- Bah quand même, je te signale que j'ai pas que ça à faire, râle Cory.

- J'allais pas entrer et repartir comme une voleuse quand même.

- Je me doute mais vous avez passé du temps ensemble, t'avais encore besoin de lui parler?

- Pas tellement de temps, je me suis couchée en arrivant hier et je me suis réveillée genre un quart d'heure même pas avant que tu débarques.

- Oups, j'aurai interrompu quelque chose?

- Non mais bon j'avais bien l'intention de lui demander deux-trois trucs, à cause de toi, j'en suis toujours au même point.

- Il aurait dû me le dire cet andouille je serais pas resté.

-Si tu serais resté, t'aime bien emmerder les gens, riai-je, mais de toute façon je crois que quoi qu'il veuille me dire il recule, et que tu sois venu il en a profité.

- Il changera donc jamais, soupire-t-il.

- Moi j'ai qu'une chose à dire, allons-y et mêle toi de tes affaires pour une fois, ne me mets pas des idées dans la tête surtout si c'est des conneries.

- Oh j'ai rien dit, juste que je trouve qu'il s'intéresse un peu beaucoup à toi.

- Oui et bien ne dis rien, je veux voir par moi-même, bref allons-y.

Je suis rentrée pour trouver ma mère en train de jouer au piano et étrangement silencieuse. Cory est parti comme il l'avait et je me suis installée sur le canapé  à attendre que peut-être elle me parle. Ce qui serait normal après la nuit dernière mais après un silence un peu trop long je me suis lancée.

- Maman?

Elle ne répond pas, visiblement perdue dans ses pensées.

- Maman !! Relancai-je plus fort.

- Oh excuse-moi tu me parlais?

- Tu m'engueules pas? Et papa il est pas là? C'est bizarre.

- Non on comprend bien que tu étais un peu secouée, alors on va pas te le reprocher cette fois, dit-il tout en continuant à jouer, mais ne t'avise plus de faire ça.

- Désolée.

- Et papa est en haut il se repose il a pas beaucoup dormi.

- D'accord.

Elle se remet à jouer de plus belle, ce qui m'agace un peu. J'ai pas vraiment envie de parler mais j'ai une mauvaise sensation, quelque chose ne tourne pas rond.

- Maman? Il se passe quelque chose?

- Pourquoi tu me demande ça?

- Et bien d'ordinaire tu m'aurai attrapé dans tes bras si fort que je ne peux plus respirer et tu ne ferai surement pas ça, jouer au piano en ignorant presque le fait que j'ai dormi ailleurs cette nuit.

- Donc j'ai le sentiment qu'il y a autre chose, est-ce que l'état d'Amandine est redevenu mauvais ?

- Non rassure-toi, Amandine va se remettre et pourra sortir bientôt.

- D'accord mais t'as pas nié qu'il se passait quelque chose, bougonnai-je.

- Si tu insistes, soupire-t-elle, Sam a appelé il voulait prendre de mes nouvelles et m'informer que notre père veut me rencontrer.

- Sérieux?

- Oui, mais j'ai refusé, cet homme n'a jamais existé pour moi, il n'existera jamais mais j'y songe depuis qu'il m'a appelé.

On sonne à la porte interrompant ainsi la discussion, maman me jette un regard me demandant d'aller ouvrir.

- J'y vais alors, haussai-je les épaules en regardant ma mère finir son morceaux. Evidemment je m'attendais pas vraiment à ça mais je sais aussi qu'elle mettra ça vite de côté, mais aujourd'hui elle se sent un peu triste, je l'entends.

- Ah c'est vous, dis-je en ouvrant la porte, la reconnaissant rapidement.

- Victoria, et bien ça faisant longtemps, dit-elle sur un ton faussement ravi de me trouver plantée devant elle.

- Ca ne me manquait pas, lâchai-je un peu trop sèchement.

- Je te permets pas de ma parler de la sorte.

- Vous ne permettez pas grand chose à quiconque vous parle de toute façon,haussai-je les épaules. Bref, entrez, dis-je en tournant déjà les talons.

- Cory est là?

- Non, il vient de partir.

- Il savait que je venais?

- Evidemment, pourquoi serait-il parti autrement?

- La prochaine fois que tu le vois, dis-lui bien que je suis sa mère et quoi qu'il fasse il ne pourra rien y changer, et que j'aimerai le voir.

- Pas certaine qu'il en ai vraiment quelque chose à faire.

