- Non, je ne t'évite plus je te l'ai dit, seulement j'avais besoin de calmer mes nerfs.

- A cause de Damian? Lucy m'a dit que tu es allé le voir.

- J'y suis allé oui, je pouvais pas imaginer qu'il abandonne sa fille après tout le remue-ménage que ça a créé.

- Ah je vois d'autres saucisses là-bas, tu veux bien me les apporter? On va faire ça comme il faut, changeai-je de sujet.

- Euh ok.

- Et donc, repris-je après avoir mis les saucisses à cuire, tu y es allé et que s'est-il passé? J'ai rien entendu de personne.

- J'ai pas pu m'empêcher de le frapper, hausse-t-il les épaules. Il m'a lancé ce regard blasé en me disant que tu t'en sortais très bien sans lui et que Danika n'aurait pas besoin de lui. Je lui ai collé mon poing dans le ventre alors qu'il allait passé à côté de moi.

- Bien fait, riai-je, mais tu ne devrais pas t'abaisser à son niveau, il devenu plus con que j'aurais cru.

- C'est pourquoi j'ai finalement fait demi-tour et j'ai pris l'air, désolé j'aurai dû t'appeler mais je savais pas quoi dire.

- Que tu as pris la défense de ma fille. Merci.

- De rien, allez donne ton sac je vais le ranger dedans.

- Oui, merci.

- Bon parlons sérieusement, lance-t-il alors qu'on passe à table. Pourquoi t'es là?

- Je te l'ai dit, je voulais savoir ce qui c'était passé.

- Tu vas donc repartir maintenant que tu as eu la réponse?

- Non, je vais profiter de la vue moi aussi. Tant que je le peux encore. Enfin si tu es d'accord évidemment.

- Restes si ça te chante, mais tu as fais quoi de la petite? C'était pas prévu à la base que tu viennes.

- Je l'ai laissé à Lucy.

- D'accord.

- Moi je redescends demain mais toi tu vas faire quoi? Lui demandai-je.

- Je sais pas encore, j'aime bien ici.

- Oui on vient souvent dans le camping en bas avec la famille mais comment t'as eu l'idée de venir en haut?

- J'ai demandé conseil à ton frère.

- Sacré Ben, je savais que vous vous parliez mais je me demande à quel point.

- Comment ça?

- Non, rien.

Le soir tombe et je fais quelque chose dont je ne vais bientôt plus être capable je m'en rends compte car la vue à changé déjà, il y a moins de luminosité, je regarde la ville en soupirant. Je ne sais pas si je veux rester là.

- Tu me fais peur aussi près du bord, me rejoint Nolhann.

- C'est beau non?

- Oui, je comprends que tu aimes venir ici.

- J’imprègne ces images dans ma tête.

- On reviendra les voir si tu veux.

- Mais ça ne sera déjà plus pareil.

-Tu as l'air tellement défaitiste, est-ce que tu as du nouveau?

- Non je le remarque quand même, j'ai de la chance ça y va progressivement.

- J'aime pas beaucoup ça quand tu parles de cette façon.

- C'est pourquoi on ne va pas en parler, j'ai bien d'autres sujets à aborder avec toi.

- Je me disais aussi, tu n'es as venue que pour la vue.

- On va aller près du feu il commence à faire trop sombre pour moi.

- De quoi est-ce que tu veux me parler au juste?

- A ton avis?

- A vrai dire je suis pas certain.

- Il y a pourtant un sujet dont on a pas reparlé depuis mon anniversaire.

- Je savais que je ne devais rien dire, je voulais pas que tu penses à ça.

- Il le faut pourtant, j'ai vu ce que ça donne avec Nico, il croit faire bien pour moi mais ça n'est pas le cas.

- Me compare pas à lui, j'ai assez de bon sens pour ne pas aller là où on ne me veut pas. Lui se mêle un peu trop de tes histoires avec son frère.

- C'est vrai.

- De toute les manières ce n'est pas pareil avec toi, continuai-je une fois installés devant le feu.

- Pourquoi parce que je suis vieux? Rit-il.

- Idiot.

- Oui je suis un idiot de tomber dans un truc à sens unique à mon âge.

J'ai pas pu m'empêcher de rire à cette remarque.

- Tu parles comme si t'avais cinquante ans, relax.

- En tout cas tout ce que je veux moi c'est qu'on reste amis comme ça, qu'on puisse parler de tout et de rien.

- Oui mais si c'est pas ce que je veux moi?

- Tu es sérieuse? Tu veux plus me voir pour ça?

- Triple idiot. Je ne me serais pas mise à ta recherche si c'était ça.

Il reste silencieux l'air de réfléchir à ce que je viens de dire.

- Tu réfléchis beaucoup pour un gars qui me comprend pourtant bien.

- Je comprends pas où tu veux en venir Béa.

- J'ai apparemment de la merde dans les yeux selon Lucy et Ben n'en pense pas vraiment moins.

- Par rapport à moi? Commence-t-il à comprendre.

