Une fois servie je me suis installée à une table pour manger en faisant attention à ne pas mettre des miettes sur Danika. Je ris de cette situation. Le conseil donné par Nolhann fonctionne quand elle ne bouge pas elle ne se réveille pas donc hors de question de la sortir avant qu'elle ne se réveille. J'apprécie ma ballade, je me sens bien aujourd'hui.

Mais les yeux posés sur la guitare devant moi me fait penser à Nicolas, le synthé à Damian. Même si je fais la fille indifférente je me demande ce que leur vie est devenu ces derniers mois. Pourtant je dois faire avec, je suis celle qui est partie, je comprends que Nico reste évasive quand je lui parle parce qu'il boude et Damian j'ai cherché à être ignorée. Mais bon au fond ils me manquent ces deux têtes de nœud et ce n'est pas les seuls, Adrien et même Valérie me manquent.

 

Bientôt il y aurait mon anniversaire et ils m'appelleront tous excepté lui. Je saurais vite si la nouvelle s'est répandu ou non parce que s'ils savent j'en suis certaine, ils en parleront.

- Bonjour monsieur, entendis-je la vendeuse.

La personne qui me manquent le plus c'est peut-être Ben, d'ailleurs il me semble entendre sa voix en repensant à lui, je souris devant ma stupidité avant de réaliser que non ce n'est pas mon imagination.

Une voix vient de me sortir de mes pensées en m'appelant à plusieurs reprises et même si ça me semble impossible je sais que c'est la voix de mon frère alors je me fige. Dans l'incompréhension. Est-ce que j'hallucine?

- Hey ! Béatrice Starks ! Je te parle !

 

- Je savais que t'étais là! Lance cet homme qui a la voix de mon frère et qui lui ressemble mais est-ce possible qu'il soit là? Hey oh du bateau.

- Tu peux pas être là, dis-je finalement.

- Sympathique l'accueil dis-donc, rit-il.

- Ben? Vraiment? Réalisai-je.

- Évidemment tu n'es pas partie depuis un an que tu as déjà oublié ton frère adoré?

Le lendemain et après une nuit un peu difficile entre les biberons et la fatigue je me suis décidée. Il faisait bon et j'allais en profiter pour sortir pour la première fois avec ma fille. Je l'avais mise dans le porte bébé pour qu'elle soit tout contre moi et que ce soit plus facile de me balader. La veille avait été difficile je m'étais rendue compte que j'étais très seule depuis le départ de Kristal à cause de ce que m'avait dit Nolhann puis avec les parents qui ont appris j'étais un peu chamboulée.

J'avais peur que Damian apprenne pour elle maintenant même si j'ai confiance en mes parents. Une telle nouvelle pourrait leur échapper. je dois réfléchir à comment réagir s'il m'appelle et me demande s'il s'agit de son bébé. En plus j'ignore ce qu'il peut devenir je ne demande pas de ses nouvelles quand j'appelle les autres. Nicolas m'a dit une fois qu'il allait passer la soirée à l'appartement de son frère mais c'est la seule fois où j'ai entendu son prénom pendant tout ce temps.

 

Après m'être promené un peu en ville à repérer des choses que je reviendrais acheter plus tard j'ai retrouvé la pâtisserie que j'avais découverte par hasard il y a trois mois. J'aime vraiment ce qu'ils y font et j'y viens souvent depuis.

- Bonjour ! Lancai-je en reconnaissant la vendeuse.

- Oh bonjour ! On dirait que le bébé est là.

- Oui, depuis une semaine, souriais-je, mais c'est désert aujourd'hui, c'est normal?

- Il est tôt encore. Les gens ne viendront vraiment que dans une heure.

- C'est vrai, j'avais pas remarqué l'heure,je suis partie directement après le biberon, me fis-je la réflexion.

- Alors comment s'appelle cette petite merveille? S'intéresse-t-elle a la petite qui dort profondément.

- Danika. Elle dort mais je vous la montrerai la prochaine fois.

- Avec plaisir, alors qu'est-ce que ce sera aujourd'hui?

- Un cookie, s'il-vous-plaît.

- Parfait.

Après le départ de Nolhann j'étais devant ma fenêtre à repenser à tout ce qui s'était si facilement dit lorsque mon téléphone a sonné. C'est le numéro de portable de maman qui s'affiche, je suis surprise on devait faire une vidéo un peu plus tard dans la journée. Lorsque je serais assurée d'être là où on ne pourrait pas entendre la petite même si elle pleure. Je décroche tout de même, intriguée.

- Allo?

- Bonjour ma puce, tu vas bien?

- Bonjour maman. Je vais bien, mais on devait s'appeler plus tard non? Quelque chose s'est passé?

- Je voulais te parler seule et papa n'est pas encore là donc j'en profite.

