- C'est ça, la fillette est placée chez maman le temps qu'elle retrouve sa famille ou quelque chose du genre. Une sorte de famille d'accueil quoi.

- Ca devient de plus en plus bizarre, tu crois pas?

- Mais c'est pas ça le pire, tu dis qu'elles étaient en ville? Ici? C'est dingue ! Faut vraiment qu'on comprenne tout ça.

En allant chercher nos assiettes on avait déduit que si nos parents ne se manifestaient pas d'eux-même très vite, et que Jordan demeuraient introuvables, on devrait questionner sa famille.

- Bon je suppose que vous allez dormir dans la même chambre ce soir, vous voulez prendre laquelle? Celle de Wellon ou Jordan?

- Jordan, répond la première Shanon, on sait jamais que Wellon rentre plus tôt.

- Elle a raison, acquiescai-je, par contre j'avais pas prévu, du coup j'ai rien à porter.

- T'inquiète moi j'ai tout ce qu'il faut, on fait la même taille donc c'est bon.

- Problème résolu alors, sourit Byron, mais qu'en est-il d'Alix? Tu lui as pratiquement raccroché au nez.

- Tu sais très bien qu'elle voulait pas que j'entame les recherches, je veux pas qu'elle s'implique maintenant c'est trop tard.

- Si j'ai tout suivi Alix, c'est ta soeur ? Suppose Shanon.

- Oui, enfin adoptive quoi. C'est un peu bizarre de dire ça à ma soeur de sang.

- Crois-moi, se retrouver en face de ma petite soeur que je pensais morte, ça ,c'est encore plus étrange.

- Vous êtes toutes les deux dans une situation étrange de toute façon, intervient Byron.

- Oui c'est une chose certaine mais dès demain matin j'appellerais les parents de Jordan, je dois leur demander s'il savent quelque chose.

- Ils sont du genre à tout expliquer si tu demandes? Demandai-je. N'imaginant pas du tout comment peuvent être les parents de Jordan.

- Jusqu'ici je n'ai jamais eu de problèmes avec eux, on est plutôt honnête mais là c'est difficile à dire.

Après qu'on ait mangé, j'observais ma soeur alors que Byron s'était éclipsé quelques minutes. Quoi qu'il en soit j'ai bien du mal à réaliser que c'est réel. Je n'ai jamais été aussi proche de savoir ce qui est arrivé exactement à ma famille puisqu'il y en avait un membre juste là.

- Arrête de me fixer comme ça, tes yeux vont s'user.

- Tu peux parler, tu n'as pas arrêté pendant le dîner.

- J'avoue, mais c'est drôle qu'on s'entende si bien alors qu'on se connaît à peine tu trouves pas?

- C'est vrai.

- Au fait tu pourras me montrer les photos dont tu parlais? Histoire de voir si moi je me souviens?

- Oui oui, j'ai tout mis dans mon téléphone, je te montre ça après. Dis-je en rangeant les restes au frigo.

La sonnette de l'appartement retentit ce qui me fait sursauter.

- J'y vais ! Lance Byron. C'est sûrement un voisin pour sonner à la porte directement.

- D'ailleurs il y a quelque chose avec Byron? Je veux dire il te dévore des yeux.

- Je sais, on va dire qu'on en prend le chemin, mais j'ai besoin d'être sûre et de prendre mon temps.

- On dirait que tu as déjà été déçue dans ce domaine.

- On en reparlera.

- Je peux vous aider? Entendis-je la voix de Byron. Il parlait après avoir ouvert la porte.

- Charlie est bien chez vous? Résonne ensuite une voix étrangement familière.

- Et vous êtes? Continue Byron.

- Charlie ! M'appelle alors cette voix que j'essaie d'identifier... Charlipette!  Je sais que tu es là. Pesiste-t-il, mon sang ne fait alors qu'un tour...

- Charlie ?! S'étonne Shanon alors que je m'élance vers l'entrée l'estomac noué. C'est complètement impossible..pourtant il n'y avait bien qu'une seule personne dans ce monde qui m'avait appelé comme ça.

Je me stoppe net derrière Byron et mes yeux s'écarquillent à la vue de cet homme. C'était vraiment lui.

- Charlie, tu connais cet homme? Me demande alors Byron, certainement surpris par ma réaction.

- Je...je...bégayai-je. Les mots refusaient de sortir.

- Je suis désolé de débarquer comme ça, je comprends que ce soit un choc. S'explique-t-il alors que je ne cesse de le dévisager.

- Charlie? Ca va? T'es toute pâle. S'inquiète Byron. Bon vous êtes qui au juste? Pourquoi elle semble sous le choc?

- C...'est le père d'Alix, déglutis-je...

