange? Tu travailles? Tu fais du baby-sitting? Je savais pas.

- Tu me déranges pas. Mais ça va à Becky que tu viennes ici sans elle? Décidai-je d'ignorer sa remarque.

- Je te l'ai dit, elle voulait que je vienne quand même pour ton anniversaire mais je vais pas rester aussi longtemps que prévu du coup je me sens coupable de les laisser alors que la petite est malade.

- Je comprends. Mais je suis contente de te voir, ça fait longtemps. Et d'autant plus ravie que tu aies voulu être là pour mon anniversaire.

- C'est normal, sourit-il.

- Mais, reprend-il, tu ne disais pas mettre des lunettes?

- Si si mais je les utilise quand je force mes yeux, j'aime pas les mettre tout le temps.

- Tu dois faire ce qu'il faut ma grande.

- Je sais Ben, je sais, soupirai-je en me levant.

- Qu'est-ce qui t'arrive? S'étonne-t-il.

- Ben, lancai-je en serrant ma fille contre moi, je travaille pas, je me promène avec ma fille.

- Pardon?

- Je fais ce qu'il faut, je t'avoue enfin la vérité, j'ai une fille.

- Attends tu veux rire? Si ma petite soeur avait eu un bébé je le saurais.

- Non, tu ne le sais pas parce que personne ne sait.

- C'est du délire, allez arrête ton cirque il est à qui ce bébé?

- A moi, elle est née il y a une bonne semaine et s'appelle Dani. Dis-je pour ne pas faire découvrir tout mon mensonge.

- Dani? Répète-t-il bêtement.

- Oui. Je sais que c'est étrange d'entendre ça mais c'est comme ça.

- Attends tu peux pas me balancer un truc aussi énorme comme ça, elle est où la caméra?

- Ben, on va aller chez moi, on va discuter, dis-je sérieusement en tournant les talons. Il m'a suivi et on a fait le chemin en silence. J'ignore ce à quoi il a pensé durant le trajet mais moi je cherchais comment lui dire sans tout lui dire. Je veux pas mentir à Ben mais je peux pas non plus avouer que Damian et le père de Danika, je suis pas prête pour ça.