- Alors arrête de l'être une seconde et dis-moi ce que je suis censée dire à ma fille?

Il s'arrête mais sans se retourner.

- Il est entendu que c'est fini entre nous parce que tu as trop tiré sur la corde mais Danika, est-ce qu'elle va perdre son père?

- Je ne suis pas son père.

- Je t'interdis de parler comme ça, le rattrapais-je.

- Ce que je veux dire c'est que je n'arrive pas à être son père, je suis son géniteur c'est tout.

- Tu décides de renoncer à elle?

- J'ai essayé, j'ai voulu être là pour elle mais on ça ne m'intéresse pas, je rigole avec elle deux minutes mais c'est tout.

- Donc quoi?

- Je ne retirerais pas le fait qu'elle soit ma fille mais je ne peux plus m'en occuper, fais comme si on avait divorcé et que tu avais la garde totale, je suis là, elle saura qui est son père mais je peux pas la gérer, j'y arriverais pas.

- Tu veux être son père que sur papier? Sérieusement?

- En tout cas pour le moment, je changerais peut-être d'idée dans le futur mais tu voulais un avis pour aujourd'hui c'est celui là.

J'encaisse ce qu'il dit sans montrer ma détresse je pouvais pas me le permettre.

- J'aurais une dernière question avant de repartir parce qu'il fera noir dans pas longtemps. Est-ce que tu m'as réellement aimé dans toute cette merde ou est-ce que tu m'as fait du cinéma?

- Oui, j'étais aussi heureux que tu reviennes dans ma vie, j'étais même prêt à accepter notre fille dans ma vie.

- Alors qu'est-ce qui a changé?

- Je ne sais pas, j'ai réalisé que ça avait changé quand on t'a retrouvé.

- Si tu me dis que tu as changé d'avis parce que je te laissais pas me toucher, je t'en colle une Damian.

- Non, je ne sais pas ce qui a changé mais je me suis rendu compte que quelque chose avait changé. Mais je ne dois pas être le seul, normalement tu m'aurais crié dessus ou frappé, alors que maintenant tu te contentes de mettre les choses au clair.

- J'ai réalisé que ça ne me touchait plus de te savoir avec une autre, hier, admis-je, je pense que tu as réussi à brisé ce que j'avais gardé avec moi pendant ces mois où j'étais loin, l'amour que j'avais pour toi.

- Je ne sais pas comment faire pour me faire pardonner d'être un connard.

- Tu n'y arriveras pas, pas cette fois, ce soir ne rentre pas à l'appartement, j'y vais pour rassembler mes affaires et y passer la nuit et je n'ai plus envie de te voir pour l'instant.

- Ok, soupire-t-il, mais que va-t-on faire, par rapport aux autres?

- Je vais te rendre ta liberté à laquelle tu tiens tant Damian, tu es déjà à moitié parti, je vais faire ma vie de mon côté, si tu te sens capable pour Dani alors fais le moi savoir. On se croisera il faudra être aimable l'un envers l'autre, mais tu dois régler les choses pour la petite, elle sera confuse dans le futur sinon.

- Tu as changé.

- On se demande à cause de qui, haussai-je les épaules en le dépassant.

Je m'éloigne rapidement, parler avec lui m'avait ouvert les yeux sur plusieurs points mais le principal est que depuis plusieurs semaines on ne vit que dans une comédie, il joue un rôle et moi je me bats toute seule pour faire tenir notre famille debout, en vain.

Le quitter ne fut pas si difficile que je l'aurais cru, j'avais voulu avoir la famille parfaite même si ça voulait dire avec un homme que je n'aimais plus réellement, je voulais tout faire pour ça, mais ça n'a pas marché, pas avec lui en tout cas. 

Rentrée à l'appartement j'ai passé mon temps à rassembler mes affaires et tout mettre dans l'entrée, sauf ce que j'aurais besoin en me levant. Damian a respecté ma demande et ne s'est pas montré. C'est donc la dernière fois que je cherche à m'endormir dans ce lit, de cet appartement.

J'ai du faire part de ma décision de partir à mon frère car je voulais qu'il m'aide à récupérer mes affaires demain c'est pourquoi je l'appelle en visio avant de m'endormir.

- Hey, salut, me sourit-il.

- Salut, je te dérange pas?

- Non, comme tu vois je suis assis dans mon canapé devant une pub.

- Et moi je suis couchée.

- T'étais pas censée passer la soirée avec Damian?

