Puis un après-midi où je travaillais sur une critique, on était toutes les deux à la maison. Et j'avais un étrange sentiment, l'air était bizarre, comme tendu.

- Béa? Rompt le silence Kristal.

- Oui? Je peux t'aider?

- Tu sais que j'aime pas tourner autour du pot alors voilà, j'ai un contre temps, je peux pas rester comme prévu.

- Quoi? Pourquoi?

- Le boulot m'envoie plus tôt en déplacement.

- Mais il restait une semaine au moins.

- Je sais c'est ennuyeux.

- Plutôt oui j'avais pas l'intention de repartir si vite.

- En fait je te dis pas de partir, juste que moi je pars.

- Comment ça?

- Et bien tu peux très bien vivre ici toute seule.Elle avait l'air amusée en parlant.

- Pourquoi tu dis ça?

- Ok bon peut-être que je vais me taper la honte avec mes idées mais je suis pas vraiment née de la dernière pluie tu sais. Tu t'es trouvé un boulot et tu suis même des cours ici. Je te vois en train de bosser alors que tu es censée repartir dans une semaine.

- Je...

- Je m'en doutais quand tu es arrivée, j'avais le même regard. Je ne sais pas pourquoi tu n'en parles pas, tu as sûrement des raisons mais t'en fais pas je vais pas te vendre, tu leur diras quand tu seras prête.

-  Merci, mais tu es sûre que je peux rester ? Tu loues ici quand tu pars normalement.

- Pas cette fois, je ne sais pas combien de temps tu comptais rester à New York mais ce qui est sûr c'est que tu comptais pas rentrer comme prévu.

- As-tu d'autres hypothèses me concernant? La lancai-je, je me demandais si elle avait pas compris autre chose.

- Une seule autre oui, parce que j'ai remarqué quelque chose et je me suis dit que mon appartement pourrait te dépanner pour quoi les six ou sept prochains mois.

- Qu'est-ce que.. Écarquillai-je les yeux.

- C'était il y a déjà quelques temps que j'ai vu ça et plusieurs fois ensuite, je ne sais pas si tu t'en rends compte.

- Je comprends pas de quoi tu parles.

- Tu ne portes que des trucs super larges ou épais, d'accord ici c'est l'hiver pour de vrai mais quand même. Et puis bon même si tu es douée pour te cacher, j'ai remarqué les nausées et puis inconsciemment tu touches ton ventre en regardant la télé, donc oui j'ai remarqué que tu n'es pas vraiment toute seule.

- Désolée, c'est tout ce que j'ai pu dire, elle avait remarqué ma grossesse et n'en avait jamais rien dit.

- Cet appartement, je te le prête à condition que tu sois sérieuse. Continue-t-elle. Je n'ai pas besoin de le louer pour l'argent juste pour l'occuper alors j'aime autant que ça soit toi qui le fasse. J'imagine que tu l'étais déjà en arrivant mais personne ne semble être au courant chez toi. C'est volontaire?

- J'ai fui, admis-je.

- Tu as fui? Comment ça?

- J'ai su pour le bébé et le lendemain j'ai trouvé mon copain avec une autre.

- Je suis désolée.

- J'ai pas trouvé le courage d'en parler à ma famille parce qu'ils ne savent même pas que j'avais quelqu'un.

- Tu sais qu'ils s'en rendront compte.

- Je sais. Je sais aussi qu'il ne me pardonneront pas facilement cet odieux mensonge mais j'étais au milieu de tellement de choses que j'ai trouvé une fenêtre ouverte alors j'ai sauté dedans.