KENZO

Dans la matinée j'écrivais un nouveau mail à mon avocat lui expliquant la situation avec Cory. Je ne sais pas si c'est la situation d'Owie ou l'envie de me souvenir de cette période que j'ai oublié, mais j'ai une soudaine envie de me reprendre en main pour de bon.

Quand à mon meilleur ami il s'est affalé sur mon lit à son retour de l'école, il n'a presque pas dormi la nuit dernière à réfléchir à propos de ma soeur. Même s'il ne l'avouera pas. J'essaie de faire le moins de bruit possible pour qu'il puisse dormir, il travaille ce soir.

Je ne sais pas s'il pourra continuer à avoir des horaires si changeant quand il sera en maison seul avec Ofélia, ou alors il lui faudra une baby-sitter, je ne ferai pas ça tout le temps, elle est épuisante.  Je sais qu'il aime son boulot de barman mais pas sure que cette situation convienne à un père célibataire.

Une fois mon mail envoyé je vais traîner un peu sur le web, lisant les actualités. Et en soupirant de n'avoir que ça à faire.

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- Mamannnnn! Me sort de mes songes la voix fluette de mon fils alors que je commence à sentir quelque chose sur mon dos.

- Adam, soufflai-je encore à moitié endormie, qu'est-ce que tu fabriques?

- Maman, debout !!! Rit-il alors que je le devine allongé sur mon dos .

- Le soleil se lève à peine, tu n'exagères pas un petit peu?

- Nan !

- Ca t'amuse de venir maintenant que tu peux sortir de ton lit hein?

- Oui!

- Bonjour maman nous interrompt la voix de ma fille, je ne l'avais pas vu, elle est allongée près de moi.

- Oh bonjour ma puce, tu es réveillée toi aussi?

- C'est sa faute, il m'a sauté dessus, mais il est pas encore l'heure alors je lui ai dit de pas t'embêter mais il m'a pas écouté.

- Ca ne fait rien Bevy, repose-toi encore un peu, je vais m'occuper de lui.

- Merci maman.

J'ai profité encore un peu d'être comme ça avant de me lever et d'emmener Adam avec pour laisser Bevy se reposer encore un peu. Ma journée allait être longue avec le retour de Cole et je voulais pas me précipiter.

Je m'étais ressaisi avant de quitter la pièce, il fallait que je laisse quelque chose. J'avais saisi mon carnet où étaient inscrites chacune de mes pensées pour y ajouter un lettre.

" Kenzo, je ne comprends pas. Je t'ai attendu deux longues heures avant de savoir que tu ne viendrais pas. Je suis si triste mais surtout déçue. Je pensais que tu tenais à moi, que tu ne me mentais pas. Pourtant aujourd'hui il semblerait que c'était le cas. J'en suis désespérée, et si un jour tu reviens ici et que cette lettre t'arrive entre les mains, sache que le bébé, j'ai l'intention de le garder, parce que, tu vas trouver ça terriblement naïf, mais je t'aime comme je n'ai jamais aimé personne. Alors même si ça me brise le coeur de dire ça. J'élèverai cet enfant, sans toi... Adieu. Katherine."

Repenser à cette lettre que j'avais écrite au bord du désespoir me fit fondre en larmes. Je reserrai mes bras autour de mes jambes pour me donner une contenance mais je me sentais terriblement triste.

J'avais glissé ce carnet derrière le miroir, la propriétaire m'avait confié qu'il n'avait jamais été enlevé de cette chambre, et j'osai espérer que ce serait le cas encore pour de nombreuses années. Mon nom n'y était évidemment pas inscrit au cas où il tomberait dans les mauvaises mains. Mais j'espèrai secrètement que lui reviendrait et le trouverait, à cet endroit nous nous étions déjà glissé des petits mots à nombreuses reprises.

J'avais essayé à de nombreuses reprises le numéro qu'il m'avait donné, mais au bout de deux mois à avoir le répondeur, le numéro n'était plus attribué.

- Où es-tu Kenzo? Qu'es-tu devenu? Soufflai-je en me laissant tomber pour tenter de trouver le sommeil... Je ne voulais plus penser à lui, je n'arriverai plus à me lever demain matin sinon...

KATHERINE

La maison était maintenant bien endormie, j'étais la seule éveillée, et pour cause, mes souvenirs avaient décidé de se manifester après que j'ai rangé mes photos tout à l'heure. J'étais retombée sur quelques photos alors que j'étais enceinte de ma fille que j'ai perdu mais que je désirais tant. Mon regard était vide et ce vide ce n'était pas mon quotidien avec Cole qui me l'avait causé, non au contraire, c'était ce trou qu'avait fait Kenzo dans mon coeur, aujourd'hui encore, je prie pour qu'il me revienne, même si ça fait quatre ans, je sais que mes sentiments pour lui n'ont jamais été si clairs... Tout a commencé ce jour-là... Quand il n'est jamais venu...

J'étais assise dans la chambre de cette auberge où nous allions chaque fois, le jour où il devait me retrouver après l'annonce de ma grossesse. Je l'ai attendu... Je voulais qu'il vienne et que je sois finalement heureuse dans ses bras. Je le voulais et j'y croyais vraiment.

- Qu'est-ce que j'ai pu être stupide, soupirai-je, la gorge nouée et les yeux humides. Rien que de repenser à cette journée, j'avais de nouveau cette sensation... Quand j'ai compris qu'il n'allait pas venir.

Ce jour-là, je me souviens avoir attendu deux heures avant de comprendre qu'il ne viendrait plus. Je m'étais mise à pleurer et à chercher comment j'avais pu croire en lui. Et pourquoi il m'avait dit qu'il allait m'aider et qu'on vivrait cette grossesse ensemble... J'avais perdu toute illusion.

- Ke...

- Chut !! Interrompis-je Owie alors qu'il s'apprêtait à parler un peu trop fort.

- Oups, désolé, poursuit-il à voix basse. Mais pourquoi il est là?

- Sa mère est partie vendre sa maison et ses meubles avant de ressembler à une baleine et de ne plus pouvoir le faire, rétorquai-je à voix basse également mais sans réprimer un petit rire moquer.

- Mais bon sérieusement, comment va ma soeur??

- Ca va, on a longuement discuté.

- Et ? Tu lui en veux?

- Oui. Et je ne vais pas lui pardonner.

- Qu'est-ce qu'elle va faire? Elle va le garder?

- Je lui ai dit de bien y réfléchir. Que quoi qu'il arrive, je ne reviendrai pas avec elle. Si elle le garde je m'en occuperai parce que je suis pas le genre à fuire mes responsabilités.

- Mais?

- Mais qu'elle n'attende pas plus de moi. J'essaie déjà de me faire à l'idée d'être le père d'Ofélia. Je refuse qu'elle me colle une responsabilité si elle s'en sent pas les épaules.

- Ok, je vois. Comment elle était quand tu es parti?

- Prête à peser le pour et le contre, elle doit appeler demain soir pour me donner sa décision.

- Bien.

- Bon on discutera mieux demain, on va finir par le réveiller, baille-t-il, et je suis crevé.

- Ok, d'ailleurs il va à l'école à côté de la maternelle, tu peux t'en occuper?

- Pas de problème.

- Merci.

- T'inquiète pas.