- On a eu une explication Ben, je lui ai demandé de me laisser la soirée pour emballer nos affaires à la petite et à moi.

- Il se passe quoi?

- On se sépare.

- Il t'a trompé? Je vais le tuer.

- Laisse tomber, j'en ai marre de tout ça, je veux juste partir ailleurs et recommencer avec ma fille.

- Il va plus s'en occuper?

- C'était déjà pas le cas de toute façon, mais je t'expliquerai demain, je voudrais savoir si tu peux venir demain matin ou si tu travailles.

- Je bosse mais je vais d'abord passer si tu as besoin de moi.

- Dans ce cas viens tôt, avant de travailler.

- D'accord je viendrais, mais tu vas aller où?

- Demain j'irai chez les parents, mais je vais me chercher un truc je peux pas me permettre de camper n'importe où avec la petite, soupirai-je en me tournant sur le ventre pour ne le voir que d'un oeil.

- Est-ce que tu veux que je vienne maintenant? T'as pas l'air bien.

- Je vais juste dormir.

- Je ne sais pas quoi te dire, je suis choqué de la façon dont il se comporte.

- Y a rien à dire, en tout cas il sait pour mes yeux je lui ai dit.

- Tu as bien fait, ça commence à se voir quand t'es dehors le soir.

- Je sais, regarde je dors avec la lumière allumée.

- J'ai déjà remarqué.

- Ben je vais te laisser et je t'attends demain très tôt.

- Je serais là, compte sur moi.

- Merci.

J'ai raccroché, blasée. Il va falloir que je trouve quoi dire aux autres ils sont nombreux à m'avoir mise en garde par rapport à Damian, j'ai peur des réactions...

C'est sur ces pensées que je me suis endormie, lâchant mon téléphone sur le sol.

Lendemain matinal...très...puisque j'ai à peine dormi, je me suis préparée très vite pour finir de boucler mes sacs, je veux partir d'ici aujourd'hui et avant qu'il ne rentre, je sais que je devrais le voir mais là je veux retrouver ma fille, rien d'autre.

Ben vient de sonner à l'interphone et je suis contente qu'il soit arrivé tôt.

En attendant qu'il monte, je contemple mes sacsen me demandant quand est-ce que ma fille aura vraiment une maison à elle. Maintenant je vais devoir nous retrouver un toit pour toutes les deux mais en attendant je vais devoir rester chez mes parents, c'est pas ça que je veux pour elle, pour nous, ça me plaît pas.

On toque à la porte ce qui me sort de mes pensées.

- C'est ouvert.

 - T'as l'air complètement abattu toi, lance mon frère en ouvrant la porte.

- Blasée, Ben comment j'ai pu être aveuglée à ce point sur son compte?

- De quoi tu parles au juste?

- Il a dit qu'il me trompait depuis des mois, et que s'occuper de la petite ne l'intéresse pas.

- Je vais définitivement le tuer.

- J'ai réussi à pas lui en coller une, contiens-toi.

- Je sais pas comment tu as fais, me prend-il dans ses bras.

- Je suis un peu perdue là, je sais pas, je l'ai écouté et je me suis rendue compte que la tromperie me passe au dessus, ce qui me blesse c'est son attitude envers sa fille.

- Elle n'a pas besoin d'un père qui ne peut pas la gérer.

- C'est vrai mais je suis censée faire quoi maintenant?

- Arrêter de croire à la famille parfaite, Damian n'a pas grandi et n'arrive pas à devenir adulte, tu dois prendre de bonnes décisions et ouvrir un peu les yeux à ce qui t'entoure.

- Ouvrir les yeux?

- Demande-toi pourquoi tu ne lui en as pas collé une quand il t'a parlé de sa tromperie.

- J'étais déjà blasé, j'ai préféré laissé couler, haussai-je les épaules.

- Réfléchis-y quand même, s'il-te-plaît, ma petite soeur n'est pas du genre à se faire marcher dessus.

- Si ça peut te faire plaisir. Mais on peut y aller? Je veux pas le croiser s'il rentre.

- Oui allons-y, c'est tout ce qui a là?

- Oui le reste il aura qu'à le mettre au feu, je m'en fiche.

Ben m'a déposé avec mes sacs puis il est parti au travail, me promettant de venir plus tard avec Becky et Rosie pour qu'on discute un peu mieux de tout ça. En attendant moi je suis entrée en silence dans la maison qui semble encore endormie et je suis montée voir mon bébé.