- Je me disais aussi qu'il lui ressemblait, mais tu m'avais pas dit qu'il...

- J'étais porté disparu, déclaré mort, oui, confirme-t-il alors que mes jambes se dérobent, j'ai à peine eu le temps de m'accrocher à Byron.

- Qu'est-ce que ça veut dire?

- Il va falloir que je t'explique les choses. Alix m'a dit que ça devenait urgent.

- Alix? Tu veux dire qu'elle savait que tu étais vivant?

- C'est pas ce que tu crois, elle m'a vu il y a peu, par hasard, elle aussi a été choquée en me voyant bel et bien vivant, mais c'est compliqué, je vais tout t'expliquer. Je veux quand même être sûre d'une chose avant. Shanon ?!

- Comment tu...oh je suis bête, Alix n'a pas pu la fermer.

- Calme-toi, tu n'as pas de raison de t'en prendre à elle, je vais te dire ce qui se passe, je veux être sûre que c'est bien la bonne personne.

- C'est bien moi, Shanon, intervient-elle.

- Comment tu es arrivée ici toi?

Byron m'aide à me relever alors que je me demande ce qui se passe.

- Je me souviens de toi, dit-elle alors en avancant vers nous.

- Tu es plus vieille alors oui, tu dois te rappeler de moi, mais je sais à présent que vous vous êtes bien trouvées.

- On peut m'expliquer là? Je suis complètement perdue.

- Charlie, réfléchis, ils se fréquentaient avant, quand vous viviez encore sous le même toit, ça expliquerait pourquoi tu es devenue sa fille, tente de me faire réaliser Byron derrière qui je reste .

- Je ne suis pas sa fille d'accord? Je l'ai cru pendant longtemps mais là , c'est vraiment trop. Shanon tu sais quoi sur lui?

- Elle en sait à peine plus que toi, je suis mort aux yeux de tous.

- Je me souviens que tu es venu plusieurs fois quand j'étais plus jeune. Après l'accident.

- C'est vrai. Je venais voir si tu allais bien. Je vais tout vous expliquer les filles vous voudrez bien m'écouter?

- Seulement si Byron peut rester avec nous, dis-je, me sentant plus rassurée en sa présence.

- Si tu veux. Mais écoutez moi jusqu'au bout, sans m'arrêter.

J'avais appelé Jackson et lui avait raconté pour qu'ensuite il prévienne mon père, j'ai reçu il y a quelques instants un message me confirmant que c'était fait.

- Arrêtes de faire cette tête, tu devais prévenir ton père.

- Je devais... oui... mais il va débarquer là-bas et Charlie va pas comprendre ce qui se passe j'aurai dû y aller aussi.

- Il a dit qu'il lui expliquerait tout et qu'il valait mieux que tu ne sois pas là.

- Oui mais quand même, soupirai-je.

- Il nous a dit d'attendre et qu'on aurait de ses nouvelles quand il aura vu Charlie.

- Je sais mais je suis supposée restée là, à attendre que ça se passe?

- Que veux-tu faire d'autres? Attendons de voir ce qui se passe voilà tout.

- D'accord mais quand même, je me sens impuissante et j'aime pas ça.

- Pour parler de nous, change-t-il de sujet, je pense qu'on va devoir mettre notre envie de voir notre fille de côté pour quelques jours, on va devoir gérer ta sœur.

- Oui... Il faut qu'elle comprenne que je ne suis pas là pour la pourrir.

- Au fond elle le sait, ne t'inquiète pas.

- Tu l'aurais entendu tout à l'heure... et si ça se passait comme j'en ai peur? Qu'elle ne voit plus que par le sang? Je vais devenir quoi moi dans tout ça? Elle est ma sœur depuis pratiquement quinze ans.

- Je sais, ça va aller, essaie de me rassurer Thomas alors qu'on sonne à la porte.

- A cette heure-ci? J'y vais, bouge pas.

A peine suis-je au salon que la silhouette se dessine derrière la porte.

- Fais en sorte qu'il ne te voit pas, c'est Jackson, prévins-je Thomas pour qu'il se lève du canapé. Pas la peine qu'il me tape une crise.

- Pas de problème.

- Salut Jackson, lancai-je en ouvrant la porte, qu'est-ce qui t'amènes?

- Ton père, quoi d'autre.

- Il est avec Charlie j'imagine?

- Je l'ai déposé là-bas et il m'a envoyé un message pour me dire qu'il discutait avec les deux filles.

- Bien merci du message, tu peux y aller.

- Tu me fais même pas entrer?

- Pourquoi tu veux entrer? demandai-je en me demandant ce qui se passerait s'ils se retrouvaient tous les deux face à face.

- Je voudrais dire autre chose, mais qui ne concerne pas charlie.

