Juste avant le déjeuner je mettais installée pour observer les autres. Personne ne m'avait vu y aller je suis censée être dans ma chambre. C'est donc allongée pour ne pas être vue que je regarde mon père jouer avec ma soeur et ma mère s'agiter au téléphone. J'espère vraiment que tout ça n'est qu'une fausse alerte, que personne ne viendra troubler notre petite vie tranquille.

Je ressens de nouveau cette sensation bizarre, que j'avais eu l'autre jour en ne voyant plus très nettement un court instant mais sachant que je couve sûrement un rhume ça doit être le signe de fièvre, je devrais m'activer et me soigner avant d'être clouée au lit.

Je reste là encore un moment avant de me me décider à descendre, l'estomac commence à s'affoler il faut donc que je prévienne Ben et Damian qu'on va bientôt passer à table. Sinon je vais devoir remonter et les prévenir donc autant le faire dans ce sens.

Je suis passée par la même fenêtre qu'à l'allée et j'allais ressortir de la salle de bain quand j'ai entendu des voix tout près. Fidèle à mes habitudes j'ai tendu l'oreille.

- Pourquoi tu t'arrêtes? On allait pas aider ta mère avec la table?

- Si on va y aller mais Dam' je vais te poser la question une seule fois, tu devras être honnête et je te jugerais pas quoi que tu me dises, je veux juste que tu sois sincère.

- Vas-y.

- Il se passe quelque chose entre toi et Béa?

- Sûrement pas, pourquoi tu penses ça?

- Je sais pas, ta présence hier m'a un peu surpris.

- Je t'ai déjà expliqué, tu sais très bien que je la considère comme ma propre soeur, je la vois pas comme une femme alors arrête de stresser.

Ma curiosité venait de me rendre la monnaie de ma pièce, je l'avais pas vu venir celle la, c'est donc ça qu'il pense de moi? Le coeur serré j'ouvre la porte pour me manifester.

- Je suis quoi alors un mec? Lancai-je en serrant les poings.

- Une petite fille plutôt, lâche Damian, à en juger comment t'étais terrorisée hier, c'est le terme approprié.

- Arrête de l'appeler comme ça tu sais que ça va la mettre en colère, intervient Ben. Et d'où tu sors toi?

- J'étais là... La prochaine fois que tu veux parler de moi , fais-le là où je peux pas entendre.

- Bravo Damian, tu as battu ton record, dis-je simplement parce qu'à trop parler je risque de lui mettre une baffe.

- De quel record tu parles? Ne comprend pas mon frère.

- Laisse tomber, lui sait de quoi je parle. Finalement je vais prier pour Tombouctou.

- Hey calme toi, je rigolais là, tente Damian.

- De quoi elle parle Tombouctou?

- Je t'expliquerais, Béa, attends.

- Tu rigolais pas Damian, tu es bien content que j'ai eu l'air si stupide hier? Tu as bien rigolé? C'est pas près de m'arriver à nouveau. Je suis vraiment très conne de te faire confiance.

- Rattrape-là, elle va faire la gueule, entendis-je mon frère alors que mon coeur résonne dans mes tempes, il s'est fichu de moi. J'ai cru qu'il avait baissé la garde qu'on s'entendrait mieux mais en fait il devient un autre devant les autres... Je suis trop stupide.

- Et bien laisse-la faire la tête, ça durera pas de toute façon.

J'ai les larmes aux yeux en arrivant en bas des escaliers, je comprends plus rien. Il a vraiment deux personnalités ou quoi?

- Béa ! Me fait-on sursauter.

- V...Vous êtes là, remarquai-je un peu déstabilisée qu'on me surprenne là.

- T'as l'air surprise, tu savais pas qu'on venait?

- Si, on me l'a dit.

- Damian est où? Enchaîne-t-il.

- Damian connait pas mais tu trouveras volte-face avec Ben sur le palier.

- Vous vous êtes encore disputé? Intervient Adrien.

- C'est une manie, haussai-je les épaules.

- Bah viens il va s'excuser.

- J'en veux pas de ses excuses, elles sont bidons. Lui aussi il est bidon de toute façon.

- Hey tu te prends pour quoi de parler de tes aînés comme ça toi? Me lance Valérie avant de s'avancer vers moi.

- De quoi je me mêle toi?

- Je me mêle que t'es toujours en train de ruiner l'ambiance, on est venu ici pour passer un après-midi tranquille, au lieu de ça on va encore devoir gérer ta crise.

- Occupe-toi de ton cul toi.

- Tu te prends pour qui au juste à me parler comme ça? Je suis pas ta copine.

- Encore heureux, t'as vu ton caractère? Ta jalousie te rend moche.

- Jalouse? Moi ? De toi? Ça va pas ta tête.

- Val' tu vas arrêter de t'en prendre à elle dès que tu la croise? Intervient Ben dans mon dos.