La minute suivante je laissais Nancy avec ma mère qui quittait son piano pour la saluer non pas qu'elle l'apprécie mais par politesse, c'est le même cinéma depuis aussi loin que je me souvienne. Pendant ce temps j'allais prévenir les jumeaux que leur mère était là.

A peine dehors j'entends la voix aigue de Rosie, elle semble rire de la mauvaise réception de son frère au ballon, j'en hausse les yeux au ciel avant de constater qu'aucun d'eux n'a remarqué que j'arrivais.

- Hey ! Nancy est arrivée !!

- Qu'est-ce qu'elle veut déjà? Lève la tête Richie.

- Vous récupérer apparemment, alors ramenez-vous.

Un peu plus vieux que ma soeur et ses amis, Ritchie et Rosie ont des caractères que j'ai du mal à tolérer, un peu trop gatés à mon goût.

- Papa est réveillé ? Me lance Nélia alors qu'ils reviennent tous vers moi.

- J'en sais rien, pourquoi?

- Il doit ramener Mel et Kay.

- Bah entre et demande, haussai-je les épaules avant de revenir dans la maison .

- Bon et bien puisqu'il ne daigne même pas venir me saluer, nous allons partir, décrète Nancy aussi sèchement que d'habitude.

- Il a passé la nuit à l'hôpital, il a autre chose à faire, souffle ma mère, que je soupçonne être au bord de l'implosion face à cette Nancy.

- Mon père n'a pas à venir saluer son ex-femme dont il n'a strictement plus rien à faire parce qu'elle le décide, intervins-je.

- Bon nous y allons les enfants, vous n'avez rien oublié?

- Nan maman, lâchent-ils en même temps.

Ils se lèvent tous les trois pour sortir d'un pas rapide de la maison, la porte à peine claquée, tout le monde éclate de rire, quelque chose que je ne comprends pas tout de suite.

- Qu'est-ce qu'il y a? Demandai-je alors pour m'informer à propos de cette hilarité.

- Tu viens de la casser bien comme il faut, rit Nélia.

- T'aurai vu sa tête quand t'as parlé, elle serrait les poings à mort, renchérit Kayden en se tenant le ventre, plié en deux de rire.

- Oui et bien elle m'énerve de se prendre pour la reine mère.

- T'as bien fait, sourit ma mère, moi j'essaie de me montrer aimable mais parfois j'ai qu'une envie c'est de lui mettre des claques.

- Je comprends même pas pourquoi tu la tolères dans la maison.

- Ton père ne cesse de dire que c'est la mère de Cory et que nous devons faire attention parce qu'elle est capable de tout.

- Oui bah moi elle me fait pas peur cette sorcière.

Plus tard et comme prévu, Mélusine est venue et avec elle on est allé rejoindre nos frères.

- La prochaine fois que tu dois dormir à la maison, n'hésite pas à venir dans ma chambre hein? Je me suis sentie mal que tu doives squatter le lit du frangin.

- J'ai pas voulu briser ta nuit, déjà qu'il t'a réveillé par ma faute.

- T'inquiète.

- Pis c'est pour lui que je me suis sentie mal en fait.

- Pourquoi ça?

- Il a dû dormir dans le convertible.

- Ouai, c'est un peu bête de sa part, surtout qu'il est tout pourri, le pauvre il a eu un mal fou à dormir, je lui ai proposé d'aller finir sa nuit dans mon lit quand je suis partie mais il a refusé ce gros boulet.

- Ah bon? Relevai-je. Ce n'est pas vraiment la version qu'il m'a sorti lui.

- Bah net, le truc il est à moitié cassé, la dernière fois que les parents sont venus, papa a voulu le déplié mais il a trop forcé, résultat il est tout bancal le truc.

- Hum je vois. Je commencais à me sentir coupable pour la nuit que Merick a dû passer. En plus il a fait comme si de rien était, il ne perd rien pour attendre celui la.

- Ils nous ont pas encore vu, remarque Mély.

- Je pense que je vais en profiter, tu peux essayer de pas faire de bruit ?

- Euh, oui mais tu vas faire quoi?

- Tu vas voir, souriai-je.

Sans perdre une seconde je me suis élancée vers les garçons, l'occasion était trop belle pour prendre ma revanche. Cette fois-ci il ne me verra pas arriver. A moins que Merick ne me vende, ce que j'espère, n'arrivera pas.