- Je crois. Quand on y pense c'est totalement logique, je m'inquiète pour toi dès que je te vois pas et c'est toi que j'appelle dès que j'ai besoin de quelque chose. Tu l'as dis toi-même j'ai connu que Damian et j'ai pas compris.

Il me regarde sans rien ajouter quand à moi je réalise en le disant.

- Et je pense que Pedro savait quelque chose aussi quand on y pense.

- Puisqu'il t'observait toute la journée, il te connaissait mieux que quiconque mais tu veux en venir où au juste.

- Nolhann je pense que je suis tombée amoureuse de toi.

- Je suis pas une roue de secours Béa.

- Non tu comprends pas, je ressens plus rien pour lui depuis un moment, je viens juste de le comprendre. Ce que je voulais c'est un père pour ma fille. C'était Damian je pensais que ça irait.

- Tu veux dire que tu te mens à toi-même depuis tout ce temps?

- Il se peut que ça soit ça.

- Où est le problème dans ce cas? Si tu éprouves quelque chose pour moi et que ça va dans les deux sens, pourquoi tu fais cette tête?  J'ai l'impression qu'on t'a annoncé une mise à mort, je fais si peur que ça?

- Tu n'y es pas, j'ai du mal à réaliser en ce qui me concerne, j'ai juste un doute.

- A cause de quoi?

- Que tu sois plus attiré par l'affection envers Danika, je veux pas être le truc qui accompagne.

- C'est toi l'idiote là, rit-il. C'est vrai j'aime Danika mais seulement parce que je t'aime toi et non pas le contraire et crois moi je me suis posé la question pour ne pas faire d'erreur.

Je me suis levée pour l'encercler de mes bras, j'avais besoin d'entendre ça. J'ai senti  mon coeur se soulever à nouveau comme il y a longtemps.

- Tu sais ce que tu viens de dire? Non parce que tu as fais passer le message l'autre jour mais tu ne l'as pas dit clairement.

- Apparemment tes oreilles vont bien, sourit-il, amusé.

- Tu le penses vraiment?

- Oui et je suis sûr de moi, je t'aime, mais toi es-tu sûre de ce qui se passe dans ta tête?

- A quatre vingt dix neuf pour cent.

- C'est quoi le pourcentage qui manque?

- Le ressenti.

- Pardon?

- Tu vois là à cet instant j'ai le cœur qui toque mais il lui manque encore quelque chose.

L'air toujours amusé il se tourne vers moi.

- Voilà ce qui devrait combler le manque, souffle-t-il en m'embrassant.

Il avait raison j'ai ressenti ce que j'avais pas ressenti depuis longtemps, c'est ce petit truc qui manquait. Alors c'était vraiment ça? La facilité de parler avec lui, le manque quand j'ai pas de nouvelles ou que je ne le vois pas, c'était ça? Je l'aime? En tout cas les frissons que je ressens alors qu'il m'embrasse me le font penser.

" A l'époque j'étais vraiment stupide, oui j'étais amoureuse de lui et j'étais tellement obnubilé par former une famille avec Damian que je n'avais pas remarqué. Il aura fallu tout ça pour que j'ouvre les yeux à son sujet. J'avais eu l'audace de me lancer et j'ai eu raison, aujourd'hui je n'ai aucun regret."

Nolhann et moi avons parlé pendant longtemps pour nous mettre d'accord sur le fait de ne pas précipiter les choses, il sait que je suis un peu perdue et ne demande qu'à ce que je me remette dans le bain toute seule. Mais c'est officiel on sort ensemble maintenant.

C'est la lumière du jour qui me sort de mon sommeil, on s'était endormi dehors en discutant.

J'émerge, réalisant qu'il dort toujours, on avait pas prévu le coup, il m'avait dit de dormir dedans et lui dehors mais on discutait tellement qu'au final j'ai dormi avec lui, dehors.

J'ai roulé le sac de couchage et suis allée rechercher mes chaussures pour ne pas rester pieds nus, je m'étais changée pour être à l'aise tout comme lui. Et je vais en profiter pour faire une petite toilette.

En ressortant je remarque que c'est lui qui remballe.

- Je t'ai réveillé?

- Non, le soleil s'en est chargé, rit-il. Lucy savait que tu laisserais ta fille pour la nuit?

- Je lui ai dit qu'il y aurait des risques.

- T'es au courant qu'elle va se faire des idées?

- Je m'en fiche on avait besoin de parler et de mettre les choses au clair.

- Exact, aucun regret ce matin?

- Aucun. Je dois récupérer la petite chez Lucy, tu redescends avec moi finalement?

- Oui. Juste le temps d'avaler un café.

- Je t'embrasse pas, me prend-il dans ses bras, je pue de la gueule.

- Haleine du réveil bonjour, riai-je.

- Toi par contre tu sens le dentifrice, t'es venue équipée?

- Évidemment. Y avait pas que ma tenue dans le sac.

- Comment tu savais que je te laisserais rester?

- Parce que t'es pas du genre à chasser les gens, et puis on avait besoin de parler, on a d'ailleurs passé toute la nuit à ça pratiquement.

- J'avoue. Allez je reviens.

- Je serais la fille en train de ranger les duvets.

- T'es bête.