- Qu'est-ce qui se passe?

- Béatrice, est-ce que tu sais que tu peux tout dire à ta mère?

- Il se passe quoi? M'étonnai-je par le ton employé.

- Je suis désolée. Je sais qu'on a dit qu'on te laisserait ta vie privée et tout ça mais j'ai menti. Et j'en peux plus que tu restes dans ton coin toute seule dans cette situation.

- Quoi?! M'écriai-je j'ai le coeur qui bat la chamade, qu'est-ce qu'elle veut dire au juste?

- Béa. Quand tu es partie pour New York, je n'étais pas tranquille, je suis désolée, avec ce gars qui ne cessait de t'appeler, j'avais peur qu'une fois loin de nous ça recommence et que tu sois seule donc j'ai demandé de l'aide à Thomas

- Attends maman est-ce que tu essaies de me dire que quelqu'un suit mes faits et gestes depuis que je suis ici?

- Oui, admet-elle. De loin il me tient au courant de ce qui se passe pour être sûre que tu ne sois pas en danger.

- Maman ! Criai-je avant de comprendre où elle voulait en venir. Tu sais alors, soupirai-je.

- Oui. Thomas et moi sommes les seuls à connaître l'existence de ton bébé mais nous savons.

- Pourquoi tu n'as pas l'air surprise? Maman je vous ai tous menti, je suis partie sans le dire à personne tu devrais m'en vouloir.

- Béa, je suis ta mère et je dois te l'avouer avant que tu partes je commençais à me poser des questions, tes règles ont toujours tellement été douloureuses pour toi, comme ça l'a toujours été pour moi alors je me suis demandé pourquoi cette fois-ci je n'avais rien remarqué. Sois tu avais été très discrète sois tu n'avais rien eu. Mais dans le même temps tu as su pour tes yeux, ça aurait très bien pu être le stress alors j'ai laissé coulé je me suis dit que s'il t'arrivait quelque chose tu en parlerais. Mais tu ne l'as pas fait et tu es partie. J'ignore pourquoi tu es partie sans jamais parler de ta grossesse. Mais je sais que ma fille ne ferait jamais rien de stupide, je t'ai laissé faire tant que je pouvais. Je t'ai surveillé à distance grâce à Thomas et je t'ai laissé nous raconter tout ce que tu voulais, tu devais avoir une raison. Alors non je ne suis pas en colère, je sais que tu vas bien mais je m'inquiète.

- Maman, je suis tellement désolée. Si je suis partie comme ça c'est parce que j'étais complètement perdue, quand j'ai su pour la grossesse j'ai aussi su que mon copain me trompait. J'étais déjà tourmentée par ma vue. Quand l'occasion de fuir s'est montrée je l'ai saisi, je sais j'aurai dû au moins vous le dire à toi et à papa mais j'ai pas réussi, j'avais peur que vous m'empêchiez de partir mais j'en avais besoin. J'avais peur que vous me jugiez pour être tombée enceinte de façon stupide. Ou encore qu'on m'empêche de le garder mais je voulais que ce soit mon choix. Maman je te demande pardon. Je voulais vous le dire mais je voulais être prête pour ça.

- Je comprends, dit ma mère d'une voix apaisée ce qui me rend encore plus triste, j'avais tellement peur de sa réaction que j'avais tardé à en parler. Je ne t'en veux pas. J'aurai pourtant aimé que ton courage ne vienne avant que moi je ne t'appelle pour tout te dire. Ma petite fille a une semaine et je ne sais d'elle que sa date de naissance et son prénom. Qui explique d'ailleurs que tu sois allée si souvent chez cette amie Danika. Tu aurais pu nous dire à l'époque que tu avais un copain nous ne t'aurions pas jugé tu sais, tu as tout à fait l'âge.

- Je suis désolée pour tout maman. Tu voudrais que je t'envoie des photos d'elle? Elle est tellement belle.

- Ça t'ennuie pas? J'aimerais tant voir à quoi elle ressemble.

- Je l'ai bombardé de photos depuis sa naissance pour vous les montrer parce que je savais que vous ne pourriez pas la voir.

- Donc tu as pensé à nous.

- Évidemment. Maman tu crois que papa m'en voudra?

- Je vais lui expliquer les choses si tu veux qu'il soit mis au courant. Si ça passe par moi ça devrait aller.

- Oui. Mais que vous deux, je ne suis pas prête à ce que ça se répande. Ben non plus, ne lui dit pas, il ne va pas aimer mes mensonges et je suis pas prête à l'affronter.

- Ton frère est allé voir la ville où a grandi Becky il ne rentrera que la semaine prochaine, je pensais qu'il te l'avait dit.

