Résultat des courses, je me suis pris un bain bien chaud et long avant de me décider à aller m'allonger dans l'intention de m'endormir. Mais les pensées se bousculent dans ma tête. J'ai besoin de sortir de cette spirale infernale. J'ai repensé à ce que m'a dit Jun ce matin, ainsi que Clémentine à propos d'une possible autre raison et quelque chose me vient à l'esprit.

- Pas possible, rouvrai-je les yeux. Non non non. Me répétai-je en me disant que j'aurai dû le voir. Depuis quelques jours déjà et j'ai rien remarqué. Ca ne m'arrive jamais. Aucun retard, jamais. Pourtant cette fois-ci... Non non non, continuai-je en me redressant tout en allant attraper mon journal sous mon matelas. Il faut que je vérifie.

J'ai vérifié, et tout en enfilant mes chaussures mon estomac se noue. Ca ne se peut pas. Pas moi. Pas maintenant. J'ai pas pu faire une bêtise comme ça.

- Il faut que je sache ! Déclarai-je en sortant rapidement de la chambre. Emmenant mes clés et de quoi payer.

Je me suis mise à courir, il fallait que je sache et vite. Sinon je deviendrais folle à supposer le pire. Pourtant mes idées tourbillonnent et s'emmêlent. Si c'est ça, comment je vais faire... Si c'est vraiment ça, ça ne peut dater que de cette fois-là...

- Pourvu que je me trompe ! Grommelai-je en courant rapidement vers la pharmacie la plus proche. Pour ensuite me rendre dans un café près de celle-ci. Je ne pouvais pas attendre. Et le faire ailleurs qu'à la maison, c'est plus sûre. C'est à cause de ça que j'ai su pour maman. Je veux pas, au pire des cas, que ça m'arrive, que quelqu'un le découvre par hasard.

Le verdict était tombé dans les toilettes de ce café. Sans aucun doute et très clairement. Depuis que j'en suis sortie je erre dans les rues. Cherchant ce que je pourrais faire maintenant. Comme si tout ceci n'était pas assez compliqué. Il fallait que je sois tombée enceinte, à dix-sept ans, d'un gars qui n'en a plus rien à faire de moi.

Je n'arrive plus à penser correctement... Imaginer que je doive dire ça à mes parents me terrifie. Tout comme le fait d'en parler à Jun... Comment je suis censée faire ça.  Mes pas m'ont menés au parc près du lycée. Je me laisse finalement tomber à genoux en pleurant. Comme si ma vie n'était pas assez compliquée comme ça.

Je n'arrive plus à réprimer mes larmes que je retiens depuis le café. Même si l'envie d'aller à l'hôpital tout de suite après m'a traversé l'esprit, je me suis dit que ma mère devait y être en ce moment et que quoi que je fasse elle aurait été mise au courant et je ne suis pas prête pour ça.

Je me souviens ensuite de l'histoire que ma tante Nélia m'a raconté... Elle s'était retrouvée enceinte encore plus tôt que moi et avait avorté. C'est à cette occasion qu'elles se sont rapprochées, maman et elle. Parce qu'elle l'avait soutenu. Mais rien qu'à cette idée je me remets à pleurer de plus belle reserrant mes bras autour de moi. Je suis complètement perdue... Et une nouvelle fois seule face à cette nouvelle situation.

J'entends soudain des bruits derrière moi, qui me font sursauter. Ce n'est pas le moment que quelqu'un me voit dans cet état, je le sais mais je n'arrive pas à me relever. Je jette un oeil par dessus mon épaule, et en constatant qui se tient à quelques pas derrière moi, s'approchant en silence, je me trouve encore plus pathétique et les larmes redoublent, s'écrasant lourdement sur le sol.

- Riley? Qu'est-ce qui t'arrive?

Je secoue la tête en me mordillant les lèvres pour toute réponse alors qu'il me contourne pour se placer devant moi.

- Hey, t'as besoin d'aide? Il t'est arrivé quelque chose?

Je me contente de faire toujours pareil alors qu'il s'agenouille juste . Je ferme les yeux pour ne pas croiser son regard. Je n'ai pas besoin de pitié.

- Riley, soupire Gweanel en posant ses mains sur mes épaules. Pourquoi tu te mets dans des états comme ça?

- L...Laisse moi, hoquetai-je, en essayant d'apaiser ma crise de larmes.

- T'as raison oui, tu as vu dans quel état tu es? Tu crois vraiment que je vais te laisser.

- Pas..besoin...personne, articulai-je difficilement alors qu'il m'attire tout à coup contre lui.

Une sensation qui m'apaise un peu...

- Ca fait je sais pas combien de temps que tu m'adresses à peine quelques mots au lycée, et maintenant tu me sors ça? Qu'est-ce qui se passe? J'ai fait quelque chose?

- Non, secouai-je une nouvelle fois la tête, pas toi.

- Pas moi mais pourtant tu m'évites moi.

