C'est ainsi qu'à commencé ma vie à New York. Je me suis habituée au métro pour pouvoir aller plus vite là où j'avais besoin sans trop m efatiguer. C'était un plaisir que de découvrir une nouvelle ville, parfois seule , parfois avec Kristal le week end.

J'ai visité les coins les plus touristiques possibles mais je suis aussi allée rencontrer les personnes que j'étais venue voir ce qui m'a semé encore plus de doute quand à la photo. D'ailleurs parfois je vois un peu flou mais ça ne dure pas. Je me demande combien de temps j'ai encore avant que ça empire.

Kristal et moi on s'entend parfaitement, je suis contente d'être venue. Elle a déjà invité plusieurs de ces amis ici et je ne m'impose pas je profite de ce temps pour me balader, ça n'empêche pas les soirées avec des fou-rires.

Un soir pourtant après qu'elle soit allée se coucher je reste à contempler la vue. J'étais allée consulter un médecin pour vérifier que tout allait bien et après avoir vu le petit haricot qui avait déjà un peu grandi j'ai confirmé mon désir de le garder. Je sais qu'un jour mes mensonges me retomberont dessus parce que je cache cette grossesse mais je ne peux pas l'abandonner, je ne veux pas.

Dans cette optique j'ai fait quelques démarches pour réussir à vivre avec un enfant quand il sera là, il me reste plusieurs moi pour me préparer et j'ai commencé dans ce sens dès ma décision prise. Je me suis ouverte un peu plus sur le monde de la cuisine grâce à des cours ce qui a débouché sur un petit boulot pour un site internet qui consiste à donner mon avis sur des aliments. Laissant volontairement de côté mon appareil photo, je voulais me trouver une nouvelle route, juste au cas où.

Je parle de ce boulot, de ces cours lors de mes nombreux chats vidéos avec la famille, les amis, tout en omettant de parler de mon départ qui est censé approché, quand le sujet est abordé je trouve une excuse pour annuler. Comment leur dire que rentrer n'est pas dans mon objectif? Je compte rester ici même après le départ de Kristal, me trouver un petit appart pour moi suffira, je mets de l'argent de côté dans cet optique. Je suis lâche car j'attends la dernière minute pour le leur avouer mais je dois trouver les mots qui les feront accepté. Surtout ma grossesse qui ne va pas vraiment continuer à être secrète pour tous ceux qui me cotoies, je sens mes vêtements me serrer un peu plus chaque jour, je vais devoir changer de garde robe bientôt et l'adapter à ce ventre qui sera rebondit dans les semaines à venir.

Puis un après-midi où je travaillais sur une critique, on était toutes les deux à la maison. Et j'avais un étrange sentiment, l'air était bizarre, comme tendu.

- Béa? Rompt le silence Kristal.

- Oui? Je peux t'aider?

- Tu sais que j'aime pas tourner autour du pot alors voilà, j'ai un contre temps, je peux pas rester comme prévu.

- Quoi? Pourquoi?

- Le boulot m'envoie plus tôt en déplacement.

- Mais il restait une semaine au moins.

- Je sais c'est ennuyeux.

- Plutôt oui j'avais pas l'intention de repartir si vite.

- En fait je te dis pas de partir, juste que moi je pars.

- Comment ça?

- Et bien tu peux très bien vivre ici toute seule.Elle avait l'air amusée en parlant.

- Pourquoi tu dis ça?

- Ok bon peut-être que je vais me taper la honte avec mes idées mais je suis pas vraiment née de la dernière pluie tu sais. Tu t'es trouvé un boulot et tu suis même des cours ici. Je te vois en train de bosser alors que tu es censée repartir dans une semaine.

- Je...

- Je m'en doutais quand tu es arrivée, j'avais le même regard. Je ne sais pas pourquoi tu n'en parles pas, tu as sûrement des raisons mais t'en fais pas je vais pas te vendre, tu leur diras quand tu seras prête.

-  Merci, mais tu es sûre que je peux rester ? Tu loues ici quand tu pars normalement.

- Pas cette fois, je ne sais pas combien de temps tu comptais rester à New York mais ce qui est sûr c'est que tu comptais pas rentrer comme prévu.

