- Par ici. Dis-moi il me dit toujours qu'il n'aime pas être avec les autres et d'un coup il te sort de son chapeau. Je comprends pas.

- Je le connais depuis le bac à sable. C'est comme mon frère. Mais c'est vrai qu'il est souvent solitaire.

- Il m'a dit ça aussi.

- Tu sais qu'il a une copine ? Est-ce qu'il t'en a parlé? Dit-il en me rattrapant.

- Non tu me l'apprends.

- Ca m'étonne pas de lui. C'est le cas, c'est ma frangine.

- Oh, je vois.

- Ils sont ensemble depuis trois ans.

- C'est là. Ah vraiment? Il ne l'a jamais mentionné pourtant.

- C'est tout lui.

- Et sinon tu vas rester dans le coin un moment d'après ce qu'il m'a dit?

- Ouai en fait il se trouve que j'ai trouvé un p'tit boulot par ici donc je vais squatter quelques temps.

- Qu'est-ce que tu fais comme job?

- Celui-là c'est des cours de musique.

- Tu joues de quoi? M'interessai-je.

- Synthé. Et toi tu joues?

- Guitare.

- A vraiment, rétorque-t-il en prenant l'air gêné tout à coup.

- Qu'est-ce qu'il y a? T'as un problème avec les guitares?

- Pas du tout. Je suis surprise qu'il fréquente une musicienne en fait.

- Ah? Il te fréquente bien toi.

- Ouai mais moi je suis un cas à part, rit-il. Bon je te laisse aller déjeuner, on se reverra sûrement une prochaine fois.

- A plus.

- Emmène-le, suggère Mayu. Je te prends ton plat t'aura qu'à mettre les pieds sous la table.

- Vraiment? Ca t'ennuie pas?

- Non, vas-y, je préviens les autres.

- D'accord merci.

- Et bien viens c'est en haut. Lancai-je.

- Ok. Ca t'ennuie pas de me guider?

- Non. C'est pas loin.

- C'est pas ce que je veux dire, après tout hier ça n'avait pas l'air de te plaire que je sois avec lui.

- Ca n'a rien à voir je te connais pas. J'étais pas de bonne humeur hier, désolée.

- C'est pas grave. J'ai cru que je t'avais fait fuire. Il m'a déjà dit que vous vous croisiez là-bas souvent, jamais encore que tu t'étais sauvée.

- C'était inédit. Allez on monte, j'ai pas envie de manger froid.

- A propos il m'a dit que tu voulais me rencontrer, c'est vrai?

- Oui.

- Voilà chose faite, je m'appelle Riley mais tu le sais déjà.

- Et moi Baptiste, tu le sais sûrement aussi.

- Oui.

- Il te l'a sûrement pas dit mais s'il avait été tout seul ce soir-là ça aurait pu mal tourné. Je voulais donc te remercier.

- Y a pas de quoi j'étais au bon endroit au bon moment, c'est tout.

Après le cours d'anglais, ce fût l'heure du déjeuner. Je suis donc allée mettre les affaires de Gwenaël dans son casier et ensuite avec Mayu on a fait un écart aux toilettes avant de rejoindre les autres pour manger. L'occasion pour elle de m'interroger.

- Nan mais vas-y dis-moi, comment ça se fait qu'il t'ait donné sa combinaison, le mec il parle à personne.

- Il voulait pas qu'on lui vole, qu'est-ce que j'en sais, haussai-je les épaules.

- Bah quand même, je trouve ça bizarre.

- Tu te montes la tête pour rien Mayu.

- D'ailleurs tu sais où il est ? Tu crois qu'il est rentré?

- Alors là, aucune idée.

- Hey toi ! Hey ! Lance une voix dans notre dos mais on s'arrête pas pour autant. La voix ne me semble pas familière.

- Hey ! Riley ! Ouai c'est ça Riley ! Ajoute-t-il ce qui nous fit nous retourner aussitôt.

- Ah...

- C'est qui tu le connais? S'intrigue Mayu. Il est plutôt pas mal.

- Chut il va t'entendre.

- Je savais que je t'avais reconnu, tu me remets? Poursuit-il.

- Oui. Je t'ai vu hier, je ne suis pas encore un poisson rouge.

- Parfait, tu vas pouvoir m'aider j'espère.

- J'aimerais bien comprendre moi, intervient Mayu.

- Je l'ai croisé hier, il était avec Gwenaël justement, infomai-je ma meilleure amie.

- Croiser c'est le mot, rit Baptiste.