- Trop compliqué, soufflai-je en reprenant doucement ma respiration.

- Bon calme-toi, dit-il en m'attirant encore un peu plus contre lui. Ensuite dis-moi ce qui te mets dans un tel état. Mais on devrait pas rester ici on va finir par te voir, ça va être l'heure du déjeuner.

- Partir... Pas me voir.

- Je sais. Allez calme-toi, dit-il en me tenant pour m'aider me relever.

- J'ai l'impression que tu viens ici que pour pleurer, lâche-t-il sa tête contre la mienne. Ce n'est pas la première fois que je te retrouve comme ça.

En y repensant, il m'avait déjà aidé quand je m'étais écrouilée après mon face à face avec Jun... Et rien qu'à penser à ce dernier les larmes se remettent à couler.

- Désolé, j'ai dit quelque chose?

- Gwena ! Me fait sursauter une voix féminine dans mon dos. Lui aussi a réagi brutalement, il me lâche et recule un peu.

- Excuse-moi.

Me laissant derrière lui, il me dépasse et va sans doute rejoindre la personne à qui appartient cette voix que j'ai entendu.

- Qu'est-ce que tu fais on t'attendait dans la voiture ! Entendis-je à nouveau.

- Je sais bien, j'allais venir mais...

- C'est Riley ? Intervient une autre voix, que je reconnais. Baptiste.

Mon regard fixé sur mes pieds depuis que Gwenaël m'a lâché, j'essaie de me ressaisir mais mes forces m'abadonnent et mes jambes fléchissent, je n'arrive pas à rester debout.

- Hey ! Hey ! Tu vas tomber ! Entendis-je avant que des bras ne me rattrappent.

- C'était juste, souffle Baptiste.

- Merci, déglutis-je.

- Ca va pas?

- Pas vraiment.

- Hey! Tu m'expliques? Lance-t-il à Gwenaël qui tient dans ses bras celle que je suppose être sa petite amie. C'est toi qui a fait des dégats comme ça?

- N'importe quoi, grogne Gwen sans pour autant se retourner.

- Repose-moi.

- Alors là tu rêves, tu vas t'écrouler à nouveau, t'as plus aucune force tu vois bien. Laisse-moi faire.

- C'est qui cette fille? Demande rapidement celle qui ressemble effectivement à Baptiste, j'avais donc deviné.

- Tais-toi Brandy, râle Baptiste. Gwen elle a l'air épuisé, il faut faire quelque chose.

- Je veux rentrer.

- Tu sais où elle habite?

- Oui, intervient enfin Gwenaël. On va la déposer.

- Et ton rendez-vous ? Je te rappelle que tu as quitté le lycée pour aller chez le médecin. Le fusille du regard la dénommée Brandy.

- Ca va c'est sur le chemin, commence pas à me saouler, tu vois bien qu'elle n'est pas bien.

- Allons-y. Déclare Gwenael en ouvrant le chemin.

Une ambiance étrange a plané dans la voiture, moi essayant de retrouver toutes mes capacités, malgré que je me sente vidée. Gwenaël parlant avec sa petite amie et Baptiste profitant du paysage. Ils m'ont finalement déposés avant de s'excuser pour devoir partir comme ça.

Seule à la maison, je n'ai qu'une idée en tête. Dormir. Je dois retrouver des forces pour réagir de facon correcte à tout ça.

Je dois être un peu plus rationnelle, il faut que j'aille faire les analyses nécessaires pour confirmer que je suis enceinte. Ensuite j'aviserai. Je ne dois pas commencer à paniquer, pas maintenant et surtout pas aujourd'hui. Mais d'abord un peu de repos.

La sonnette de la porte retentie à peine quelques instants plus tard et même si j'y vais en trainant les pieds, je retourne sur mes pas.

- Qu'est-ce qu'il fait là, lui, soupirai-je en apercevant Baptiste à travers la porte vitrée. Je pensais qu'ils étaient pressés c'est donc dans la complète incompréhension que je vais ouvrir.

- Baptiste?

- Excuse-moi de m'imposer, mais je m'inquiétais, j'ai demandé à Gwen de faire demi-tour, il m'a déposé avant de repartir. Je te dérange pas?

- J'allais juste me reposer.

- Ca t'ennuie si je reste jusqu'à ce que tu t'endormes? Je me sentirais mieux.

- Si ça peut te rassurer, haussai-je les épaules, entre.

- Referme derrière toi. Dis-je en tournant déjà les talons. Je me fiche que je le connaisse pas beaucoup et de ce qu'il peut être, j'ai pas la force de discuter, et puis ma vie est déjà assez merdique comme ça, ce serait le comble qu'il soit un psychopathe. Et j'ai juste une requête si tu veux rester.

- Dis-moi.

- Me demande pas pourquoi et surtout oublie.

- Oublier sera difficile mais d'accord je te demanderai rien.

- Merci.