- As-tu d'autres hypothèses me concernant? La lancai-je, je me demandais si elle avait pas compris autre chose.

- Une seule autre oui, parce que j'ai remarqué quelque chose et je me suis dit que mon appartement pourrait te dépanner pour quoi les six ou sept prochains mois.

- Qu'est-ce que.. Écarquillai-je les yeux.

- C'était il y a déjà quelques temps que j'ai vu ça et plusieurs fois ensuite, je ne sais pas si tu t'en rends compte.

- Je comprends pas de quoi tu parles.

- Tu ne portes que des trucs super larges ou épais, d'accord ici c'est l'hiver pour de vrai mais quand même. Et puis bon même si tu es douée pour te cacher, j'ai remarqué les nausées et puis inconsciemment tu touches ton ventre en regardant la télé, donc oui j'ai remarqué que tu n'es pas vraiment toute seule.

- Désolée, c'est tout ce que j'ai pu dire, elle avait remarqué ma grossesse et n'en avait jamais rien dit.

- Cet appartement, je te le prête à condition que tu sois sérieuse. Continue-t-elle. Je n'ai pas besoin de le louer pour l'argent juste pour l'occuper alors j'aime autant que ça soit toi qui le fasse. J'imagine que tu l'étais déjà en arrivant mais personne ne semble être au courant chez toi. C'est volontaire?

- J'ai fui, admis-je.

- Tu as fui? Comment ça?

- J'ai su pour le bébé et le lendemain j'ai trouvé mon copain avec une autre.

- Je suis désolée.

- J'ai pas trouvé le courage d'en parler à ma famille parce qu'ils ne savent même pas que j'avais quelqu'un.

- Tu sais qu'ils s'en rendront compte.

- Je sais. Je sais aussi qu'il ne me pardonneront pas facilement cet odieux mensonge mais j'étais au milieu de tellement de choses que j'ai trouvé une fenêtre ouverte alors j'ai sauté dedans.

- Et c'est moi la fenêtre je suppose.

- Oui, l'appel de Romane est arrivée le même jour, j'étais déjà bien perdue alors j'ai pensé que c'était peut-être la solution, je sais, j'aurais dû en parler mais j'ai eu peur que tu refuses que je vienne.

- Les galères je connais ma belle, on dirait que je ne connais pas toute ton histoire mais moi ce que je sais. C'est qu'ici tu sembles à ton aise, j'imagine que c'est ce que tu voulais, trouver un endroit ailleurs pour te poser un moment.

- C'est vrai, admis-je. Je me suis dit que partir et ne plus voir personne allait m'aider à faire le silence et à réfléchir comme il faut à ce qu'il se passe dans ma vie car parfois il me semble que je suis au milieu d'un ouragan.

Je lui ai expliqué la totalité de mon problème car vu que j'étais découverte autant l'être complètement.

- D'accord alors je comprends mieux ton envie de partir. Mais ça te va vraiment d'attendre un enfant dont personne ne connaît l'existence?

- Pour le moment oui, je suis tranquille de cette façon, je suis désolée je te mets dans une situation impossible.

- T'en fais pas, je quitte le pays pour les six prochains mois, d'ici là tu auras accouché ou presque et je suppose qu'ils seront au courant.

- Merci Kris. Tu ne m'en veux pas de n'avoir rien dit?

- Non, je comprends ton histoire, mais promets-moi que si tu restes ici tu feras ce qu'il faut pour ce bébé.

- Promis.

- Tu m'enverras des mails pour me donner des nouvelles de temps en temps?

- D'accord.

- Il te reste quand même à expliquer à tes parents que tu veux rester ici encore plusieurs mois.

- Je sais, je suis censée les appeler aujourd'hui, c'est peut-être le moment.

- Oui, fais-le que je parte l'esprit tranquille.

- Oui.

- Ah mince mon portable, grimace-t-elle en se levant pour décrocher.

- Je vais à la salle de bain.

- Mais oui c'est bon je serais dans l'avion demain matin arrête de pleurer.

Je suis amusée de l'entendre parler au téléphone.

- Peter ! Je serais là arrête de stresser, j'ai prévenu Béa déjà.