- Sinon qu'est-ce que tu veux? Demandai-je.

- Je suis venu le chercher.

- Gwenaël? M'étonnai-je.

- Ouai apparemment il est malade ou je sais pas quoi, ils le renvoient à la maison pour le reste de la journée.

- Il avait de la fièvre tout à l'heure, il est à l'infirmerie.

- C'est ce qu'il m'a dit au téléphone, tu peux me dire où c'est?

- Tu avais les écouteurs sur les oreilles c'est ça que tu disais, non? Lance-t-il ensuite après s'être assis lui aussi. C'est donc ça qui te chagrine. Ce que j'ai sorti au téléphone. Car tu l'as entendu.

- En effet j'ai entendu quelques bribes, avouai-je. Evidemment que ça me chagrine, je pensais qu'on était au moins amis. Apparemment j'avais tort. Mais bon c'est pas grave.

- Tu devrais pas prendre les phrases hors contextes.

- Tu l'as déjà dit, qu'on se connaissait pas assez pour que je dise de toi que tu es un ami. J'aurai dû écouter.

- Arrête un peu, du temps à passer depuis. Biensûr qu'on est amis maintenant.

- Mouai.

- Je suis désolé d'accord? Je pensais pas que tu entendrais ça. M'en veux pas. Je comprends pas pourquoi tu prends la mouche aussi vite, c'était qu'une phrase.

- J'en sais rien, parce que ma vie est un enfer et que ça me plaisait d'avoir un nouvel ami. Maintenant ça ne m'amuse plus autant.

- Excuse-moi si je t'ai blessée, c'était pas voulu.

Une porte s'ouvre laissant apparaître l'infirmière interrompant du même coup notre conversation.

- Désolée j'étais au téléphone, oh et bien, te voilà à nouveau Gwenaël. Qu'est-ce qui t'arrive aujourd'hui?

- J'ai de la fièvre il me semble.

- Depuis quand?

- J'en sais rien. Ca commencait vraiment à devenir gênant  les vagues sur ma feuille.

- Et toi tu es là pour quoi?

- Je suis juste venue l'accompagner, maintenant je vais retourner en cours.

- Très bien. Il est entre de bonnes mains maintenant.

- Si c'est pas trop te demander Riley, dit-il avant que je ne sorte de la pièce, tu peux aller mettre mes affaires dans mon casier? Je pense que je retournerai pas en cours dans l'immédiat.

- Oui. Je sais où il est, c'est quoi ta combinaison?

- 1.2.3.4

- T'es sérieux?

- Oui, merci.

- De rien, concluai-je. 

- Qu'est-ce que t'as?? Demandai-je dans le couloir.

- Je me sens pas terrible, hausse-t-il les épaules.

- Ca va aller?

- Oui, je vais juste m'allonger je pense que ça ira vite mieux.

Le silence inévitable me faisait peur mais je ne savais pas quoi dire, heureusement il le brisa rapidement.

- J'ai fait quelque chose ? Quand je t'ai vu hier tu avais l'air en colère contre moi.

- Tu n'as rien fait. Hier ce n'était pas le moment c'est tout.

- Je voulais te présenter mon pote.

- J'avais compris. Mais je te croyais solitaire, il sort d'où lui?

- Baptiste c'est différent, c'est comme mon frère.

- Je vois.

- Il voulait te rencontrer, ça tombait bien puisque tu étais là-bas. Mais bon je suppose que ce n'est que partie remise.

- Pourquoi veut-il rencontrer une fille qui est dans ta classe. Ca s'est échappé tout seul, sans que je puisse m'en empêcher, et mes craintes sont fondées puisqu'il fronce aussitôt les sourcils sans pour autant le relever.

- Il voulait te remercier d'avoir été là pour moi l'autre jour.

- Je vois, et bien le hasard fait bien les choses parfois.

- Etrange, tu es vraiment étrange aujourd'hui.

- Si tu le dis.

- Il va rester chez moi pendant un moment, tu voudras bien le rencontrer? Sinon il va pas arrêter de me casser les pieds.

- Tu sais où me trouver.

- Tu m'agaces aujourd'hui, tu es froide, dit-il en toquant à la porte.

- Et bien désolée de te décevoir mais y a des jours comme ça.

- Mouai.

- Entrez ! J'arrive. Lance l'infirmière.

- Si t'es pas content, tu peux juste m'oublier, je suis juste une fille de ta classe après tout, soupirai-je finalement en marchant derrière lui pour aller m'asseoir sur une chaise en attendant que l'infirmière vienne.