- Ce n'est pas une bonne idée je suis pas d'humeur à t'entendre te plaindre.

- Je veux juste m'assurer d'une chose, tu me dois bien ça.

- A quel sujet?

- Ton mec c'est le père de l'enfant que tu as fais adopter? Hey t'es le père non? Lance-t-il par dessus mon épaule avant de me dépasser pour entrer.

- Ou tu crois aller comme ça? Le rappelai-je après avoir fermé la porte.

- Montre-toi ! Je sais que t'es là. Je doute qu'elle reste seule par une soirée comme ça.

- Jackson...ne fais pas ça...

- Je fais ce que je veux allez montre toi.

- Et bien me voilà, arrive Thomas. Qu'est-ce que tu me veux?

- Voir ta tête déjà.

- C'est fait, tu peux partir maintenant.

- Non non pas si facilement, j'ai la légère impression d'avoir été pris pour un con dans tout ça.

- Arrête Jackson, qu'est-ce que tu racontes?

- Je ne te parle pas Alix, tu vas enrober la vérité histoire de faire passer tout ça, je parle à ce gars. Ce mec qui a fait irruption et qui a tout bousiller entre nous.

- Jackson ! Tu exagères même sans Thomas il y a mon père, ça aurait posé un problème à un moment donné.

- Arrête de prendre la défense de cet enfoiré, c'est lui qui t'a abandonné alors que tu étais enceinte non? C'est de sa faute.

- Toi, tu vas te calmer ! Le coupe brutalement Thomas. C'est franchement pas le soir pour faire une scène.

- D'où tu hausses le ton toi?

- Tu es celui qui a commencé à râler je te signale, et ce qui se passe entre Alix et moi ne te concerne franchement pas. Je lui ai pas mis le couteau sous la gorge pour qu'elle revienne vers moi. Si tu n'as pas su la garder alors débrouille-toi. Moi j'ai regretté chaque jour qui soit passé depuis que je l'ai laissé alors je suis revenu et je suis chanceux qu'elle ait bien voulu m'entendre.

-

- Tu dis plus rien? Se tourne vers moi Jackson, l'air franchement fâché.

- Il n'y a rien à ajouter, Thomas a raison, si c'est arrivé c'est qu'on devait pas continuer ensemble, je t'ai aimé ça c'est une certitude mais pas assez apparemment.

 - Si jamais il te blesse à nouveau je le démonte, finit par soupirer Jackson.

- Tu devrais plutôt commencer à tourner la page, je ne compte pas la laisser s'échapper une deuxième fois.

- On verra ça. Je ne serais pas loin et j'observerais votre couple qui part déjà bancale. Comment tu vas remplir la case premier enfant?

- Tu cherches à te faire taper dessus toi, tente de se contenir Thomas.

- Bon cette fois ça suffit, intervins-je. Si tu veux essayer de foutre la merde c'est pas la peine, c'est un sujet dont on a discuté assez, ça ce servira pas à nous monter l'un contre l'autre. Maintenant tu devrais faire ce qu'il te dit, tourne la page, parce que même si ça devait ne plus aller entre nous deux je ne reviendrais pas vers toi. Il y a une chose dont je suis sure maintenant c'est que je n'ai pas su t'aimer comme il le fallait, tu mérites mieux que ça.

- J'ai entendu ce que tu viens de dire, l'avenir nous le dira. Mais je pense que je ne vais plus rentrer en contact avec toi même pour ton père, je vais lui dire de le faire directement maintenant, je ne supporterai pas de vous voir surtout si vous êtes heureux.

- Je suis désolée Jackson.

- Moi aussi, tourne-t-il les talons.

- Au fait, reprend-il, j'espère que tout ira bien avec Charlie.

Il est ensuite sorti en silence, mais au moment où il a refermé la porte je l'ai remarqué, ce visage triste et au bord des larmes. J'en ai mon coeur tout retourné mais s'il espérait j'avais besoin de le faire redescendre.

- Je pense que tu l'as blessé cette fois, lâche Thomas, apparemment gêné par la situation.

- Je sais, c'est ce qu'il fallait.

- Alors pourquoi tu fais cette tête? Regarde-moi.

- J'ai fais ce qu'il fallait pour qu'il ne revienne pas à la charge, c'est tout.

- Comment tu te sens maintenant?

- Mal... Il est trop gentil pour mériter ça.

- Il passera au dessus, il a bien vu que tu étais déterminée, sourit-il en me prenant dans ses bras.

- Tu peux rester avec moi ce soir? J'ai pas envie de rester toute seule à ruminer.

- J'attendais que tu le proposes, je voulais pas m'imposer ici.

- Comme si tu t'imposais, j'ai besoin de toi.

- Et je serais là, ne t'inquiètes pas.