- Ah non je savais pas. Mais il m'appelle quand il le peut alors bon. Enfin bref et dis à Thomas que ça ne fuite pas non plus, je ne veux pas. Je dirais les choses moi-même à ma façon quand j'en aurais le courage. D'ailleurs sa surveillance n'a plus lui lieu d'être puisque personne n'a rien reçu depuis mon départ.

- Désolée ma chérie mais on préfère encore être vigilants.

- Ok, soupirai-je, de toute façon j'ai plus rien à cacher.

J'ai ensuite parlé encore un peu à maman avant qu'elle ne raccroche car papa allait rentrer. J'ai tout de suite envoyé par message plusieurs photos de Danika. Pour qu'ils puissent voir leur petite fille.

Je me sentais soulagée, tout ce temps maman savait et elle n'a rien dit. Je me sens tout de même coupable de ne pas avoir été celle qui a lâché le morceau.

 Un peu plus tard alors que je donnais le biberon à Danika ils m'ont appelé en vidéo, je tenais ma fille dans mes bras et j'avais hésité avant de répondre, j'avais d'abord montré que mon visage pour affronter la colère de papa qui s'était mué ensuite comme ça le fait toujours en une inquiétude. Puis quand tout le monde fut calme j'ai baissé la caméra vers la puce qui finissait son biberon allongé sur mes genoux. J'avais vu à leurs yeux lorsque je leur ai présenté officiellement leur petite fille qu'ils n'étaient pas fâchés après moi. Déçus peut-être que je n'ai pas su leur parler mais j'essaierais de me rattraper avec le temps.

 

Mes parents avaient su d'une façon que j'avais pas prévu mais ce qui m'attendait allait encore plus me déstabiliser... Je ne l'avais pas prévu non plus.

Je le retrouve à la même place que moi lorsque je suis totalement perdue dans mes pensées, ce qu'il semble être d'ailleurs.

- Nolhann. Tu vas bien?

- Désolé, j'admirais la vue.

- Pas de soucis, tu semblais absent.

- Je réfléchissais. Je devrais remercier Lucy de m'avoir fait te rencontrer, j'avais pas fait la connaissance de quelqu'un de si frais depuis longtemps.

- Merci. Mais ça t'ennuie pas de venir à sa demande voir quelqu'un qu'elle connaît?

- J'étais sur place, ça me coûte rien, hausse-t-il les épaules.

- Je peux parler franchement avec toi?

- J'aime autant. Mais qu'est-ce qui se passe? J'ai fait ou dit quelque chose qu'il ne fallait pas?

- Non, j'ai juste une impression. Après tu peux me répondre ou pas mais avec ma curiosité je peux pas m'en empêcher.

- Et bien parle.

- Lucy, tu l'aimes?

- Bien sûr elle est ma meilleure amie.

- Non je veux dire quand tu parles d'elle, j'ai cette étrange impression. Tu es amoureux d'elle pas vrai?  On me dirait moi quand je parlais du père de Dani.

- Seras-tu une tombe pour moi ?

- Donc tu l'aimes, décrétai-je.

- Je ne sais plus à présent. Parfois je me dis que je l'aime, parfois je me dis juste que je suis jaloux de sa vie aujourd'hui. J'en sais rien seulement je veux qu'elle reste heureuse comme elle l'est maintenant.

- J'avais raison donc.

- Comment tu peux savoir ça alors qu'on s'est rencontré il y a genre une heure.

- Justement, je te connais pas donc je te regarde objectivement. Désolée j'ai ce don de mettre les pieds dans le plat à cause de ma curiosité.

- Pas de soucis mais laisse-moi mettre les miens dans ton plat.

- Ok, pose toutes les questions que tu veux mais tu devras aussi être ma tombe.

- Je sais que tu vis ici seule et que tout le reste de ta famille est à L.A, et le père de la petite, c'est le cas aussi?

- Oui, Lucy a dû te le dire.

- Non, elle reste discrète quand il le faut. Je sais que tu vis seule après avoir eu un bébé et qu'elle s'inquiète pour toi parce que tu as un problème aux yeux. Et tu viens de dire que je ressemble à toi quand tu parlais de ce gars, j'imagine que c'est un ami proche?

- Je vais t'expliquer, j'ai eu un enfant et ni ma famille ni le père ne le sait, je vis ici parce que j'ai fui loin de tout le merdier là-bas. Le père de Danika est quelqu'un auprès de qui j'ai grandi on a fini par sortir ensemble sans en parler parce qu'on avait peur des réaction, ça n'a pas duré longtemps mais j'étais sûre de ce que moi je ressentais, et lui avec ses actions je le pensais sincère aussi mais au final il m'a trompé et je pense que ça a déclenché un truc chez moi ce qui a motivé mon arrivée ici. Voilà en gros l'histoire de la pauvre fille que je suis.

- T'es pas une pauvre fille, mais j'aimerais savoir, tu comptes leur dire à tous ces gens que tu as une jolie petite fille?

