- Merci Eléa.

- Fini?

- Oui j'ai fini de pleurer. Je suis désolée.

Elle sourit simplement, je devine qu'elle est contente d'elle.

- Mamie ?

- Elle va plus tarder maintenant. Je vais te mettre un dessin animé en attendant.

- Na ! Zic !

- Je peux pas, pas maintenant.

- Oh, grimace-t-elle, visiblement déçue.

- Ecoute ne fais pas cette tête, je ne veux pas chanter, je ne pourrais pas, pas aujourd'hui. Et mamie ne va plus tarder.

- Stupéfaite par la rapidité de son changement d'humeur, elle affiche maintenant un grand sourire. Mamie bébé ! 

- Je sais, grimacai-je, mais t'es obligée de me parler de ça maintenant? Je me fiche de ce bébé.

En réponse j'ai juste le droit à deux petites billes rondes à la place des yeux, apparemment ma réaction la surprend. Elle boude ensuite, ses yeux humides.

- Oh non pleure pas, je suis désolée, excuse-moi.

Alors qu'elle renifle pour s'empêcher de pleurer la porte d'entrée claque.

- Mamie, se relève-t-elle  aussitôt.

En la regardant se précipiter vers ma mère qui vient effectivement d'entrer, je m'en veux de la façon dont je lui ai parlé. Alors qu'elle qui se montrait si gentille quelques instants plus tôt je l'ai presque grondé de me parler de la grossesse de ma mère.

- Pourquoi tu boudes toi? Lance ma mère en la prenant dans ses bras alors que je vois Naoki apparaître à son tour.

- C'est de ma faute, haussai-je les épaules, j'ai parlé un peu trop fort, je pense qu'elle a cru que je la grondai.

- Tu sais bien qu'elle est sensible, vas-y doucement.

- Oui et bien ça va, je suis désolée.

- Malo a dit quand est-ce qu'il revenait la chercher?

- Non il a dit que tu étais au courant.

- D'accord.

Je passais maintenant à côté de ma mère qui cajolait déjà Eléa et je me plantais devant Naoki, resté silencieux jusque maintenant.

- Bonjour.

- Bonjour Riley. Comment tu te sens? Sourit-il en me prenant dans ses bras.

- Mieux, merci de demander, je me suis reposée et voilà.

- Oh, j'avais oublié, se retourne tout à coup ma mère.

- Je l'aurai parié, ton cher Malo a accaparé ta mémoire depuis son appel et t'en a oublié ta fille qui a ait un malaise dans la matinée.

- Riley, arrête, me demande Naoki devant l'air gêné de ma mère.

- Au fait tu m'as menti en me disant que tu avais mangén echaîne-t-elle comme si de rien était.

- Oui et bien je voulais pas que tu me forces à manger.

- Il aurait fallu, tu n'aurais pas fait ce malaise.

- Oh oui ça va, vas-y si tu préfères me gronder, moi qui voulait t'épargner. Je suis vraiment trop conne.

- Parle pas comme ça, intervient Naoki.

- Je parle comme je veux, tu vois rien? Elle ne m'a même pas demandé si je me sentais mieux, c'est parce qu'elle t'a entendu qu'elle s'en ai souvenu. Elle n'a vu qu'Eléa à partir du moment où elle est entrée dans la maison. Je suis désolée de n'être que Riley, la fille de mon père. Et non celle de son meilleur ami, j'aurai peut-être attiré son attention plus facilement, grognai-je avant de tourner les talons.

- Jun vient toujours ce soir? Demandai-je tout de même avant d'aller m'enfermer dans ma chambre.

- Oui oui, il sera là avec Clémentine.

- Ah.. elle vient quand même, déglutis-je en accélérant le pas pour rejoindre ma chambre.

- Tori, va lui parler, entendis-je.

- Non, elle finira par se calmer.

- Vraiment je pense que tu devrais y aller.

- Elle est bizarre en ce moment, je te dis que ça va passer.

Je claque finalement la porte de ma chambre, j'en reviens pas.

Je tombe rapidement à genoux, les larmes se mettant à couler sans que je ne puisse les arrêter. Mon coeur se serre et me fait mal. Elle ne remarque rien, elle ne comprend pas. Si ma mère ne voit pas à quel point je suis mal en ce moment alors personne ne le pourra.

Jun va oser venir ici avec elle, et sa me fait encore plus mal. Je pensais qu'il y aurait renoncé, pour moi, pour le respect de ce qu'on a vécu. Alors j'aurai pu lui parler de ce qui m'arrive. Mais maintenant je sais, quoi qu'il puisse dire, je ne représente plus rien pour lui. Rien qu'un souvenir casé dans le coin de sa mémoire.

