Comme prévu, je suis restée à la maison toute la journée, j'ai travaillé, je me suis occupée de la petite mais surtout j'ai appelé les parents et Ben pour prévenir que j'avais déménagé, mes parents sont sceptiques parce qu'ils ne connaissent pas Nolhann mais ils n'ont rien dit de plus, j'imagine qu'après avoir caché la grossesse ils s'attendent à tous avec moi. Ben connait Nolhann et est donc un peu plus indulgent même s'il ma dit de rester bien prudente. En résumé tout s'est passé comme je l'imaginais. Les autres n'ont pas besoin de savoir que j'ai déménagé avec un garçon, ils en ont pas besoin.

En fin de compte je suis épuisée mais j'ai préparé le dîner comme je l'avais décidé, je dois faire quelque chose pour exprimer ma gratitude à Nolhann, et je suis enfin sortie prendre un peu l'air pour attendre que Nolhann arrive, il fait bon aujourd'hui.

J'ai un peu mal à la tête et j'espère que le vide ici me permettra de calmer ça. Danika vient de prendre son biberon et elle est sage ce qui aide un peu. Lucy m'a envoyé un message pour savoir comment je m'en sortais pour mon emménagement puisqu'elle avait été la première informée.

- Désolé, je rentre tard, me sort de mes pensées Nolhann.

- Pas grave, j'en prends cinq comme tu peux voir, qui a installé ça? C'était pas là la première fois que je suis venue il me semble.

- Je l'ai mis là hier quand je suis allé au garage je l'ai trouvé je me demandais si je devais le mettre dehors ou dedans en fait.

- C'est une bonne place avec le beau temps qui arrivent doucement, on peut voir la ville plus loin.

- D'accord alors il restera là, sourit-il.

- Tu as l'air de meilleure humeur, ton soucis est parti?

- Oui oui tout est réglé je me sens plus léger.

- Super, le dîner est prêt on va pouvoir y aller du coup.

- Ok, et ça va tu t'en es sorti? J'ai pas eu de SOS, dit-il en posant quelque chose sur l'accoudoir que j'identifie vite étant des clés en posant mes yeux dessus.

- Parfait, j'ai fait ce que j'avais prévu sauf me reposer, j'ai pas eu le temps.

- J'en suis désolé.

- Il faut pas. Ce sont les clés de la maison?

- Oui, les trois qui sont utiles quand on vit ici.

- Merci, c'est vrai que j'avais pas pensé à ça.

- Tu vis ici , il faut qu'au moins tu puisses entrer et sortir à ta guise, tu ne resteras pas toujours enfermée ici.

- Oui c'est vrai, je sais pas pourquoi j'y avais même pas pensé.

- T'en fais pas, j'y ai pensé pour toi, rit-il. On rentre? Il commence à rafraichir.

- Oui oui, on y va.

Ce fut la première journée dans cette maison, une journée pendant laquelle j'avais su que la cohabitation se passerait bien, j'avais compris qu'il était profondément gentil mais je n'avais pas encore saisi à quel point à ce moment-là.

- Tu as besoin d'aller en ville aujourd'hui? Me demande-t-il pendant que je cherche une bouteille d'eau dans le coin bar.

- Non je vais rester ici j'ai vraiment du boulot à faire, pourquoi?

- Je dois y aller je voulais savoir si tu voulais que je t'emmène.

- Ça ira, merci.

-  Pas de problème j'ai la voiture de location pendant que je suis là, souviens-toi.

- Ah oui j'avais oublié. Mais je vais essayer de travailler un peu et de me reposer aujourd'hui.

- D'accord. Je serais parti une bonne partie de la journée, j'ai pas mal de boulot, ça ira?

- Oui oui ça ira.

- Je vais chercher mon café, je reviens.

On a décidé de se mettre à table pendant qu'il boit son café, il a l'air préoccupé ce matin.

- Nolhann tu as des ennuis? Lui demandai-je en allant m'asseoir.

- Moi? Pourquoi tu me dis ça?

- Je sais pas, tu es pas très loquace, ça te ressemble pas. A moins que tu sois pas quelqu'un du matin en fait, je peux pas savoir.

- Désolé. Non d'ordinaire parler au réveil ne m'ennuie pas mais j'ai eu un appel du boulot tôt, j'ai horreur de ça.

- Un soucis?

- Un peu c'est pourquoi je dois partir pour la journée, mais si jamais tu as besoin de quoi que ce soit tu pourras m'appeler ou m'envoyer un message.

- Ok, mais ça devrait aller, ne t'en fais pas.

- Et n'oublie pas, fais comme chez toi, tu te sers dans les placards tu te sers de ce que tu veux.

- Je sais, tu me l'as déjà dit hier, merci.

- Oh et tant que j'y pense, tu as prévenu ta famille de ton déménagement?

- J'ai oublié, réalisai-je.

- C'est malin.

- Je les appellerai tout à l'heure.

- Comment tu crois qu'ils vont réagir?

- Je sais pas, je le saurais quand j'appellerais mais ils me font confiance donc ça devrait aller.

- Tant mieux, sourit-il.

- Je prépare le dîner ce soir, tu veux quelque chose en particulier? Changeai-je de sujet.

- Je sais pas, je te laisse choisir. Je suis vraiment pas difficile.

- Je ferais avec ce que je trouve alors.

- Qu'est-ce que j'ai soif. Baillai-je en ouvrant péniblement les yeux.

La lumière passe un peu à travers les rideaux et je me rends compte que je me suis endormie dans la chambre avec la petite et soudain j'agite les bras, où est ma fille? Je me souviens maintenant, j'ai dû m'assoupir avec elle.