- Bon et bien voilà bébé, on a plus à se cacher ici, soupirai-je face au miroir en regardant mon ventre bien trop à l 'étroit dans ce Jeans.

Je me sentais soulagée qu'elle ait découvert mes plans mais je me sens mal à l'aise à l'idée d'appeler mes parents pour leur expliquer, je ne sais pas s'ils pourront comprendre. Et j'ignore encore si cacher ma grossesse jusqu'au bout même à mes parents est la chose à faire. Ce que je sais c'est que s'ils l'apprennent ils vont vouloir me faire rentrer et ça c'est quelque chose que je n'imagine pas.

Un peu plus tard j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai appelé la maison. J'ai une énorme boule au ventre j'ai peur de leur réaction mais je dois faire ce qui est le mieux pour moi. Même si ça veut dire d'être égoïste. Je ne suis pas prête à rentrer, tout leur avouer et me retrouver face à Damian, je ne suis pas du prête.

- Allo? Décroche Maman.

- C'est Béa, bonjour maman.

- Ah on attendait ton appel, Byron viens c'est Béa !

- Vous m'entendez tous les deux? Demandai-je pour ne pas avoir à répéter.

- Oui oui j'ai mis le haut-parleur. Justement on se demandait quand était ton vol de retour tu n'en as pas encore parlé.

- Maman, papa,  faut que je vous dise quelque chose, mais vous fâchez pas d'accord?

- Qu'est-ce qui se passe? S'inquiète papa.

- D'accord je vais pas tourner autour du pot je ne vais pas rentrer pour les fêtes comme c'était prévu.

- Quoi? Les entendis-je s'exclamer de la même façon.

- La vérité c'est que j'ai trouvé un boulot ici et qu'en plus je prends des cours et que ça me plaît.

- Pourquoi tu n'as rien dit? On aurait pu comprendre.

- C'est pas vrai, vous auriez fait tout ce que vous pouviez pour me ramener mais j'en ai pas envie, je sais que je suis égoïste de parler comme ça mais j'aime ma vie ici. Évidemment vous me manquez beaucoup mais je préfère être ici au moins pour le moment.

- Et à moi tu comptais le dire quand? Me surprend la voix de mon frère.

- Ben? Qu'est-ce que tu fais là?

- Je savais que tu allais appeler alors je suis venu mais j'arrive et j'entends ça? T'es sérieuse?

- Oui Ben je suis sérieuse, je sais que j'aurais dû vous en parler avant mais j'avais peur de votre réaction. Déjà que venir ici pour quelques semaines ça vous a pas plus alors plus longtemps...

- Et où tu comptes vivre pendant tout ce temps? Hors de question que tu as sois seule dans un endroit dangereux.

- Kristal me laisse son appartement pour les mêmes raisons, vous savez comme son quartier est parfait. Si vous plaît soyez pas fâchés.

- On est pas fâchés, intervient papa, on est triste, on pensait t'avoir avec nous pour Noël.

- Pardon mais je peux pas rentrer, pas encore. Je suis en train de trouver une solution pour abandonner la photo sans être déçue, faire quelque chose qui sera possible même quand mes yeux me joueront de sales tours.

- Ce sera la cuisine alors, réagit de manière enjouée maman, c'est ce que tu avais dit faire une fois, je me souviens.

- Oui écoutez, je sais que je suis égoïste d'agir ainsi mais j'ai besoin de ça. Et puis vous pouviez pas nier qu'on a plus d'embêtement avec le pervers depuis longtemps. Laissez-moi encore quelques mois.

- Fais attention à toi p'tite tête, se fait à nouveau entendre Ben. Et appelle encore plus souvent je veux être certain que ma petite soeur qui vit a des milliers de kilomètres va bien.

- Oui. Je le ferais.

- D'accord Béa, je sais pas si tu as compris mais on te laisse le faire parce que tu dois faire ce choix mais tu vas nous manquer, résume papa.

Ils m'ont fait mille et une recommandations puis ils ont raccrochés, j'étais surprise qu'ils me laissent plutôt facilement faire. Maman  a été la première à me surprendre d'ailleurs.

- Est-ce que tu vas bien? S'assure Kristal qui était apparue derrière moi.