Danika dort paisiblement, elle ignore encore que son père l'a rejeté, je me demande quel impact ça aura sur elle, mais je me demande aussi si Damian ne va pas vite changé d'avis. Même s'il ne peut pas gérer le quotidien j'aimerais qu'il soit son père quand même.

- Je suis désolée mon coeur. Je vais faire en sorte que plus personne nous quitte comme ça. On va la former notre famille même si ce n'est que toutes les deux.

J'entends du bruit dans le couloir, la maison semble se réveiller et d'ailleurs la porte ici s'ouvre.

- Cherche plus, Béa est là! Lance mon père derrière lui.

- Tu vas la réveiller, chuchotai-je.

- Même un tracteur n'y arriverait pas, mais qu'est-ce que tu fais ici?

- Je suis venue voir mon bébé.

- Béa on est tombé sur des sacs en bas on se demandait ce que c'était. Il se passe quoi?

- C'est compliqué papa.

- Et bien tu vas nous expliquer alors mais tout porte à croire que tu quittes la maison.

- C'est ça, je quitte l'appartement et Damian par la même occasion.

- Comment ça?

- C'est pas évident là.

- Prends le temps qu'il faut et explique-moi.

- Alors on va rejoindre maman je veux pas me répéter.

- Bien elle prépare le café en bas.

- Allons-y alors je vais faire court.

- Juste pour savoir tu comptes rester ici?

- Oui, quelques jours, le temps de me trouver quelque chose.

- Ça ne va pas s'arranger avec lui?

- Attends de savoir ce qui se passe, tu ne voudras pas non plus que je le fasse.

- Bien j'ai hâte de savoir.

- Et moi que vous sachiez pour ne plus m'expliquer. Tu dois pas réveiller Juju?

- C'est déjà fait, elle est partie à la salle de bain. J'imagine que c'est pas la peine de réveiller Dani tu vas la garder du coup.

- Oui. Mais je pense que dès demain elle ira à la crèche avec toi, j'ai besoin de temps pour trouver quelque chose et ça lui fera du bien.

- D'accord, on peut lui faire une place, pas de problème.

Mes parents ont été choqués par l'histoire que je leur ai raconté et m'ont dit que j'avais bien fait de venir et que Dani et moi on pouvait rester autant qu'on voulait, seulement je veux pas rester, ça me fait retourner en arrière et je refuse.

Jouant avec elle alors que toute la maison est sortie j'attends l'arrivée de celui que j'ai convoqué il y a dix minutes. Je voulais éclaircir un dernier point pour pouvoir avoir les idées claires.

J'entends puis vois celui que j'attends, il entre tranquillement mais l'air ennuyé tout de même.

- Si tu me dis que la situation te gêne tu vas te prendre la baffe que je retiens depuis hier, dis-je en jetant un oeil vers lui tout en indiquant à ma fille où mettre son cube.

- Vous avez vraiment rompu? Lance Nico.

- Oui, et c'est bien ce que tu voulais non? En envoyant ce site.

- Je savais pas comment te le dire alors j'ai fait ce que j'ai pu, admet-il.

- Tu aurais pu juste me dire que ton frère allait voir ailleurs.

- Si tu crois que c'est évident.

- Et pourquoi t'as fait ça au juste?

- Que tu sois avec quelqu'un j'en ai pris mon parti, que ce soit mon frère c'est autre chose, mais que tu sois malheureuse à cause de ça j'ai pas pu le supporter plus longtemps, quand je l'ai vu avec cette fille j'ai décidé qu'il fallait que ça cesse.

- Admettons, tu voulais qu'on mette notre relation au clair, mais tu te rends compte qu'il tourne le dos à sa fille par la même occasion?

- Quoi?

- Oui, qu'on rompe parce que ça ne va plus, bien ce sont des choses qui arrivent, mais tourner le dos à sa fille d'à peine un an, tu trouves ça normal?

- Non, et je le savais pas. c'est vrai un connard.

- Alors tu sais maintenant de combien je suis tombée de haut quand j'ai tout pris dans les dents hier.

- Je suis désolé.

- Je ne suis pas sûre que tu le sois, ça t'arrange que je ne sois plus avec lui.

- Je vais pas le nier mais je suis lucide aussi, je sais que ta vie ce ne sera jamais moi mais je veux juste que tu sois heureuse.

- Il va y avoir du boulot alors, soupirai-je.