- Et on ne s'est pas disputé, j'ai dit des trucs qui lui ont pas plu c'est tout, ajoute Damian.

- Pourquoi elle faisait cette tête en descendant alors? Intervient Nico en s'approchant.

- Vous pouvez pas juste me laisser tranquille? Je vais pas vous embêter je vais allé dehors voir ce qui s'y passe et je reviendrais pour le dîner.

- Et toi, vieille peau, si t'es pas contente rentre chez toi parce qu'ici t'es chez moi, pigé?

- C'est qu'elle a bouffé du lion la petite, crache-t-elle.

- Moi, parait que je suis une petite fille, un bébé ou je ne sais quoi mais toi t'es quoi pour être si aigrie? Vieille folle.

- C'est bon calmez-vous les filles, on sait que vous vous entendez pas c'est pas la peine de le montrer au parents, nous arrête Adrien.

- Ouai, Val' arrête un peu tu ne connais rien de ce qui se passe, ajoute Nico.

- Je me retourne pour faire face à Damian et Ben histoire de couper court à tout ça. Ben je peux te parler une minute.

- Approche.

Damian s'éloigne sans un regard vers moi ce qui m'agace encore plus.

- Qu'est-ce qui t'as mise en colère? Me demande mon frère le premier.

- J'ai horreur qu'on me traite de gamine ou ce genre de truc tu le sais.

- Mais tu t'es enflammée plutôt vite là, pourquoi?

- Parce que cet empaffé m'a dit hier qu'il ne dirait plus des choses comme ça c'est pourtant ce qu'il a fait, dis-je assez fort pour me faire entendre par le concerné.

- Tu connais Damian, il faut pas t'énerver pour ça.

- Tu me connais? Je m'énerve.

- Bon allez calme-toi et on va aller déjeuner tous ensemble.

- Sans moi, lui je peux mais elle je peux pas, je reviendrais quand cruella aura décampé, trouve un truc pour les parents je me casse, dis-je en tournant les talons pour me mettre à courir vers la porte.

Je manque de rentrer dans mes parents qui rentraient au même moment mais je m'arrête pas, ils vont m'empêcher de partir.

- Tu vas où ? Me demande Julie quand je la croise à son tour.

- Je reviens tout à l'heure.

- Béa ! Entendis-je appeler de l'intérieur ce qui me fait accélérer mes pas.

Je vais devoir apprendre à me contenir quand il me sort ses méchancetés, j'étais tellement à l'aise avec lui la veille que je me suis pas méfiée. Je n'ai pas vu venir qu'il changerait d'attitude.  Et la cerise sur le gateau c'est Valérie qui se mêle de ce qui ne la regarde pas.

Je suis allée à l'endroit le plus près de chez nous, une plage, que j’espérais déserte ou presque et je me suis mise à hurler à plein poumon. J'étais folle de rage de m'être amourachée de lui qui ne cesse de faire le yoyo avec mes émotions.

- Béa ! Me fige ensuite sa voix. Il avait couru derrière moi... Et j'éternue histoire de brisé la scène de colère.

- A tes souhaits, tu voix t'as attrapé froid.

- Ferme-la Damian je suis pas d'humeur à jouer avec toi là.

- Tu veux bien m'écouter?

- Non. L'enfant que je suis ne devrait pas parler aux imbéciles.

- Laisse moi parler.

- N'invente pas d'excuse bidon encore une fois Damian, hier t'étais tout gentil tu regrettais de m'avoir blessée mais c'était que des conneries? Aujourd'hui tu me la joues macho gros bras c'est ça le truc?

- Tu n'aurais pas dû entendre ce que j'ai dit à Ben.

- C'est pas si mal je sais que tu joues un double jeu, en fait je m'en doutais mais t'es pire que ce que je croyais.

- Je savais pas que tu étais là, soupire-t-il.

- Et ça aurait changé quoi? Ben t'a demandé d'être honnête avec lui tu l'as été comme tu l'es toujours avec eux, basta, dis-je en me plantant devant lui.

- Vas-tu me laisser en placer une ou pas?

- Non, tu sais trop bien m'amadouer, j'en ai ras le bol, volte face ça te va très bien comme surnom et tu le prouves chaque fois un peu plus.

- Pourquoi ça te mets dans cet état ? Tu n'es pas aussi énervée que ça d'habitude.

- En ce moment tout le monde n'arrête pas de me dire ou me faire comprendre que je suis la plus jeune c'est pas une tare je vous signale. Et avec ça tu ajoutes la trahison des deux là, il suffisait d'un truc pour que j'explose. C'est tombé sur toi.

- J'en suis désolé... J'admets que tu ne dois pas traverser une bonne période et j'en rajoute.

- Pourquoi t'es comme ça avec moi? C'est si amusant de me torturer? Le regardai-je en sentant une boule se former dans ma gorge, j'appréhendais la réponse.