- Je le devrais. J'attends d'en avoir le cran. J'ai peur qu'ils savent, le père aussi je ne sais pas si je suis capable de l'affronter aujourd'hui.

- Je comprends mieux pourquoi tu arrives à me deviner, s'amouracher des amis c'est pas toujours la bonne idée, ça peut foirer à tout moment. Hausse-t-il les épaules.

- Je crois bien aussi, oh c'est vrai, on peut changer de sujet?

- Évidemment, tu veux parler de quoi?

- J'ai une question en fait.

- Pour satisfaire ta curiosité? Rit-il. Vas-y demande.

- Est-ce que tu crois qu'on va se revoir avant que tu ne repartes. Ou est-ce que tu passais juste comme ça par demande.

- Je suis passé sur demande mais je ne cache pas le fait que j'apprécie t'avoir rencontrer donc ça serait cool, qu'on se voit avant que je reparte, je trouve qu'on accroche bien, je comprends Lucy. D'ailleurs c'est bientôt ton anniversaire non? Tu peux pas faire ça toute seule. Disons que je passerais te faire un coucou ce jour-là.

- C'est gentil, merci, et as-tu un besoin urgent de cet objectif?

- Oh tu as entendu à ce sujet, oui j'ai pas pu lui dire mais oui demain matin j'ai un truc à faire donc en sortant d'ici je vais aller m'en chercher un mais pourquoi ?

- Dans ce cas je vais t'en prêter un. Tu ne le sais sans doute pas mais la photo c'est un peu ma première passion. J'ai tout ce qu'il faut ici il devrait y avoir ce dont tu as besoin.

- Quoi? Mais je peux pas accepter, ces choses coutent chers.

- J'en aurais pas l'utilité là mais toi oui, rends les moi quand tu viens me voir à mon anniversaire.

- Tu vas faire confiance à un gars que tu connais à peine pour ça?

- Va savoir pourquoi mais oui. Disons que Lucy t'a très bien vendu et puis tu m'as permis de prendre la première douche de plus de cinq minutes  en une semaine je te dois bien ça.

- Ok, rit-il, je vais t'en devoir une sacré alors.

Je suis allée chercher mes objectifs et il a trouvé ce dont il avait besoin, on a continué à parler un moment avant qu'il ne parte. On a échangé nos numéros. J'ai l'impression de lui avoir raconté ma vie... Parler à quelqu'un de tout ce qui m'arrive m'a sans doute manqué plus qu'il ne fallait pour que je parle autant à un presque inconnu.

Je me sens bien après ma longue douche et lorsque je ressors pour rejoindre le salon il n'y a pas un bruit. Je veux absolument son secret pour que cela se produise.

- Alors ça fait du bien? Me surprend-il.

- Oui, merci. Ça a été?

- Elle dort.

- Quoi? Me rapprochai-je pour m'en rendre compte.

- Comme dit Camden je fais une bonne nounou.

- Le mari de Lucy il me semble, me fis-je la réflexion, pourquoi il dit ça?

- J'ai utilisé la même chose que pour les jumeaux, ça semble fonctionner.

- Tu t'occupais des jumeaux lorsqu'ils étaient bébé?

- Pas dès le départ mais quand je me suis réinstaller près d'eux oui, régulièrement.

- C'est bien d'avoir un ami comme ça.

- Je suis un peu trop gentil je crois. Mais bon quand caporal parle alors j'agis.

- Tu sembles beaucoup attaché à Lucy.

- Tu connais son histoire?

- Oui elle m'en a parlé, elle m'a aussi parlé de votre amitié, elle a dû renaître de ses cendres.

- Exact. Je fais parti de ces personnes qui veulent la faire garder son joli sourire. Allez, dit-il en se levant tout en manipulant la petite avec douceur, je pense qu'elle peut dormir dans son lit à présent.

 

- Sur le ventre? M'étonnai-je.

- Les jumeaux étaient comme ça, ils avaient horreur qu'on les bouge trop quand ils étaient endormis, les laisser dans la même position est une solution.

- Oh. Je n'y aurais jamais pensé.

- Tu apprendras tout comme je l'ai fait.

- Tu crois qu'elle va dormir jusqu'à son prochain biberon? Je suis fatiguée mais je pense qu'elle l'est tout autant.

- Je pense, elle est tranquille là.

- Tant mieux alors.

- T'occuper d'une si petite chose toute seule à quoi , tu as quel âge?

- Vingt ans dans deux jours, l'informai-je.

- Et bien à vingt ans, je te tire mon chapeau, je suis pas certain si j'étais à ta place que j'en aurai été capable. Tiens prends-la on parlera après.

- Ok, attention, dis-je en la prenant doucement avant d'aller la coucher sans qu'elle ne se réveille.