Un regard vers son petit lit me rassure très vite, elle est couchée et apparemment endormie, je me sens soulagée et je me demande également pourquoi. Je ne me souviens pas l'avoir recouchée, je serais retournée dans ma chambre sinon. Et puis je réalise que je suis mieux installée que quand je me suis allongée avec elle.

Je me lève pour m'assurer qu'elle dort toujours, je suis pas stupide, Nolhann a dû la remettre au lit, à moins que je ne sois somnambule.

Je descends dans l'intention d'aller boire un verre d'eau et dans l'escalier je peux déjà entendre la télé, Nolhann est levé visiblement.

- Bonjour Béa.

- Bonjour. Dis c'est toi qui a remis la petite dans son lit?

- Oui, j'espère que ça t'as pas fait peur.

- J'ai vite vu qu'elle y était, mais comment ça se fait? Je me souviens l'avoir prise pour la calmer, je me suis allongée et j'ai dû m'assoupir.

- En me réveillant je me suis dit que j'allais voir si elle dormait et j'ai vu que tu t'étais endormie avec elle dans les bras. J'ai pas voulu te déranger mais je me suis dit qu'elle serait mieux dans son lit et j'en ai profité pour te recoucher complètement tu n'as pas réagi tu dois être très fatiguée.

- Merci. C'est pour ça que je dois pas me coucher avec elle sinon je m'endors.

- Des choses qui arrivent, sourit-il. Je fais passer du café là tu en voudras?

- Oui après, je vais d'abord me boire un grand verre d'eau. La soif m'a réveillée.

Le lendemain soir je passais ma première nuit dans la maison, j'avais remercié Kristal pour son hospitalité et évidemment qu'on se verrait aussi maintenant que je ne vis plus là. Après le boulot de Nolhann on a récupéré mes affaires puis on s'est installé ici. J'ai voulu testé déjà une nuit en laissant la petite dans l'autre chambre et pour ça j'ai acheté un dispositif qui pourra me permettre d'entendre ses pleurs.

J'ai d'ailleurs l'occasion de le tester très vite car elle me tire de mon sommeil, je me redresse en baillant. Puis me dépêche d'aller jusqu'à la chambre pour qu'elle ne réveille pas aussi Nolhann qui a la chambre le plus près d'elle.

- Allez ma puce, ne pleure pas autant, maman est là, baillai-je.

J'ai d'ailleurs fait une découverte en installant le lit ici, Nolhann m'a annoncé que quelqu'un venait faire le ménage ici régulièrement pour que la maison soit prête à tout moment à recevoir quelqu'un, ou si jamais son oncle devait revenir plus vite que prévu, ce qui explique pourquoi les draps sont bien propres malgré l'inhabitation.

- Oh oh saleté de tétine, on devrait pouvoir les scotcher, soupirai-je en attrapant ma fille qui avait perdu la sienne. Ca devient une habitude mais l'endormir sans c'est encore plus compliqué. Je regarde le lit derrière moi avec envie, je suis fatiguée et je dois la bercer.

Je décide de m'y allonger quelques minutes, le temps qu'elle se rendorme en chantonnant un peu. J'aurais vraiment besoin d'une bonne grosse nuit pour me remettre d'aplomb mais j'imagine qu'avec un nourrisson faut pas rêver, je dois juste patienter pour qu'elle fasse ses nuits.

Je sais que je prends pas de bonnes habitudes à la prendre avec moi dès qu'elle pleure au lieu de lui remettre la tétine et retourner me coucher, Lucy me l'a dit mais j'ai juste envie de vite qu'elle se rendorme pour pouvoir en faire autant.

- Certains ont une piscine, d'autres des étangs, fis-je la réflexion une fois dehors.

- Il aime les poissons. Et justement ça change.

- C'est vrai.

- Alors comment tu trouves la maison?

- C'est sur que la déco aurait besoin d'être changé par endroit mais ça reste agréable.

- Tu décides quoi alors? Tu vas venir me tenir compagnie?

- Mais t'es sûr que de casser ta solitude d'ici ça ira?

- Oui oui pas de problème, te trouves pas d'excuse si ça te dit alors on fait ça.

- Alors on fait ça, souriai-je.

- Super, je viendrais avec toi récupérer vos affaires, on prendra une voiture.

- D'accord.

- J'ai pensé à quelque chose pendant que je visitais, repris-je en contemplant la vue.

- A quoi?

- Tu me réponds que si tu veux mais cette femme qui t'a fait souffrir avec ses mensonges, tu crois qu'elle a pu être attirée par l'argent?

- J'ai ce même doute, peut-être a-t-elle eu des regrets et elle est partie, j'en sais rien mais du coup je dis rien quand à mon oncle et son argent.

- Justement c'est lui qui a de l'argent pas toi non?

- Exact, dit-il en berçant un peu Danika qui commence à s'agiter. Mais je t'ai dit que mes parents étaient morts et que lui vit seul, il faut vite faire le rapprochement, je suis son seul parent.

- Tu veux dire que tu hériteras quand il mourra en fait, compris-je.

- Et c'est une chose que j'ai dû mentionner quand je parlais de lui, du coup le doute reste.

- Te prends pas autant la tête, tout le monde n'est pas attiré par l'argent.

- Je sais que tu as sûrement raison, mais bon.

- J'arrête pas d'en apprendre sur toi.

- Attends on va vivre sous le même toit, je pense que c'est pas fini, rit-il.

- Ça promet alors et si on rentrant pour la mettre à l'aise? Elle a peut-être un peu chaud d'être contre nous chaque fois.

- Oui bonne idée.