- Ça ira, j'ai pris une décision je dois l'assumer jusqu'au bout même s'ils sont tristes.

- Tu as décidé de garder le secret sur ta grossesse visiblement. dit-elle alors que je me lève pour lui faire face.

- Oui c'est la dernière chose que je veux faire pour moi. Je leur dirais quand je serais prête, même si à ce moment-là ils ne comprennent pas, c'est pas grave. Je serais préparée.

- J'ai raison, tu t'en sortiras très bien toute seule ici, sourit-elle, tu es bien plus mature que moi à ton âge.

- Merci mais je ne sais pas si ça va me réussir tout ça.

- L'avenir te le dira. En attendant je pars demain matin tu veux bien m'aider à préparer tout ça j'ai des trucs dans la salle de bain dans le sèche-linge tu peux les sortir ? Je vais prendre ma valise.

- Oui je vais te chercher ça.

- Ah et au fait. Tu ne vas pas sentir seule dans cet appartement? Ça ira?

- Oui ça ira pas de problème, riai-je.

J'ai regardé le temps changer et l'hiver arriver à mesure que mon ventre s'est arrondi. Je m'habitue peu à peu à l'idée d'avoir un enfant. Je me suis même inscrite à des cours au cas où je perdrais la vue, je dois pouvoir m'en sortir avec un enfant sans mes yeux. C'est mon inquiétude du moment. Si mes yeux se dégradent encore pendant la grossesse je devrais faire avec.

J'ai passé Noël seule dans l'appartement devant la télé. J'aurai aimé être avec les miens mais cette année il fallait que ce soit comme ça, j'ai pris une décision et je devais l'assumer.  Les prochains seront plus animés car je ne serais plus seule.

Lors d'une échographie on m'a annoncé que ce serait une petite fille, je peux ainsi préparer son arrivée avec des objets personnalisés. Je réfléchis à son prénom mais il semble que je l'ai déjà trouvé.

Je passe du temps au téléphone avec la famille et les amis, de leur côté tout se déroule bien. D'ailleurs il n'y a plus aucune trace de ce pervers ou d'une quelconque menace depuis cette fois-là. Tout le monde semble penser que c'était juste des blagues mais ils restent prudents car il est tout de même arrivé quelque chose à Valérie et ça c'est pas un canular.

Quand je dois faire des vidéos je fais en sorte qu'on ne voit que mon visage car mon ventre rebondit me trahirait très vite. Et j'évite de le faire dans la chambre car il y a les affaires pour le bébé et j'aurai vite fait de tourner la caméra dans ce sens sans m'en rendre compte.

Je continue de faire ma vie à mesure que les semaines passent j'aime vraiment vivre ici mais j'admets aussi que j'explore d'autres quartiers, je suis consciente que Kristal va revenir à un moment donné et je ne pourrais pas continuer à squatter son appartement surtout avec un bébé. En plus je veux une chambre pour ma fille donc je cherche un autre quartier qui pourrait me plaire mais j'avoue que j'aime assez celui dans lequel je vis pour le moment.

J'y ai mes habitudes, parfois quand je suis fatiguée de rester enfermée je descends à quelques pas de l'immeuble il y a ce petit café, personne ne refuse jamais de me servir ici. Je commence à tous les connaître. J'aime assez cette sensation d'avoir découvert un endroit par moi-même et y avoir trouvé des habitudes.

Il est vrai que ça me rend nostalgique quand je regarde en direction des instruments qui restent ici et qui appartiennent au groupe qui joue en soirée. Ils me manquent tous et j'ai un pincement au coeur en me demandant ce qu'ils font pendant que je suis ici.

En parallèle à tout ça, j'ai dû commencer à porter des lunettes pour reposer mes yeux, je les porte pour lire et regarder la télé. Je suis plongée dans la lecture car j'approfondis mes connaissances culinaires, je crois que j'ai eu raison de me trouver une nouvelle direction.

Alors que ma grossesse me fatigue de plus en plus, celle de Lucy avec qui je parle tellement souvent s'est terminée avec la naissance d'un beau petit garçon appelé Harvey. Depuis qu'elle m'a envoyé des photos je suis impatiente que ma fille arrive elle aussi mais je dois encore patienter un peu.