- Riley? Tout va bien? Entendis-je la voix de Naoki. C'était quoi ce bruit? Il parle du bruit que j'ai fait en me laissant tomber contre la porte.

- Rien ! Criai-je pour qu'il n'entende pas mes larmes dans ma voix. J'ai ensuite fermé ma porte à clé et je suis allée pleurer en silence contre mon oreiller pour ne pas être entendue.

J'ai reçu plusieurs appels de mes amis me demandant de mes nouvelles et que j'ai rapidement congédié, pretextant vouloir encore me reposer mais j'avais pas envie de parler, voilà la réalité.

Le seul à qui j'ai réussi à tout confier, c'est à mon journal. Parce qu'il fallait que ça sorte. Combien je suis malheureuse que personne ne s'en aperçoive, je ne vais pas bien mais personne ne vient voir ce que j'ai. Mettant ça sur le compte d'une crise passagère. C'est sans doute le cas pour certaines choses, mais quelque chose ne se passera pas en attendant tranquillement, je le sais et j'en suis parfaitement consciente.

Penser aux différentes solutions qui s'offrent à moi quand j'aurai la preuve que je suis enceinte me fait penser à cette période il y a quelques temps où c'est moi qui ait douté de notre relation.

Je m'inquiétais qu'on nous retrouve là, sur le canapé en train de s'embrasser. Mais il m'a rapidement fait taire en me couvrant de baisers. Pourtant, à ce moment là, je me souviens parfaitement que j'avais bien plus peur de sa réaction si les autres l'apprenaient. Il avait tellement insisté pour qu'on garde notre relation secrète que j'avais peur qu'en fait il m'utilise et qu'il m'abandonne dans un cas comme ça.

" - Qu'est-ce que t'as?

- Je veux que tu me le dises.

- Que je te dises quoi?

- Que tu ne m'abandonneras jamais.

- Je ne t'abandonnerai jamais, je t'aime beaucoup trop pour ça."

- Menteur, déglutis-je. Alors que le bruit de ma porte me fait sursauter.  Je me demande alors pourquoi je l'ai dévérouiller un peu plus tôt.

- Hey ! Tu pourrais frapper !

- Je l'ai fait mais tu ne répondais pas donc je suis entrée.

- Qu'est-ce que tu veux?

- On t'attend, tout le monde est là.

- Qui ça tout le monde?

- Junpeï et sa petite amie viennent d'arriver, donc tu te dépêches et tu nous rejoins.

- J'arrive. Décrétai-je en fixant le plafond. Voilà, le moment que j'ai redouté toute la journée, le voilà. Il va falloir que j'arrive à me montrer de marbre quoi qu'il se passe. Ce n'est pas le moment de faire un scandale.

J'ai attendu qu'elle quitte la pièce pour glisser mon journal à sa place et enlever mes écouteurs, laissant le tout au sol entre mon lit et ma table de chevet, là au moins je sais qu'il ne tombera pas.

Je rejoins finalement la cuisine où ils sont effectivement tous là, ma mère en train de finir de préparer le dîner, et les autres à discuter autour de la table. Même Anthony que je ne vois pas souvent dernièrement. Ce qui me procure un petit pincement au coeur, mais le pire c'est cette fichue blonde aux côtés de Jun. Ca fait mal.

- Et bien ne reste pas plantée là, viens avec nous on t'a installé à côté de Jun, vu que vous êtes toujours en train de papoter, sourit Naoki. Le pauvre, s'il savait.

- De quoi vous parliez? Changeai-je de sujet, en allant doucement vers ma chaise.

- De toi, Clémentine voulait savoir si tu te sentais mieux.

- Je vais beaucoup mieux, mon père m'a gavé comme une oie en sortant du lycée et j'ai bien dormi, fin de la discussion, dis-je en m'asseyant.

- Tant mieux alors, sourit-elle.

- J'aimerai autant qu'on parle du pourquoi de cette réunion, enchaînai-je.

- On attend que maman serve le dîner, intervient Anthony.

- Ok, haussai-je les épaules.

- Et bien Jun, tu es bien silencieux ce soir, tu n'as même pas salué Riley.

- On s'est vu au lycée ce matin 'pa. Et elle vient elle-même de dire qu'elle allait bien, je pense que je suis pas encore sourd.

- Ok ok , pas la peine de s'énerver. Je dis ça parce que d'habitude vous n'arrêtez pas. Vous vous êtes encore disputés?

- Non, 'pa , mais arrête un peu de t'occuper de nous, nous on veut savoir ce qui se passe ici, essaie de noyer le poisson Jun.

- Riley?

- Si Jun dit que tout va bien, souriai-je nerveusement, c'est que ça doit être le cas.